La politique nationale du livre
un guide pour le travail sur le terrain
Alvaro Garzón
ISBN 92-3-203993-1 : 6,50 €
Alvaro Garzón, ancien chef de la section du livre et des industries culturelles à l’Unesco, a été sept ans le secrétaire général du Centre régional pour la promotion du livre en Amérique latine et dans les Caraïbes (Cerlalc), situé en Colombie. Il nous propose ce petit opuscule (73 pages) qui est une sorte de guide méthodologique pour définir, où que ce soit, une politique nationale du livre ; une sorte de kit de survie, de couteau suisse pour tout responsable perdu en forêt amazonienne, ou dans un désert hexagonal.
Cet ouvrage réussit l’exploit de proposer une méthode d’analyse des forces et faiblesses existantes, des moyens utilisables pour agir, que ce soit dans le secteur public ou privé, ainsi que des pistes de réflexion et des outils prospectifs. Tous les domaines sont passés en revue : l’auteur et ses droits, l’éditeur et ses obligations (en particulier contractuelles avec ses auteurs), la librairie indépendante, son rôle irremplaçable, le réseau des bibliothèques et des services d’archives, le dépôt légal, ainsi que les articulations entre les différents secteurs.
Chaque domaine est traité par chapitre, conclu par un résumé, ou un tableau synthétique. Un chapitre particulier traite du manuel scolaire, de sa place à la fois comme agent économique et dans l’école, pour en préconiser la gratuité avec une préférence pour le chèque lire. Quand on songe que cet ouvrage s’adresse à la fois aux responsables béninois, colombiens, ou sud-coréens, on s’aperçoit bien vite qu’il s’adresse tout naturellement aussi à certaines de nos belles régions françaises.
En lisant cet ouvrage, on a l’impression qu’il n’y a rien de plus simple qu’une politique de lecture publique. D’ailleurs, un modèle de loi type est proposé en annexe, qui a servi dans certains pays latino-américains, et qui, ma foi, ne manque pas d’allure ni d’ambition.
Néanmoins, restent deux lacunes majeures à cet ouvrage : une structurelle, et une, sans doute, conjoncturelle. La première tient à l’absence de loi sur les bibliothèques. Nous connaissons tous les débats français sur cette question, mais cet ouvrage, qui se veut une force de propositions pour la planète, passe bien vite par pertes et profits cette question. D’autre part, il n’est fait mention nulle part de l’irruption du numérique. Peut-être est-ce dû à la date de la première édition (1997), mais une révision s’imposait. S’il y a bien un secteur qui ignore les frontières, mais pas les différences d’accès à l’éducation, c’est bien celui-là.
Enfin, alors même que l’auteur recommande l’adoption d’une loi sur le prix unique du livre, l’éditeur ne mentionne pas le prix de l’ouvrage sur la quatrième de couverture, obligation faite en France, par la loi du 10 août 1981. Ce qui fait que nous pouvons raisonnablement proposer le contenu sans pour autant valider le contenant.