Numalire

Introduction et contexte

Les moyens dont disposent les bibliothèques pour conduire leurs programmes de numérisation du patrimoine qu’elles conservent, sont rarement à la hauteur des enjeux. Dans ces conditions, faire appel aux ressources financières des internautes peut sembler être une solution opportune. Certaines bibliothèques dans le monde font déjà appel à leur travail, à leurs connaissances, à leurs compétences, ou à leur créativité pour indexer (folksonomie), numériser (Europeana 1914-1918, par exemple) ou corriger l’OCR (projet TROVE de la Bibliothèque Nationale d’Australie, projet Ozalid entre la Bibliothèque nationale de France, Orange, Jamespot, Urbilog, I2S, ISEP, INSA Lyon, Université Lyon 1 - LIRIS, Université Paris 8 etc.). On parle de crowdsourcing, c’est à dire d’externalisation de certaines tâches bibliothéconomiques auprès de la foule des internautes. En retour de leur participation, les amateurs bénéficieront de développement personnel, de distraction, de jeu, d’autopromotion, ils pourront satisfaire leur soif d’altruisme ou, parfois, recevoir des gratifications sous la forme de cadeaux ou d’argent, obéissant tantôt à des motivations intrinsèques, tantôt à des motivations extrinsèques (Andro, 2014). Le crowdfunding, ou financement participatif, est une forme de crowdsourcing qui fait plus spécifiquement appel à la générosité des internautes. Mais, bien loin de s'adonner à une mendicité institutionnelle (Ayres, 2013), il s’agit, pour les bibliothèques, de s’inscrire dans un nouveau modèle de collaboration avec leurs publics et de centrer leurs politiques documentaires non plus exclusivement autour de leurs collections mais autour de leurs usagers individuels appelés à participer à la valorisation du patrimoine et à mieux faire vivre les collections, la bibliothèque numérique devenant ainsi une co-construction.

La numérisation à la demande grâce à des financements participatifs permet aux bibliothèques ne disposant pas de service de reproduction numérique d’en offrir un, de qualité professionnelle, à un public élargi et de lui permettre d’accéder, en particulier, à des documents difficilement accessibles. Elle peut permettre aussi de moderniser ou de remplacer des services de prêts entre bibliothèques vieillissants. Au-delà de la demande d’un simple soutien financier, les bibliothèques offrent ainsi un service nouveau sans avoir à en supporter le coût, enrichissent leurs bibliothèques numériques, et ouvrent, au grand public, leur politique documentaire d’identification et de sélection des ouvrages qui, au sein du patrimoine documentaire qu’elles conservent, méritent d’être numérisés. Ainsi, les bibliothèques s’ouvrent également à des possibilités de collaborations avec des mécènes ou des investisseurs qui pourraient être intéressés par la possibilité de financer la numérisation de tel ou tel titre susceptible de générer, en retour sur investissement, un trafic web parfois important. Ainsi, l’argent public pourrait davantage se concentrer sur la numérisation de documents d’intérêt scientifique ou patrimonial non susceptible d’être prise en charge par le grand public et par les entreprises. D'après (Chamberlain, 2010), 91,8% des universitaires de Cambridge sondés dans le cadre d’une étude sur la faisabilité de la mise en place d’un service de numérisation à la demande, seraient intéressés par un tel service et 65,5 % d’entre eux le seraient également par un service d’impression à la demande.

En France, dès 1997, une expérimentation a été lancée, en collaboration avec la Bibliothèque nationale de France sous le nom de “Le livre à la carte” (Libris Editions) afin de proposer la réimpression d’ouvrages sous la forme de fac-similés. Elle généra 140 commandes sur 3 mois. Deux ans plus tard, la société Librissimo (devenue Phénix Editions lors de son intégration par Alapage, France Telecom), en partenariat avec la Bibliothèque Municipale de Troyes et avec l’aide d’un atelier de numérisation in situ, proposera le même service pour un coût de 3 à 4 francs par page. Avec cette initiative pionnière qui engendra une centaine de commandes par mois début 2001 (Delcourt, 2011), la prestation de numérisation restait indissociable de celle de l’impression d’un fac-similé. Quelques années plus tard, Juan Pirlot de Corbion, fondateur de Chapitre.com expérimenta, avec la Bibliothèque nationale de France, l’export d’une grande partie de son catalogue sur un portail commercial afin de permettre la numérisation à la demande de tel ou tel document par les internautes. Mais ce projet a finalement été abandonné, victime de son succès : le nombre de demande de devis et de descriptions matérielles de documents était très important et coûteux en temps de travail pour un trop faible taux de demandes de devis qui se concrétisaient par la commande de numérisations, les internautes ayant parfois changé d’envie ou d’avis à la lecture du devis. Enfin, plus récemment encore, en mars 2011, les Amis de la Bibliothèque nationale de France ont remis en place ce type de service sur la base de listes de titres proposées par la BnF et par des internautes, avec une moyenne de plus de 7 numérisations par mois pour un prix moyen de 196 €, après déduction fiscale[1].

En dehors des initiatives américaines Maine Shared Collections Strategy et de revealdigital.com visant à permettre le financement de la numérisation des trésors cachés des bibliothèques, à l’échelle européenne, le réseau européen Ebooks on Demand (EOD) piloté par la Bibliothèque universitaire du Tyrol propose un service mutualisé de numérisation à la demande moyennant une cotisation annuelle des bibliothèques de 1000 € environ pour la coordination, l’administration, l’OCR, l’assistance, l’accès à la plateforme de paiement et sa maintenance. En France, la Bibliothèque Inter-Universitaire de Santé (BIUS) et la Bibliothèque Nationale Universitaire de Strasbourg (BNUS) y participent parmi 40 bibliothèques de 12 pays d’Europe. Les bibliothèques participant au réseau peuvent ajouter des boutons dans leurs OPAC vers EOD. En France, elles peuvent désormais également le faire depuis leurs notices dans le catalogue national SUDOC. La numérisation est généralement réalisée par les ateliers internes des bibliothèques. Entre 2007 et 2011, d’après S. Gstrein en 2011, près de 5000 livres ont ainsi été numérisés, 1 million de pages scannées, pour près de 2500 lecteurs dans le monde. Les bibliothèques les plus importantes bénéficient ainsi de 250 à 350 livres numérisés par an chacune, soit environ une commande par jour de travail. Le prix moyen est d’environ 50 €. En général, la commande coûte 10 € forfaitaires auxquels s’ajoute une somme de 0,15 à 0,30 € par page. La majorité des commandes oscillent entre 20 € et 49 € par livre. Seulement 20 % d’entre elles dépassent 50 €. D’après (Mühlberger, 2009), pour un livre de 250 pages, le prix de la numérisation d’un livre peut osciller entre 30 € et 130 €. Le prix moyen d’un livre en 2009 était de 53 €. Ces coûts relativement compétitifs peuvent s’expliquer par le fait que les bibliothèques qui financent les ateliers de numérisation, ne répercutent pas aux usagers l’intégralité des coûts, notamment en personnel. Si la bibliothèque en a fait le choix, les livres électroniques sont envoyés vers Amazon Boosurge accompagnés de métadonnées et d’ISBN afin de pouvoir être commandés sur Amazon sous la forme de Print on Demand (POD).

L’impression à la demande obéit à une philosophie voisine de la numérisation à la demande dans la mesure où elle replace le public au centre de la politique des bibliothèques et où elle favorise une collaboration entre intérêts publics et privés. En effet, ces dernières années, les éditeurs comme les imprimeurs ont constaté une tendance à la baisse du nombre de tirages. Dans le même temps, et en particulier depuis 2002, est apparu un nouveau modèle économique : le Print on Demand. Ce modèle économique consiste à imprimer en flux tendu en fonction de la demande et quasiment en temps réel. Il permet de ne plus avoir à prévoir à l’avance de nombre d’exemplaires qui devraient être vendus, de limiter ainsi les risques de surproduction, de ne plus connaître d’invendus, et surtout de ne plus avoir à gérer des stocks coûteux en personnel, en conservation et en loyers mais aussi les coûts liés aux transports et à la logistique de la chaîne du livre. Comme le signale très justement S. Klopp en 2014, “pour le secteur de l’édition dont le modèle économique traditionnel est basé sur un modèle « juste au cas où » (constitution de stocks selon l’anticipation de la quantité de ventes attendues), le passage au « juste à temps » par le biais de l’impression à la demande constitue un bouleversement en profondeur”.

Le coût de production d’un exemplaire avec le Print on Demand demeure supérieur à l’impression traditionnelle Offset, mais il ne faudrait, d’après W. C. Dougherty, que 2 jours pour obtenir 30 000 exemplaires quand il faudrait 2 semaines selon un mode de production plus traditionnel. Le Print on Demand permettrait aussi de mieux satisfaire les besoins de populations parlant des langues variées, dans le cadre de sociétés de plus en plus multiculturelles. D’après W. C. Dougherty, la production de livres selon le mode traditionnel a connu une croissance de seulement 1 % en 2007, soit 276 649 nouveaux titres. Pour sa part, la production de livres sous la forme de Print on Demand est passée de 21 936 titres en 2006 à 134 773 en 2007. Entre 2002 et 2007, selon ce même auteur, la croissance des titres selon le mode traditionnel n’a été que de 29 % tandis qu’elle a été de 313 % pour le Print on Demand. Et, pour la première fois, aux USA, davantage de livres imprimés ont ainsi été produits avec ce modèle.

Ce modèle économique devait nécessairement rencontrer les préoccupations des bibliothèques en matière de numérisation. Les oeuvres libres de droit ou orphelines de tout ayant droit, notamment indisponibles[2], vont pouvoir ainsi, après avoir été numérisées, c'est-à-dire après avoir été converties du support papier au support électronique, « ressusciter » sur support papier et être à nouveau vendues comme des fac-similés brochés. La vente en ligne sous la forme de Print on Demand a aussi pour vertu d’accroître la visibilité des collections sur le web, de générer du trafic web et est donc susceptible d’en augmenter le nombre de ventes. Dès le 23 mars 2009, un partenariat a ainsi été conclu entre Amazon BookSurge et la bibliothèque de l’Université de Cornell (USA). Ce partenariat porte sur la possibilité offerte par Amazon de produire et de commercialiser des imprimés brochés à la demande à partir des livres numérisés par la bibliothèque en échange du versement d’une part des bénéfices réalisés. En février 2010, la Bristish Library annonçait, quant à elle, que 65 000 livres numérisés du domaine public seraient vendus sous forme de Print on Demand sur Amazon BookSurge. En octobre 2010, la Bibliothèque du Congrès en annonçait 50 000. En France, en mars 2011, la Bibliothèque nationale de France signait un accord pour l’impression à la demande de près de 15 000 livres libres de droits avec le groupe Hachette Livre. L’impression à la demande en bibliothèque pourrait également se développer via l’Espresso Book Machine (EBM) largement déployée dans les bibliothèques américaines. Il s’agit d’une machine créée en 2006, commercialisée par la société OnDemandBooks, et qui permet d’obtenir un fac-similé sur place, en 5 minutes, parmi environ 8 millions de livres numériques provenant de Google Books, Internet Archive, Hathi Trust, Lightning Source, Gallica ou encore d’une bibliothèque numérique locale. Elle permet aussi d’obtenir une impression brochée de son propre fichier numérique, mémoire ou thèse par exemple. La production d’un livre imprimé de 400 pages coûterait moins de 10 € (Chamberlain, 2010), un coût bien inférieur à celui du prêt entre bibliothèques. Ainsi, tout en offrant un service nouveau à ses lecteurs, les bibliothèques pourraient bénéficier d’une nouvelle source de financements.

Présentation de l’expérimentation

La société YABé, fondée par Filippo Gropallo et Denis Maingreaud et soutenue par le Labo de l’édition, a lancé en 2013 une expérimentation de huit mois qui visait à numériser et rééditer à la demande des documents libres de droits conservés dans huit bibliothèques parisiennes[3] en proposant un partage du coût de la numérisation entre les internautes. Dans les prémices du projet, le retour sur investissement devait se faire à partir de la vente d’EPUB. Mais, au fur et à mesure des discussions avec les bibliothèques, la société YABé a finalement décidé de réaliser sa marge sur la numérisation et la vente de print on demand. Les documents numérisés par le crowdfunding ne sont donc pas vendus mais diffusés sous la marque du domaine public. L’idée de cette expérimentation était de tester ce modèle économique avant de l’étendre en France et à l’international si l’expérience obtenait de bons résultats.

L'expérimentation a commencé le 7 octobre 2013 avec le lancement du site web www.numalire.com, qui permet à un internaute de se procurer un exemplaire (numérique ou papier) d’un document indisponible sur le marché traditionnel et libre de droits. En recherchant sur internet un document, l’internaute aboutit sur le site www.numalire.com où sont agrégées des parties des catalogues des huit bibliothèques participantes au projet - au total, 500 000 notices de documents. Les internautes peuvent aussi accéder aux documents qui les intéressent à partir des catalogues ou sites web des bibliothèques ou encore via le moteur de recherche interne de Numalire. Une fois le document repéré, l’internaute s’authentifie et fait une demande de devis. Yabé retransmet la demande de devis à la bibliothèque concernée qui l’examine en analysant les points suivants : état matériel du document, complétude du document, possibilité juridique de le numériser au regard des droits d’auteurs, inexistence d’un exemplaire déjà numérisé en ligne…. En fonction de ces éléments, la bibliothèque valide ou non la demande de l’internaute dans les 48 heures et apporte une description matérielle du document : nombre précis de feuillets, format et angle d’ouvertures. Yabé transmet, le cas échéant, un devis à l’internaute. Une souscription s’ouvre ensuite sur le site de Numalire. L’internaute propose alors, en s’appuyant sur ses réseaux sociaux (Facebook, Twitter etc.), de partager le coût de la numérisation. Une fois le financement obtenu, Yabé engage le processus technique de numérisation en s’appuyant sur un prestataire spécialisé répondant au cahier des charges fourni par chacune des bibliothèques. Au terme du processus, un fichier est remis à chaque souscripteur ainsi qu’à la bibliothèque qui peut alors le diffuser sur ses supports de diffusion et l’archiver de manière pérenne. L’internaute peut aussi demander un fac-similé papier du document numérisé s’il le souhaite sous la forme de Print on Demand.

Avec cette expérimentation, Numalire a permis aux bibliothèques participantes de répondre de manière innovante à une demande réelle du public qu’elles ne pouvaient satisfaire faute de moyens financiers suffisants et de canaux de reproduction. Ce service gratuit pour les bibliothèques est doublement avantageux pour elles : il leur permet de compléter leurs bibliothèques numériques en faisant l’acquisition des fichiers financés par les internautes ; par le biais du commissionnement, chaque bibliothèque bénéficie d’un bon de 15 % du volume des pages numérisées à utiliser sur des opérations de numérisation ultérieures. Numalire permet également aux bibliothèques de découvrir des documents uniques dans leurs collections dont elles ne soupçonnaient pas l’existence. Enfin, c’est un moyen pour les bibliothèques de cerner la demande réelle du public et de pouvoir, à terme, réorienter leurs axes de numérisation.

Résultats

Durant les 8 mois de l’expérimentation, le site numalire.com a généré un trafic de 70 000 utilisateurs et de 115 000 pages vues. Parmi ces visiteurs 55 899 provenaient de France. Au total, ⅓ des visiteurs provenaient de Paris, ⅓ des autres régions de France et ⅓ de pays étrangers. Parmi ces pays, on trouve notamment la Belgique, le Canada, la Suisse, l’Italie, les USA, l’Algérie, l’Allemagne, le Maroc, l’Espagne… 91 % des visiteurs sont arrivés sur le site via un moteur de recherche, seulement 5 % via un lien direct, 3 % via les sites et les catalogues des bibliothèques et 1 % via des réseaux sociaux. Le trafic web a connu un pic de consultation en novembre 2013, puis une chute significative à partir de la mi-décembre, suite à un moins bon référencement par les moteurs de recherche, mais cette diminution n’a pas eu d’impact trop important sur le nombre de commandes. A compter du mois de janvier 2014, le taux de transformation (nombre de visites / nombre de numérisations) s’est d’ailleurs fortement amélioré.

En complément, Numalire a également mené une enquête de satisfaction auprès de ses utilisateurs en juin 2014. Cette enquête a été envoyée à 380 personnes avec un taux de réponse de 31 % (soit 118 réponses). Il s’avère que 70,59 % des répondants étaient des hommes, généralement de catégories socio-professionnelles supérieures (enseignants chercheurs, étudiants, cadres supérieurs, juge, universitaire, professeur, verrier). 51,43 % des répondants ont demandé un devis dans le cadre de leur travail. 72 % des internautes ont connu le site via un moteur de recherche et seulement 9,09 % via le site de leur bibliothèque.

Ce bilan très positif au regard de l’intérêt à la fois du public et des internautes - 97 % des personnes interrogées estimant que le service est utile ou très utile - est à modérer en raison du faible taux de devis ayant débouché sur une numérisation. En effet, sur 414 demandes de devis seuls 36 devis ont abouti au financement d’une numérisation, soit 11 % des devis traités. Bien que 25 % des demandes aient été déclarées non numérisables par les bibliothèques (documents déjà numérisés, sous droits, trop fragiles, incomplets ou manquants), ce nombre de demandes de devis aboutissant à une commande de numérisation reste trop faible au regard du temps de travail investi par les agents des bibliothèques. A raison en moyenne d’une demi-heure de traitement par demande de devis,  207 heures de travail collectives réparties sur l’ensemble des bibliothèques ont été investies dans cette expérimentation depuis le mois d’octobre 2013. Ce temps de travail, parfois considéré comme relativement ingrat, aurait toutefois été fourni dans le cadre de préparation de programmes de numérisation.

Les demandes de devis ayant donné lieu à transformation en commande réelle ont concerné principalement des documents ayant un petit nombre de pages et ont été prises en charge par un seul souscripteur, ce qui semble indiquer que le coût unitaire de la numérisation est trop élevé et que la logique participative qui devait permettre la réduction de ce coût par souscripteur fonctionne encore assez mal. Ces financements collectifs ne représentent, en effet, que 14 % du total. Il apparaît donc nécessaire de mieux communiquer sur cette logique participative pour espérer sa mise en œuvre ou y renoncer, et ainsi réduire nettement le coût unitaire de numérisation. Cet inconvénient est confirmé par les chiffres de l’enquête ménée par YABé puisque 48 % des répondants estiment que le coût de la numérisation est trop élevé. Parmi ces personnes, 66,67 % jugent que le coût de la numérisation est trop élevé pour une personne seule ou doutent de l’issue de la souscription, 16,67 % jugent qu’il est trop cher pour ce que c’est et 16,67 % qu’il est trop cher par rapport au prix des bouquinistes où l’original papier peut être acheté. Parfois, les internautes qui sont invités à souscrire par un premier souscripteur comprennent mal le fonctionnement du service : le partage de la souscription est jugé trop compliqué pour près de 20 % des répondants. Les résultats encore insuffisants du nombre de partages de souscriptions s'expliquent par le caractère innovant de ce type de service. Les internautes doivent encore s’approprier le mode de fonctionnement de Numalire avant de tester des fonctionnalités[4] plus avancées de partage de souscriptions par des communautés d’intérêts qui n’ont pas encore été suffisamment touchées dans le cadre de l’expérimentation.

Afin de compléter le bilan de son expérimentation, YABé a souhaité recueillir l’avis des bibliothèques participant au projet. Au lancement du projet, les réticences ont été assez nombreuses. “Il reste peu à numériser”, “Il n’y aura pas de demandes”, “Ce projet n’est pas prioritaire”, “N’y a-t-il pas un risque à ce que le privé se substitue aux bibliothécaires et aux financements publics ?” : voici quelques-unes des phrases qui sont souvent revenues lors des entretiens téléphoniques de juin 2014. Mais, face au manque de budget et d’atelier de numérisation, sous l’impulsion parfois de leur hiérarchie, les bibliothèques sollicitées par YABé ont fini par se dire qu’elles n’avaient “rien à perdre”, et, par se lancer dans l’expérimentation. Au cours de celle-ci, les avis ont évolué et maintenant, certains bibliothécaires proposent ce service à leurs lecteurs !

Tout en pointant les échecs et limites rencontrés (peu de financements collectifs, prix trop élevés, délais assez longs pour obtenir les fichiers, concurrence d’autres projets de numérisation à la demande…), la plupart des bibliothèques souhaitent continuer à participer à ce projet surtout si des perspectives d’évolution sont envisagées.

Conclusion et perspectives

Dans un contexte où l’identification de documents méritant encore d’être numérisés devient plus difficile après les campagnes de numérisation de masse lancées par de grandes institutions et de grandes multinationales, et alors que de nombreuses bibliothèques ont été contraintes, faute de moyens, ou ont fait le choix d’externaliser la numérisation de leur patrimoine à des prestataires, la mise en place d’un service de numérisation à la demande sous la forme de crowdfunding, c’est à dire via l’externalisation du financement auprès des internautes, est particulièrement opportune. L'ambition de Numalire est de doter chaque bibliothèque patrimoniale d'un outil structuré lui permettant de répondre favorablement à toute demande de reproduction d'un document libre de droits en le numérisant dans le respect du domaine public, c’est à dire, sous licence Public Domain Mark[5] afin d’en permettre le réutilisation la plus large et ouverte possible. La mise en place de cette collaboration entre bibliothèques, société privée et internautes, résulte d’une conduite du changement au sein des bibliothèques dont le personnel a progressivement été convaincu de sa faisabilité, de l’intérêt d’ouvrir leurs politiques de numérisation au public, et de collaborer avec des partenaires d’autres milieux socio-professionnels.

Afin de rendre la participation des bibliothèques au projet Numalire plus rentable au regard du temps investi par les agents, il apparaît toutefois important de trouver des solutions pour augmenter le ratio nombre de demandes de devis / nombre de commandes de numérisation. Pour augmenter ce ratio Numalire pourrait, par exemple, proposer un calcul automatisé du prix en se basant sur les informations bibliographiques contenues dans les notices des catalogues des bibliothèques - lorsque leur qualité le permet. Sur la base de statistiques tirées de l’expérimentation, la différence moyenne qui existe entre le dernier numéro folioté indiqué sur les notices bibliographiques conformément aux normes de catalogage et le nombre réel de feuillets pourrait être estimé, de la même manière que pourrait être lissés sur l’ensemble des commandes les sur-coûts liés aux ouvertures restreintes d’ouvrages. Ainsi, l’internaute saurait immédiatement quel est le prix de la numérisation et pourrait donc commander sans attendre un devis. Cette dernière étape ne consisterait plus, pour les bibliothèques qu’à donner leur accord, à vérifier la présence du livre en magasin et la possibilité juridique et technique de le numériser. Les coûts en temps de travail seraient donc considérablement réduits pour l’Etat et le ratio nombre de demandes / nombre de livres numérisés serait beaucoup plus élevé, ce qui améliorerait significativement l’intérêt du service.

Numalire pourrait changer de statut et adopter celui de fonds de dotation plus adapté à l'activité menée ce qui permettrait aussi une défiscalisation de 66 % à ses clients. Numalire pourrait travailler avec plusieurs prestataires pour bénéficier de conditions plus avantageuses. Il pourrait aussi être imaginé qu’un prestataire se déplace dans chaque bibliothèque avec son matériel portable de numérisation afin de permettre la numérisation in situ des documents non autorisés à quitter la bibliothèque. Le temps dévolu à l’opération de numérisation serait ainsi plus court et les documents à trop forte valeur d’assurance pour pouvoir être sortis des bibliothèques, pourraient ainsi être inclus dans le catalogue proposé par Numalire.

Afin de toucher un public plus grand, Numalire pourrait accroître son offre en s’ouvrant à d’autres types de supports (articles de périodiques dont la demande pourrait être forte et le prix de numérisation plus limité, manuscrits, estampes, sons, vidéos...), ainsi qu’à d’autres bibliothèques à l’échelle nationale et internationale dont les métadonnées, exposées et réutilisables de plus en plus librement, pourraient être moissonnées. Pour augmenter sa visibilité, Numalire pourrait être présent sur les catalogues en ligne des bibliothèques ou le catalogue national SUDOC à l’instar d’Ebooks on Demand.

Enfin, d’autres stratégies pourraient être développées par Numalire : solliciter des fondations et des mécènes ; mobiliser des communautés d’amateurs et d’érudits par une politique volontariste de community management ; associer les libraires qui, étant à la recherche de nouveaux marchés, pourraient se démarquer des enseignes web en suscitant des rééditions patrimoniales, en diffusant des souscriptions auprès de leurs clients et en mobilisant des communautés de lecteurs, renouant ainsi avec la tradition du libraire-éditeur autour de la réinvention de la souscription.

En mettant en oeuvre ces différentes stratégies, Numalire s’introduirait durablement dans l’éco-système du livre.

 

[1] D’après l’estimation calculée par les auteurs

[2] En droit français, un livre indisponible est un livre publié en France avant le 1er janvier 2001, qui ne fait plus l’objet d’une diffusion commerciale par un éditeur et qui ne fait pas l’objet d’une publication sous une forme imprimée ou numérique (Wikipédia)

[3] La Bibliothèque des Arts Décoratifs, la Bibliothèque Historique de la Ville de Paris, la Bibliothèque de l’Hôtel de Ville de Paris, la Bibliothèque Forney, la Bibliothèque de l’Académie nationale de médecine, la Bibliothèque Marguerite Durand, les bibliothèques de l’Institut National de la Recherche Agronomique et la Bibliothèque Sainte-Geneviève

[4] Pour information, ces fonctionnalités seront simplifiées dans une version ultérieure du service.

[5] http://creativecommons.org/publicdomain/mark/1.0

 

Bibliographie

1. Andro, M., Saleh, I. (2014). Bibliothèques numériques et crowdsourcing : une synthèse de la littérature académique et professionnelle internationale sur le sujet. Colloque International sur le Document Numérique, CIDE 17 (accepté, sous presse)

2. Ayres, M.-L. (2013) ‘Singing for their supper’: Trove, Australian newspapers, and the crowd. Paper presented at: IFLA World Library and Information Congress, 17 - 23 August 2013, Singapore. Traduit par Andro, M. (2013) “Faire appel à la charité” : Trove, les journaux australiens et la foule des internautes.

3. Chamberlain, E. (2010). Digitisation-on-Demand in Academic Research Libraries. 62 p.

4. Delcourt, T., Le More, H., (2001). Un nouveau service pour les lecteurs : la reproduction de livres à la demande à la bibliothèque de Troyes. Bulletin des Bibliothèques de France, 5 : 94-102.
5. Dougherty, W. C. (2009). Print on Demand: What Librarians should know. The Journal of Academic Librarianship 35(2):184-186.

6. Gstrein, S., Mühlberger, G. (2011). Producing eBooks on Demand - A European Library Network. 12 p.
7. Klopp, S. (2014). Numérisation et impression à la demande en bibliothèque : un panorama. Mémoire de Conservateur ENSSIB. 133 p.

8. Mühlberger, G., Gstrein, S. (2009). eBooks on Demand (EOD): a European digitization service. IFLA Journal 35(1): 35-43.

Quelle accessibilité numérique des portails de bibliothèques ?

Au regard de la lenteur de l’évolution du web dans la prise en compte des normes d’accessibilité, le ministère de la Culture et de la Communication, sur proposition de Tosca Consultants et de pixFL et en coopération avec l’association BrailleNet, a lancé une étude sur l’accessibilité numérique des portails de bibliothèque en France.

Cette enquête comprend deux volets :

  • l’un quantitatif, qui s’appuie sur 80 BM, 40 bibliothèques intercommunales, 10 BDP ainsi que sur les portails de la BnF, de la BPI et de la Ville de Paris,
  • l’autre qualitatif, souhaitant dégager les points positifs et les améliorations possibles de la dizaine de sites internet de bibliothèques étudiés.

Alors que les résultats de l’analyse quantitative ont été publiés le 25 septembre 2014, ceux de l'analyse qualitative devraient l’être début décembre.

Plus d’informations sur le site web de l’étude.

Projet d’étude sur les horaires d’ouverture des bibliothèques

La BPI et le Service du livre et de la lecture (SLL) du ministère de la Culture et de la Communication ont lancé, début septembre, un appel d’offres pour la conduite d’une enquête analysant les impacts sur les bibliothèques territoriales et leurs collectivités des projets d’aménagements d’horaires récemment conduits par certains de ces établissements.  

Plus d’informations sur le site du BOAMP (Bulletin officiel des annonces des marchés publics).

Un projet Biblio Remix mis en place

Plus d’un an après le lancement de Biblio Remix, dispositif d’expérimentation, d’invention et de création participatives autour des services en bibliothèque, la ville de Rennes va accueillir la première mise en œuvre d’un des projets.

Intitulé Agora, celui-ci propose de mettre en en place un « tiers-lieu » au sein des bibliothèques, afin qu’un intervenant puisse, en « empruntant un créneau de temps »,  venir « faire une animation, une performance artistique, un débat ou encore un cours de cuisine ». C’est la bibliothèque rennaise Lucien Rose qui accueillera ce nouvel atelier (dénommé Carte blanche à Lucien Rose) et qui verra, à partir du mois d’octobre, « des individuels, collectifs ou associations (...) venir un samedi après-midi sur trois proposer une animation dans le hall de la bibliothèque ».

Des titres de littérature classique en accès libre


TV5 Monde vient de lancer sa bibliothèque numérique qui propose l’accès à 201 ouvrages issus de la littérature classique française.

Proposant notamment des œuvres de Balzac, Hugo, Proust et Maupassant, la bibliothèque offre également aux titres disponibles une valeur ajoutée :

  • un ouvrage est mis en avant chaque semaine,
  • chaque livre possède une page dédiée,
  • chaque auteur dispose de sa propre fiche indiquant notamment les autres titres accessibles.

Chacun de ces 201 ouvrages est disponible gratuitement et téléchargeable aux formats ePub et pdf.

Netflix et médiathèques : la VOD en débat ?

L’arrivée en France du service de vidéos à la demande Netflix fait débat, notamment sur la question d’un impact possible sur l’offre de VOD en bibliothèque.

C’est d’abord Claude Poissenot, sociologue, qui a publié dans Livres Hebdo une tribune intitulée « Netflix contre les médiathèques » et dans laquelle il  soutient que  « Netflix et ses concurrents vont rendre obsolète » l’offre VOD proposée par les médiathèques.
Selon lui, les bibliothèques, très silencieuses à ce sujet, ont été totalement dépassées par  le « bruit » engendré par l’arrivée de Netflix. Ensuite, vient la singularité des offres : si Netflix propose un modèle simple et disposant d’une grande latitude d’action (accès direct, large catalogue, maîtrise des horaires, etc.), en revanche, la vidéo en médiathèque ne représente qu’une petite partie des fonds et des prêts, les principaux fournisseurs de DVD ne proposant que « depuis peu des services de VOD ». Ainsi, toujours selon Claude Poissenot, les médiathèques ne sont tout simplement pas perçues comme acteurs susceptibles de proposer un service VOD.
Pour le sociologue, les médiathèques « ont perdu la bataille de la communication » et doivent  véritablement s’interroger sur le « bien-fondé » de proposer une offre de VOD.  Alors que « la constitution des collections n’est pas en phase » avec l’univers d’Internet qui « privilégie le bruit à la pertinence », elles devraient plutôt s’orienter sur des services « financièrement avantageux pour les usagers », simples d’utilisation, au catalogue important et proposant des « blockbusters ».

En réponse à cette tribune, Jean-Yves de Lépinay, président de l’association Images en bibliothèques, minore, dans un communiqué, le propos de Claude Poissenot en assurant que « Netflix ne change sans doute à peu près rien à la question de la VOD portée par les médiathèques ». Pour lui, le silence des médiathèques n’existe pas. Il s’avère par contre que leur voix est « hélas trop faible et qu’elle ne peut empêcher une méconnaissance (…) de la place tenue par les médiathèques dans la diffusion du cinéma et de l’audiovisuel ».
Jean-Yves de Lépinay argumente son propos en citant les « centaines de milliers de DVD empruntés par les usagers des médiathèques », ainsi que nombre d’actions organisées dans toute la France : séances de projection largement plébiscitées, partenariats avec de nombreux festivals et salles de cinéma, participations à des actions avec les scolaires, etc. Surtout, il cite les « 500 médiathèques publiques en France » qui communiquent et « s’engagent dans la mise en œuvre  de services de VOD », tout en certifiant qu’aujourd’hui « plusieurs dizaines de milliers de personnes utilisent régulièrement ces services ».

Le président d’Images en bibliothèque en profite pour citer une déclaration de Fleur Pellerin, ministre de la Culture et de la Communication, qui rappelait que contre le piratage, « la meilleure parade est une offre légale de qualité ». Or, J.-Y. de Lépinay stipule que, depuis toujours, « le modèle des bibliothèques publiques » est basé sur ce type d’offre légale, « respectueuse des droits des auteurs et des producteurs et fondée sur le partage ».
Pour lui, à l’heure où la « densité du réseau des médiathèques est unique (…) la VOD en bibliothèque est une chance à saisir » et il est donc « urgent » de mettre en place une « vaste et officielle » réflexion quant à son devenir.

Et vous, pensez-vous que l’arrivée de Netflix aura un impact sur l’offre de VOD proposée par les médiathèques ?

La bibliothèque Diderot de Lyon : un espace en perpétuelle évolution

Née en septembre 2012 des fusions successives des bibliothèques de l’ENS Lyon avec la BIU Lsh (Lettres et sciences humaines) et la bibliothèque de l’INRP (Institut national de la recherche pédagogique), la Bibliothèque Diderot de Lyon est aujourd’hui une bibliothèque pluridisciplinaire de lettres, langues, sciences humaines, éducation et sciences. CADIST en Éducation et pôle associé de la Bibliothèque nationale de France, s’inscrivant dans le réseau des bibliothèques d’étude et de recherche lyonnaises, elle est ouverte à tous les étudiants, enseignants et chercheurs de Lyon et de sa région,  ainsi qu’au grand public.

Proposant six salles de lectures, elle rassemble plus de 1,2 million de documents et de ressources électroniques répartis en deux lieux : le site Descartes (collections de lettres, langues, sciences humaines et sociales, de recherche, du patrimoine et du CADIST Education, etc.) et le site Monod (collections du pôle Sciences : mathématiques, informatique, physique, chimie, biologie et sciences de la Terre). Concernant sa politique documentaire, la bibliothèque Diderot (qui, elle aussi, doit faire face aux restrictions budgétaires) consacre peu d’investissements aux revues papier, contrairement aux abonnements aux ressources numériques, pour lesquels la moitié du budget est consacrée.

Enfin, pour répondre aux nouvelles exigences du numérique et proposer un aménagement optimal, la bibliothèque va, durant les cinq prochaines années, porter plusieurs projets de développement :

  • l’engagement d’un travail de fond sur les diverses collections,
  • la reconfiguration des lieux de lectures (approche thématique, supports pour la lecture électronique et les usages distants, etc.),
  • l'aménagement d'espaces d’expositions, de conférences et de nœuds de convivialité pour les lecteurs.

Bibliothèque en évolution ?

Le fil des récentes dépêches les plus lues de LivresHebdo[1] dessine mine de rien une réflexion sur l’avenir des bibliothèques.

D’un côté Jacques Attali fustige la vision rétrograde des gens du livre qui ont transformé le projet de TGB numérique en une BNF antédiluvienne et mal commode[2]. Sa vision de l’évolution du petit monde de l’édition en France est stimulante. Mais rien sur le rôle de la bibliothèque dans la publication en Accès ouvert[3] (la réussite de Couperin me semblait pourtant notoire !), dans la formation des élèves et des étudiants et dans l’accès universel à des ressources documentaires sur tous supports neutres et pluralistes. Etrange paradoxe : la partie de l’élite académique qui voulait tant « sa » bibliothèque, sans doute la même qui reste scotchée au cours magistral[4], à la culture du cuit contre celle du cru[5], se rue vers un numérique mal maîtrisé où la bibliothèque n’aurait plus qu’une place résiduelle, façon CDI. Sur le fond, on pourrait penser que l’appropriation de la bibliothèque par le peuple, politique suivie avec une constance cahotante depuis 1945, en a fait une institution obsolète pour cette partie de l’élite qui estime, péremptoire, que tout est sur le net.

De l’autre explose la colère des bibliothécaires français participant au congrès de l’IFLA orphelins de leurs (trop ?) nombreux ministres de tutelle[6]. Légitime en termes de savoir-vivre institutionnel, elle révèle aussi, qu’ils restent collectivement, malgré des initiatives individuelles remarquables, encore trop dans l’attente, voire dans l’ombre, d’une prescription de l’Etat, des collectivités voire des syndicats, qu’ils pourront par ailleurs contester. Or c’est la prescription des usagers, qui doit guider leur action. Les bibliothécaires doivent anticiper une hypothétique réforme de l’Etat qui n’aura pas la bibliothèque comme centre d’intérêt premier et donner un libre cours bien plus grand à leur capacité d’initiative qui est sans doute l’une des formes que prend la liberté d’entreprendre dans la fonction publique

Notre précédente contribution Ouvrir pour faire société : la bibliothèque reprogrammée[7] développe de manière plus approfondie le rôle de la bibliothèque, institution pilier d’une société démocratique à l’ère du numérique. L’extension des horaires samedi et dimanche et au moins 70h par semaine représente le premier pas d’une reconquête de publics disparus ou orphelins, corroborée par l’annonce de l’ouverture des musées 7 jours sur 7[8]

La campagne pour la large ouverture des bibliothèques doit se poursuivre et ne pas tomber dans les oubliettes du conformisme de l’obstacle insurmontable de la technostructure. Mais les bibliothécaires ne sauraient se contenter de cette modeste avancée. Affirmer avec force et constance le bibliothécaire dans le rôle de médiateur, de décodeur, de décrypteur de la culture informationnelle constitutive de la citoyenneté à l’ère du numérique et ouvrir le débat sur le modèle économique et la gratuité de la bibliothèque nous semblent des priorités. Ces thèmes pourraient faire l’objet de prochaines contributions

L’avenir de la bibliothèque dépend beaucoup de celles et ceux qui l’animent, usagers comme professionnels

[1] In : LH du 23/08/2014

[2] In : Blog de Jacques Attali Amazon, et après ?

[3] In : Blog Marlene’s Corner Quels changements pour les BU quand l’OA primera ?

[4] In : Le Monde du 28/08/2014 La classe résiste magistralement

[5] In : Rapport Miquel sur les BU, Documentation française, 1990

[6] In : Livres Hebdo Des bibliothécaires en colère

[7] In : Contributions BBF en ligne du 17/06/2014 Titre inspiré par l’article The library reboot  (le redémarrage de la bibliothèque) de Richard Monastersky  in : Nature du 27/03/2013

[8] In : Le Monde du 25/07/2014

Une nouvelle directrice aux Archives nationales


Dans un communiqué de presse, la ministre de la Culture et de la Communication Fleur Pellerin a annoncé la nomination de Françoise Banat-Berger, conservatrice générale du patrimoine, pour succéder à Agnès Magnien à la tête des Archives nationales.

En vertu de sa « capacité d’adaptation aux nouveaux enjeux des archives » ainsi que de son « attachement profond au réseau des services d’archives publiques », le ministère a souligné que  Françoise Banat-Berger possède toutes les qualités requises pour diriger les Archives nationales.

La nouvelle directrice devra relever plusieurs défis et notamment assurer « la bonne gestion des trois sites des archives nationales et tout spécialement celui de Fontainebleau, dont la situation nécessite un suivi particulier ». En effet, des milliers d’archives sont actuellement inaccessibles sur ce site qui menace de s’effondrer.

Forum d'Avignon 100% data


L’édition 2014 du Forum d'Avignon @Paris (visible en direct sur le site internet dédié), qui a cette année pour thème « réformer par la culture », s’est installée ce vendredi au CESE (Conseil économique, social et environnemental) pour un « forum 100 % data » construit de débats sur la question des données personnelles.

A cet égard, l’organisation a rédigé une Déclaration préliminaire des droits de l'homme numérique, qu'elle souhaite compléter puis présenter devant des instances internationales.

Ce forum et cette déclaration visent plusieurs objectifs :

  • finaliser la rédaction d’une déclaration des droits de l’homme numérique;
  • débattre des enjeux culturels des données personnelles, pour clarifier l’impact de l’empreinte numérique des citoyens et pour définir ces données dans les textes internationaux;
  • déterminer les perspectives juridiques et éthiques donnant la possibilité de respecter à la fois la diversité culturelle et l’identité individuelle;
  • construire un consensus au cœur des agendas des instances internationales pour porter une déclaration universelle au niveau de l’Europe et de l’Unesco.

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