La formation des usagers en bibliothèques publiques

Quels outils ? Pour quels apprentissages ?

Angélique Bellec

Élisabeth Peyré

La salle était comble le 24 mars, au Salon du livre, pour suivre la table ronde organisée par l’Enssib et animée par Sylvie Chevillotte de Formist, à la fois service et site proposant des ressources pédagogiques sur la recherche d’information. Après trois ans d’existence dédiée aux bibliothèques de l’enseignement supérieur, Formist s’interroge sur les besoins des bibliothèques publiques. Un travail de recherche est d’ailleurs mené à ce sujet par des élèves de l’Enssib.

Quelles sont les formations proposées aujourd’hui au public ?

Jean-François Jacques de la médiathèque d’Issy-les-Moulineaux s’appuie sur la charte du Conseil supérieur des bibliothèques et sur le Manifeste de l’Unesco pour proposer différents types de formation au public. Sa médiathèque ouvre en 1994 et offre un espace d’autoformation : un laboratoire de langues sur le modèle de la BPI, avec pour objectif de conquérir le public adulte, qu’il soit au travail ou sans emploi ; puis à la suite de la suspension de l’activité d’enseignement de l’anglais par une association, la ville confie cette mission à la bibliothèque. Les locaux sont mis à disposition de partenaires extérieurs qui utilisent l’équipement comme offre de formation et d’alphabétisation avec un retour sur les collections. La médiathèque assure également des ateliers de premiers contacts avec l’informatique (curriculum vitae, messagerie, recherche d’emploi), des conférences organisées tout au long de l’année (cours d’histoire de l’art assurés par des conférenciers de la Réunion des musées nationaux, formation des personnels de crèche…).

À Vénissieux, la bibliothèque propose deux salles dédiées à l’informatique, l’une réservée au multimédia et l’autre à la bureautique. Mamadou Seik, responsable du secteur multimédia, distingue l’initiation (simple savoir-faire) de la formation (savoir programmé par étapes). La bibliothèque, fréquentée surtout par des jeunes, ne dispense pour l’instant que de l’assistance technique. M. Seik prévoit d’organiser des ateliers de bureautique ou de recherche sur Internet sans délaisser les axes classiques de formation à la topographie de la bibliothèque, à la classification, à la présentation de l’Opac et à son interrogation. Des animations en liaison avec la ville et différents partenaires (fête de l’Internet, mission locale, ANPE [Agence nationale pour l’emploi]) sont également envisagées.

Marielle de Miribel 1, responsable de formation à Médiadix, s’est d’abord attachée à concevoir une offre pour les dépositaires de bibliothèques départementales de prêt, puis a répondu aux demandes formulées par les services communs de la documentation des universités confrontés à l’échec scolaire et au besoin de formation à la recherche documentaire. Désormais une demande émerge des bibliothèques municipales : la réponse est plus délicate, car le public est moins captif.

La salle s’interroge sur la formation à l’usage de la bibliothèque et de l’opac. À la BnF, si les formations à Internet restent très suivies, les ateliers de présentation de l’opac sont peu fréquentés, en dépit d’un manque réel de maîtrise de l’outil. À Vénissieux, les professionnels restent disponibles lors des interrogations pour expliquer le catalogue.

Comment organiser ces formations ?

M. de Miribel insiste sur la spécificité de la formation pour adultes. L’erreur est de reproduire le schéma d’apprentissage connu à l’école. La démarche doit être utile : il faut solliciter l’activité des participants en préférant l’échange à la transmission d’un bloc de savoir. D’où la nécessité d’une formation des formateurs par le biais de stages de comportement.

S’ensuit un débat sur la place et le rôle du bibliothécaire qui reste un agent au service d’une collectivité. Il est annoncé que l’ABF (Association des bibliothécaires français) adopte un code de déontologie qui inclut la formation dans ses missions. La médiation a toujours été pratiquée, les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) posent le problème de la formation. Jean-François Jacques conclut : « Le livre, c’est le visible, le numérique, l’invisible : il faut rendre l’invisible visible. »

  1. (retour)↑  Coauteur, avec Françoise Hecquard, d’un livre à paraître au Cercle de la librairie : Devenir bibliothécaire formateur.