Limédia, prix de l’innovation numérique 2019

Malik Diallo

À l’occasion de la 5e Biennale du numérique qui s’est tenue à l’Enssib les 18 et 19 novembre 2019, le jury a récompensé le projet Limédia développé par les bibliothèques du Sillon lorrain. Ce projet qui fédère de nombreux partenariats au niveau local, s’inscrit dans le cadre du programme Bibliothèques numériques de référence (BNR) porté par le ministère de la Culture.

Un label national et une coopération territoriale

En 2010, alors que le ministère de la Culture lance le programme Bibliothèques numériques de référence 1

, la Ville de Nancy se porte candidate. L’idée chemine et, à l’impulsion des élu-es, sous la coordination de la Direction régionale des affaires culturelles, soucieuse d’encourager des dynamiques partenariales, le projet est progressivement amené sur la table de la communauté urbaine du Grand Nancy, puis du Sillon lorrain. Celui-ci est un pôle métropolitain européen qui réunit les agglomérations de Thionville, Metz, Nancy, Épinal. Constitué en association depuis 2005, puis en syndicat mixte, il est un outil de coopération territoriale inédit qui offre un cadre singulier de développement pour une bibliothèque numérique.

En 2012, une première étude fait le tour des possibles pour un budget estimé à 6,5 millions d’euros. En 2013, un projet culturel pluriannuel est rédigé, avec une enveloppe prévisionnelle de 3,5 millions d’euros. Il se structure en deux parties : un volet local, porté par chaque collectivité de lecture publique, comprend le projet de développement numérique de chaque établissement ; un deuxième volet collectif vise à créer en ligne des sites web de contenus culturels. Ces axes distincts ne sont en fait qu’un seul et même projet, celui de la transformation des bibliothèques à l’heure numérique. En ce sens, le programme a l’ambition de constituer un projet culturel structurant pour les bibliothèques impliquées. Il vient se confondre avec leurs projets d’établissement, ce qui lui permet, dans un contexte de transformation nécessaire des bibliothèques, de ne pas s’ajouter à la bibliothèque, mais en quelque sorte de devenir la bibliothèque.

Le dossier est validé par l’État à l’été 2013. Le projet est lancé.

Créer des sites de contenus culturels hors des bibliothèques

Le projet web consiste à proposer trois sites numériques, avec pour chacun des contenus culturels différents : un site dédié au patrimoine numérisé (Limédia galeries), un site consacré à la presse ancienne numérisée (Limédia kiosque) et une bibliothèque en ligne dédiée aux contenus sous droits contemporains : presse, livres, musique, cours de langue et soutien scolaire (Limédia mosaïque).

Les bibliothèques ont l’habitude de réunir sur leur site web – qualifié souvent du terme flou de « portail » – des informations et des contenus multiples, reflets de la diversité de leur offre. Richesse culturelle féconde pour les publics, mais, hélas, souvent source d’un message brouillé et de sites web surchargés. Cet usage nous semble provenir d’une double origine. Institutionnelle d’abord, car l’administration aime rassembler en un seul message de communication un discours portant moins sur le produit qu’elle propose mais davantage sur le fait qu’elle le propose. Une origine plus conjoncturelle ensuite, avec la floraison des outils de portail web depuis les années 2000, à plus ou moins bon marché. On pourrait y ajouter une origine pragmatique : il est souvent moins coûteux (ou du moins jugé comme tel) d’améliorer un outil existant que d’en recréer un autre. Or le contexte original du projet porté par un aréopage de collectivités, le fort soutien financier 2

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Le développement des trois sites web (508 800 € HT) est financé par l’Union européenne, l’État, la Région Grand Est, le Sillon lorrain, les villes et agglomérations de Metz, Nancy, Thionville, Épinal.

, sont autant de raisons d’explorer d’autres expérimentations, plutôt dictées par les usages que par la communication institutionnelle. Les trois sites sont donc conçus comme des bibliothèques de contenus en ligne les plus homogènes possibles, avec leur identité propre. Il s’agit de dissocier les sites de contenus de ceux des bibliothèques, pour mieux les rendre visibles.

Les trois sites sont construits hors des catalogues des bibliothèques. Chercher à créer des ponts entre SIGB est une gageure technique pour quatre réseaux de lecture publique. Et puisqu’il s’agit de contenus en ligne, on conçoit de proposer une offre web distincte, qui ne s’adresse pas forcément aux seuls usagers, a priori, des bibliothèques. Il s’agit d’éviter de reproduire en ligne la frontière de la médiathèque physique comme préalable à toute médiation de contenus. On souhaite créer des sites de contenus ayant une vie web propre (comme d’autres ont la leur : Netflix, Deezer, MyCanal), en privilégiant la lisibilité et la visibilité des contenus à celles des bibliothèques. Celles-ci seront d’autant plus utiles et valorisées que leurs contenus seront vus et utilisés.

Au départ trois marques différentes sont envisagées. Elles sont finalement réunies sous un nom générique et un site web chapeau Limédia 3

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Un peu à la manière du média Brut.

. C’est le résultat d’un compromis entre les exigences du Sillon lorrain qui souhaite pouvoir communiquer de façon institutionnelle sur le projet global, et celles des bibliothèques qui assurent la promotion des trois objets culturels distincts.

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Figure 1. Présentation de Limédia

Un partenariat territorial singulier qui oblige à la créativité

Une singularité du projet tient à son aspect multidimensionnel. Les acteurs sont divers puisque huit collectivités coopèrent, incluant quatre réseaux de bibliothèques organisés dans des configurations territoriales différentes 4

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Les collectivités membres du Sillon lorrain, et qui le financent, sont les quatre agglomérations de Metz, Nancy, Thionville, Épinal. Les collectivités ayant compétence en matière d’équipement de lecture publique sont les villes de Metz, Nancy, Thionville et la Communauté d’agglomération d’Épinal. À Nancy, la compétence reste municipale mais les bibliothèques fonctionnent en réseau avec d’autres bibliothèques municipales du territoire métropolitain, qui sont incluses dans le projet Limédia : http://www.reseau-colibris.fr

. Le Sillon lorrain, qui se consacre à l’ingénierie de projet, constitue un échelon original de coopération politique et technique, en reliant ces aires urbaines distantes de 30 à 50 kilomètres chacune (160 km entre Thionville et Épinal), est peu doté en personnels et ne peut recevoir de financements issus de la DGD (dotation générale de décentralisation), qui est au cœur du programme des BNR. L’inventivité et l’expérimentation tant administratives, juridiques que culturelles sont donc nécessaires pour mettre en œuvre le projet. On peut citer quelques dispositifs réalisés au fil des jalons de celui-ci : le portage d’un marché à groupement de commandes par la Ville de Metz pour l’achat des ressources numériques communes ; un travail transversal entre les équipes des bibliothèques ; la distinction de dossiers de demandes de subventions locaux adressés aux financeurs et d’un dossier commun porté par le Sillon lorrain ; des délibérations liées au projet simultanément portées par les villes et/ou les agglomérations, ou portées par le conseil syndical du Sillon lorrain uniquement, etc.

On notera qu’il est important, à cette échelle, de ne pas chercher à faire comme si tous ces établissements ne devaient faire qu’un. Travailler ensemble ne veut pas dire tout faire ensemble, sous peine de tout paralyser dans des réunions et dispositifs titanesques. Sur certains sujets, concertation pragmatique plutôt que concentration théorique s’avère plus efficace. Ainsi les plans de formation, de numérisation, sont échangés entre les bibliothèques mais ne sont pas toujours un seul et unique document contraignant. Cela n’empêche pas l’organisation de journées de formation en commun ni la production d’une bibliothèque numérique commune, finalement plus essentielles que la production, a priori, d’un seul plan commun et trop ambitieux qui fige ensuite les acteurs.

Aucun de ces dispositifs administratif, juridique, technique, culturel ne peut être écrit complètement à l’avance au moment de lancer le programme. C’est en expérimentant au fur et à mesure des besoins qu’on permet au projet d’avancer. Sans le figer dès le départ par excès de prudence, dans un carcan administratif contraignant, on le dote au fur et à mesure des outils nécessaires. En ce sens, l’originalité de la définition territoriale du projet et de la variété des acteurs impliqués est un atout pour innover. Le projet ne se trouvant pas, dès sa naissance, dans une administration installée. Il existe d’autres atouts à cette configuration territoriale et politique. Ainsi le Conseil syndical du Sillon lorrain permet, avec un circuit de préparation des dossiers rapide, de présenter le dossier aux élu.es régulièrement. Cela facilite le soutien du projet par les maires et présidents d’agglomération. La conduite technique est effectuée depuis les bibliothèques, ce qui permet une assise du projet sur des équipes de fonctionnaires solides, installées et compétentes, capables d’inventer et de produire ces nouveaux services publics à haute valeur ajoutée.

La force du projet : les bibliothécaires

La conduite et mise en œuvre du projet sont effectuées principalement dans les bibliothèques, avec l’aide précieuse du Sillon lorrain pour la coordination administrative et juridique. C’est là un atout majeur qui permet d’éviter un pilotage hors sol. Un conseil scientifique et culturel, composé des directions des quatre réseaux de bibliothèques, des chefs de projet, du Sillon lorrain et auquel sont invités des représentants de l’État, est chargé du pilotage culturel. C’est-à-dire des politiques documentaires, de numérisation et des politiques éditoriales. Les équipes qui construisent les bibliothèques numériques sont des bibliothécaires des quatre villes, qui ont vu leurs fiches de postes transformées.

La majeure partie de l’invention, puis du suivi du développement du projet est donc réalisée par les bibliothécaires. C’est un atout important pour construire un projet de qualité, doté d’une vraie expertise culturelle et scientifique. Les sites web en font leur atout et se basent sur la recommandation de contenus culturels (tous les contenus affichés sur Limédia mosaïque sont sélectionnés), et sur l’éditorialisation du patrimoine. C’est un avantage pour assurer la pérennité du dispositif car le projet est constitutif de l’activité et du temps de travail dégagé par les bibliothèques et par les agents. La condition de sa réussite est de transformer les missions, de prioriser les activités pour se donner le temps d’invention, de se doter en matériels performants et en compétences nouvelles, de changer de méthode de travail afin de gagner en agilité collective 5

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La réalisation du projet web est donc corrélée à l’acquisition de matériels : ordinateurs, écrans, logiciels, serveurs pour stocker les données issues de la numérisation…

. Le partage d’information entre les équipes se fait par le biais d’un intranet ActuBNR développé en interne avec le CMS Wordpress.

Il y a néanmoins eu des apports de compétences extérieurs. Par les nombreuses formations suivies par les bibliothécaires auprès d’organismes, de partenaires, et du prestataire informatique. Également par le recours à une assistance à maîtrise d’ouvrage (AMO) organisée en début de projet, pour définir les besoins 6

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 Mission effectuée par l’entreprise DoXulting.

. Plutôt que l’état des lieux dressé, ou la veille professionnelle effectuée, la vraie plus-value de ce type d’AMO a consisté à mettre face aux bibliothécaires des interlocuteurs aux profils différents avec lesquels il est possible d’échanger et donc de proposer des idées nouvelles. C’est un point que l’on retrouve dans le dialogue effectué avec le prestataire ATOL Conseil et développements, en charge du développement des sites web. Cette entreprise a apporté un regard neuf, parce que spécialisée dans le web, mais pas dans les bibliothèques.

On ne reviendra pas ici sur la nécessaire formation des agents des bibliothèques pour mettre en œuvre le projet. On insistera cependant sur quelques points saillants. Tout d’abord, la nécessaire explication collective du lien entre les nouveaux sites web et les missions essentielles de la bibliothèque. Il s’agit d’être d’accord sur la convergence entre le projet et les missions fondamentales de la bibliothèque. Par exemple, la construction d’une bibliothèque numérique patrimoniale n’est qu’une réalisation différente au service d’une même finalité que la médiation d’un document ancien lors d’une animation, ou d’une communication en salle. Il s’agit de répondre à des objectifs d’accès à des informations, de construction de soi, d’identité, de savoirs… Soulignons également l’importance du partage de compétences en interne 7

dans chaque bibliothèque, et entre les bibliothèques. Des groupes de travail thématiques ont ainsi été créés en début de projet. Des ateliers de contribution sont montés dans chaque bibliothèque. Une journée de formation sur la médiation numérique en bibliothèques a été organisée avec le CNFPT en novembre 2014 pour tous les agents des bibliothèques du Sillon lorrain impliquées dans le projet 8
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Le CNFPT est un bon outil local pour co-organiser des formations sur mesure en accord avec les bibliothèques. L’expérience a été renouvelée dans le cadre du projet Limédia avec l’organisation d’un stage d’écriture web.

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Un temps de convivialité et de formation commune, « Limédia party », est organisé en mai 2019 au festival des Imaginales d’Épinal à l’issue de la mise en ligne des trois sites, avec l’ensemble des agents des quatre bibliothèques. Il s’agit donc de marquer collectivement ce jalon du projet, de mesurer et célébrer ensemble le travail accompli. Loin d’être anecdotique, ce temps de vie d’équipe est essentiel en termes de motivation et de construction d’une vision collective. À la fin du projet, il vient en miroir des formations communes suivies en début de projet en 2014.

Le développement des sites web

Pour développer les sites, il est proposé de ne pas se tourner vers des solutions de bibliothèques numériques existantes, mais de travailler avec des prestataires web plus généralistes, afin de construire quelque chose de différent, et davantage « à la carte ». Cette stratégie intervient après plusieurs expériences réussies dans les Bibliothèques de Nancy sur ce modèle. Ainsi les sites web Bibliothèque Nancy Renaissance (2013) 9

et Kiosque lorrain (2014) ont été construits par un prestataire web 10
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Moobee global solutions : https://www.moobee.fr/

sur mesure à partir du logiciel libre Omeka.

Il est décidé de lancer en 2015 une procédure d’appel d’offres avec dialogue compétitif 11

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Partenariat d’innovation.

, qui a l’avantage de permettre une évolution du cahier des charges au fil de la procédure, au fur et à mesure des phases de dialogue et de négociation avec les différents prestataires candidats. Cette procédure, qui dure un an, permet de retenir finalement le prestataire ATOL Conseil et développements. Le travail avec cette société commence en juin 2016 à partir d’un volumineux cahier des charges. Rapidement le choix de passer en « méthode agile » est adopté 12
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Plutôt que de partir d’un cahier des charges complet, la maîtrise d’ouvrage achète au prestataire un nombre de jours de travail et commande des fonctionnalités au fur et à mesure. Cela permet de faire des allers-retours avec le prestataire lors du développement et assure une co-construction plus fluide.

. Les bibliothécaires doivent faire preuve de souplesse et d’innovation dans leurs méthodes de travail. Les réunions sont menées en visioconférence tous les quinze jours. Les comptes rendus de suivi sont entièrement en ligne. Le suivi des spécifications et des développements se fait par l’outil de gestion de projet Redmine. Pour la conception des bibliothèques numériques, le projet a la marge de manœuvre pour tout inventer. Se posent donc, tout au long des développements, des questions sur ce qui relève du standard de bibliothèques numériques, et ce qui relève de l’expérimentation, de la nouveauté. L’objectif est de créer des sites web destinés au grand public, ce qui induit des recherches plutôt sur la conception des interfaces et des modules éditoriaux : grande place aux vignettes d’images, navigation par thèmes et sujets, variété des tons, variété des modules de publication éditoriale 13
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Pour en savoir plus, voir : https://epitome.hypotheses.org/3567

. Le travail sur les visionneuses de documents a consisté à répondre aux « standards » et aux fonctionnalités habituelles des bibliothèques numériques, tout en facilitant les choses au maximum, afin d’éviter aux internautes de se trouver devant des interfaces trop denses. L’idée reste de proposer un média de contenus, avec des termes simples, plutôt une base de données de recherche.

La communication : de la bibliothèque numérique en ligne à l’événement culturel physique

Les sorties des trois sites web ont lieu à des moments distincts 14

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Limédia mosaïque est inauguré le 14 avril 2018, Limédia galeries le 19 janvier 2019, Limédia kiosque le 23 mars 2019.

, permettant une communication différée et spécifique à chaque bibliothèque numérique. Les inaugurations ont lieu en simultané dans les quatre villes du Sillon lorrain. Elles sont l’occasion de développer une communication événementielle qui mêle stratégie marketing et action culturelle autour de la marque Limédia.

L’événement Limédia party #1 cherche ainsi, dès avril 2018, à lancer la marque autour d’événements festifs et ludiques : DJ sets et vidéomapping organisés avec une boîte de nuit et le Théâtre de la Manufacture à Nancy, escape game à Épinal, actions de médiation à Metz et Thionville.

Pour les sites web patrimoniaux, l’objectif est de pousser à fond la logique de dissémination du patrimoine et d’appropriation par la population la plus large possible. Les documents en ligne sont sous licence ouverte sur le web, ce qui invite à des opérations créatives et des détournements, y compris par le spectacle vivant. Ainsi des saynètes de théâtre d’improvisation sont jouées en différents endroits de la ville de Nancy, où sont exposés des tirages grand format de vues anciennes de la ville. On retrouve cette logique de balade urbaine autour des contenus de Limédia galeries dans les quatre villes, qui organisent à cette occasion, avec le groupe de presse régionale local, un concours de photos devant les tirages de cartes postales et de photos anciennes.

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Figure 2. Capture d’écran de Limédia galeries

Les inaugurations sont l’occasion de réécritures du patrimoine. Cette démarche est poursuivie à partir des contenus de presse ancienne, par exemple avec la réalisation d’une web-série tirée d’un fait divers, le meurtre de Leyr, qui donne lieu ensuite à un spectacle-événement à la bibliothèque Stanislas, rejouant un procès vieux de plus d’un siècle 15

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Sur la web-série et le spectacle, voir les deux articles de blogs qui leur sont consacrés : Cindy Hopfner, Le parricide de Leyr : une websérie à partir des archives de presse, 2019 (https://epitome.hypotheses.org/4073), et Céline Lhuillier, Le procès du parricide de Leyr, ou comment parler de la presse ancienne, 2019 (https://epitome.hypotheses.org/4288).

. Plus les réécritures, récits, imaginaires se développent à partir de contenus issus des sites Limédia, plus la promotion de ceux-ci fait sens. Aussi bien en termes de communication valorisant les sites web, d’une part, qu’en termes de propositions culturelles variées, non pas sur, mais à côté des sites web, d’autre part.

La suite du projet : améliorer l’offre et l’élargir à d’autres territoires

L’objectif est à présent de développer de nouvelles fonctionnalités sur les sites existants afin d’améliorer l’expérience des utilisateur.rice.s (perfectionnement du moteur de recherche de Limédia kiosque par exemple), de proposer de nouveaux modules éditoriaux, et de maintenir une offre attrayante en termes de présentation et de renouvellement des contenus (numérisés, achetés ou produits par les bibliothèques). Les musées, archives des collectivités du Sillon lorrain sont également des partenaires naturels du projet. L’offre s’élargit aussi à d’autres acteurs : les territoires associés. Ces collectivités partenaires du Sillon lorrain, aujourd’hui au nombre de dix, seront intégrées progressivement dans cette dynamique territoriale structurée autour du projet culturel Limédia. Ainsi il s’agira de donner accès pour des abonné.e.s de ces bibliothèques à des contenus disponibles sur Limédia mosaïque. Il est intéressant de voir que cette dynamique inclut des collectivités variées, regroupant des aires à la fois urbaines, périurbaines et rurales. Il est donc permis de penser que le projet culturel, en ligne, permettra d’apporter sa pierre à l’édifice d’une cohésion territoriale la plus inclusive possible.

Pour le patrimoine, l’approche retenue se veut respectueuse des particularismes. Ainsi un territoire associé peut verser ses documents numérisés dans l’entrepôt commun, les rendant visibles et « éditorialisables » par tous les bibliothécaires gérant les sites Galeries et Kiosque. Mais il sera également possible de développer des sites web tiers, des sites thématiques, sous forme de marque blanche. Il s’agit alors de privilégier une approche très locale de la bibliothèque numérique. Les sites Limédia n’ont pas vocation à produire de la masse (Gallica le fait très bien 16

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Une convention Sillon lorrain, DRAC et Bibliothèque nationale de France organise un partenariat entre les bibliothèques Limédia et la BnF.

), mais à éditorialiser en local. En ce sens, plus les espaces web permettant de décrire, raconter, transformer les matières patrimoniales au plus près des habitants sont nombreux, et plus la dissémination du patrimoine nous semble produire du sens par la réappropriation. Cette dissémination devra aussi se poursuivre par des versements sur Wikimedoa Commons.

À noter que le projet fait aussi l’objet de partenariats ou de simples discussions avec d’autres acteurs du territoire, nationaux ou locaux : CNFPT (Centre national de la fonction publique territoriale), université de Lorraine, Éducation nationale, ATILF (Analyse et traitement informatique de la langue française), INIST (Institut de l’information scientifique et technique), LORIA (Laboratoire lorrain de recherche en informatique et ses applications), etc.

Afin de faciliter l’administration et d’optimiser les sites web, la gouvernance évolue. En 2020, un groupement d’intérêt public est créé afin de mettre à disposition de tous les outils de pilotage et de fluidifier les discussions culturelle, politique, financière entre les différents membres du projet. Avec toujours comme objectif permanent de proposer une offre culturelle de qualité au plus grand nombre, en passant non pas par le canal unique d’un portail web, mais par les canaux multiples de plusieurs sites web, modules éditoriaux et bibliothèques locales.