Série « New Romance et bibliothèques », no 1 • Les professionnels du livre et la New Romance : entre valorisation, réticences et rejet
De nouveaux genres éditoriaux apparaissent, ils peuvent se révéler éphémères ou marquer une tendance plus durable. S’il a toujours existé des ouvrages plutôt destinés aux jeunes, c’est bien à la suite du succès d’Harry Potter (par J. K. Rowling, premier tome paru en 1997) que les éditeurs ont formalisé l’existence d’une littérature à destination des adolescents : le Young Adult. S’en est suivi un sous-genre, au succès limité : le New Adult, composé de romans mettant en scène de jeunes femmes et contenant des scènes de nature sexuelle. C’est dans cette mouvance érotique à destination des femmes que sont apparus des romans comme Cinquante nuances de Grey (par E. L. James, 2012), sorte de « mom porn » (roman pornographique pour mamans) au succès fulgurant [Bigey et Laurent, 2021] 1
. Si celui-ci visait des ménagères à la recherche d’un petit frisson, c’est la série After (par Anna Todd, premier tome paru en 2015) qui est souvent citée comme marquant véritablement l’émergence d’un nouveau genre de romans d’amour, avec des scènes érotiques, lus avant tout par des jeunes filles : la New Romance. Harlequin, grand spécialiste de littérature sentimentale, occupait un créneau que l’on peut juger proche, mais de profondes différences existent. Les romans Harlequin suivent généralement une trame répétitive d’écriture en série et sont lus par des femmes plus âgées. La New Romance met en scène des adolescentes ou de très jeunes femmes, dans un contexte souvent américain (pays d’origine du genre). Des sous-genres existent, principalement la Romantasy (des romans qui mêlent Romance et Fantasy) et la Dark Romance, plus sulfureuse.Le public de ces romans est constitué de jeunes, voire parfois très jeunes filles. La promotion de ces livres entre réseaux sociaux et conseils des pairs explique la méconnaissance de ce genre par les plus de 30 ans [Béja, 2019]. Or, les livres de New Romance deviennent de plus en plus souvent des best-sellers et suscitent un engouement inédit de la part de nombreuses jeunes filles qui dépensent leur pass Culture en les achetant [Syndicat de la librairie française, 2023] 2
Dans l’étude éditée par le Syndicat de la librairie française, Le livre sur le pass Culture : tour d’horizon des pratiques des jeunes (avril 2023), on voit que dans la catégorie Romans, sur les cinq titres les plus achetés, les quatre premiers sont de la New Romance.
La question qui se pose alors à beaucoup de professionnels du livre est de savoir comment traiter ces documents. En effet, si une part de la New Romance trouve bien sa place parmi la littérature Young Adult, beaucoup de titres, érotiques, sont publiés dans des collections visant des personnes majeures.
L’objet du présent article est d’identifier comment les professionnels du livre, libraires et bibliothécaires, abordent ce « nouveau genre », ce qu’ils font des livres, ce qu’ils en pensent et ce qu’ils croient devoir faire, entre le soutien face à l’émergence d’un plaisir décomplexé des femmes et la protection des jeunes lectrices. Ce travail se fonde sur 12 entretiens menés en 2024 dans la région Grand Est auprès de 5 libraires et 7 bibliothécaires. Il s’appuie également sur de nombreuses observations de terrain réalisées en bibliothèques, médiathèques et librairies.
Un nouveau genre longtemps ignoré
Une des caractéristiques de la New Romance réside dans son mode d’apparition. Une partie des succès vient des plateformes d’écriture. After, grand classique du genre, découle d’une fanfiction écrite sur Wattpad. Hugo Roman, principal éditeur du genre en France, a mis en place dès 2015 une plateforme d’écriture ; Fictya, sur laquelle il organise des concours à thème. Des autrices en herbe sont ainsi mises en concurrence afin d’écrire des romans sous le regard attentif de lectrices et d’éditrices très investies. À propos du roman en ligne, une « fan base » se constitue et s’empresse d’aller acheter le livre imprimé lors de sa sortie. Étant donné le public visé, de nombreux influenceurs, principalement sur TikTok, assurent la promotion des ouvrages. Les éditeurs l’ont bien compris et privilégient ce canal. Si celui-ci n’est pas le seul [Babelio, 2024], il s’ajoute aux conseils des amies, renforçant un entre-soi générationnel. Ce phénomène, déjà présent pour le Young Adult, s’est renforcé avec la New Romance d’autant plus que plane sur ces livres un goût de secret et d’interdit.
Les professionnels du livre, qui n’ont pas tous moins de 30 ans, ont donc eu quelques difficultés à identifier ce genre. Certains avouent leur peu de connaissance sur ce sujet.
« Je n’en lis pas. Je les survole pour avoir une idée de ce que c’est » (Louise, libraire).
« Les librairies ne connaissent pas le nom des autrices. […] Nous, on a trouvé incroyable les librairies qui mettaient en gros “rayon TikTok”. Ils assument le fait qu’ils ne savent pas » (Thierry, propriétaire d’une librairie spécialisée en New Romance).
« J’avoue, je n’en lis pas du tout. J’en ai feuilleté, j’ai lu des passages, mais je ne suis pas lectrice. Pour faire de la veille, on ne peut pas lire tout ce qui sort. Pour faire les acquisitions, on n’a pas forcément besoin d’en lire, mais là il faut quand même que j’en lise » (Émilie, médiathécaire).
Certains professionnels ont été avant tout interpellés par le succès du genre et l’implication du public.
« Pour avoir fait quelques tournées, les bibliothécaires rigolent un peu en voyant les livres, d’un air de dire c’est encore un truc un peu cul-cul, mais des fois ils en redemandent donc c’est que ça attire les jeunes lectrices de 16 ans jusqu’à 60 ans, voire plus. Ça peut faire venir un nouveau public » (Aline, bibliothécaire en bibliothèque départementale).
« Ce phénomène de la romance, c’est une bonne revanche sur le côté un peu élitiste de la littérature. Il y a Morgane Moncomble, par exemple, qui a été un booster. Il y a une semaine, quand son bouquin est sorti, elle en a vendu plus que Musso. Sarah Rivens, l’autrice de Captive, c’est quand même l’autrice algérienne la plus lue du monde » (Thierry, propriétaire d’une librairie spécialisée en New Romance).
« Les romances de Noël, ça a été très difficile de les avoir en librairie. À la librairie, ils en avaient à peine un qu’ils le vendaient, tellement ça s’arrachait. […] on se moque des gens qui en lisent, mais c’est des best-sellers » (Natalia, bibliothécaire en bibliothèque départementale).
« Ce sont des bouquins qui ne touchent jamais les étagères. Quand il y a des jeunes qui viennent, c’est difficile de leur donner quelque chose parce que rien n’est là. Le risque des étagères Romance, c’est un risque qu’elles soient vides et c’est contre-productif » (Françoise, médiathécaire).
Acquisitions et classement : des choix variés
Face à l’importance de la demande et à l’engouement des lectrices, s’est posé le problème d’effectuer des acquisitions dans un genre souvent mal connu des acquéreurs. Ici, plus que pour d’autres rayons, on a tenu compte des demandes des lectrices souvent liées aux meilleures ventes.
« Le rayon Romance, on l’a développé face à une demande qui était croissante » (Louise, libraire).
« 75 % de nos acquisitions, ce sont des suggestions des lectrices » (Paul, un acquéreur peu porté sur le genre).
« J’essaie de regarder sur les réseaux, mais c’est plus trop de ma génération, donc je suis un peu perdue. On a notre apprentie qui est plus jeune que moi et qui s’y connaît plus, qui m’a un peu orienté vers des outils. J’ai lu une enquête faite par Babelio sur les lectrices, hyper-détaillée. Ils ont les comptes Instagram les plus prescripteurs, du coup je me suis abonnée aux trois premiers » (Louise, libraire).
En librairie, aux demandes des lectrices et aux titres à succès s’ajoutent les conseils des représentants, notamment d’Hugo Roman.
« Je regarde les meilleures ventes. […] Je regarde l’intensité de violence psychologique. Je prends les moins intenses en gros. Ça va être lu par des 13, 14 ans alors… J’ai un représentant qui s’occupe des éditions Hugo et je lui ai donné mes attentes là, et il va me conseiller » (Louise, libraire).
Une des particularités du genre, c’est aussi le poids de l’autoédition, et l’on constate l’arrivée d’ouvrages autoédités dans les fonds de certaines bibliothèques, voire de librairies.
« On a beaucoup de publics qui nous demandent des titres parus en autoédition. Beaucoup d’autopromotions qui arrivent dans les suggestions. On essaie de répondre qu’il faut qu’on ait au moins vu une recension quelque part » (Françoise, médiathécaire).
« L’autoédition, on en a quand même pas mal. On fait beaucoup de dépôts-ventes pour les autoédités. J’ai des clientes qui savent qu’on fait ça et elles me proposent des autrices françaises. […] Il y a beaucoup d’auteurs connus qui sont édités et qui ont commencé par l’autoédition » (Sophie, libraire dans une librairie spécialisée en New Romance).
Acquérir c’est bien, mettre à disposition c’est mieux. Mais comment classer ces romans ? Pour certains titres, un classement en Young Adult s’impose facilement. L’intégration des titres au sein des collections se fait donc naturellement, que ce rayon soit à part ou intégré à des rayons de fiction adulte/ado comme cela peut être le cas en bibliothèque (avec une pastille sur les romans ados). Mais encore faut-il être sûr du contenu.
« Je regarde les critiques et j’ai parfois le retour des lecteurs ou des collègues : “c’est chaud”, mais ça n’est pas toujours évident » (Paul, médiathécaire).
« Les éditeurs jouent sur l’ambiguïté, notamment des couvertures où on ne sait pas où se placer. On vérifie toujours sur Electre la direction prise par l’éditeur » (Adèle, libraire).
Quand un rayon « Romans d’amour » existe, la New Romance adulte, parfois ado, peut y trouver sa place. Quand un rayon « Littérature érotique » est présent, le choix est souvent fait d’y classer certains titres, particulièrement de Dark Romance.
« Il y a certains romans de Dark Romance qui peuvent aussi être rangés dans le fonds X. Par exemple, les Anna Todd, After, ma collègue les avait mis en fonds X avant la création du fonds Young Adult et je les ai laissés là. Je me suis posé la question, j’ai lu des passages. J’avais décidé de les laisser en X mais je pense qu’ils sortiraient encore plus en Young Adult. Je peux encore les changer de place » (Émilie, médiathécaire).
C’est ainsi que dans une grande librairie généraliste, Captive (roman de Dark Romance pour adultes écrit par Sarah Rivens, paru en 2022) côtoie Sade et les romans édités par la Musardine.

Figure 1. Sarah Rivens en dédicace au Livre sur la Place, Nancy, septembre 2023
Photo : Adeline Florimond-Clerc et Lylette Lacôte-Gabrysiak
Beaucoup étant traduits de l’anglais, il arrive aussi que les ouvrages de New Romance soient classés en littérature étrangère.
« C’est surtout de l’anglais qui est traduit, alors on en a beaucoup en littérature américaine, britannique, irlandaise » (Françoise, médiathécaire).
La possibilité de créer un rayon spécifique pour la New Romance fait son chemin.
« Les seuls qu’on ait sortis, c’est le roman policier et le roman de l’imaginaire. Ce qui est le cas dans quasiment toutes les médiathèques, sauf [une médiathèque annexe] : ils ont décidé de créer un troisième fonds de genre dédié à la romance avec une approche très Young Adult. En centrale, on a une indexation en “608 roman sentimental”, mais pas de marque sur les livres, pas de gommettes. Dans tous les cas, il faut un fonds sentimental ou romance » (Françoise, médiathécaire).
Alors, un fonds New Romance dans le fonds ado et un autre dans le fonds adulte avec les ouvrages destinés au plus de 18 ans ? Ou un seul fonds, au risque de voir des adolescentes emprunter des romans pornographiques ?
Pour la Romantasy, la question est de savoir s’il faut placer ces romans avec les autres romans de New Romance ou dans le rayon des littératures de l’imaginaire. Effectivement, le choix se porte généralement vers ce rayon, mais alors faut-il faire un « sous-rayon » Romantasy ? Les lecteurs de science-fiction sont généralement très différents des lectrices de Romantasy.
De cette complexité des sous-genres et de la relative méconnaissance des professionnels a résulté un classement dans les rayons parfois un peu flottant, qui a pu choquer dans certains cas. Adulte ? jeunesse ? littérature érotique ? fantasy ?
« Il m’est arrivé quand j’étais perdue sur la New Romance : quoi avoir ? comment le ranger ? Je suis allée voir dans d’autres librairies plus grandes » (Louise, libraire).
« Pour moins de prise de risque, on a tout mis en adulte. Si la bibliothèque n’est pas assez informée dessus et qu’elle va le donner à un ado et qu’il sera peut-être trop jeune, c’est sur nous derrière que ça retombe » (Natalia, bibliothécaire en bibliothèque départementale).
« Les libraires ne savent pas où les ranger. On a vu des Captives dans le rayon jeunesse juste parce que le livre est joli » (Thierry, propriétaire d’une librairie spécialisée).
« On a un petit rayon littérature érotique où Hadès et Perséphone aurait pu être. Il y a des titres chez la Musardine. C’est un choix de ne pas les avoir dans le rayon littérature. On verra à l’usage » (Louise, librairie indépendante).
Enfin, dans certaines bibliothèques, il peut exister une possibilité d’accéder à du contenu en ligne sur une plateforme Web dédiée, ce qui peut se montrer problématique comme nous l’explique Émilie, médiathécaire :
« Les ados ou jeunes adultes ont donc la possibilité de télécharger des romans de Dark Romance s’ils sont présents au catalogue via [la plateforme], comme aucun contrôle n’est effectué ; contrairement aux collections physiques où nous avons choisi de mettre les ouvrages de Dark Romance dans notre fonds de littérature érotique, empruntable seulement à partir de 18 ans. »
D’un lieu à l’autre, on constate ainsi que des choix différents ont été faits par les professionnels ; l’important est que ce classement est en lui-même un indicateur important du contenu. En librairie, certains parents ont ainsi été particulièrement alarmés quand le vendeur les a renvoyés au rayon érotique alors qu’ils venaient acheter le livre demandé par leur fille de 12 ou 13 ans. À l’inverse, on a pu voir des librairies ou des bibliothécaires, peu au fait de ce nouveau sous-genre, classer en Young Adult les premiers tomes de Captive.
L’âge en question
Afin de bien marquer la spécificité de ces livres, même s’ils sont mêlés au fonds fiction adulte, certaines bibliothèques tentent de mettre en place des systèmes de prévention. Un des médiathécaires interrogés montre l’autocollant « Pour public averti » ajouté sur le dos des livres de Dark Romance, voire de New Romance, avec des scènes sexuelles explicites. Il s’agit de prévenir le lecteur mais aussi, dans une moindre mesure, la personne à la banque de prêt qui peut ainsi sensibiliser l’adolescente elle-même ou le parent accompagnant. S’il est facile de convaincre les parents de renoncer au prêt, il en va autrement des lectrices. Des bibliothécaires ont également constaté que munies de l’ouvrage problématique, les lectrices tentaient de faire effectuer leur prêt plutôt par une femme… à la recherche d’une forme de solidarité ? Par honte de montrer cet emprunt à un homme ?

Figure 2. Mise en garde dans une librairie indépendante au niveau du rayon Dark Romance, 2024
Photo : Adeline Florimond-Clerc et Lylette Lacôte-Gabrysiak
Si la plupart des professionnels rencontrés mettent en avant une fonction pédagogique, certains vont jusqu’à refuser le prêt ou la vente si, a priori, l’âge de la lectrice n’est pas en adéquation avec l’ouvrage retenu.
« Nous, le gros de la troupe, ça commence à 15 ans. Il y en a des plus jeunes, mais nous, on les bloque. On leur demande leur âge en caisse. En vrai, on n’a pas le droit de refuser de vendre un livre, mais on le fait quand même. On fait vraiment, vraiment attention » (Thierry, propriétaire d’une librairie spécialisée en New Romance).
« Si elles ont moins de 14 ans, moi je leur dis qu’elles ne peuvent pas emprunter. Je leur demande si elles ont plus de 14 ans. S’il y a des parents qui tendent leur carte, je passe le livre. On a eu un cas similaire avec un manga classé en plus de 14 ans » (Suzie, médiathécaire).

Figure 3. Mention apposée à l’arrière de Cinquante nuances plus claires (E. L. James) dans une bibliothèque municipale, 2024
Photo : Adeline Florimond-Clerc et Lylette Lacôte-Gabrysiak
C’est à ce niveau que la possibilité d’un conseil avisé peut se révéler fondamental. Seulement, beaucoup des personnes interrogées ont souligné l’autonomie des lectrices.
« Ça se vend tout seul, donc il n’y a pas besoin de les conseiller. La seule utilité, c’est de pouvoir les avertir de ce qu’il y a dedans quand des parents demandent » (Thierry, propriétaire d’une librairie spécialisée en New Romance).
« Les jeunes ils connaissent et ils foncent vers le rayon. Je n’ai jamais eu d’ados qui me demandaient conseil sur la New Romance. De toute façon, TikTok et Instagram, c’est leur bibliothécaire. Pour la veille documentaire, c’est du pain bénit » (Suzie, médiathécaire).

Figure 4. Rayon New Romance en librairie avec une mise en avant de Booktok, 2023
Photo : Adeline Florimond-Clerc et Lylette Lacôte-Gabrysiak
Néanmoins, même si beaucoup de lectrices ne pensent pas en avoir vraiment besoin, nous avons pu constater que lorsque le professionnel était vraiment au fait du genre, un dialogue constructif pouvait s’établir.
« Dans ce contexte, on décide d’ouvrir une librairie spécialisée dans la New Romance. Parce qu’il n’y avait pas de conseil, une perdition notamment chez les plus jeunes, qui finissaient par acheter toutes seules des bouquins conseillés par les copines de cours de récré ou par TikTok. […] C’est comme ça qu’on retrouve des gamines de 13 ans à lire Captive de Sarah Rivens et ce n’est absolument pas pour elles » (Thierry, propriétaire d’une librairie spécialisée en New Romance).
« Il y a des filles de 13 ans qui viennent me demander Captive, L’ombre d’Adeline. Je ne dis pas non, mais je leur demande si elles savent de quoi ça parle. Plus je leur explique, plus elles deviennent blanches. Elles me remercient et me disent que, sans mes conseils, elles seraient allées l’acheter sur Internet » (Sophie, libraire).
« On a un rôle de pédagogue. On n’est pas là pour interdire mais pour vérifier que la personne est bien au courant du contenu. Quand il y a des parents, c’est plus facile. Je leur montre et je précise que c’est de la romance pour adulte et je montre que c’est écrit “public averti”. Elle avait 11 ans la jeune fille » (Adèle, libraire).
C’est pourquoi dans l’une des trois librairies de France spécialisée en New Romance, le libraire a préféré embaucher une grande lectrice du genre plutôt qu’une libraire professionnelle.
« [Sophie], je la connais depuis quinze ans. Elle n’est pas du tout libraire à la base, mais c’est une grande lectrice de New Romance. Avec [Sophie], on a embauché une lectrice, un miroir des gens qui viennent ici » (Thierry, propriétaire d’une librairie spécialisée en New Romance).
Cette tendance semble se développer en librairie comme en bibliothèque ou, de plus en plus, ce sont des professionnelles elles-mêmes lectrices qui prennent en charge le rayon.
« L…, qui est dans l’équipe, connaît bien. Elle en lit. Peut-être qu’on proposera une formation pour l’équipe » (Françoise, médiathécaire).
Le droit au fantasme et à la pornographie
Pour un certain nombre de professionnels mais aussi de chercheurs [Illouz, 2014], cette littérature, y compris dans ses publications les plus dures, assurerait un rôle positif pour ses lectrices.
Il pourrait s’agir de l’expression d’une forme de pornographie féminine qui permettrait à la fois aux jeunes filles de découvrir et tester leur sexualité et aux lectrices plus âgées de passer un bon moment. Certains des professionnels rencontrés mettent en avant cet aspect.
« On remarque que les lectrices ont plus du tout honte. Ça ne les gêne pas d’acheter un livre avec un mec torse nu sur la couverture. Je pense que les femmes vivent mieux leurs fantasmes. Elles cherchent à être des femmes plus autonomes, qui décident » (Natalia, bibliothécaire en bibliothèque départementale).
« L’explosion de la romance est liée au fait qu’il y a une libération chez les filles, les femmes même, depuis MeToo. Un vrai déblocage sur le droit de parler, de dire, mais aussi de fantasmer, d’avoir une libido. […] Beaucoup de féministes disent que la Dark Romance c’est de l’anti-féminisme, mais en fait non, c’est le résultat d’une libération. […] On découvre après 2020 que les filles ne sont pas différentes des garçons, qu’elles fonctionnent pareil, qu’elles ont des désirs, des tabous étranges, des curseurs de fantasmes à des endroits où on ne les imaginait pas » (Thierry, propriétaire d’une librairie spécialisée en New Romance).
« J’imagine qu’il y a une sorte de subversion. C’est subversif de lire de la New Romance étant donné qu’on sait qu’il y a un certain nombre de scènes érotiques. C’est aussi le cadre rassurant de l’hétéronormativité. C’est rassurant de se dire que je vais lire un bouquin où les personnages vont passer par chaque étape. Ils vont finir par être ensemble » (Suzie, médiathécaire).
« Ma fille en lit. Elle a 28 ans. Ça fait des années qu’elle en lit. Ça l’a beaucoup aidé à se former. Elle a beaucoup changé mon regard sur la romance. Elle se déplace aussi pour aller voir des auteurs de romance. Elle a toujours une espèce de fragilité ma fille, comme beaucoup de filles qui lisent ça, en fait. Je suis assez d’accord [pour dire] que ça marche beaucoup maintenant parce qu’il y a une atmosphère hyper-anxiogène : l’écologie, la politique, le monde. C’est un peu un refuge. […] Si ça leur fait du bien, tant mieux. Il faut le prendre comme ça. […] des fois il faut s’évader, ça c’est purement de l’évasion quelque part. C’est de la fiction » (Françoise, médiathécaire et mère d’une lectrice de New Romance).
Selon les professionnels interrogés, les filles seraient davantage à l’aise avec une pornographie qui passe par l’écrit, ce qui permet d’ajouter aux descriptions explicites une mention des sentiments et de faire reposer l’ensemble sur une histoire d’amour, aussi limitée ou toxique qu’elle puisse être.
« Le libraire rapprochait la Dark Romance de la pornographie. Je me dis qu’il faut mieux lire quelque chose comme ça que d’avoir accès à des images n’importe où sur Internet. C’est pour tester ses limites souvent. Ce n’est pas tant pour abonder dans le sens de ce qui est écrit. Un modèle qui sert de contre-modèle. Il vaut mieux qu’une jeune lise des trucs comme ça avec un parent qui sait plutôt que faire ça en cachette en allant dans des endroits plus choquants. Après, ça reste de la fiction. Un jeune qui lit est plus capable de comprendre que c’est une fiction sur laquelle il doit ressentir lui-même qu’il ne faut pas adhérer à ça » (Françoise, médiathécaire).
L’aspect cathartique est pour eux bien présent notamment dans la Dark Romance. Le viol, les mauvais traitements, les humiliations, l’amour rédempteur seraient autant de fantasmes féminins que les lectrices n’entendraient pas vivre dans la réalité, bien au contraire. Pour un libraire spécialisé dans le genre, cela pourrait même permettre aux plus jeunes d’apprendre à identifier des relations toxiques pour mieux les fuir. Pour lui, ces ouvrages montrent à quel point la rédemption est une impasse, un échec annoncé. Ce point de vue est également celui qui est défendu par les représentants de l’éditeur Hugo Romance. Pourtant, l’histoire finit presque toujours par un mariage entre l’héroïne et son tourmenteur.
« Là où plein de gens voient des problèmes de warnings, des schémas pourris dans la tête des gens, à romantiser des schémas toxiques, au contraire je trouve que ça sert à prévenir. On voit des comportements toxiques dans la lecture qu’on va pouvoir analyser plus rapidement dans la vraie vie. Dans la Dark Romance, on croit beaucoup à la rédemption et on s’aperçoit que ça ne marche pas. C’est important de mettre ça dans la tête des jeunes filles : que la rédemption ça ne marche pas » (Thierry, propriétaire d’une librairie spécialisée en New Romance).
Face aux critiques qui visent le genre, beaucoup de professionnels font le lien avec le manga, longtemps stigmatisé comme mauvais genre, potentiellement nuisible pour ses lecteurs.
« Les librairies, ça ne les intéresse pas. Le manga a subi le même problème il y a quelque temps, il était considéré comme de la sous-bédé. La New Romance et le manga, c’est le même phénomène. Il y a trois librairies en France spécialisées dans la New Romance, trois libraires qui avaient une librairie manga avant. C’est le même schéma. Hugo Roman, qui est le gros mastodonte, fait partie du groupe Glénat qui est le groupe no 1 de vente de mangas en France. Ils ont compris qu’il y avait le même lectorat. Déjà parce que c’est des filles. En manga, 70 % des lecteurs sont des filles. Les filles sont plus ouvertes d’esprit, elles lisent de tout » (Thierry, propriétaire d’une librairie spécialisée en New Romance).
« En fait, ça ressemble aux mangas. Et on a les mêmes problèmes aussi avec des mangas érotiques que des très jeunes filles veulent emprunter » (Paul, médiathécaire).
Face à l’aspect « malsain » de ces romans, certains professionnels font un parallèle avec les romans policiers que plus personne ne remet en question à l’heure actuelle : des descriptions de meurtres d’enfants, de tortures, avec plein d’hémoglobine, sont lues par un public toujours plus nombreux sans que cela ne suscite de réactions particulières.
« En même temps, tout ce qui est raconté là-dedans, c’est déjà raconté ailleurs. Dans les romans policiers, il y a des tas d’enfants violés, des tas de femmes coupées en morceaux » (Françoise, médiathécaire).
« J’ai le droit de fantasmer sur des trucs, de dire des trucs horribles, mais que dans la vraie vie on n’a pas envie. Mais ce n’est guère différent d’un type qui écrit des polars. Dans la vraie vie, il n’a pas envie de se faire tirer dessus. […] « La Dark Romance, c’est encore plus poussé. On va aller dans des extrêmes. Il y a beaucoup de viols dans la Dark Romance. Ça plaît parce que c’est des petits frissons. On peut comparer ça à des films d’horreur » (Sophie, libraire).
D’autres professionnels mettent en avant le goût de l’interdit qui attire les adolescents vers ce genre.
« La Dark Romance, on part sur une base qui est malsaine : une emprise physique ou psychologique, voire souvent les deux. Y’en avait avant, mais elle n’était pas catégorisée. […] Je pense qu’il faut avertir quand c’en est. Ça peut être dangereux, pas parce que ça donne une mauvaise image de l’amour. Il ne faut pas prendre les ados pour des cons. Ils savent que ce n’est pas bien. […] Le goût de l’interdit est toujours meilleur. Il ne faut pas diaboliser, au contraire ça va rameuter plus de monde. Mais il faudrait au moins mettre des triggers parce qu’il y a des ados qui sont confrontés à des expériences de vie, qu’ils ont vécu et qu’ils ne veulent pas voir ou lire. Je pense que ceux à qui ça plaît le plus c’est ceux qui n’ont jamais été confrontés à ce type d’emprise. Ils se créent des expériences pour se dire que ça ne leur arrivera jamais » (Adèle, libraire).
Il semble que cela soit souvent des lecteurs ou anciens lecteurs du genre, ou encore des personnes de leur entourage, qui considèrent le plus positivement ce type de romans. D’autres professionnels manifestent davantage de doutes, voire rejettent la New ou la Dark Romance.
Pauvreté du genre et valeurs contestables
Littérature populaire à destination des femmes, la New Romance est un genre souvent méprisé, notamment par les professionnels du livre.
« On a 50 ou 60 titres sur place. Tout le reste est sorti. C’est un fonds demandé. C’est un peu notre petite victoire parce qu’on s’est battu pour qu’il soit ouvert. […] La section adulte ne les voulait pas parce que ça allait du côté du livre porno […] mais c’était l’occasion de toucher un autre public, qui ne lisait pas forcément. […] Et ça a très bien marché tout de suite. […] ça m’a étonné de voir à quel point c’était mal vu. Même ici, j’en ai fait lire à certains collègues. Ils ont des préjugés. Ils disent que c’est du porno. Oui, y a des scènes de sexe mais y a toujours une morale, une histoire » (Natalia, bibliothécaire en bibliothèque départementale).
« Tous les romans autres que la littérature générale, c’est-à-dire Young Adult, Feel Good, c’est des choses qui ont du mal à avoir une légitimité. C’est une problématique qui revient souvent dans les bibs et médiathèques. Il y en a qui ne veulent pas du tout en entendre parler et encore plus de la New Romance » (Suzie, médiathécaire).
« Les gros éditeurs, ils font des labels, comme ça, ils se cachent derrière leur nom et ça ne les salit pas. Exactement comme les mangas. » (Thierry, propriétaire d’une librairie spécialisée en New Romance).
Les détracteurs du genre, notamment parmi les professionnels, soulignent la pauvreté littéraire de ces romans. En effet, généralement, le vocabulaire est limité, les textes sont avant tout constitués de dialogues, tout est expliqué : les pensées et sentiments des personnages sont même parfois mentionnés en italiques afin de lever toute ambiguïté. Les points de vue changent régulièrement, soit au sein du même ouvrage, soit d’un ouvrage à l’autre. À ce niveau, on peut presque y voir un aspect pédagogique : l’objectif est de bien comprendre ce que pense chacun des protagonistes afin de décrypter correctement leurs réactions. Les trames narratives sont souvent limitées et répétitives.
« Y en a une qui publie un livre par mois. Ce n’est pas toujours bien écrit, mais bon… » (Thierry, propriétaire d’une librairie spécialisée en New Romance).
Si une partie des professionnels rejettent le genre, c’est peut-être aussi face à la réaction des lectrices qui se comportent comme des fans, collectionneuses 3
Il est frappant de constater l’édition de beaux livres de New Romance, reliés, jaspés, à côté des éditions plus traditionnelles.
« Au festival de New Romance à Strasbourg, le vendredi, à l’arrivée des autrices, les filles elles hurlaient » (Sophie, libraire).
« On était là à l’ouverture du salon, c’était comme à un concert. Les filles ont couru pour être dans les files d’attente. J’ai vu des gens courir avec des valises remplies de bouquins » (Thierry, propriétaire d’une librairie spécialisée en New Romance).
Elles n’offrent pas l’image du lecteur qui vient acheter ses livres en librairie indépendante. Comme en témoigne Louise, libraire dans une librairie indépendante réputée :
« On ne peut pas se passer d’avoir ce type de romance pour que ces jeunes femmes se sentent accueillies. Mais ce que j’adorerais, c’est pouvoir rediriger un peu vers des romans qui sont des histoires d’amour plus inclusives, mieux écrites, des fois plus féministes. […] Je vais essayer de ne pas paraître trop snob. »
Concernant le contenu même des ouvrages, surtout des ouvrages de Dark Romance, une partie des professionnels rencontrés prennent les choses au premier degré, ou plutôt, pensent que les lectrices, notamment les plus jeunes, peuvent très bien lire ces livres au premier degré.
« Je comprends l’effet de mode. […] ça me désole un peu. Avec toute la production ado aujourd’hui, que les jeunes filles aient encore cette vision-là de ce que sont les relations, ce que peut être l’amour […] C’est chouette que la lecture devienne hype, si ça peut faire lire des collégiennes et des lycéennes qui boudaient ça. C’est dommage si ça va pas plus loin que ces titres-là » (Louise, libraire).
Le doute sur les valeurs véhiculées par ces ouvrages place certains professionnels face à ce qu’ils estiment être leur responsabilité.
« Il y a une responsabilité même personnelle. Quand on voit certains titres comme After où la fille est complètement soumise, j’ai été effarée. On se demande si ça a un impact sur les représentations qu’ont les jeunes femmes d’elles-mêmes. OK, t’as exploré tes désirs à travers la New Romance, mais derrière, il y a une réalité qui fait que si un mec te plaque contre un mur, ce n’est pas positif » (Suzie, médiathécaire).
« La prévention en Dark Romance, ils en font de plus en plus. Hugo vient de lancer son label “Dark Romance” et le jaspage est complètement noir, donc les gens peuvent le voir. L’ombre d’Adeline, chez Roncières, ils ont fait une campagne de prévention qui est énorme. Trente warnings différents. Ça prévient mais ça attire aussi les gens » (Sophie, libraire).
La Dark Romance entraîne des débats au sein des bibliothèques et les directions prennent conscience des risques liés au sujet.
« On a une demande de notre hiérarchie d’être vigilants sur le contenu des livres, notamment des violences faites aux femmes qui sont souvent traitées dans la Dark Romance. […] On va travailler sur la réalisation d’un document qui présente notre politique de documentation, ce qu’on achète, ce qu’on n’achète pas pour que les publics comprennent notre démarche » (Émilie, médiathécaire).
Pour certains professionnels, à une période post MeToo, voir apparaître comme expression des désirs et des fantasmes féminins des ouvrages mettant en scène viols, enlèvements et mauvais traitements est difficile.
« Je suis très féministe, je lis beaucoup d’essais, de littérature contemporaine, et la New Romance, je connais de loin. Ce que j’ai pu lire, parfois, ça me hérisse le poil. Y a certains modèles, c’est juste pas possible dans la vraie vie » (Suzie, médiathécaire).
Pour beaucoup de lectrices, l’important est aussi autour du livre, source d’une forme de complicité mère/fille ou de sororité. Les adeptes de New Romance ne sont pas seules et elles sont entre filles. Elles se retrouvent pour parler des romans, se les échangent, se retrouvent aux séances de dédicaces ou au festival [Maintenant, 2023].
« Il y a beaucoup de duos de lectrices, maman/fille » (Sophie, libraire).
« C’est un sujet de discussion ici. […] On a mis des canapés, ce n’est pas du décor. C’est utilisé. Les clientes se posent et discutent » (Sophie, libraire dans une librairie spécialisée en New Romance).
« Ça arrive souvent que la mère achète un livre pour sa fille pour ensuite elle-même le lire. C’est beaucoup arrivé pour 50 nuances de Grey et After » (Adèle, libraire).
Pour d’autres enfin, cela correspond peut-être davantage à des aspects de leur vie. Peut-être y cherchent-elles des réponses sur l’attitude à avoir face à leur compagnon 4
Voir le Rapport annuel 2024 sur l’état du sexisme en France, publié par le Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes (https://www.haut-conseil-egalite.gouv.fr/IMG/pdf/hce_-_rapport_annuel_2024_sur_l_etat_du_sexisme_en_france.pdf). Parmi les résultats : chez les hommes de 25 à 34 ans, 64 % disent imiter des vidéos pornographiques avec des contenus misogynes violents dans leurs relations sexuelles et 25 % pensent qu’il faut parfois être violent pour se faire respecter.
Entre future maman, toute jeune fille, femme voilée, étudiante, mère d’adolescente, comment les lectrices de New Romance interprètent-elles ces romans ? Comme un amusement, une catharsis, un contre-modèle ou un modèle ? Quoi qu’il en soit le phénomène de la New Romance ne fait que s’amplifier [Godzal, 2023] et, au même titre que le roman policier, phagocyte les autres genres en se déclinant en autant de sous-genres. Certains éditeurs classent même dans une catégorie « New Romance Classique » Orgueil et préjugés, Jane Eyre, Les Hauts de Hurlevent, voire Roméo et Juliette. Pour les professionnels du livre, confrontés à cette diversité, il reste à mettre en place de nouvelles pratiques, d’acquisition, de classement et de conseil envers leurs lectrices à la recherche d’histoires d’amour… et de sexe.
Bibliographie
Babelio, « Compte-rendu : Babelio publie l’étude de référence sur la New Romance », avril 2024. En ligne : https://www.babelio.com/article/2658/Compte-rendu--Babelio-publie-letude-de-reference
Béja Alice, « La new romance et ses nuances. Marché littéraire, sexualité imaginaire et condition féminine », Revue du Crieur, 2019, no 12, p. 106-121. En ligne : https://shs.cairn.info/revue-du-crieur-2019-1-page-106?lang=fr
Bigey Magali et Laurent Stéphane, « Nouveau lectorat et machine marketing. Cinquante nuances de Grey, les dessous d’un best-seller », dans Olivier Bessard-Banquy, Sylvie Ducas et Alexandre Gefen (dir.), Best-sellers. L’industrie du succès, Paris, Armand Colin, 2021, p. 385-401.
Bourdaa Mélanie, Les Fans. Publics actifs et engagés, Caen, C&F Éditions, 2021 (coll. Les enfants du numérique).
Godzal Clémentine, « La new romance, filon à l’eau de rose du monde de l’édition », Le Monde, 11 novembre 2023. En ligne : https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2023/11/11/la-new-romance-filon-a-l-eau-de-rose-du-monde-de-l-edition_6199498_4500055.html
Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes, Rapport annuel 2024 sur l’état du sexisme en France, janvier 2024. En ligne : https://www.haut-conseil-egalite.gouv.fr/IMG/pdf/hce_-_rapport_annuel_2024_sur_l_etat_du_sexisme_en_france.pdf
Illouz Eva, Hard romance, Cinquante nuances de Grey et nous, Paris, Seuil, 2014.
Maintenant Alix de, New Romance : ce que veulent les femmes, documentaire, 2023, diffusé sur Téva.
Thibaud Chloé, Désirer la violence : ce(ux) que la pop culture nous apprend à aimer, Vanves, Les Insolentes, 2024.