The Oxford Companion to the book

par Rémi Mathis
By M.F. Suarez and H.R. Woudhuysen
Oxford, Oxford University Press, 2010, 1327 p., 28 cm
2 volumes
ISBN 978-0-19-860653-6 : 175 £

2 volumes, 1327 pages et 5,38 kg

C’est un monument que les Presses universitaires d’Oxford nous ont offert avec cet Oxford Companion to the Book (OCB). Il est facile à cet égard d’aligner des chiffres afin d’impressionner amis et ennemis : 398 spécialistes venus de 27 pays ont contribué à une œuvre riche d’un million de mots, comprenant 51 chapitres thématiques et plus de 5 000 entrées alphabétiques. Mais ce n’est sans doute pas là l’essentiel.

Tout sur tous les livres

Les chapitres thématiques (essays) constituent un véritable manuel d’histoire du livre – entendue au sens large – à travers les siècles et les continents. Parmi les traditionnelles évocations du livre médiéval ou de la révolution gutenbergienne, on trouvera ainsi des chapitres de grand intérêt sur le livre comme symbole ou sur la critique textuelle. Ne sont oubliés ni le livre comme support d’idées (les imprimés des missionnaires, la transmission de la culture juive par le manuscrit et l’imprimé), ni les considérations techniques (technologies de l’impression, reliure), ni les types d’ouvrages particuliers (les ephemera, les livres pour enfants). Mais la majorité de ces essais suivent une logique géographique : la plupart des pays européens ont droit à leur étude, ainsi que les grands pays asiatiques et quelques autres régions du monde, choisies en fonction de leur importance pour l’histoire du livre (le monde musulman) ou des attentes supposées du lectorat (Nouvelle-Zélande…). Souvent d’excellent niveau, ces chapitres donnent en cinq à dix pages l’essentiel sur un sujet, ce qui réjouira assurément étudiants et curieux.

Les éditeurs ont en effet décidé de retenir une définition maximaliste du livre et d’embrasser l’ensemble de son histoire, sous toutes ses facettes. D’une part, aucune limite géographique n’est appliquée à la notion de livre, que l’on étend aussi bien aux codices aztèques qu’aux textes chinois. D’autre part, la volonté est d’en traiter tous les aspects, qu’ils soient culturels, sociaux, économiques ou techniques. Ce choix éditorial se retrouve dans la partie encyclopédique de l’ouvrage, qui occupe le dernier tiers du premier volume et l’ensemble du second. On y trouvera un ensemble de notices allant de quelques lignes à une page entière ou plus. Elles portent sur des éditeurs, des bibliothèques et des bibliothécaires, des collectionneurs, des chercheurs, des termes techniques de l’édition ou de l’histoire du livre, des livres et projets importants, des concepts, des associations diverses en lien avec le livre. Des notices d’une grande diversité, dont l’unique point commun est de se rapporter au livre, du manuscrit au livre électronique. Une courte bibliographie accompagne parfois les notices, sans que cela soit systématique.

Un ouvrage de référence récent

Si l’idée d’un tel livre est formulée dès le milieu des années 1990, ce n’est qu’en 2004 que le projet est réellement mis en œuvre. Les deux directeurs en sont Michael F. Suarez, professeur d’histoire du livre et ancien conservateur des collections spécialisées de l’université de Virginie, et H.R. Woudhuysen, professeur d’anglais dans un university college où la bibliographie matérielle est parfaitement intégrée aux recherches textuelles et littéraires. La réussite est à la hauteur des ambitions : les deux forts volumes reliés ont fière allure, le propos (presque) toujours pertinent – on a relevé quelques erreurs, inévitables dans un ouvrage de cette ampleur – et les articles à la fois nombreux et bien informés. Excellent contrepoint au Dictionnaire encyclopédique du livre *, nul doute que l’OCB figurera parmi les usuels de toute bibliothèque… capable de dépenser les 175 £ nécessaires à son acquisition.

Une prochaine édition en ligne ?

Le résultat est donc une pleine réussite… mais fallait-il s’y prendre de la sorte ? Car ce que l’on nomme réussite est toujours relatif et prend en compte des contraintes… qui n’existent pas forcément. Publier ce beau travail sur papier revient à imposer une notice de sept lignes sur la Bibliotheca Alexandrina et des renvois entre articles qui confinent à l’inefficace expédient. On ne peut s’empêcher de penser à ce qu’aurait été ce magnifique projet s’il avait été publié en ligne ! Sans limite de longueur pour les auteurs, avec une recherche en plein texte et des liens entre articles ! Un ouvrage de référence non refermé sur lui-même, mais avec des liens vers les textes et institutions dont il est fait mention ! Avec une mise à jour permanente de la bibliographie et des ajouts permanents d’articles !

Alors cet usuel aurait pu devenir le compagnon de tous les instants de notre travail et de nos recherches. Nos étagères auraient été moins belles, mais la consultation ô combien plus efficace !

  1. (retour)↑   2 volumes publiés sous la direction de Pascal Fouché, Daniel Péchoin, Philippe Schuwer, entre 2002 et 2005, aux éditions du Cercle de la librairie. Voir critique du tome 1 dans le BBF, 2003, n° 2, p. 138-146.