Des e-books gratuits dans les TER

La SNCF vient de lancer, à titre expérimental, une bibliothèque de livres numériques à destination des utilisateurs du réseau TER Lorraine. S’associant avec la région Lorraine et les éditeurs StoryLab Éditions et Parallèles Éditions, elle présente une sélection d’auteurs régionaux, d'auteurs contemporains, et de classiques de la littérature française (Fables de la Fontaine, Germinal, etc.).

Les ouvrages proposés sont pour la plupart disponibles gratuitement : un simple scan des QR Codes affichés dans les wagons permet d’y accéder facilement. Etant le plus souvent des nouvelles ou des romans assez courts, les titres mis à disposition ne nécessitent pas un temps de lecture trop long et s’adaptent donc très bien à de petits trajets en train.

At a Tipping Point: Education, Learning and Libraries

Un nouveau rapport réalisé par l’OCLC en juin dernier présente l’impact de la diffusion du « e-learning » (ou formation en ligne) et des Moocs[1] dans l’univers de l’apprentissage non seulement auprès des primo-étudiants mais également auprès des internautes américains en général qui, selon les résultats de l’étude commentée, sont très nombreux à se rendre sur les sites d’apprentissage en ligne, pour y trouver des ressources dans le domaine du développement personnel ou de l’éducation continue tout au long de la vie.

La présentation de la progression de l’usage de ces supports d’apprentissage en ligne dans le contexte américain est édifiante. C’est en mesurant l’importance de ces changements, voire de cette révolution, que les chercheurs lancent un appel aux bibliothèques afin qu’elles réfléchissent à leur positionnement stratégique, principalement en terme d’offre et d’image.

Nous présentons ici principalement les analyses très éclairantes qui sont faites sur l’impact de cette révolution pour les bibliothèques laissant volontairement de côté les nombreuses données sur la pénétration du e-learning dans la vie de l’internaute américain qu’on pourra consulter en ligne.

Dans un premier temps, les auteurs du rapport rappellent l’évolution de la pénétration de l’Internet, des connexions haut débit, des appareils nomades et des réseaux sociaux auprès de leurs concitoyens. Devant profiter de cette dynamique, la diffusion du e-learning et des Moocs était également annoncée comme « massive ». L’étude menée par l’OCLC montre que 48% des américains connectés âgés de 16 ans et plus ont déjà bénéficié du e-learning sous des formes diverses et pour des apprentissages variés. Le cas particulier des Moocs est un peu en retrait puisque 22% (seulement ?) de la population décrite ont déjà suivi un cours en ligne en vue de l’obtention d’un crédit universitaire et que le taux de complétion d’un cours serait inférieur à 10% des personnes initialement inscrites. Globalement, les bénéficiaires du e-learning sont satisfaits de leur expérience. Pour 51% d’entre eux c’est le caractère pratique[2] de ces enseignements qui en fait l’intérêt vient loin derrière la possibilité de développer ses connaissances (17%) puis d‘apprendre à son propre rythme (16%). Les résultats de l’étude évoquent un avenir radieux pour le e-learning qui devrait s’implanter durablement dans les pratiques des internautes de demain.

A la suite de ces considérations encore difficilement transposables au contexte français, le rapport se penche sur la perception qu’ont les usagers des bibliothèques et sur la construction de l’image ou de la « marque » bibliothèque. Sujet que les équipes de l’OCLC étudient depuis longtemps dans des rapports toujours passionnants, citons principalement :

De Rosa, Cathy; Cantrel, Joanne and Carlson, Matthew. Perceptions of Libraries:  Context and Community. OCLC, 2010.
De Rosa, Cathy; Cantrel, Joanne and Cellentani, Diane. Perceptions of Libraries and Information Resources. OCLC, 2005.

Dans le chapitre 3 du rapport intitulé « Libraries : The Brand », les auteurs s’interrogent sur le paysage concurrentiel des bibliothèques bouleversé par l’arrivée – massive, on l’a dit – du e-learning dans les pratiques quotidiennes des internautes.  Premier constat, l’image des bibliothèques reste profondément associée aux livres. En 2005, 69% des internautes américains déclaraient que la première image à laquelle ils associaient les bibliothèques était « les livres »[3]. Cette part est montée à 75% en 2014. Il semblerait que, paradoxalement, plus s’étend l’océan informationnel des ressources numériques, plus l’image des bibliothèques se cristallise autour du livre (papier !) et ce, malgré les budgets croissants consacrés à l’acquisition des ressources numériques : les bibliothèques publiques et académiques ne bénéficient nullement de cette évolution de leur offre.

Parallèlement à cette cristallisation, qu’on pourrait aussi décrire comme une crispation, les auteurs du rapport ont mesuré un changement de l’attachement sentimental des usagers aux bibliothèques, notamment chez les plus âgés, et d’un certain dédain, notamment chez les plus jeunes. Ainsi, alors qu’en 2005 l’idée d’une bibliothèque d’abord associée aux livres est prégnante, les jeunes évoquent aussi dans leur discours la poussière, l’ennui, le silence. Il semblerait que les jeunes interrogés lors de l’étude de 2014 citent toujours les livres comme première image, mais associée cette fois aux espaces, à un lieu où il fait bon lire et travailler. Parallèlement, les plus âgés qui exprimaient un fort attachement nostalgique aux livres en 2005, délaissent la mélancolie pour évoquer – eux aussi – la bibliothèque comme lieu. Ce rapprochement des perceptions des plus jeunes et des plus âgés est bien illustré par ce schéma :

Texte alternatif pour l'image
Youth and seniors : converging sentiments

Chez les étudiants, s’associe à cette idée de bibliothèque comme lieu, celle d’un endroit où on peut faire ses devoirs : “A place where you can get books, or do work on the computers.” “A quiet place to study up for major exams.” “A place where you can go to check out books, do research, study and read.”

Forts de ces constats, les auteurs insistent sur le hiatus qui risque de s’installer entre des internautes s’essayant de plus en plus à l’apprentissage en ligne et des bibliothèques perçues comme des réservoirs à livres …La marque « bibliothèque » perd ainsi de plus en plus de sa pertinence dans un environnement concurrentiel en plein bouleversement.  Finalement, être associées aux livres  est-il encore un concept porteur pour les bibliothèques? Ne faut-il pas – à tout prix – changer d’image avant que la marque « bibliothèque » ne soit déclarée complètement obsolète, notamment pour les armées d’e-apprenants que l’étude nous promet ?

Le chapitre suivant est consacré à la perception des bibliothèques dans le contexte de la vie universitaire et de l’offre de services présente sur les campus américains. Une carte heuristique est proposée à la suite d’une enquête menée auprès de parents d’étudiants et d’anciens étudiants.  Dans cette carte mentale qui cartographie l’ensemble de l’offre présente sur les campus (voir page 62 du rapport), nous nous focalisons ici sur la place des bibliothèques. De façon significative par rapport au reste des services offerts, ces dernières sont l’endroit qui facilite le plus la réalisation des travaux universitaires, celui qui fournit l’accès à des outils et des équipements permettant de réaliser ces travaux universitaires et, enfin, la bibliothèque universitaire fournit une information actuelle et pertinente ainsi que l’accès à de la documentation historique.

Texte alternatif pour l'image
Perception des bibliothèques dans le contexte de la vie universitaire et de l’offre de services présente sur les campus américains

Cette analyse propre au contexte des campus américains est intéressante et mériterait d’être menée dans le contexte hexagonal.

Suivant l’objet de leurs travaux, les auteurs du rapport se sont demandés quelle était la place des BU pour les e-apprenants.  14% des étudiants sont allés en bibliothèque pour accéder à des ressources de e-learning, 28% y ont accédé via le site de la bibliothèque et 12% se sont adressés à un professionnel pour y parvenir, enfin, 7% ont fait appel à un service de référence en ligne proposé par la bibliothèque. En conclusion de ce chapitre, on apprend que les e-apprenants aimeraient que les bibliothèques soient le lieu où ils puissent trouver de l’information sur et des accès aux enseignements en ligne.

En conclusion, il est rappelé que les e-apprenants reconnaissent aux bibliothèques la capacité qu’elles auraient à les accompagner dans l’identification et l’accomplissement de leurs objectifs pédagogiques. Or les perceptions que les usagers ont de la bibliothèque font l’impasse sur cette offre de service qui est bien souvent oubliée. Pourquoi les e-apprenants ne font-ils que très rarement appel aux services de la bibliothèque pour accéder aux cours en ligne ? Simplement parce qu’ils n’y pensent pas « It didn’t cross my mind.”

« La pertinence d’une offre tient à la perception que les usagers en ont, pas au produit lui-même » répètent à l’envi les auteurs en conclusion en incitant les bibliothèques à tout faire pour changer leur image. Elles n’ont pas un problème de produit, elles ont un problème d’environnement ! Pour les auteurs, les bibliothèques bénéficient d’une situation stratégique idéale qui leur permettrait de se positionner dans l’écosystème en construction de l’apprentissage en ligne. Il faut en saisir dès aujourd’hui l’occasion en communiquant sur l’offre et l’expertise des bibliothèques en matière d’accès et de facilitation vers les ressources pédagogiques en ligne car la demande est forte et ne fera que croître dans les années à venir.

Ce rapport est précieux à plus d’un titre. Même s’il présente un contexte relativement éloigné du contexte français et de l’appétence actuelle des internautes et des étudiants à avoir recours aux Moocs et autres sites d’apprentissage en ligne, il présente des tendances que l’on perçoit déjà dans l’hexagone dont il est important dès à présent de se saisir. Le rapport de 112 pages, richement illustré de graphiques et d’infographies séduisantes enchaîne état des lieux, constats, résultats d’études et vision prospective de l’avenir en concluant sur des solutions concrètes à mettre en œuvre pour replacer les bibliothèques au cœur de la mêlée dans un environnement concurrentiel en plein bouleversement.

 

[1] Mooc, en anglais : massive open online cours. Une traduction française a été proposée : formation en ligne ouverte à tous (FLOT)

[2] En anglais « convenience »

[3] Dans une étude récente publiée par B. and M. Gates Foundation : La perception des avantages offerts par les TIC dans les bibliothèques publiques en France : le point de vue des usagers, « lire/emprunter des livres » est considéré comme le service le plus important par 96% des répondants français âgés de 15 ans et plus (94% des répondants de l’UE).

[4] Dans une étude récente publiée par B. and M. Gates Foundation : La perception des avantages offerts par les TIC dans les bibliothèques publiques en France : le point de vue des usagers, « lire/emprunter des livres » est considéré comme le service le plus important par 96% des répondants français âgés de 15 ans et plus (94% des répondants de l’UE).
http://www.bpi.fr/modules/resources/download/default/Professionnels/Documents/FRANCECross-EuropeanLibrariesSurvey.pdf

IFLA : cérémonie de clôture


La cérémonie de clôture du congrès de l’IFLA, jeudi 21 août, fut l’occasion de célébrer et remercier.

La présidente de l’IFLA et les principaux responsables de la fédération remirent ainsi le prix du meilleur responsable de la communication d’une entité IFLA (à Raphaëlle Bats, pour la section Library Research and Theory) et du meilleur poster IFLA 2014 (à l’ALIA, l’association des bibliothécaires australiens), décernèrent un « Scroll of Appreciation » au Comité national d’organisation d’IFLA 2014 et à Réjean Savard (EBSI, Montréal) pour ses « services distingués » à l’IFLA et au multilinguisme, remirent la médaille de l’IFLA à Pascal Sanz (CFIBD), à Peter Lor (université de Pretoria), à la BnF et à Jesus Lau (université Veracruzana, Mexico) et un « Honorary Fellow », la plus haute distinction, à Alex Byrne, président de l’IFLA de 2005 à 2007. L’importance de la Déclaration de Lyon fut rappelée par Bruno Racine (BnF) et Georges Képénékian (Ville de Lyon).

Les remerciements tombèrent en pluie abondante sur les volontaires, sur l’équipe projet, sur les traducteurs et les multiples responsables des multiples activités qui se déroulèrent lors du congrès : 3991 participants, 296 volontaires, 227 réunions et sessions, 225 posters exposés, 23118 tweets…

La présidente, Sinikka Sipilä, annonça qu’après Le Cap (congrès 2015), c’était la ville de Colombus (Ohio) qui avait été choisie pour le congrès 2016.

Un congrès 2014 très réussi de l’avis des participants, auquel le beau temps, les terrasses ensoleillées, la gastronomie lyonnaise, la qualité de l’accueil et de l’organisation, les films des frères Lumière, la soirée dansante apportèrent la très appréciée « French Touch ».

MICROPORTRAIT-IFLA #15

Lerisha Mudaliar – Afrique du Sud

*Tourism officer, Cape Town*

Le prochain congrès de l'IFLA se tiendra à Cape Town, du 15 au 21 août 2015. Les participants se réuniront autour du thème « Dynamic libraries : access, development, and transformation ».

Pour moi, les bibliothèques ont un rôle important pour l'éducation, il faut construire des bibliothèques.

Texte alternatif pour l'image
Lerisha Mudaliar

MICROPORTRAIT-IFLA #14

Lara Jovignot – Suisse

*Bibliothèques de la ville de Lausanne*
- Organisatrice de Cycling for libraries 2014 -

Cycling for Libraries est une initiative fondée en 2011 par des bibliothécaires finlandais de l'International Association for Library Advocacy. Il s'agit de promouvoir le rôle des bibliothèques en parcourant un pays à vélo, c'est une façon efficace et conviviale de rencontrer les gens et de faire parler des bibliothèques. Cette année, la 4ème édition a réuni 95 personnes venus de 16 pays différents, ralliant Montpellier à Lyon du 6 au 14 août, c'était aussi l'occasion d'annoncer l'IFLA. Cycling for Libraries a reçu un précieux soutien des associations cyclistes comme AF3V pour l'organisation logistique et la préparation des itinéraires.

Chaque jour, un thème était discuté entre bibliothécaires-cyclistes le long du chemin, sur le principe des « non conférences ». L'objectif de Cycling for libraries, c'est l'échange entre professionnels, mais c'est aussi l'advocacy. C'est une campagne de promotion des bibliothèques, avec la mobilisation des élus venus accueillir les participants dans chacune des communes étapes, mais aussi de tous les médias qui ont relayé cette aventure : presse locale et régionale, radio, télé...

Bibliothécaire, pour moi c'est une évidence. J'aime accompagner la société dans son évolution.

Texte alternatif pour l'image
Lara Jovignot

Plus d'informations sur Cycling for Libraries :

Déjà plus de 130 signataires pour la Déclaration de Lyon

Lundi 18 août 2014, au troisième jour de son 80è congrès mondial, la Fédération Internationale des Associations et des Institutions de Bibliothèques (IFLA) a officialisé sa déclaration sur l'accès à l'information et au développement.

Signée par  des associations internationales  appartenant aux mondes des bibliothèques, de la presse et de l'université, cette déclaration appelle notamment les Etats membres des Nations Unies à adopter différents principes liés à l’accès à l’information pour tous.

MICROPORTRAIT-IFLA #13

Simonetta Pasqualis – Italie

*Biblioteca di Scienze dell'Antichità, Università di Trieste*

Nous avons conçu un projet qui permet aux usagers d'interroger à partir d'un seul catalogue les ressources des musées, des archives, et des bibliothèques de Trieste. C'est un outil qui donne accès à l'ensemble du patrimoine de la ville.

Bibliothécaire, c'est un métier qui a évolué de la technique vers les services aux publics. La bibliothèque est utile pour la communauté, elle lui apporte sa valeur.

MICROPORTRAIT-IFLA #12

Breda Podbreznik Vukmir – Slovénie

*Directrice de la bibliothèque de Kamnik*

La bibliothèque de Kamnik organise des parcours en extérieur pour valoriser le patrimoine naturel et culturel local et faire découvrir le folklore de la région aux familles. Des balades et des lectures de contes et de légendes sont organisées, le public est invité à lire et à écouter des histoires, le long d'un parcours en forêt ou en découvrant des édifices historiques. La bibliothèque collecte également des histoires à partir d'archives d'anciens journaux locaux, puis les publie et les fait découvrir aux gens.

Bibliothécaire, c'est pour moi un métier qui combine mon intérêt pour les livres et pour les gens.

MICROPORTRAIT-IFLA #11

Deborah Raftus – USA

*University of Washington Libraries, Seattle*

Il y a un espace expérimental dans notre bibliothèque, qui fonctionne comme un salon. Les étudiants peuvent venir dans cet espace, discuter sans restriction, bouger le mobilier modulable. Nous organisons des petits workshops et des speed-meeting dans cet espace, pendant lesquels les étudiants sont invités à présenter en 5 minutes des sujets sur lesquels ils travaillent. La bibliothèque devient un lieu d’échange interdisciplinaire entre les étudiants des différents départements.

Bibliothécaire, c’est pour moi rencontrer des gens et apprendre de nouvelles choses tous les jours ! Au quotidien, mon travail sur les collections me permet aussi d’exploiter mon intérêt pour les langues étrangères.

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