Une tour de la BnF évacuée

Après le dégât des eaux survenu à la mi-janvier, la Bibliothèque nationale de France a dû faire face à un nouvel imprévu ce mardi 4 février. En effet, après avoir découvert des éléments remettant en question la qualité de l’air de la tour 1 du site François Mitterrand, la direction a fait évacuer tout le personnel travaillant dans les  sept étages de l’édifice.

Dans un communiqué (source : communiqué de presse de la BnF), celle-ci explique qu’« à la suite du signalement de certains agents concernant la qualité de l’air dans leur espace de travail » une vérification des installations techniques a « conclu à la présence (…) de laine minérale dans les batteries à débit variable qui alimentent en air conditionné l’ensemble des étages de bureaux de la tour 1 ». Elle souligne aussi que cet incident était totalement imprévisible, celui-ci provenant « d'une dégradation anormale » d’un système prévu « pour avoir la même durée de vie que le bâtiment ».

Par pure précaution, la direction, qui est dans l’attente des résultats de l’analyse de l’air ambiant, a donc décidé de procéder à cette évacuation.

Télécharger des fichiers en bibliothèque grâce aux Bibliobox

Certains réseaux de bibliothèques commencent depuis quelques temps à utiliser les « Bibliobox », une nouvelle forme de partage de documents, à la fois autonome et mobile.

Le principe est simple : dans un établissement équipé, la Bibliobox émet un signal wi-fi que vous pouvez capter sur votre smartphone, votre tablette ou votre ordinateur portable. Une fois connecté, un large choix de fichiers libres en téléchargement (livres, images, films, jeux, etc.) vous sera proposé.

L’avantage de ce principe est double. En effet, en plus de vous proposer des données libres (issues du domaine publique ou en Creative Commons), la sélection des documents est effectuée par des bibliothécaires et régulièrement mise à jour.

Quelques réseaux de bibliothèques proposant ce service :

Que pensez-vous de l’arrivée de cette nouvelle forme de partage de documents en bibliothèque ?

Perceptions des bibliothèques publiques européennes

Retour sur "L'Enquête paneuropéenne destinée à évaluer les perceptions des utilisateurs à l’égard des avantages liés aux technologies de l’information et de la communication dans les bibliothèques publiques". Quick, Prior, Toombs, Taylor et Currenti (2013)

 

Conduite en 2012 par TNS-Sofres pour la Fondation Bill et Melinda Gates et coordonnée en France par la Bibliothèque publique d'information (BPI), avec le soutien du Service du livre et de la lecture (SLL, ministère de la Culture et de la Communication), une  enquête  conduite dans 17 pays européens a été l’occasion d’interroger 17000 personnes afin d’évaluer leur perception des bibliothèques publiques et l’usage qu’elles en font. Une série de rapports a été publiée dans la foulée ainsi que des journées de restitution. En France, dans le cadre du cycle Partager les savoirs, faire société : les bibliothèques dans la cité, piloté par la BPI, le pôle Culture du CNFPT-INSET de Nancy et la Bpi ont organisé une journée de présentation des résultats de l’enquête.

 

Lorsqu’on s’intéresse à des territoires aussi vastes pour en mesurer les performances, on obtient des constats impressionnants : « En 2012, près d’un adulte sur quatre, environ 100 millions d'Européens, ont fréquenté une bibliothèque, 24 millions d'adultes ont participé à des formations en bibliothèque, 4,6 millions d'adultes ont utilisé Internet, pour la première fois de leur vie, en bibliothèque ». La situation française est proche de la moyenne puisque le nombre de personnes de plus de 15 ans ayant fréquenté une bibliothèque publique au cours des 12 derniers mois est estimé à 13,6 millions, soit environ un quart des Français de plus de 15 ans (26 %), comparé à un peu moins d’un quart (23 %) de l’ensemble des adultes en Europe[1].

Texte alternatif pour l'image
% des adultes qui ont fréquenté une bibliothèque publique au cours des 12 derniers mois et du dernier mois

Lorsqu’on ajuste la focale pour permettre aux territoires de révéler toute leurs diversités, on obtient des photographies contrastées comme le montre, au niveau de chacun des 17 pays enquêtés, le graphique ci-dessus.

 

Ces travaux recèlent une mine d’enseignements et permettent de revenir sur des clichés. Ainsi, ce n’est pas pour une question de latitude ou de température que l’on trouve beaucoup d’usagers dans les bibliothèques de Finlande et du Danemark : « De manière générale, les pays qui investissent le plus dans les bibliothèques par habitant enregistrent les taux de fréquentation les plus élevés. Ainsi, les répondants de Finlande et du Danemark fréquentent plus facilement les bibliothèques (respectivement 67% et 57%) que ceux des pays du Sud et de l’Est de l’Europe, qui ont un taux de fréquentation nettement plus faible, en particulier la Grèce (9%), le Portugal (12%), la Bulgarie (12%), l’Italie (14%) et la Roumanie (16%). »

 

Autre idée reçue à combattre : ce n’est pas uniquement parce qu’on ne dispose pas d’ordinateur à la maison et que le pays est mal équipé en haut débit que l’on utilise les ordinateurs de la bibliothèque : « En Finlande (19%) et au Danemark (19%), le recours à un ordinateur mis à la disposition du public est très élevé, alors qu'en Bulgarie, en Pologne, au Portugal, en Italie, en France, en Grèce et en Allemagne il est nettement plus bas : 1 à 2% de l’ensemble des adultes pour chaque pays ». Cependant, les auteurs insistent sur le fait que, globalement, on compte seulement 4% de l’ensemble de la population adulte européenne qui ont utilisé un ordinateur mis à la disposition du public dans les bibliothèques au cours des 12 derniers mois (2% en France), avec de fortes disparités sur cet indicateur d’un pays à l’autre et selon les tranches d’âge (les plus jeunes, 15/24 ans, y ayant plus recours que les plus âgés). Le rapport estime que dans l’ensemble, le nombre d’utilisateurs d’ordinateurs en bibliothèque n’ayant aucune autre possibilité d’accès à Internet, ou d’y accéder gratuitement, est estimé à 80 000 personnes en France.

 

On comprend donc l’importance de ce service car, au-delà des performances moyennes nationales, il apparaît que « certains groupes traditionnellement exclus sur le plan numérique ou social, tels que les Roms, les minorités ethniques, les migrants et ceux qui ont arrêté leurs études à temps complet à un âge relativement jeune forment un noyau dur d’utilisateurs réguliers et semblent particulièrement dépendants de ce service » qu’ils plébiscitent notamment en raison de sa gratuité. Ce sont là principalement des usagers qui n’ont que cette possibilité pour accéder à Internet, car souvent pas ou plus équipés chez eux. Le rapport souligne donc l’importance du rôle que jouent les bibliothèques dans l’accès à l’utilisation de l’informatique et celui des bibliothécaires en matière d’initiation et de formation aux TIC : « Environ la moitié des répondants [européens] qui ont eu recours à un ordinateur mis à la disposition du public ont indiqué qu’un membre du personnel de la bibliothèque les avait aidés ou leur avait montré comment réaliser une activité». Sans surprise, c’est d’abord à des activités liées à la recherche d’emploi et à la formation que se sont consacrés ces utilisateurs (on rappelle que la population étudiée a plus de 15 ans).

 

Interrogés sur la perception qu’ils ont de l’utilité d’une liste de services que rendent les bibliothèques, les européens interrogés classent en tête – comme dans toutes les études qui posent cette question - « Lire / emprunter des livres ». Les services intitulés « Accès gratuit à des ordinateurs » et « Accès gratuit à Internet » se placent en 4ème et 5ème rangs (devant « lire des journaux et des magazines ») avec une différence notable pour la France qui situe ces propositions en 7ème et 5ème place, privilégiant les services plus traditionnels en tête de classement.

 

Au final, ce ne peut être que le constat de l’utilité de ces équipements et de ces services gratuits que les auteurs peuvent faire : « les impacts les plus couramment cités sont l’économie de temps et d’argent, mais également  des impacts plus spécifiques ayant trait à l’éducation, à l’accès à des services gouvernementaux et à l’accès à des ressources et compétences nécessaires pour trouver du travail ». On touche là aux multiples bénéfices induits par la présence d’une bibliothèque dans un quartier sur le « bien être », l’éducation et la formation de sa population tout au long de sa vie, que les indicateurs traditionnels sont impuissants à mesurer et que les audits sociaux[2] tentent d’appréhender. A l'heure où la vague du BYOD[3] tend à se répandre dans les bibliothèques universitaires outre-Atlantique, et ne manquera pas de toucher, un jour ou l'autre, les bibliothèques de ce côté-ci de l'océan, il convient de ne pas oublier que si le fossé numérique se réduit globalement en France, il demeure persistant dans certaines catégories de population[4] auprès desquelles les bibliothèques ont un rôle à jouer.

 

Le rapport propose en conclusion une évaluation plus générale de la perception des bibliothèques - et de leur utilité- dans les 17 pays étudiés. Il est important pour la communauté des bibliothèques françaises de réaliser que les niveaux d’adhésion exprimés par le panel des usagers français est un des plus faible de l’échantillon (voir tableau ci-dessous), et particulièrement sur la question de la qualification du personnel (25% sont tout à fait d’accord vs 43% en note générale) !

Texte alternatif pour l'image
Perceptions des bibliothèques publiques - "Tout à fait d'accord"

Ce rapport nous apporte donc des éléments de comparaison importants avec d’autres pays avec lesquels nous avons l’habitude de nous comparer ou qui figurent souvent comme modèles (Que n’a-t-on pas écrit dans la littérature professionnelle sur les pays du Nord de l’Europe et leurs bibliothèques !). On peut lire dans les résultats de cette étude paneuropéenne un déficit notable d’image – et de notoriété - pour les bibliothèques françaises et leurs bibliothécaires. Leur lecture montre, comme l’ont déjà souligné de multiples études, qu’il conviendrait d’aller plus encore vers les publics, de leur proposer, plus encore, des formations (y compris aux publics éloignés et en particulier, puisque le rapport les cite : « les jeunes, les personnes âgées, les femmes qui reviennent sur le marché du travail et les populations migrantes ou issues de la communauté Rom »), de développer ce que les auteurs appellent « l’apprentissage informel et non formel », et de donner enfin de ces lieux une image innovante et moderne, conviviale et accueillante, compétente et qualifiée !  C’est un vaste chantier, mais bien des bibliothèques se sont déjà attelées à la tâche.

 

[1] Ce chiffre de 26% de fréquentant est relativement proche de celui de 28% fourni par le Département des études, de la prospective et des statistiques (pour la tranche d'âge des 15 ans et plus). Ministère de la Culture et de la Communication.. Voir DEPS/MCC. Chiffres clés  2013 : Statistiques de la culture. Bibliothèques. 2013 En ligne :

[2] Lire sur le sujet : Buchanan, Steven, McMenemy, David, Rooney-Browne, Christine, « L'évaluation des services d'information des bibliothèques publiques », BBF, 2010, n° 4, p. 30-35

[3] BYOD est l'acronyme pour l'expression Bring your own device. Cette tendance tend à se répandre dans les bibliothèques universitaires américaines. Lire sur le sujet : Public Libraries online. Is Your Library Ready for BYOD? par Melanie A. Lyttle et Shawn D. Walsh le 6 juin 2013

[4] Voir Régis Bigot et Patricia Croutte. La diffusion des technologies de l'information et de la communication dans la société française. Crédoc, 2012.  " S’il est vrai que l’accès à internet se démocratise, l’usage d’internet reste, quant à lui, extrêmement dépendant des caractéristiques sociales des individus (âge, diplôme et, dans une moindre mesure, revenus du ménage)".

Où est Charlie ?

CONTEXTE

Nous avons été 12 bibliothécaires et 2 accompagnantes de Mediat Rhône-Alpes à nous envoler, du 12 au 19 octobre 2013, pour découvrir les bibliothèques de Montréal.

Au programme :
Bibliothèques universitaires
Bibliothèque de l’Université de Québec à Montréal (UQAM)
Bibliothèque de l’Université de Montréal  (UdeM)
Bibliothèque de l’Ecole de Technologie supérieure, et son espace 3C

Bibliothèques de lecture publique
Bibliothèques publiques de Montréal
Dont
Bibliothèque de Parc Extension
Bibliothèque Frontenac
Bibliothèque Père-Amboise
Bibliothèque Le Boisé

Bibliothèques et Archives Nationales du Québec (BAnQ)
Ecole de bibliothéconomie et des sciences de l’information (EBSI)
Librairie Olivieri

 

Octobre 2013. Quelques jours à Montréal pour des visites de bibliothèques. Juste quelques impressions de voyage, très subjectives, histoire de faire part de mes étonnements, de mes découvertes, sans parti pris.  
Un aperçu de différentes bibliothèques canadiennes donc. Des bibliothèques globalement similaires aux nôtres, avec les mêmes questionnements, bien sûr. Les bibliothèques visitées sont un peu anciennes, avec une architecture maintenant datée, mais néanmoins n’oublient pas la convivialité, l’efficacité.

 

Bibliothèques très utilisées, des files d’attentes organisées devant les banques d’accueil.

bib_udemBibliothèque Udem. Vue sur les banques d’accueil

 

 

Un affichage souvent humoristique, parfois surprenant, avec des idées simples, mais qui ont le mérite d’être explicites.

Bibliothèque Udem
(Université de Montréal)
Bibliothèque de l’ETSBibliothèque Udem
 
Bibliothèque Uqam
 
Bibliothèque UqamBibliothèque Udam
 
Bibliothèque Uqam
 
BAnQBAnQ
 

 

 

Focus sur une signalétique très fonctionnelle, les toilettes, appelées ici Salle de bain !

Bibliothèque FrontenacBibliothèque du BoiséEt la salle d’allaitements du Boisé, a-t-on cela en France ? (remarquez la neutralité de la signalétique, homme et femme sont susceptibles de nourrir les bébés – bébé lapin ?)

 

 

Au détour d’un couloir, rappel de l’activité des services virtuels de questions-réponses. N’oublions pas l’importance du français pour nos cousins, pas question de parler de chat, le terme usuel est ici celui de Clavardage.

Bibliothèque Uqam

 

 

Des facilités pour les doctorants, qui peuvent bénéficier de bureaux isolés, sur de longue durée.

Bibliothèque Udem. Signalétique d’un bureau pour doctorant.Bibliothèque Udem. Un bureau pour doctorant, avec son doctorant inside

 

 

Et puis, plein de documents d’aide aux usagers disponibles. Simples et fonctionnels.

Bibliothèque UdemBibliothèque Udem

 

 

Surprise, à l’Udem, de découvrir, à côté des salles de numérisation, mises à disposition des lecteurs, des réserves de documents pour des supports qui semblent maintenant désuets, ainsi que les matériels de lecture idoines, conservés eux- aussi.

Bibliothèque UdemBibliothèque Udem
Bibliothèque UdemBibliothèque Udem
Bibliothèque Udem, lecteurs de microfiches, magnétoscopesBibliothèque Udem, classement des supports en réserve

 

 

Et pour finir, quelques clichés sur la circulation et le retour automatisé des livres à la bibliothèque du Boisé à Montréal...

BAnQ. Retour semi-automatisé, les lecteurs déposent sur le tapis, le tri s’effectue à la main derrière.BAnQ : automate de prêt-retour.
Bibliothèque Père AmboiseRetour automatisé Bibliothèque du boisé

 

 

Et voici ce que cela donne en vidéo

 

 

Pour suivre encore un peu plus Charlie dans les bibliothèques de Montréal, cliquez ici...

 

Pour retrouver Charlie dans Montréal, c'est par là...

 

 

Martine Poulain, invitée de l'émission "Bibliothèque Médicis"

Conservateur des bibliothèques, anciennement directrice de la bibliothèque de l'INHA, Martine Poulain a récemment participé à une émission de Bibliothèque Médicis, sur la chaîne Public Sénat, consacrée au pillage des biens juifs durant l'Occupation.

Invitée par Jean-Pierre Elkabbach, notamment en écho à son ouvrage de référence Livres pillés, lectures surveillées. Les bibliothèques françaises sous l'Occupation, cette ancienne rédactrice en chef du BBF a pu apporter toute son expertise et sa connaissance du sujet aux différentes questions animant l'émission, à laquelle d'autres personnalités ont également participé.

Les réseaux documentaires des IUFM

Les rencontres annuelles des responsables des réseaux documentaires des Instituts Universitaires de Formation des Maîtres (IUFM) n'avaient plus eu lieu depuis l'intégration des SCD des IUFM à ceux des universités dont ils sont devenus une section. Après avoir pris la tête des médiathèques de l'IUFM de Paris en 2011, Martine Bigot a souhaité relancer ces rencontres en proposant une journée de travail le 12 juin 2012. Jugée fort enrichissante et indispensable pour le renforcement de projets collaboratifs, la formule a été renouvelée les 20 et 21 juin 2013, toujours dans les locaux de l'IUFM Molitor situés dans le XVIème arrondissement de Paris. Durant deux journées, discussions autour des problématiques actuelles et journée d'étude sur les fonds patrimoniaux[1] ont réuni une trentaine de participants, soit la quasi-totalité des académies de l'hexagone.

 

Associés, intégrés, en voie de désintégration … où en sont les réseaux documentaires des IUFM avec l'arrivée des Ecoles Supérieures du Professorat et de l'Education (ESPE) ?

 

En 2009, Laure Delrue[2] publiait dans le BBF un article intitulé « L'intégration des structures documentaires d'IUFM aux SCD des universités : un si long chemin ... ». Dès son introduction, elle rappelait le nouveau cadre institutionnel des IUFM, devenus écoles internes. Elle citait Luc Cédelle[3], qui dans un article paru le 28 janvier 2009 dans le supplément « Education » du Monde annonçait la « mort » des IUFM avec la mise en place de la masterisation.

Quelques années plus tard, force est de constater que les IUFM ne sont pas morts -ou pas tout à fait. Si dans certaines académies, il reste encore des choses à accomplir, dans d'autres, les structures documentaires sont arrivées presque au bout du « si long chemin ».

Toutefois, en septembre 2013, les ESPE[4] remplacent les IUFM, entraînant de profondes mutations. Dans chaque académie, des rencontres entre les différentes universités ont eu lieu, avec pour objectif de savoir à quelle entité allait être rattachée l'ESPE : à l'Université actuelle ? Au Pôle de Recherche et d'Enseignement Supérieur (PRES) de la région ? À l'Université unique réunissant les différents établissements d'enseignement supérieur de l'académie ?

Les décisions, loin d'être faciles à prendre dans un laps de temps plus que réduit, devaient être accompagnées de dossiers d'accréditation à destination du Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche (MESR) afin de présenter les solutions envisagées pour la mise en place de la formation des enseignants.

Le tour de table des responsables des réseaux documentaires a montré une réelle inquiétude tant dans la façon dont se créent les ESPE que dans la place qu'allait occuper la documentation. Dans certains cas, l'ESPE devrait rester dans l'Université qui gérait l'IUFM mais certaines compétences seraient réparties entre les établissements les plus proches, afin de simplifier la gestion des personnels et des finances dans des académies où les sites sont éclatés. Cependant, qu'adviendrait-il du réseau documentaire dont la mutualisation est indispensable pour son bon fonctionnement ?

De façon générale, le SCD de l'Université intégratrice de l'IUFM n'a pas été associé au projet. Cela rejaillit directement sur la place que pourront avoir les bibliothécaires et les documentalistes au sein des maquettes pour dispenser des formations au sein du cursus. En effet, alors que le nombre d'heures d'enseignement va diminuer, afin de favoriser l'alternance au sein des établissements scolaires, comment intégrer la participation des professionnels de la documentation pour former les futurs enseignants à la recherche documentaire, eux qui auront toujours à réaliser un mémoire, exercice auxquels ils se prêteront pour la première fois de leur scolarité durant leur préparation au concours ?

Certaines académies ont réussi à se placer dans une Unité d'Enseignement (UE) généraliste, du type « projets inter-disciplinaires » ou « tronc commun et culture ». Une autre solution est d'intervenir dans les séminaires de recherche en proposant aux enseignants et aux formateurs de dédoubler leurs cours, ce qui permet un accompagnement en petit groupe aussi bien pour la partie disciplinaire que formation. Un autre problème, enfin, résidera dans le signalement des collections dans les Systèmes Intégrés de Gestion des Bibliothèques (SIGB). Dans les régions où le SIGB n'est pas commun à l'ensemble des SCD et centres documentaires, et dans le cas où le réseau documentaire quittera l'Université pour aller au PRES, tout sera à déconstruire et à reconstruire : le temps de travail et le coût financier seront alors considérables. La qualité du signalement en sera fortement diminuée à court et moyen termes sans garantie d'une plus grande efficacité à long terme.

De la difficulté d'utiliser le numérique ...

Cette journée a été l'occasion d'inviter deux représentantes commerciales, l'une travaillant pour le Kiosque Numérique de l'Education[5] (KNE) et l'autre pour le Canal Numérique des Savoirs[6] (CNS).
Acquérir des manuels scolaires numériques est devenu indispensable : il faut à la fois répondre au  besoin de nombreux étudiants d'utiliser simultanément les mêmes manuels pour préparer le concours, mais aussi former de futurs enseignants à utiliser ces outils avec leurs élèves. Les aides des conseils généraux et régionaux qui proposent des subventions dédiées au numérique (tableaux blancs interactifs, vidéo projecteurs, prêts ou dons d'ordinateurs portables et maintenant de tablettes) se multiplient, sans que pour autant les enseignants aient toujours été formés à leur maniement, d'où un taux encore faible d'utilisation au sein des établissements scolaires.

Faute d'une offre suffisamment adaptée, acquérir et entretenir ces collections s'avère très difficile pour les professionnels des bibliothèques :

  • la durée d'acquisition pose problème : tantôt trop courte, tantôt trop longue, davantage de souplesse est requise pour mieux gérer des bouquets qui ont tôt fait de devenir obsolètes pour des enseignants qui souhaitent utiliser de nouveaux titres ;
  • le coût est encore très élevé et il faudrait que les réseaux documentaires puissent les acheter à des tarifs privilégiés comme les enseignants en poste, en tenant compte du fait que l'on a souvent besoin d'un nombre de licences important et de connexions simultanées pour les travaux dirigés ;
  • KNE et CNS sont des bouquets qui offrent des manuels de différents éditeurs. Or, ces derniers ont des pratiques et des méthodes très différentes, ce qui rend très difficile l'utilisation des produits proposés ;
  • d'une année sur l'autre, les étudiants changent et il faudrait disposer de plus de souplesse pour supprimer des comptes et en activer d'autres. Ce problème se pose d'autant plus pour les manuels qui ont un nombre de téléchargements limités par licence pour un nombre d'années donné. Les premiers étudiants auront un large panel à leur disposition, ce qui ne sera pas le cas pour ceux qui arriveront la troisième ou la quatrième année d'utilisation et qui devront se contenter du  nombre de téléchargements restants.

Il est proposé qu'un groupe de travail soit formé pour recenser tous les besoins des collègues travaillant dans les IUFM/ESPE. Par la suite, des propositions pourraient ainsi être faites auprès de KNE et de CNS. Nous leur avons par ailleurs proposé, dans un premier temps, de voir comment adapter la disponibilité de leurs ressources aux outils utilisés par les SCD (easy proxy, shibolleth). Enfin, il nous semble qu'en passant par COUPERIN, nous aurions la possibilité de faciliter des achats groupés de bouquets de manuels numériques dont la demande croît et ne fera que se développer avec le système d'alternance et de stages mis en place avec l'ESPE.

 

Politique documentaire et actions de valorisation et de renouvellement des collections

 

Les actions de désherbage des collections ont occupé une bonne partie des débats. La réforme des concours et de la formation a entraîné une chute des prêts de certaines catégories d'ouvrages, dont la littérature générale. Le fait même de désherber n'est pas ancré dans les habitudes des enseignants et de certains bibliothécaires ou documentalistes au sein d'un réseau. Les ouvrages vieillissants cohabitent avec les nouveautés ce qui n'est pas sans poser de problème pour les usagers qui manquent ainsi parfois de repères. Il ressort de ces échanges que la communication à ce propos est à la fois indispensable mais également difficile à mener. En outre, si la recherche de partenariats pour donner certains fonds et la mise en place de bourses aux livres ou de dons de livres semblent être de bonnes solutions, leur mise en œuvre s'avère complexe. Une nouvelle édition du manuel sur le désherbage[7] se consacre à ces problèmes complexes et pourra sans nul doute nous apporter des pistes.

La question de la mise en ligne des mémoires est ensuite apparue. Les conditions de communication sont très variables selon les académies :

  • les mémoires peuvent être mis en ligne s'ils ont eu une note plancher, que l'auteur et le directeur du mémoire ont donné leur accord
  • les mémoires peuvent être mis en ligne sans qu'une note plancher ait été définie. Là encore, plusieurs pratiques existent : choix du directeur du mémoire, ou choix d'un jury d'enseignants qui décident de mettre en ligne les mémoires d'excellence (sous réserve bien entendu de l'accord de l'auteur).

Plusieurs académies utilisent désormais la plate-forte DUMAS[8] (Dépôt Universitaire des Mémoires Après Soutenance) pour signaler leurs mémoires. L'avantage de ce site est une gestion rigoureuse des informations apportées et un très bon signalement permettant des statistiques de consultation et de téléchargement impressionnants (plus de 70 000 visites et 9 000 téléchargements dans l'académie de Lille).

On remarque enfin des différences dans le catalogage des mémoires : certains se contentent d'un signalement en local dans le SIGB mais d'autres préfèrent avoir une plus grande visibilité via le SUDOC.

« Le chemin se construit en marchant » …

C'est sur cette citation d'Antonio Machado que l'on pourrait conclure ce compte-rendu si l'on voulait filer la métaphore du chemin. Les réseaux documentaires des IUFM ont bien avancé depuis leur association ou leur intégration aux SCD des universités. De nouveaux services émergent pour de nouveaux usages et usagers. Toutefois, le passage aux ESPE va modifier des règles administratives qui venaient juste de se mettre en place et dont le rodage avait été complexe. Il faut espérer qu'après les écoles normales et les IUFM, les ESPE continueront de se soucier de la documentation et de la multitude de services que les bibliothèques offrent aux usagers sur des sites où elles constituent  souvent le principal lieu de vie.

 

 

[1]Le compte-rendu de cette journée fera l'objet d'un article spécifique.

[2]Laure Delrue, « L'intégration des structures documentaires des IUFM aux SCD des universités : un si long chemin ... », BBF, 2009, n°2.

[3]    Supplément Éducation du Monde du mercredi 28 janvier 2009, p. 6.

[4]Documents de présentation et de cadrage

[5]KNE (Kiosque Numérique de l'Education)

[6]CNS (Canal Numérique des Savoirs)

[7]François Gaudet et Claudine Lieber (dir.), Désherber en bibliothèque : manuel pratique de révision des collections, 3ème édition, Paris, Editions du Cercle de la Librairie, 2013.

[8]DUMAS (Dépôt Universitaire des Mémoires Après Soutenance)

La réalisation du « learning center » de Lille 3 reportée

Rattaché à l’université Charles-de-Gaulle - Lille 3, cet établissement se présente comme un nouveau centre multimédia de ressources et de diffusion des connaissances. Dans un premier temps dédié à l’égyptologie et à l’archéologie, une extension à d’autres disciplines est par la suite prévue.

Le projet initial de financement prévoyait des apports du conseil régional et de l’Etat d’un montant à hauteurs respectives de 10 et 6 millions d’euros, complétés par une enveloppe de 6 millions d’euros dans le cadre du plan campus. Mais la construction du centre est repoussée pour des raisons financières.

« Le projet, annoncé dans le CPER 2007-2013, avait été sous-évalué sur le plan technique : son coût est passé de 22 millions à 47 millions d'euros, ce qui nous oblige à trouver de l'argent supplémentaire », a en effet déclaré Sandrine Rousseau, vice-présidente de la région Nord-Pas-de-Calais en charge de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. Pour Fabienne Blaise, présidente de Lille 3 Charles-de-Gaulle, si le « Le projet a été mal budgété au départ »,  c’est surtout  « la découverte de la présence d'amiante dans tout le bâtiment »  qui a « vraiment fait exploser l'enveloppe » budgétaire.

Aujourd’hui, deux scénarios se présentent : détruire la bibliothèque universitaire pour en reconstruire une nouvelle ou bien la réhabiliter. « Dans tous les cas, cela prendra du temps », regrette la présidente de l’université.

Les médiathèques d'Hénin-Carvin organisées en réseau

Depuis le 1er octobre 2013, l'activité des 12 médiathèques de l'agglomération d'Hénin-Carvin a été mise en parallèle afin de créer un réseau. En effet, une inscription dans l'une de ces médiathèques donne désormais le droit d'empunter gratuitement dans chacune de celles-ci. De plus, la technologie RFID (ainsi que des automates), y a été installée afin de simplifier les prêts et les retours.

Début février, un site web permettra également de consulter en ligne la liste des articles disponibles, afin que les utilisateurs puissent trouver de chez eux et en un clic tout type de document.

Enfin, l'accès aux documents voulus sera facilité par la mise en place d'une navette, qui permettra de les récupérer dans l'établissement choisi par le lecteur.

Un nouveau Conseil d'Administration pour BiblioPat

L'association BiblioPat, administrant notamment une liste de discussion professionnelle complémentaire à la liste de diffusion Patrimoine-bibliothèques, est une structure qui a pour objectif de regrouper les bibliothèques gérant du patrimoine ainsi que les bibliothèques publiques ou privées ouvertes au public, quels que soient leur tutelle et leur statut.

Elle a pour autre mission de répondre, dans la mesure du possible, aux questions concernant le patrimoine.

Voici la nouvelle composition du conseil d’administration de cette association, élu lors de sa dernière assemblée générale :

 

Bureau

  • Présidente : Christelle Quillet
  • Vice-présidente : Dominique Morelon
  • Secrétaire : Emmanuelle Minault-Richomme
  • Trésorière : Béatrice Delestre

 

 Conseil d'Administration

  • Le bureau
  • Modérateur : Bernard Huchet
  • Webmestre : Florent Palluault
  • Modératrice adjointe : Claire Haquet
  • Coordinatrice des journées d'études : Marie-Claude Pasquet
  • Coordinateur des publications : Dominique Rouet

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