L’arrivée en France du service de vidéos à la demande Netflix fait débat, notamment sur la question d’un impact possible sur l’offre de VOD en bibliothèque.
C’est d’abord Claude Poissenot, sociologue, qui a publié dans Livres Hebdo une tribune intitulée « Netflix contre les médiathèques » et dans laquelle il soutient que « Netflix et ses concurrents vont rendre obsolète » l’offre VOD proposée par les médiathèques.
Selon lui, les bibliothèques, très silencieuses à ce sujet, ont été totalement dépassées par le « bruit » engendré par l’arrivée de Netflix. Ensuite, vient la singularité des offres : si Netflix propose un modèle simple et disposant d’une grande latitude d’action (accès direct, large catalogue, maîtrise des horaires, etc.), en revanche, la vidéo en médiathèque ne représente qu’une petite partie des fonds et des prêts, les principaux fournisseurs de DVD ne proposant que « depuis peu des services de VOD ». Ainsi, toujours selon Claude Poissenot, les médiathèques ne sont tout simplement pas perçues comme acteurs susceptibles de proposer un service VOD.
Pour le sociologue, les médiathèques « ont perdu la bataille de la communication » et doivent véritablement s’interroger sur le « bien-fondé » de proposer une offre de VOD. Alors que « la constitution des collections n’est pas en phase » avec l’univers d’Internet qui « privilégie le bruit à la pertinence », elles devraient plutôt s’orienter sur des services « financièrement avantageux pour les usagers », simples d’utilisation, au catalogue important et proposant des « blockbusters ».
En réponse à cette tribune, Jean-Yves de Lépinay, président de l’association Images en bibliothèques, minore, dans un communiqué, le propos de Claude Poissenot en assurant que « Netflix ne change sans doute à peu près rien à la question de la VOD portée par les médiathèques ». Pour lui, le silence des médiathèques n’existe pas. Il s’avère par contre que leur voix est « hélas trop faible et qu’elle ne peut empêcher une méconnaissance (…) de la place tenue par les médiathèques dans la diffusion du cinéma et de l’audiovisuel ».
Jean-Yves de Lépinay argumente son propos en citant les « centaines de milliers de DVD empruntés par les usagers des médiathèques », ainsi que nombre d’actions organisées dans toute la France : séances de projection largement plébiscitées, partenariats avec de nombreux festivals et salles de cinéma, participations à des actions avec les scolaires, etc. Surtout, il cite les « 500 médiathèques publiques en France » qui communiquent et « s’engagent dans la mise en œuvre de services de VOD », tout en certifiant qu’aujourd’hui « plusieurs dizaines de milliers de personnes utilisent régulièrement ces services ».
Le président d’Images en bibliothèque en profite pour citer une déclaration de Fleur Pellerin, ministre de la Culture et de la Communication, qui rappelait que contre le piratage, « la meilleure parade est une offre légale de qualité ». Or, J.-Y. de Lépinay stipule que, depuis toujours, « le modèle des bibliothèques publiques » est basé sur ce type d’offre légale, « respectueuse des droits des auteurs et des producteurs et fondée sur le partage ».
Pour lui, à l’heure où la « densité du réseau des médiathèques est unique (…) la VOD en bibliothèque est une chance à saisir » et il est donc « urgent » de mettre en place une « vaste et officielle » réflexion quant à son devenir.
Et vous, pensez-vous que l’arrivée de Netflix aura un impact sur l’offre de VOD proposée par les médiathèques ?