Autour des mots

le plus court chemin entre la typographie et vous

par Annie Le Saux

Georges Morell

Paris : Éd. des journaux officiels, 2005. – 580 p. ; 24 cm.
ISBN 2-11-076050-8 : 20 €

« Pour mieux communiquer, utilisons les mêmes règles, employons les mêmes signes… » Sage conseil que donne cette citation en exergue, et qui résume ce à quoi devrait logiquement servir tout manuel de typographie. Et l’ouvrage de Georges Morell répond bien à cette préoccupation, mais pas seulement, car son contenu va au-delà de celui des habituels codes typographiques et s’enrichit de divers ajouts orthographiques, grammaticaux, historiques ou d’usage.

Amours, délices et orgues

Typographe de métier, l’auteur s’est intéressé tout d’abord aux règles classiques qu’il devient, à une époque où tout le monde peut devenir auteur et éditeur, utile à tout un chacun de connaître. La première moitié de l’ouvrage récapitule ainsi les règles habituellement présentes dans les ouvrages de typographie : l’emploi des majuscules, l’écriture des sigles et acronymes, les signes de correction usités, les symboles des unités de mesure, etc. En amoureux de la belle page, Georges Morell souligne l’importance des choix de police, des corps de caractères, de la majuscule ou de la minuscule, de l’italique ou du romain, de l’interlignage qui contribuent grandement à la lisibilité d’un texte, à sa compréhension sans pour autant se substituer au message lui-même.

Orthographe et règles grammaticales occupent la part la plus importante de l’ouvrage. Que l’on sache, ou plutôt que l’on ait su, que l’on hésite, que l’on ait besoin de vérifier l’orthographe, la construction, le genre de tel ou tel mot, la solution y figure et la lecture de cette partie nous aide à éviter les pléonasmes, qu’ils soient courants ou inhabituels – comme : « après le bip sonore », « les recherches actuellement en cours », « un faux prétexte », ou encore des points de suspension après etc. –, elle apporte des solutions au casse-tête du participe passé des verbes pronominaux, au non moins subtil pluriel des adjectifs de couleur, ou nous remémore les finesses de la langue française, qui donne à délices, ainsi qu’à amours et orgues, le genre féminin au pluriel.

Soleils, lunes et pieds de mouche

Autour des mots réunit ainsi en un seul volume règles, informations, conseils, remarques de toute sorte, que l’on ne trouve, en général, que dispersées dans diverses sources. Quelques pages retracent l’histoire et la chronologie de l’imprimerie, avec, à tout seigneur tout honneur, cet ouvrage étant publié par les éditions des journaux officiels, la mention du premier JO publié le 1er juin 2004 à la fois sur papier et sous forme électronique *. L’histoire de l’écriture, des chiffres – les premières « machines à compter » étaient des ossements d’animaux gravés d’encoches –, de la ponctuation – où il est question de soleils, de lunes et de pieds de mouche – et du papier y est résumée.

Quelle que soit la profession que l’on exerce, on tirera de ce manuel des indications profitables, permettant d’éviter certaines erreurs, ou du moins certains abus, comme l’emploi des capitales dont les bibliothécaires sont friands : si l’on doit en effet écrire Bibliothèque nationale, il convient de ne mettre de majuscule qu’au déterminatif quand on parle de la bibliothèque de l’Arsenal ou de la bibliothèque Mazarine ; il en va de même lorsqu’il s’agit des universités (l’université de Paris V par exemple).

On l’aura compris, cet ouvrage est une mine de renseignements, même si l’on peut lui reprocher un classement manquant de clarté. On ne comprend pas toujours la démarche de l’auteur qui a multiplié les mêmes entrées : le terme « abréviations » est par exemple expliqué et illustré en quelques lignes dans le chapitre concernant les règles typographiques, puis à la fin de la première partie, où des exemples d’abréviations se suivent sur plus de quatre pages. On peut aussi se demander pourquoi les guillemets et les crochets apparaissent indépendamment du chapitre ponctuation et pourquoi, dans le glossaire, figure le magenta, alors que le cyan, autre couleur primaire, brille par son absence.

Ces réserves peuvent être en partie levées grâce à un sommaire très détaillé et à un index qui nous orientent vers la bonne page.

  1. (retour)↑  Rappelons que la version électronique du JO a la même valeur juridique que la version imprimée.