L’ABF appelle à manifester pour la gratuité des lectures publiques en bibliothèque

Dans un communiqué, l’ABF a appelé les « élus, directeurs généraux des services, directeurs des Affaires culturelles, bibliothécaires » et amoureux de la littérature à manifester leur refus de la taxe sur les lectures publiques faites par les bibliothécaires et exigée par la SCELF. L’association les appelle également  à « en informer largement le public dans le cadre de la Nuit de la lecture du 20 janvier ».

Retrouvez le communiqué et plus d’informations sur le site de l’ABF.

Manivelle à l’UBO

A l’occasion de la 4ème édition de la Biennale du numérique qui s’est tenue à l’Enssib les 13 et 14 novembre 2017, le jury a remis le Prix de l’innovation numérique en bibliothèque au projet Manivelle porté par les bibliothèques de l’université de Bretagne Occidentale.
Ce projet inspiré d’une initiative québécoise vise à donner de la visibilité aux collections de ebooks en bibliothèque universitaire.

À l’origine du projet : des ebooks trop discrets

La génération qui arrive aujourd’hui à l’université a grandi avec internet et le numérique. Pourtant, l’attrait pour les ouvrages papier semble perdurer, en particulier chez les étudiants en Lettres et Sciences humaines.
Cette tendance se retrouve à l’UBO. Malgré un budget multiplié par trois en cinq ans (72 000 euros en 2017), l’usage des ebooks peine à décoller pour certains bouquets, alors même qu’ils disposent de toutes les fonctionnalités propres au numérique : accès illimité et à distance, recherche plein texte, navigation hypertexte...
En dépit des efforts de valorisation, les bibliothèques de l’UBO, comme de nombreux établissements, ne parviennent pas à donner une réelle visibilité à leurs livres numériques.
Par ailleurs, les choix qui ont été faits jusqu’à présent ne se sont pas toujours révélés très judicieux pour la promotion des ebooks.

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Poster présenté pour le Prix de l'innovation numérique en bibliothèque – Biennale du numérique 2017 (crédits : BU UBO)

La recherche d’ebooks à l’UBO : un exercice difficile pour l’usager

Rechercher sans outil de découverte

Les bibliothèques de l’UBO ont renoncé en 2015 à leur outil de découverte, après une année d’expérience peu satisfaisante. Outre les dysfonctionnements et problèmes d’affichage qu’il ne parvenait pas à corriger, le prestataire était dans l’impossibilité de garantir la protection des données personnelles. Une enquête a également confirmé que les usagers ne s’étaient pas approprié l’outil et étaient, de fait, peu nombreux à l’utiliser. Enfin, sur la période, aucune augmentation sensible du nombre de requêtes ou de consultations de la documentation électronique n’avait été constatée.
Le choix de renoncer à cet outil de découverte, s’il a pu être tout à fait justifié à l’époque, s’avère aujourd’hui pénalisant pour le signalement des ebooks qui, pour des raisons techniques, ne peuvent être intégrés massivement au catalogue.

Rechercher par titre ou auteur… ou par ISBN !

Pour pallier l'absence d'outil de découverte et l’impossibilité de signaler tous les ebooks dans le catalogue, un moteur de recherche dédié a été intégré au site web des BU en 2016, à partir d’un formulaire de la liste AZ. Mais la récupération partielle des métadonnées rend cet outil difficilement exploitable par l'usager : il permet en effet une recherche par titre, auteur et ISBN, mais ignore le champ sujet.
Pour trouver un ebook, l’étudiant doit donc déjà avoir une idée précise de ce qu’il recherche : un postulat en réalité peu adapté aux pratiques universitaires.

Rechercher base après base

Une solution complémentaire a été mise en place : une page web listant tous les bouquets de livres numériques, avec un classement par disciplines[1]. À l’étudiant de deviner dans quelle collection effectuer sa recherche !
Une enquête menée au printemps 2017 auprès des étudiants de l’UFR Lettres est venue confirmer  cette méconnaissance des ebooks de la bibliothèque. S’ils restent attachés au livre papier, ils affirment toutefois être intéressés par les collections numériques, mais manquent d’informations à ce sujet. Ainsi, un étudiant sur deux indique connaître l’offre grâce aux formations dispensées par les bibliothécaires. À l’UBO, les formations représentent donc à ce jour le canal de communication le plus efficace sur les ebooks, malgré les autres initiatives mises en œuvre par les équipes.

La valorisation des ebooks à l’UBO : un impact difficile à mesurer

Depuis plusieurs années, différentes actions de valorisation ont été menées dans les bibliothèques du réseau : affiches explicatives (réalisées en interne ou fournies par les éditeurs), flyers, marque-pages, QR codes, communication par mailing et sur Facebook. Mais l’impact réel de ces actions sur la consultation des ressources reste difficile à apprécier.

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Un ebook déguisé en livre papier (ou en DVD) et des affiches de communication au milieu des rayons (crédits photos BU UBO)
« Dans les espaces physiques, on déguise des ebooks en ouvrages papier » - Dominique Corlett, responsable du Département Collections
Parmi les initiatives de valorisation qui nous interrogent, prenons celle menée dans l’une de nos bibliothèques : une collègue s’est amusée à déguiser des ebooks en livres papier, partant de l’idée que le fond doit l’emporter sur la forme.
Pour cela, il lui a suffi d’habiller des boîtiers DVD vides avec la couverture de leur équivalent papier, d’ajouter la cote correspondante sur la tranche, de les glisser dans les rayons au milieu des ouvrages papier… et d’observer l’usager.
L’étudiant est parfois surprenant : la probabilité pour qu’il tombe sur un ebook déguisé est déjà faible (on a tout fait pour le cacher !), mais le voir arriver à la banque de prêt avec le boîtier vide pour déclarer “J’aimerais emprunter ce DVD”, vous renvoie tout à coup à cette cruelle vérité que la valorisation est tout sauf une science exacte.
L’agent à l’accueil, un peu amusé, n’a alors d’autre choix que de lui répondre : “mais ceci n’est pas un DVD, c’est un ebook ! et vous ne pouvez pas l’emprunter puisqu’il est disponible en illimité depuis n’importe quel ordinateur connecté à internet.”

C’est en raison de ces difficultés à donner une visibilité à leurs ebooks que les bibliothèques de l’UBO se sont tournées vers Manivelle.

Manivelle, un dispositif original

L’originalité du projet Manivelle réside à la fois dans la technologie utilisée et dans le processus collaboratif qui l’accompagne.

Une expérience usager renouvelée

La technologie Manivelle redonne aux sens une place centrale dans la découverte des contenus numériques. L’interface, tactile et colorée, mobilise à la fois la vue et le toucher, afin de rendre l’expérience de l’usager la plus simple et la plus ludique possible.

En mode veille, l’écran attire le regard du visiteur en lui présentant une succession colorée d’ebooks sélectionnés.

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Aperçus de l’interface Manivelle UBO (crédits photos Manivelle)

L’œil est d’emblée mobilisé, mais l’outil invite aussi à manipuler : toucher l’écran permet de naviguer au sein de rayonnages virtuels matérialisés par des bulles de couleurs.
Un titre retient son attention ? L’usager accède rapidement au résumé et à la notice détaillée. En quelques secondes, il obtient par courriel ou sms le lien vers le texte intégral du document, qu’il pourra consulter sur son smartphone, sa tablette ou son ordinateur.

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Écran Manivelle déployé à la bibliothèque Georgette Lepage à Brossard, Québec (crédits photos BU UBO)
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Accès aux ebooks sur un écran Manivelle québécois (crédits photos Manivelle)

Les écrans Manivelle sont conçus pour être complémentaires des outils traditionnels : ils sont basés sur la sélection et la sérendipité, et non sur la recherche ; ils sont orientés vers la découverte, et non vers la lecture du texte intégral.

« L’aventure Manivelle : une expérience marketing à l’heure numérique » - Séverine Lepiouff, responsable de la mission Communication et Action culturelle
Dans nos sociétés modernes, la vue est notre sens le plus sollicité. Le marketing visuel, enrichi par les nouvelles technologies, est donc devenu un dispositif incontournable. Il se développe depuis plusieurs années sur les sites web, mais également dans les lieux publics sur de grands écrans. Dans les espaces physiques très fréquentés que sont les BU, il a donc toute sa place. À l’UBO, nous avons été conquis par les écrans Manivelle qui offrent cette expérience marketing pour nos collections d’ebooks : une expérience visuelle, mais aussi tactile.
Nous mettons là en place un modèle de “click-and-send” et souhaitons tirer parti de la présence des usagers dans les BU pour leur faire (re)découvrir nos ressources numériques. Nous nous attendons, dans un premier temps, à des comportements expérientiels, induits par l’attrait d’un objet design et ludique, qui invite à l’interaction ; puis à des comportements utilitaires (découvrir facilement et rapidement un titre intéressant). Avec le fablab de l’UBO Open Factory, nous chercherons à améliorer l’expérience usager : nous travaillerons sur la fluidité, l’intuitivité et le design des écrans.
Ce qui nous plaît également avec Manivelle, c’est la sérendipité organisée avec la complicité des enseignants : les bibliothécaires construisent avec eux le parcours de découverte de l'usager. Et c’est là aussi une nouveauté dans notre démarche de valorisation des collections.

Un processus expérimental et orienté usagers

La technologie Manivelle est née au Québec, à Montréal, au sein de la société Manivelle co-fondée par le bibliothécaire Vincent Chapdelaine[2]. L’aventure a débuté en 2015 par un processus de co-design avec des citoyens, des bibliothécaires et des spécialistes du design numérique.

La société Manivelle
une start-up québécoise co-fondée en 2015 par Vincent Chapdelaine
une équipe composée d’un bibliothécaire, d’un designer et de développeurs
des valeurs et des ambitions : économie sociale, co-création, innovation numérique, villes intelligentes
un projet phare : les écrans Manivelle
« Manivelle, une startup numérique créée par et pour les bibliothèques » - Vincent Chapdelaine, co-fondateur et président de Manivelle
La genèse du projet Manivelle tire son origine dans une discussion que j’ai eue en 2014 avec Jean-François Cusson, le directeur de l’organisme BiblioPresto[3] qui gère la principale plateforme de prêt de livres numériques au Québec, PrêtNumérique.ca[4]. En discutant des besoins des bibliothèques, nous avons mis le doigt sur l’immense défi de faire connaître la richesse des collections numériques grandissantes en bibliothèque – l’idéal étant de les rendre visibles au sein même des établissements.
L’idée a fait son chemin au sein de ma propre organisation, Espaces temps – un incubateur de projets culturels, numériques et collectifs[5]. En 2015, mon collègue Simon Emmanuel Roux et moi-même avons donc creusé l’idée et imaginé la solution. Notre premier réflexe fut de rallier des bibliothèques partenaires à travers le Québec, afin de les impliquer dans une phase de prototypage, qui s’est déroulée tout au long de l’année 2015. Durant cette phase, nous avons animé de nombreux ateliers en bibliothèque, avec des usagers et bibliothécaires, et cela a alimenté grandement les phases de design.
Devant le succès du projet et de notre preuve de concept, Manivelle a pris son envol d’Espaces temps à l’automne 2015 et est devenue une société autonome. Dès lors, de janvier 2016 à mai 2017, nous nous sommes consacrés à développer une version commercialisable de la solution, en visant particulièrement le marché des bibliothèques universitaires et bibliothèques publiques au Québec et en Europe.
Pour nous, chaque nouvelle bibliothèque qui rejoint le réseau Manivelle ne fait pas qu’offrir à ses usagers une solution élégante pour la valorisation de ses collections numériques. Elle permet aussi de renforcer le réseau, et nous aide à rendre la solution encore plus attrayante pour l’ensemble des bibliothèques participantes.

Dès l’origine, l’aspect collaboratif et l’expérience usager font partie intégrante du projet.

Les premiers écrans Manivelle ont été imaginés lors d’ateliers organisés avec des usagers de la bibliothèque Gabrielle-Roy de Québec en décembre 2014 et de la bibliothèque Georgette Lepage à Brossard en février 2015. Cherchant à mieux comprendre la perception des outils de diffusion d’information dans l’espace public, l’équipe de la société Manivelle a mobilisé la créativité des participants pour inventer le dispositif d’information numérique idéal. Les prototypages papier ont abouti à une série de recommandations à destination de l’équipe projet.

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Ateliers de co-design menés dans les bibliothèques du Québec au tout début du projet (crédits photos Manivelle)

 Plusieurs écrans ont ensuite été déployés dans les bibliothèques publiques du Québec au cours de l’année 2015.

Le processus est itératif : chaque écran est un prototype, des tests sont effectués directement dans les espaces publics des bibliothèques partenaires, et le logiciel évolue en fonction des retours des utilisateurs.

Un chantier spécifique « engagement des utilisateurs » a également été mené en 2016, avec une étude confiée à la société montréalaise Design par Judith Portier, spécialisée dans le design d’environnement, pour analyser et optimiser le taux d’engagement des usagers envers les écrans. Les conclusions ont confirmé la nécessité de passer à une v2 plus interactive, plus ludique et plus facile à maintenir.

Une démarche collaborative

Manivelle mise sur la conception réseau et la capitalisation : les développements effectués par la société Manivelle sont reversés à l’ensemble de la communauté Manivelle.
Le code est conçu pour être ouvert : les bibliothèques partenaires pourront y contribuer dès que la société aura mis en place le kit de développement logiciel (software development kit). L’objectif sera de pouvoir bâtir un écosystème de contenus accessibles à tous.

Manivelle à l’UBO : une première mondiale en contexte universitaire

Le projet Manivelle à l’UBO a débuté en septembre 2016 lorsqu’il a été retenu dans le cadre de l’appel à manifestation d’intérêt « Transformation pédagogique et numérique » du Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation[6].

Il est prévu de déployer, à partir du printemps 2018, cinq écrans dans cinq des douze bibliothèques de l’UBO, couvrant différents champs disciplinaires et différents territoires : trois bibliothèques à Brest (Lettres et Sciences humaines / Santé / Droit-Économie-Gestion-Sciences-STAPS), une à Quimper (multidisciplinaire) et une à Rennes (Sciences de l’éducation).

« Manivelle, l’idée » - Nicolas Tocquer, directeur des bibliothèques de l’UBO
La manivelle a commencé de tourner au Québec en 2014, sous l’impulsion du directeur général d’Espaces temps, Vincent Chapdelaine. En tant que membre du conseil d’administration de cet organisme à but non lucratif, j’étais régulièrement tenu informé des projets innovants menés au Canada autour de la diffusion et du partage de connaissances. Il s’agissait à l’époque de déployer dans l’espace public des écrans destinés à diffuser des informations à caractère culturel et citoyen. Lors d’un déplacement professionnel à Montréal effectué en 2016, j’eus le plaisir de constater que les premiers écrans avaient été installés dans les bibliothèques publiques et rencontraient un vrai succès auprès des usagers. Élégants, colorés et ludiques, ils attiraient le regard, excitaient incontestablement la curiosité, et rendaient palpable l’information numérique. Pourquoi donc ne pas les implanter dans l’environnement académique ? L’appel à manifestation d’intérêt « Transformation pédagogique et numérique » lancé au printemps 2016 constitua l’élément déclencheur du projet brestois. Il fallut alors entrer dans le vif du sujet, identifier les ressources destinées à être diffusées, associer la gouvernance de l’université, solliciter des subventions, et communiquer sur ce projet d’autant plus enthousiasmant qu’il s’inscrit dans une démarche collaborative.

Intégration de Cairn au dispositif Manivelle

Le choix de Cairn par l’UBO tient au caractère pluridisciplinaire de la base et à la variété de ses ebooks, adaptés à tous les publics, du premier cycle au doctorat.

« Cairn ? un choix qui s’est imposé de lui-même ! » - Dominique Corlett, responsable du Département Collections
Quand le projet Manivelle a été lancé, la question de la plateforme d’ebooks à valoriser en priorité s’est tout de suite posée. Cairn réunissait tous les critères souhaités : la consultation était en hausse mais largement en-dessous de ce que l’on pouvait espérer d’une collection pluridisciplinaire, francophone et visant un public très large. Les statistiques Ezpaarse avaient d’ailleurs confirmé l’intérêt de la plateforme au-delà de la seule UFR Lettres. Last but not least, nous étions abonnés à la totalité des collections d’ebooks Cairn depuis janvier 2017. L’éditeur a tout de suite compris l’intérêt du projet et nous a fait confiance : la société Manivelle et Cairn ont ainsi pu travailler en étroite collaboration à l’importation des métadonnées.

La société Manivelle a développé au printemps 2017 une chaîne de contenus spécifique pour les ebooks Cairn, à partir des métadonnées récupérées via une API[7] fournie par la plateforme. Les métadonnées ont ensuite été normalisées afin d’être intégrées au système de diffusion Manivelle.
Des développements complémentaires ont été nécessaires pour pouvoir intégrer d’autres données qui ne pouvaient pas être récupérées via l’API, notamment les sujets des ebooks.

Mutualisation des développements informatiques

Ces développements financés par l’UBO autour de Cairn vont désormais pouvoir être récupérés par toutes les autres bibliothèques partenaires de Manivelle.
En retour, l’UBO aurait pu récupérer les développements effectués pour les bibliothèques québécoises, mais ils ne correspondaient pas aux plateformes d’ebooks auxquelles les BU sont abonnées.

Coûts
Le coût global du projet est évalué à 35 000 €, pour le déploiement de 5 écrans et l’intégration d’une source de contenus.
Ce projet bénéficie du soutien financier du Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (AMI 2016) et de subventions des collectivités territoriales (Brest Métropole et Département du Finistère).

Un projet en mode « innovation ouverte » avec le fablab de l’UBO

À l’opposé des outils préformatés auxquels l’utilisateur doit souvent s’adapter, les écrans Manivelle ont été conçus au Québec dans une démarche UX, et le projet va être poursuivi à l’UBO sur le même mode, au plus près des étudiants.

Les BU ont donc sollicité le fablab de l’UBO Open Factory[8] pour les aider à déployer ces écrans dans les espaces. L'expertise du fablab en matière de fabrication et de design, ainsi que sa capacité à mobiliser un réseau – étudiants et fablab managers – sont en effet des atouts pour la réussite de ce projet.
Dès le début de l’année 2018, le fablab travaillera avec les bibliothécaires et les usagers pour le choix de l’implantation des écrans sur chaque site.
L’utilisation de machines à commande numérique permettra de façonner différents habillages pour les écrans, et d’expérimenter directement dans les BU plusieurs prototypes, pour observer ce qui fonctionne auprès des étudiants : ce qui leur indique qu’il s’agit d’un dispositif tactile et interactif, et ce qui leur donne envie de l’utiliser.

Dans un second temps, des développements informatiques pour personnaliser l'interface logicielle pourront également être envisagés.

« Expérimenter, observer, réajuster » - Gaëlenn Gouret, responsable du Département Numérique et chef de projet Manivelle
Manivelle, c’est une belle aventure que nous menons depuis plus d’un an avec nos partenaires québécois, et que nous prolongeons à l’UBO avec nos collègues du fablab de l’UBO Open Factory.
Manivelle, c’est d’abord un pari : le pari qu’il est possible de matérialiser autrement les ressources numériques dans les espaces physiques des bibliothèques, sans passer par l’imitation du livre papier, mais en exploitant au contraire les possibilités des technologies modernes.
Les défis qui s’ouvrent devant nous pour 2018 ? Expérimenter l’outil dans un contexte nouveau, l’université, et observer la façon dont les étudiants vont s’en emparer. Allons-nous observer les mêmes usages que dans les bibliothèques publiques du Québec ? Quel sera l’impact sur les consultations d’ebooks Cairn ? Ce dispositif permettra-t-il de créer une nouvelle dynamique de collaboration entre les enseignants et les acquéreurs de nos BU, autour de la question des ressources numériques ?
Différents essais et ajustements seront sans doute nécessaires pour que l’outil puisse s’insérer durablement dans les pratiques.
Nous envisageons également d’expérimenter, sur ces écrans, d’autres types de contenus : d’autres ebooks, mais aussi la production scientifique de l’université, ou encore l’affichage de services ou d’événements. On pourrait alors imaginer que les écrans Manivelle puissent se déployer aussi hors des BU, disséminant sur les campus toutes ces petites bulles de documentation et d’information...

 

[1] http://ubodoc.univ-brest.fr/ressources/ebooks/

[2] http://manivelle.io/

[3] http://bibliopresto.ca/

[4] http://www.pretnumerique.ca/

[5] http://espacestemps.ca/

[6] http://www.sup-numerique.gouv.fr/cid110951/ami-2016-les-laureats-et-leurs-projets.html

[7] Application Programming Interface (interface de programmation applicative)

[8] https://uboopenfactory.univ-brest.fr/

Une enquête sur l’accueil des enfants déficients visuels en bibliothèque

En partenariat avec le Service du Livre et de la Lecture (DGMIC), la maison d’édition associative Mes Mains en Or a lancé une enquête sur « les besoins en accompagnement des bibliothèques concernant l’accueil des enfants déficients visuels ».

Cette étude vise un double objectif :

  • établir un état des lieux de la fréquentation des établissements par les personnes déficientes visuelles ;
  • recenser les pratiques des bibliothécaires face aux besoins de ce public spécifique.

Vous pouvez répondre au questionnaire jusqu’au 20 janvier prochain.

Une playlist pour la Nuit de la lecture 2018

Les membres du conseil d’administration de l’ACIM ont proposé « une playlist noctambule » pour accompagner la 2e édition de la Nuit de la lecture, le 20 janvier prochain.

À travers « la diversité des répertoires musicaux visités par la nuit », celle-ci propose de nombreux genres musicaux :

  • chanson (Alain Bashung, Johnny Hallyday) ;
  • classique (Frédéric Chopin, Dmitri Chostakovitch, Claude Debussy)  ;
  • jazz (Miles Davis, Thelonious Monk, Ahmad Jamal) ;
  • pop/rock (Elton John, Derek & the Dominos, Neil Young) ;
  • rap (Hyacinthe, BigFlo & Oli) ;
  • reggae/dub (Linton Kwesi Johnson, Bob Marley).

8 millions d’euros pour financer l’extension des horaires d’ouverture

Afin de financer l’extension des horaires d’ouverture des bibliothèques, le gouvernement a rajouté un financement exceptionnel au budget 2018.

Un amendement voté par les députés en nouvelle lecture de la loi de finances 2018 prévoit en effet « un budget de 8 millions d’euros pour mettre en œuvre l’extension des horaires d’ouverture des bibliothèques ». Depuis 2008, la ligne de crédit affectée aux concours particuliers était bloquée à 80,4 millions d’euros, notamment utilisés pour le développement du réseau des bibliothèques municipales et départementales.

Réouverture de la BHVP

Suite à plusieurs mois de travaux, la Bibliothèque historique de la Ville de Paris a rouvert ses portes le 11 décembre dernier. Près d’un demi-siècle après une première rénovation, les locaux à destination du public nécessitaient d’être rafraîchis. L’objectif des travaux était triple :

  • restituer aux espaces d’accueil leur éclat de 1969 : réfection de l’éclairage, peintures, suppression des ajouts postérieurs qui pouvaient dénaturer l’espace ;
  • adapter le lieu à l’évolution récente des bibliothèques, et en premier lieu à la révolution informatique. Toutefois, la bibliothèque a décidé de conserver une partie des fichiers traditionnels sur papier,  pour « garder une trace d’un mode de fonctionnement révolu, mais qui a prévalu durant des siècles » ;
  • adapter la bibliothèque aux besoins du public d’aujourd’hui, en proposant des vestiaires ainsi qu’un espace de détente avec un distributeur de boissons. Enfin, un accès pour les personnes à mobilité réduite a également été aménagé (mise en service février 2018).

Pour sa réouverture, cette bibliothèque spécialisée dans l’histoire de Paris et de l’Île-de-France a inauguré un service inédit : le prêt de livres anciens. La BHVP propose ainsi l’accès à des livres du 17e siècle jusqu’à 1960 « sous leur forme matérielle authentique (…) pour mieux les découvrir et les savourer à loisir ». 

L’ABF demande un maintien d’exonération

Dans un communiqué, l’ABF a demandé le « maintien de l’exonération de toute rémunération au titre du droit de représentation pour les heures du conte et les lectures à voix haute » pour toutes les bibliothèques.

Pour la Société civile des éditeurs de langue française (SCELF), la rémunération des lectures publiques (en particulier des heures du conte pour les bibliothèques) est une « question de principe qui s’applique donc à tous ». Si cela fait déjà « l’objet d’une exception en faveur des lectures se déroulant en librairie », la SCELF propose « de ne taxer que les bibliothèques municipales disposant d’un budget pour leurs animations et donc, de fait, organisant des heures du conte », sur la base d’un forfait annuel de 100 euros.

Tout en rappelant son attachement à la défense des droits des auteurs, l’ABF dénonce cette approche qu’elle juge « inapplicable et inéquitable ». Elle rappelle que « les heures du conte et les lectures à voix haute sont gratuites dans toutes les bibliothèques », qu’elles font partie du quotidien des bibliothécaires et qu’elles participent à « l’apprentissage, à la lutte contre l’illettrisme et à la formation de ceux qui en bénéficient ».

Lutter contre le plagiat académique en formant les doctorants par la pratique

Plagiat inconscient : la silencieuse pandémie

Si les supercheries des experts du plagiat focalisent l’attention lorsqu’elles sont rendues publiques, les pratiques des « plagiaires malgré eux » représentent un danger tout aussi redoutable dans la mesure où le plagiat inconscient fait son lit dans l’infra-ordinaire de la recherche, ainsi que le souligne D. Truchet : une collecte lacunaire des références bibliographiques, une absence de cohérence dans la manière de citer ses sources, une paraphrase maladroite ou encore un versionnage hasardeux de fichiers mettent profondément à mal le principe de traçabilité des sources. Il devient impossible d’attribuer avec certitude des propos à leur auteur. Il ne s’agit pas nécessairement d’une incursion délibérée dans le territoire de la fraude, mais plutôt d’un séjour plus ou moins prolongé dans celui de la « sloppy science » (J. Tijdink), dont les soubassements sont : « ignorance, honest error, biases, dubious integrity ». Le degré d’inconscience du plagiaire peut varier. D. Peraya et C. Peltier distinguent ainsi un chaînon entre la pratique frauduleuse et l’erreur méthodologique de bonne foi : le « plagiat par négligence ». Alors qu’il sait qu’il ne respecte pas les normes, le plagiaire par négligence ne cherche pour autant pas à réformer ses habitudes, faute de connaissances méthodologiques suffisantes et surtout, faute d’intérêt pour ce problème. Facteur aggravant dans le cas des doctorants selon M. Bergadaà, il n’est pas rare que des encadrants de thèse considèrent comme acquise la méthodologie de la citation alors que ces chercheurs novices doivent consolider voire assimiler ces compétences : « Ce qui semble évident pour un professeur n’est souvent pas compris par les doctorants ».

Par ailleurs, si le plagiat revêt une dimension individuelle, il ne saurait être appréhendé hors de son contexte. J.-C. Pacitto alerte sur la nécessité de tenir compte du « caractère contingent du phénomène » : les plagiaires ne sont pas des monades mais bel et bien les éléments d’un système fondé sur des logiques de pouvoir. Le plagiat devient un outil de production et de promotion puisque la publication constitue une monnaie d’échange pour accéder aux responsabilités souhaitées, selon J.-C. Pacitto. Si le sujet demeure hautement sensible et soumis à ce que P. Corvol et R. Gicquel nomment une « régulation non explicite » de la part de la communauté scientifique elle-même, les structures de recherche développent des politiques de défense de l’intégrité scientifique.

Former à l’éthique et à l’intégrité scientifique : une priorité renforcée pour les écoles doctorales

Dans les années 1990, des dispositifs de défense et de promotion de l’intégrité scientifique voient le jour. L’Office of Research Integrity est fondé aux États-Unis en 1992 ; le Code de conduite européen pour l’intégrité en recherche (The European Code of Conduct for Research Integrity) paraît en 2011 sous l’impulsion des organisations All European Academies (ALLEA) et European Science Foundation (ESF). En France, les organismes de recherche prennent des initiatives tout au long des années 1990 et l’année 2017 marque un tournant avec la création de l’Office français d’intégrité scientifique (OFIS[1]). Par ailleurs, l’article 3 de l’arrêté du 25 mai 2016 fixant le cadre national de la formation et les modalités conduisant à la délivrance du diplôme national de doctorat fait de la formation à l’intégrité scientifique une priorité pour les écoles doctorales : tout doctorant doit pouvoir bénéficier d’« une formation à l'éthique de la recherche et à l'intégrité scientifique ».

En mai 2017, dans le cadre d’un partenariat avec l’école doctorale (ED) Montaigne Humanités (Université Bordeaux Montaigne), l’Unité régionale de formation à l’information scientifique et technique (Urfist) de Bordeaux a conçu et animé des sessions de formation contre le plagiat reposant sur une méthode que l’on pourrait qualifier de coactive dans la mesure où elle implique la co-production de contenus avec les participants grâce à des études de cas. Ce module de 6 heures est animé par un conservateur des bibliothèques. La rédaction et l’analyse d’un plagiat produit par les participants eux-mêmes font partie de ce dispositif : parce qu’on combat mieux un ennemi que l’on connaît, les doctorants sont amenés à recourir sciemment aux techniques des plagiaires. Cette séquence est précédée d’un travail préparatoire sur les bonnes pratiques de citation. Le module s’inscrit dans un programme de formations dédié à l’intégrité scientifique s’adressant aux doctorants de lettres, langues, sciences humaines et sociales. Les questions juridiques[2] et de normes bibliographiques font l’objet de volets spécifiques.

Dans les coulisses de la fabrique du plagiat

Le formateur est confronté à la gageure de concevoir une formation pouvant s’adresser aux plagiaires inconscients comme aux plagiaires par négligence : il faut en effet faire prendre conscience de leurs besoins aux premiers et convaincre les seconds de l’intérêt d’acquérir des compétences rédactionnelles qu’ils jugent secondaires et/ou difficiles à mettre en œuvre au quotidien. Le cas du plagiaire aguerri semble quant à lui relever d’un cadre autre que celui de la formation puisque l’inconduite scientifique est consciemment érigée en modus operandi. Qu’il soit le fruit de la volonté, de la négligence ou d’un manque de méthode inconscient, le plagiat présente le même degré de gravité et ne saurait se réduire à un manquement individuel. Mais il s’avère déterminant dans la conception de la formation de tenir compte des origines plurielles du plagiat afin de ne pas verser dans le seul registre de la répression.

Par ailleurs, il s’agit aussi pour le formateur de fournir la preuve que le respect de l’intégrité scientifique ne constitue pas une question purement théorique, voire rhétorique. Ainsi que P. Corvol et R. Gicquel le rappellent, alors que l’éthique interroge les liens entre recherche et société, l’intégrité scientifique renvoie aux règles, pratiques ou comportements régissant l’activité scientifique. On se situe sur le terrain de la praxis. Tenir compte de l’expérience des participants devrait jouer un rôle structurant dans la manière d’élaborer une formation à l’intégrité scientifique.

Volontairement, l’utilisation de logiciel de détection de plagiat est exclue du périmètre du module dans la mesure où la manipulation d’un outil pourrait faire écran à l’analyse approfondie de pratiques personnelles. Il s’agit en effet prioritairement de transmettre aux participants méthodes et repères pour travailler de manière autonome. Par ailleurs, J.-N. Darde met en garde contre l’écueil de former non pas au « bien citer » mais au « bien plagier » : les participants apprennent davantage à déjouer les logiciels de détection de similitudes plutôt qu’ils n’acquièrent l’art du référencement des sources.

Du purgatoire à l’enfer de la rédaction scientifique : dans la peau du plagiaire

Le module s’articule autour de 3 séquences : rappel des bonnes pratiques de citation ; paraphraser dans le respect du droit d’auteur ; plagiaires et détracteurs de plagiats.

  • rappel des bonnes pratiques de citations. Les participants se répartissent en 2 groupes. Chaque groupe se voit attribuer une série de citations auxquelles des distorsions ont été volontairement apportées. Le cas à étudier n’est donc pas à considérer comme une citation du texte original. Il s’agit d’une version altérée du texte et l’on procède comme si l’auteur avait directement rédigé le contenu problématique. Le texte original est fourni à titre de comparaison. Chaque groupe propose une solution lors de la phase de restitution. Pour cette séquence introductive, les cas servent surtout d’amorces pour des approfondissements. Par exemple, on soumet aux doctorants le cas d’une source secondaire non mentionnée. Ce point de départ permet d’aborder des questions techniques : de quelle manière faire figurer les sources secondaires dans une bibliographie ? Mais également des questions de principe : dans quels cas la citation de seconde main peut-elle être acceptable ? Quels sont les risques liés à cette pratique et comment s’en prémunir ? La séquence permet aussi de travailler sur des notions telles que celle d’auteur, considérée à tort comme une évidence : quels sont les critères pour déterminer l’auteur d’une production scientifique ? Qu’appelle-t-on un « ghost author » ? Quels peuvent être les enjeux de pouvoir inhérents aux citations, qu’est-ce qu’une citation de complaisance ? Quels sont les enjeux de la traduction ? Sont aussi abordés les concepts de contributeur, d’auto-plagiat, ou encore de salami slicing. Ainsi, la séquence permet de sensibiliser les doctorants à des aspects de la citation complémentaires de la question de l’application des normes bibliographiques.
  • paraphraser dans le respect du droit d’auteur. La séquence débute par un exercice de formalisation des critères de rédaction d’une paraphrase respectueuse du droit d’auteur. On fournit aux participants un exemple de paraphrase réussie pour analyse. En plénière, les doctorants énoncent les règles de rédaction à appliquer. Cette première étape permet aussi de faire un point sur des questions d’opportunités : dans quels cas faut-il recourir à la paraphrase plutôt qu’à une citation directe ?
    Dans un second temps, le formateur constitue 2 groupes et fournit à chacun des extraits à paraphraser, accompagnés d’une grille d’analyse dans laquelle les participants reportent les idées clés des textes avant de rédiger. Cette étape permet au formateur d’accompagner chaque groupe dans son travail d’analyse tout en influençant le moins possible l’étape de rédaction. Les groupes s’échangent ensuite leurs productions et doivent identifier les idées principales des textes paraphrasés sans accès aux sources. L’enjeu est de faire mesurer aux participants le degré de fidélité des paraphrases aux sources lors de la plénière. Les textes sources sont distribués en fin de séquence et le formateur fournit également des propositions de paraphrases. La durée à prévoir pour la phase de restitution ne devrait pas être réduite dans la mesure où elle nourrit des débats permettant d’aller au-delà de la seule technique : comment retranscrire la subjectivité d’une énonciation ? Quel est le cadre énonciatif de l’auteur de thèse ? La phase de restitution permet de placer les participants dans une autre modalité de participation. Par ailleurs, notons que l’exercice de rédaction confronte encore plus directement les participants à leurs forces et faiblesses que ne le ferait un exercice de vérification théorique des connaissances, de type questionnaire.
  • plagiaires et détracteurs de plagiats : rédiger et analyser un plagiat. On constitue 2 groupes auxquels on remet une sélection d’extraits à plagier. Chaque sélection présente une cohérence thématique : dans notre cas, il s’agissait de l’intelligence artificielle et de la parité. Chaque groupe doit rédiger le plagiat le plus abouti possible à partir de consignes de rédaction fournies par le formateur ; ces consignes sont communes aux groupes. Les contraintes d’écriture à employer sont adaptées de l’ouvrage de M. Bergadaà : reprises textuelles sans masquage élaboré, masquage par techniques simples, camouflage par techniques sophistiquées. Chaque source est détournée au moins une fois, sans ordre de mention à respecter ; le plagiat doit mettre en œuvre au moins 3 techniques d’écriture différentes. En vue de faciliter la phase de confrontation avec les détracteurs de plagiats, les plagiaires renseignent un journal de bord : pour chaque détournement, on indique le passage du texte source concerné ainsi que la technique utilisée. Par ailleurs, en début de séance, des analyses de plagiats sont remises aux participants à titre d’illustration[3]. Il s’agit de plagier consciemment pour ne plus plagier par méconnaissance.
    Dans un second temps, les groupes s’échangent leurs travaux et doivent analyser les plagiats. Le journal de bord vierge sert cette fois-ci de grille d’analyse. Tous les participants connaissent les techniques employées, y ayant eu recours en tant que plagiaires. La phase de restitution permet aux détracteurs de plagiat de s’assurer qu’ils ont identifié tous les détournements, d’interroger les plagiaires sur la manière dont ils ont procédé. Le formateur fournit également ses propositions de plagiat.

Devenir un formateur accompagnateur

Si la formation par la pratique permet d’aboutir à des interactions riches, elle modifie sensiblement le rôle du formateur :

  • les phases de restitution réclament un investissement particulier de la part du formateur. Certes, le formateur peut apporter des compléments prévus en amont, mais l’écueil serait de s’en tenir uniquement à un contenu standardisé alors que la formation est précisément conçue pour s’appuyer sur les conclusions émergeant lors des séances de travail.
  • la diversité des profils disciplinaires au sein de chaque groupe constitue une richesse plutôt qu’un inconvénient, sous réserve de rester a minima dans un grand ensemble disciplinaire tel que lettres, langues, sciences humaines et sociales ou encore sciences et technologies. En effet, le type de ressources utilisées, les méthodes de rédaction mais aussi les enjeux épistémologiques diffèrent trop d’un ensemble disciplinaire à l’autre et appellent une adaptation.
  • le choix des textes à analyser s’avère fondamental : trop faciles à appréhender, les extraits peuvent engendrer une lassitude de la part des participants et les conforter dans l’idée que les compétences citationnelles sont déjà acquises ; si les textes sont trop jargonneux, la phase d’analyse risque de prendre le pas sur l’étape de rédaction, indispensable à un retour réflexif approfondi. Les textes sélectionnés sont tous de niveau universitaire mais les extraits ne comportent pas de termes techniques spécialisés. Les phases de travail en groupe permettent aussi au formateur de s’assurer de la bonne compréhension des documents.
  • les cas pratiques peuvent fragiliser les participants amenés à remettre en question leur degré de maîtrise des techniques de citation et de l’analyse de texte. L’exercice dédié à la paraphrase illustre particulièrement ce phénomène. L’écart entre sources et paraphrases peut être notable : des idées clés ne sont pas identifiées ou donnent lieu à des contre-sens. Le formateur veille à instaurer un climat de confiance. Déterminer des groupes fixes d’un exercice à l’autre engendre par exemple des conditions de travail plus sereines compte tenu du fait que cette organisation ne contraint pas les participants à renouveler leurs méthodes de collaboration à chaque séquence.

Conclusion

Placer les doctorants en situation active plutôt que face à des énoncés de règles leur permet non seulement de mieux intégrer les bonnes pratiques à développer mais aussi, de s’autoévaluer. La méthode d’animation est plus coûteuse en temps qu’un cours magistral car les séquences d’analyse et de restitution ne doivent pas être réduites sous peine de rendre factice le caractère collaboratif de la formation. Par ailleurs, la durée de la formation peut sembler rebutante pour les potentiels participants. Aussi, les enjeux de communication sur la formation ne peuvent être considérés comme secondaires.

Rendre les doctorants pleinement acteurs de la formation requiert du temps mais ce que l’on pourrait qualifier de confrontation avec le réel est ce qui permet aux participants d’identifier précisément leurs points forts et leurs faiblesses, sans pour autant être soumis à une logique d’évaluation. Il pourrait être intéressant de mettre en œuvre un dispositif d’approfondissement reposant également sur une méthode coactive. Par ailleurs, le travail en groupe permet aux participants de capitaliser leurs expériences respectives. Enfin, former les doctorants par la pratique permet de dépasser les sujets strictement techniques pour amener les usagers à un questionnement plus large sur la fabrique du savoir scientifique. Si les formations ne peuvent suffire à elles seules à endiguer le phénomène du plagiat, elles conservent un rôle préventif majeur. Par ailleurs, les récentes mesures prises à l’échelle nationale en faveur de l’intégrité et de l’éthique scientifique ouvrent un vaste champ de réflexion auquel les professionnels de l’information peuvent apporter une contribution significative du fait de l’importance réaffirmée de la transmission des compétences informationnelles.

Bibliographie

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TIJDINK J. Sloppy science and publication culture. 28 mai 2017.

PERAYA D., PELTIER C. « Mésusages informationnels et plagiat : réflexions autour de quelques effets secondaires du Web 2.0 ». Cah. Doc. Bl. Voor Doc. 2011. n°2, p. 56‑65.

BERGADAÀ M. Le Plagiat académique : comprendre pour agir. Paris : L’Harmattan, 2015. 228 p.ISBN : 978-2-343-07531-0.

PACITTO J.-C. « Le plagiat : transgression individuelle ou phénomène organisationnel? ». In : Plagiat Rech. Sci. Paris : LGDJ, 2012. p. 93‑104.

CORVOL P., GICQUEL R. Bilan et propositions de mise en oeuvre de la charte nationale d’intégrité scientifique. Paris : Secrétariat d’Etat chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, 2016.

THE OFFICE OF RESEARCH INTEGRITY. « Historical Background | ORI - The Office of Research Integrity ». [s.l.] : [s.n.], [s.d.]. Disponible sur : < https://ori.hhs.gov/historical-background > (consulté le 23 août 2017)

MAKAROW M., ENGELBRECHT J. The European Code of Conduct for Research Integrity [En ligne]. 2011. Disponible sur : < https://www.nsf.gov/od/oise/Code_Conduct_ResearchIntegrity.pdf >

« Arrêté du 25 mai 2016 fixant le cadre national de la formation et les modalités conduisant à la délivrance du diplôme national de doctorat ». In : Légifrance [En ligne]. [s.l.] : [s.n.], [s.d.]. Disponible sur : < https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000032587086 > (consulté le 4 octobre 2016)

UNIVERSITÉ BORDEAUX MONTAIGNE. « Formation à l’éthique de la recherche et à l’intégrité scientifique - Université Bordeaux Montaigne ». [s.l.] : [s.n.], [s.d.]. Disponible sur : < http://www.u-bordeaux-montaigne.fr/fr/ecole-doctorale/diplomes-et-formations/formations-proposees-par-l-ed/integrite-scientifique.html > (consulté le 22 juin 2017)

DARDE J.-N. « Les logiciels anti-plagiat : détection? formation? prévention? dissuasion? ». In : Plagiat Rech. Sci. Paris : LGDJ, 2012. p. 129‑139.

 


[1] La création de l’OFIS découle des recommandations du rapport de P. Corvol et de R. Gicquel et a été votée par le Haut conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (HCéres) le 20 mars 2017.

[2] Le cycle de formations conçu en partenariat avec l’ED Montaigne Humanités comporte une initiation au droit d’auteur (6h) ainsi qu’un volet juridique consacré au plagiat (3h). La formation à la citation des sources (6h) se concentre sur la présentation des sources : typologie des sources, organisation des notes, abréviations et locutions latines, formats de citation, gestion des sources citées.

[3] Ont été sélectionnés pour la formation : « Plagiat : l’affaire Rigaux rebondit » [En ligne : http://huet.blog.lemonde.fr/2016/06/08/plagiat-laffaire-rigaux-rebondit/]. Consulté le26 avril 2017 et DARDE, Jean-Noël, « L’Université Paris-Sorbonne (Paris 4) recrute une plagiaire », [En ligne : http://archeologie-copier-coller.com/?p=12928]. Consulté le3 février 2017.

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