Le Fil du BBF

La Bibliothèque nationale de France vient de publier son schéma numérique, où elle présente sa stratégie en ligne pour les années à venir.

Ce document fait un état des lieux « de la transformation (…) des missions mais aussi des modalités de travail et même de l’identité de la bibliothèque ». La stratégie numérique de la BnF est détaillée à travers 118 pages, 57 fiches et 30 encadrés organisés en six axes stratégiques :

• constituer une collection numérique de référence ;
• signaler, conserver ;
• innover au service des publics ;
• irriguer un réseau de partenaires nationaux et internationaux ;
• simplifier les outils et les processus pour la BnF et ses partenaires ;
• engager une démarche d'innovation durable.

Ce schéma numérique « reflète et alimente également la dynamique d’innovation de l’établissement en lien avec ses publics et ses partenaires », notamment à travers sa bibliothèque numérique Gallica, et répond « aux enjeux contemporains en matière d’accueil, d’adaptation » et  de développement de savoir-faire.

En déplacement à Rouen, Audrey Azoulay (ministre de la Culture et de la communication) a rappelé l’action de l’État en faveur des librairies et « réaffirmé que l’extension des horaires d’ouverture des bibliothèques, y compris le dimanche, serait soutenue financièrement ». La ministre a également déclaré que « pour permettre à tous d’accéder à la culture sur tous les territoires, l’extension des horaires d’ouverture des bibliothèques », et notamment la possibilité d’ouvrir le dimanche, constituait « une mesure importante et adaptée aux temps de vie des Français ».

Pour soutenir les nouveaux besoins des bibliothèques, Audrey Azoulay a rappelé la parution du décret 2016-423 du 8 avril 2016, qui crée « la possibilité d’une prise en charge par l'État des coûts de fonctionnement liés à l’extension »  de ces horaires d’ouverture.

Le 6 avril 2016, Sylviane Tarsot-Gillery (directrice générale de la BnF) et Noël Corbin (directeur des Affaires culturelles de la Ville de Paris) ont  renouvelé « la convention de pôle associé pour une durée de 5 ans ». Ce partenariat  entre « la BnF et la Ville de Paris, à travers ses bibliothèques spécialisées (…) met en œuvre des réalisations importantes, en particulier dans le domaine du numérique ».

La richesse et la complémentarité de ces collections sont de véritables atouts qui favorisent la collaboration. Ainsi, les bibliothèques patrimoniales de la Ville de Paris et leur « ambitieux programme de numérisation patrimoniale » contribuent depuis 2011 « à l’ensemble des programmes nationaux de numérisation » pilotés par la BnF. Plus de 950 000 pages de documents imprimés ont déjà été numérisées et sont librement consultables dans la bibliothèque numérique Gallica.

Le renouvellement de la convention permettra « d’approfondir les actions et les programmes déjà engagés, dans le domaine du numérique comme dans celui des catalogues, et de programmer des formations spécifiques ».

Le 7 avril dernier, à Metz, avait lieu le conseil des ministres franco-allemands. Audrey Azoulay (ministre de la Culture et de la Communication) a signé avec Heiko Maas (ministre fédéral de la justice et de la protection des consommateurs de la République d’Allemagne, en charge des questions de  propriété intellectuelle) « une déclaration conjointe sur le droit d’auteur en Europe ».

Les deux ministres ont réaffirmé « le rôle capital du droit d’auteur dans le soutien de l’innovation, de la créativité et de la promotion de la diversité culturelle ». La déclaration a également permis d’énoncer « les grands principes qui devront guider les débats européens », avec la « prise en compte du rôle des plates-formes et des intermédiaires du numérique » ainsi que la « viabilité des règles relatives aux exceptions et à la copie privée ».

Audrey Azoulay a également signé avec Monika Grütters (ministre déléguée du gouvernement fédéral de la République d’Allemagne pour la culture et les médias) « une déclaration commune sur la culture et les médias ». Les deux ministres ont ainsi « réaffirmé l’attachement de la France et de l’Allemagne à la protection et à la promotion de la diversité culturelle ». Cette vision devra « guider la mise en œuvre d’un marché unique du numérique » afin de « rendre possible la transposition de la directive du taux réduit de TVA aux livres numériques et à la presse en ligne ».

Courantes dans les pays d’Europe du Nord mais « longtemps considérées avec un certain dédain par les professionnels français », les collections de livres « Facile à lire », destinées en priorité aux personnes en situation d’illettrisme, intègrent petit à petit les bibliothèques françaises.

Différentes initiatives dans ce domaine ont été lancées en Bretagne, qui fait « figure de pionnière en la matière ». En 2014, Livre et lecture en Bretagne (établissement public de coopération culturelle) s'est vu « confier la mise en place d’actions de lutte contre l’illettrisme dans le cadre du Pacte d’avenir pour la Bretagne signé fin 2013 entre la Région et l’État ». L’organisation a alors installé dans des bibliothèques, hôpitaux, prisons, etc., des titres correspondant aux critères du « Facile à lire » : des récits courts, avec une présentation aérée et dans une langue très simple.

Les bibliothèques s'en également emparées. Par exemple, la BDP d'Illee-et-Vilaine  a conçu des kits « C’est facile de lire » prêtés pour 6 mois aux établissements de son réseau, et la bibliothèque départementale du Finistère a elle installé un kiosque « A lire librement » au sein de son antenne de Plonévez-du-Faou, et envisage d’en installer d’autres dans de petits magasins ou des salons de coiffure.

Si ces sélections d’ouvrages de lecture aisée, présentés sans classement, bousculent les habitudes professionnelles, elles permettent aux gens d’être autonomes dans la bibliothèque. Au sein de la bibliothèque municipale de Landerneau, ces livres sont d’ailleurs deux fois plus empruntés que les autres.

Le SCD de l’université Pierre-et-Marie-Curie (UPMC) à Paris poursuit la restructuration de son réseau. Ainsi, le réaménagement du campus de Jussieu « donne l’occasion d’ouvrir des équipements vastes et modernes ».

La bibliothèque des licences, ouverte à la fin de l’année 2015, centralise cinq bibliothèques d’enseignement destinées aux premiers cycles. Sur une surface de 3 000 m², l’établissement met à disposition du public des collections axées sur l’ensemble des disciplines enseignées à l’université et a été construit autour de deux thématiques : la typologie des espaces et l’offre de nouveaux services. En plus des salles de lecture, on trouve 26 salles pour le travail en groupe et 26 autres pour le travail individuel, accessibles grâce à un système de réservation automatisé.

Ouverte du lundi au samedi, 70 heures par semaine, la bibliothèque des licences accueille en moyenne 4 000 visiteurs par jour (en particulier des étudiants mais également des enseignants).

Un peu moins d’un an après avoir investi dans les Ideas Box, les « médiathèques en kit » de Bibliothèques sans frontières, la ville de Calais propose un premier bilan.

Imaginée initialement « pour les populations victimes de crises humanitaires », ce dispositif a été utilisé dans différentes situations : les bibliothécaires l’ont par exemple installé dans un centre commercial, et le succès fut au rendez-vous. Grâce aux Ideas Box, les bibliothécaires peuvent « proposer hors les murs l’ensemble de l’offre et des services de la bibliothèque (…) et des conditions d’accueil confortables qui incitent les lecteurs à s’installer durablement ».

Modernes et colorées, les Ideas Box sont « un bon outil de communication, qui change le regard des habitants, mais aussi des élus, sur la bibliothèque ».  Ces bibliothèques en kit sont également « un excellent laboratoire pour les démarches collaboratives ».

Au sein du forum des Halles de Paris « entièrement transfiguré au terme de 5 ans de travaux », la médiathèque La Canopée-La Fontaine vient d’ouvrir ses portes le 6 avril dernier.

Dans un vaste complexe de 14 000 m², la médiathèque La Canopée-La Fontaine repose « sur un projet d’établissement qui ambitionne de renouveler en profondeur l’offre et l’image de la bibliothèque traditionnelle ». Lors de son arrivée à la tête du futur établissement en mars 2013,  le directeur Romain Gaillard a « décidé d’infléchir le projet d’origine (…) pour créer un lieu convivial, largement ouvert à tous les publics, offrant de nouvelles formes de médiation ». Le programme s’est appuyé sur diverses études et sur les travaux du sociologue Claude Poissenot.

La médiathèque de 1 200 m² est constituée de trois espaces principaux :

• à l’entrée, l’espace « 3C » (connecté, créativité, convivialité) est « consacré aux animations et aux ateliers » et « regroupe 2500 romans de science-fiction et de fantasy, ainsi que 2500 mangas ».
• L’espace intitulé « Côté jardin » propose une bibliothèque avec 6000 romans, 4000 ouvrages documentaires, des livres en langues étrangères et des livres audio.
• L’espace imaginaire est destiné aux enfants et propose 3000 albums, 1800 romans, 2000 BD et mangas, 1000 DVD.

Suivant un modèle plus participatif et plus à l’écoute des usagers, la bibliothèque ne propose pas de « grandes banques d’accueil intimidantes » mais de « petites tables triangulaires qui placent sur le même plan le bibliothécaire et l’usager ». L’établissement va également mettre en place un important programme en direction des publics sourds et malentendants.

Enfin, avec 42 heures hebdomadaires d'ouverture (du mardi au dimanche), la médiathèque La Canopée-La Fontaine est, avec la médiathèque François-Truffaut, l’établissement le plus ouvert du réseau de lecture publique parisien.

Suite à une rencontre avec Jean-Claude Juncker (président de la Commission européenne), la Fédération internationale des libraires (EIBF) s’est félicitée des avancées sur la question du taux réduit de TVA appliqué aux e-books. En effet, le président de la Commission a déclaré que les « livres physiques ou numériques devraient avoir le même taux de TVA ».

Actuellement, si le livre imprimé peut bénéficier d’un taux réduit de TVA, ce n'est pas le cas du livre numérique, considéré comme un service. La France, pourtant, applique aux e-books depuis environ quatre ans un taux réduit de TVA (5,5 %), identique au taux dont bénéficie le livre imprimé, ce qui lui a valu une mise en demeure de la Commission, puis une condamnation de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) en mars 2015. Deux mois plus tard, Jean-Claude Juncker s’était déclaré favorable à l’alignement du taux de TVA du livre électronique sur celui du livre papier ! Le gouvernement français a ignoré l'arrêt de la CJUE et la situation est depuis restée en l’état.

Cette nouvelle déclaration du président de la Commission a donc reçu un accueil favorable des dirigeants de l’EIBF, qui plaident en faveur d’un alignement des taux de TVA des livres papier et digitaux. La Commission doit désormais élaborer une nouvelle réglementation prenant en compte la révolution numérique et le développement du livre numérique.

En 2011, la politique de coopération numérique de la Bibliothèque nationale de France a été modifiée : auparavant réservés au seul fonds de la BnF, les marchés de numérisation ont alors intégré « pour un tiers de leur production des documents issus d’autres institutions françaises ».

Grâce à cette modification, Gallica sera d’ici 2017 enrichie « de plus de 14 millions de pages provenant d’une centaine de bibliothèques françaises », leurs collections étant riches, variées et complémentaires de celles de la BnF.

En accompagnement de cette démarche, la Bibliothèque nationale de France a produit plusieurs vidéos présentant les institutions partenaires « ayant prêté des documents pour leur intégration dans le marché de numérisation entre 2011 et 2014 ». Retrouvez ces vidéos sur le site de la BnF.

L’ONU a publié fin 2015 son nouveau plan d’action « Transformer notre monde : l’Agenda 2030 pour le développement durable ». Afin que les bibliothèques puissent y jouer un rôle actif, l’IFLA propose une boîte à outils en ligne intitulée « Les bibliothèques et la mise en œuvre de l’Agenda 2030 ».

Disponible en plusieurs langues, ce guide aide notamment les bibliothécaires « à comprendre le processus de l’Agenda 2030 (…), à organiser des réunions avec les décideurs politiques pour démontrer la contribution des bibliothèques aux objectifs de développement durable, et à informer les usagers sur ces questions ».

Dans un communiqué, l’ABF s'est engagée, aux côtés de l’IABD et d’Eblida, « en faveur d’une réforme européenne du droit d’auteur plus favorable aux bibliothèques et sur le droit de lire numérique ».

Rappelant que « l’obligation du dépôt légal est un dispositif permettant la conservation du patrimoine, quel que soit le support », l’Association des bibliothécaires de France a notamment demandé aux députés « la réintroduction des dispositions rendant obligatoire le dépôt légal des livres numériques proposées par les sénateurs dans le projet de loi Création ».

Une version intermédiaire du rapport de recherche sur le droit des bibliothèques a été remise par Marie Cornu (responsable scientifique du projet Biblidroit) à Nicolas Georges (directeur du Service du livre et de la lecture de la direction générale des médias et des industries culturelles, rattaché au ministère de la Culture et de la Communication).

Ce document est « la première étape du travail de recherche conduit dans le cadre de Biblidroit ». Il est « un état des lieux du droit des bibliothèques tel que les juristes peuvent l’appréhender depuis l’extérieur ». Dans cette version du rapport, trois axes de travail ont été identifiés : la gestion des bibliothèques, la responsabilité des collections; et l’accès aux bibliothèques et la jouissance des collections. Cette distinction « permet d’observer le droit des bibliothèques au prisme de trois objets qui dessinent un tableau relativement complet des questions juridiques soulevées » :

• le service (ici : les bibliothèques et leurs agents) ;
• les biens (ici : les collections) ;
• les bénéficiaires (ici : les usagers du service et des collections)

L’objectif du projet Biblidroit est de mettre en perspective deux points de vue différents sur le droit des bibliothèques : celui qui figure dans les textes et celui qui est vécu en pratique.

En décembre dernier, la bibliothèque départementale du Finistère a ouvert sa troisième antenne. Située à Plonévez-du-Faou, celle-ci propose, en parallèle des services aux bibliothèques du réseau de la BDP, un espace pour accueillir le grand public et donne accès « à 30 000 documents tous supports confondus (livres, CD, DVD, revues), dans des espaces conviviaux et accueillants ».

Avec cette ouverture, la bibliothèque départementale du Finistère a achevé son vaste plan de restructuration, qui avait pour objectif que « 80 % des communes du Finistère se situent à moins de vingt minutes de trajet d’une de ses antennes ».