Biblioteche oggi, année 2005
ISSN 0392-8586
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Dans la revue italienne de bibliothéconomie Biblioteche oggi, l’année 2004 avait été celle de la documentation électronique. En 2005, les grands thèmes professionnels (management de la connaissance, édition, bibliothèques, accès aux collections et signalement) se partagent les articles à parts à peu près égales.
Management et théorie de la communication et de l’information
Dans « Les bibliothèques et le défi du marketing » (septembre 2005), Maria Stella Rasetti montre que les bibliothèques devront désormais recourir aux techniques commerciales et aux techniques du marketing. Elle considère notamment que, dans un pays densément peuplé et urbanisé, les bibliothèques se concurrencent entre elles et qu’elles sont elles-mêmes concurrencées par les accès à distance à la documentation. Les bibliothèques doivent donc faire connaître les services et les collections qu’elles proposent.
D’autres articles s’intéressent à des techniques documentaires (« Cartographie sémantique et nouveaux moteurs de recherche », Barbara Fiorentin, juin 2005) ou à des programmes internationaux (« Le système Nilde * », Silvana Mangiaracina, dir., janvier-février 2005). Dans « Les brevets et la recherche documentaire » (avril 2005), Massimo Barbieri et Giuseppe Conti montrent que la recherche documentaire tient une place centrale, qu’il s’agisse de vérifier l’existence d’un brevet, de comparer les technologies ou de retrouver les personnes qui ont déposé un brevet.
Édition
Dans « Édition et bibliothèques : contrastes et affinités » (septembre 2005), Carlo Revelli décrit les liens étroits, mais paradoxaux, qu’entretiennent les bibliothèques et le monde de l’édition. « L’édition universitaire en Italie » (avril 2005) et « Le marché des revues en sciences humaines et sociales en Italie » de Giuseppe Vitiello (janvier-février 2005) sont deux articles de fond qui donnent les principales caractéristiques du marché : comme en France, l’édition universitaire est un marché étroit, peu rentable (faibles tirages), dominé par les opérateurs publics, et financièrement concentré.
Citons aussi deux articles sur l’histoire de l’édition : « La gestion des fonds historiques des maisons d’édition » (Carlo Carotti, avril 2005) et « Les Giunti à Florence : des éditeurs au XVe siècle en Italie, en France et en Espagne » (William Pettas, avril 2005).
Bibliothèques
Contrairement à ce que l’on constatait il y a quelques années, Biblioteche oggi ne recherche plus un modèle idéal de bibliothèque à l’étranger, mais consacre à présent une place importante aux bibliothèques italiennes.
Dans les bibliothèques universitaires comme dans les bibliothèques de lecture publique, l’étude du public et de ses attentes est devenue le point central autour duquel s’articulent des discours généraux : ce sont ces questions que Carlo Revelli se pose dans « Lecture et lecteurs en bibliothèque » (avril 2005) et « Qui est le public et que veut-il ? » (novembre 2005). Cela correspond aussi à l’affirmation de Maria Stella Rasetti : « Le vrai patrimoine des bibliothèques est représenté par ses usagers » (décembre 2005). Le fait que le public soit au cœur des préoccupations des bibliothécaires et que l’élaboration de services innovants concentre l’énergie de ces derniers semble relativement nouveau en Italie : il est vrai qu’alors que la plupart des pays européens ont pris des directives générales faisant de l’usager des services publics le centre du système, il semble que cela ne soit pas encore le cas en Italie. C’est le sens de l’article de John Byrum Jr, « Recommandations pour l’amélioration urgente des Opac » (décembre 2005).
Plusieurs articles monographiques ont été consacrés cette année aux bibliothèques elles-mêmes et à leur fonctionnement. Le supplément de Biblioteche oggi consacré au livre pour enfants, Sfoglialibro, parle ainsi d’« Une bibliothèque pleine d’aventures : la Sala Borsa enfants à Bologne, trois ans après son ouverture » (Carla Ida Salviati, septembre 2005). On trouve aussi des articles sur « Tiraboschi : une bibliothèque publique pour la ville de Bergame » (Mariagrazia Locatelli, septembre 2005) et « La bibliothèque d’archéologie et d’histoire de l’art » (Amadeo Benedetti, décembre 2005). Citons aussi deux articles généraux : « Bibliothèques historiques contre humanisme et nouvelles technologies » (Roberto Marcuccio, janvier-février 2005) et « Le bâtiment, entre espace et projet » (Antonio Gonella, septembre 2005) et deux articles sur l’informatique et les réseaux : « La bibliothèque Laurentienne en réseau » (Sabina Magrini, novembre 2005) et « Le système d’information de l’université de Vérone » (Elena Boretti, novembre 2005).
Si on met de côté deux articles consacrés respectivement à Pinin Carpi (avril 2005) et à Jules Verne (septembre 2005), le supplément Sfoglialibro a consacré cette année un grand nombre d’articles à des problèmes spécifiques aux bibliothèques pour la jeunesse (« Jouer avec la littérature en bibliothèque », Linda de Vos, septembre 2005). « Les adolescents et les services de bibliothèque » (Elena Corradini, septembre 2005) est une vaste enquête qui étudie l’utilisation que les adolescents font des bibliothèques publiques : on remarque la facilité avec laquelle ils utilisent les outils informatiques, leur désintérêt pour les animations, leur orientation vers une lecture utilitaire. Citons aussi « Les bibliothèques de jeunesse en Nouvelle-Zélande » (Bill Nagelkerke, septembre 2005) ou « Quand la bibliothèque et l’école s’allient » (Viller Masoni, décembre 2005).
Collections et signalement
Biblioteche oggi consacre chaque année un grand nombre d’articles à la description et au traitement du patrimoine des bibliothèques italiennes : un numéro spécial, en décembre 2005, traite de la conservation et du désherbage, un article de Maria Luisa Russo, de la manière d’« Exposer les livres » (janvier-février 2005). Deux articles s’intéressent à des bibliothèques patrimoniales particulières : « Selon le bon vouloir de Marie-Thérèse et des Milanais » (Franca Alloatti, janvier-février 2005) et « Les bibliothèques du musée d’histoire naturelle de Milan » (Amadeo Benedetti, juin 2005). Citons enfin « Livre et lecture au XIIe siècle » (Antonino Sambataro, mai 2005), un article de synthèse sur l’état des connaissances sur les livres et leur circulation au XIIe siècle.
En 2005, on remarque des articles de fond sur les questions actuelles d’indexation et de catalogage, comme « Terminologie contrôlée : des travaux en cours » (Paola Capitani, juin 2005) ou « Web sémantique et ontologies » (Daniela Canalli, juin 2005), ou encore « Perspectives et problèmes du catalogage des ressources électroniques » de Matteo Barucci (novembre 2005). Dans « Les sources de la recherche biographique » (septembre 2005), Brunella Longo montre que la recherche biographique a été largement modifiée par les moyens de recherche accessibles par Internet : les bases de données généalogiques ou prosopographiques offrent désormais un accès aisé à des informations jadis éparses et peu accessibles.
La documentation électronique donne lieu à quelques articles de fond : « Le projet Paradigma : le dépôt légal des ressources électroniques en Norvège » (Carol Van Nuys, dir., janvier-février 2005), « Des aspects de la conservation numérique » (Fabrizio Bevilacqua, avril 2005), « Les métadonnées administratives » (Anna Maria Tammaro, juin 2005). Mais c’est surtout la question de l’accès ouvert aux ressources électroniques qui domine le débat : citons notamment « L’open access et les consortiums » (Annalisa Corno, Paola Galimberti, novembre 2005), « L’open access dans les collèges italiens » (Simone Sacchi, mai 2005) et « L’accès ouvert à la littérature de recherche » (Sandra Toniolo, janvier-février 2005).
Biblioteche oggi offre donc en 2005 un visage plus équilibré qu’en 2004. L’accès à la documentation électronique est à présent devenu une évidence pour les bibliothécaires italiens : l’an passé, le déséquilibre que l’on pouvait constater était donc en trompe-l’œil. Notons en revanche que la question de l’accès aux ressources et celle, corollaire, des services dominent le débat bibliothéconomique : conscientes de leur richesse documentaire, les bibliothèques italiennes souhaitent à présent améliorer la qualité de l’accueil de leurs usagers.