Comment s'informer sur le livre de jeunesse

Revues et centres de ressources

Nic Diament

La quasi-totalité des revues critiques sur la littérature de jeunesse s'adressent aux professionnels : bibliothécaires, enseignants, animateurs, etc. Véritables outils d'aide aux acquisitions, elles partagent leur surface rédactionnelle entre critiques de nouveautés et articles thématiques. Les centres de ressources possèdent des collections tantôt exhaustives, tantôt sélectionnées. Certains d'entre eux ont des fonds anciens. Les personnels travaillant dans ces centres mènent des actions de promotion de la littérature de jeunesse et de formation en direction des professionnels.

Almost all critical journals for children's literature address the professional: librarians, teachers, event organizers, etc. Real tools to aid in acquisitions, they share their pages between critiques of new works and thematic articles. The resource centres possess collections, sometimes exhaustive sometimes selective. Certain among them have historic holdings. The personnel working in these centres manage the promotion of children's literature and the training of professionals in this area

Fast alle kritischen Zeitschriften über Jugendliteratur richten sich an den Fachmann: Bibliothekare, Lehrer, Moniteure, usw. Als regelrechte Hilfswerkzeuge zum Bücherkauf, teilt sich ihr redaktionneller Inhalt auf zwischen Besprechungen von Neuerscheinungen und thematischen Artikeln. Die Quellenzentren besetzen teils volständige, teils ausgewählte Bestände. Manche haben alte Bestände. Das Personal, das in diesen Zentren tätig ist, führt Aktionen durch, zur Förderung von Jugendliteratur und zur Weiterbildung des Fachpersonals.

La littérature enfantine est la grande absente des émissions littéraires de la télévision et, d’une manière plus générale, de la critique littéraire prestigieuse. Les quelques émissions de radio consacrées au genre restent relativement confidentielles.

Cependant, les choses évoluent lentement et le grand public qui veut s’informer aujourd’hui sur le livre pour la jeunesse peut trouver sa pâture dans son quotidien favori. Depuis quelques années, Le Monde, avec une page mensuelle du Monde des livres, sous la plume de Florence Noiville et Libération, grâce à la collaboration régulière d’Anne Diatkine, consacrent régulièrement des articles à l’analyse et à la critique de ce secteur éditorial.

Chaque année, au moment des fêtes de fin d’année, la plupart des magazines proposent à leurs lecteurs une sélection de Noël qui permet d’inclure dans les cadeaux de ces chers petits un ou deux ouvrages préalablement sélectionnés. Ces sélections portent la plupart du temps sur les dernières nouveautés et donnent parfois l’impression d’avoir été composées au hasard des derniers services de presse arrivés en salle de rédaction.

L’intérêt des jeunes parents, souvent urbains et cultivés, semble toutefois durablement éveillé pour ce domaine de l’édition et une revue critique, Citrouille, publiée par une association de libraires, leur est directement destinée.

Revues spécialisées

Cependant, c’est aux professionnels que s’adresse la grande majorité des revues « dédiées » à la critique et à l’analyse des livres pour enfants 1 : bibliothécaires, documentalistes, libraires, enseignants, animateurs, personnel de la petite enfance…

La plupart d’entre elles sont nées dans les années 60-70, ce qui correspond aux années de développement des sections enfantines, avec, conséquence logique, l’augmentation des formations des bibliothécaires pour la jeunesse, au nouvel essor de l’édition, et, un petit peu plus tard, à l’irruption de la littérature enfantine à l’école avec la naissance et la multiplication des BCD (bibliothèques centres documentaires), au début des années 80.

La Revue des livres pour enfants démarre sous le nom de Bulletin d’analyses de livres pour enfants en 1965, suivant de près Livre service jeunesse (aujourd’hui disparu) qui publie son premier numéro en 1963. Livres jeunes aujourd’hui se sépare en 1970 des Notes bibliographiques pour devenir autonome. Nous voulons lire commence en 1972. Trousse livres, créé initialement en 1976 par la Ligue de l’enseignement, est repris par certains collaborateurs en 1986 sous le nom de Griffon. Une revue plus spécialisée dans la lecture et la littérature pour adolescents, Lecture-Jeunesse, qui s’appelle depuis 1992 Lecture jeune, commence en juin 1977. Enfin, certaines revues consacrées aux documentaires voient le jour au début des années 80, profitant de l’intérêt suscité par l’ouverture de la Cité des sciences et de l’industrie : Lire pour comprendre et le Rayon vert (qui n’existe plus).

La plupart de ces revues sont issues du milieu associatif, même si La Joie par les livres, qui publie La Revue des livres pour enfants est rattachée à l’État en 1972 : elles témoignent toutes d’un esprit militant et résolument indépendant. Elles s’efforcent de promouvoir une littérature enfantine de qualité et n’hésitent pas à mettre en valeur certains titres ou éditeurs marginaux. Elles ont pour vocation essentielle d’être les outils de travail des professionnels, leur présentation austère – du moins dans leur conception première – en témoigne.

Des outils de travail

Toutes diffusées par abonnement, même si on en trouve des numéros dans certaines librairies spécialisées, elles sont pour la plupart d’entre elles généralistes (sauf Lecture jeune, spécialisée en lecture adolescente et analysant à la fois la production pour la jeunesse et pour les adultes, Lire pour comprendre sur le documentaire et Takam tikou, publication du secteur interculturel de La Joie par les livres, qui ana- lyse la production francophone d’Afrique noire).

Les revues, à la notable exception de celles du CRILJ (Centre de recherche et d’information sur la littérature pour la jeunesse), qui ne propose aucune rubrique de critique de nouveautés, partagent leur surface rédactionnelle entre l’analyse et la critique des nouveautés d’une part et des articles de fonds d’autre part.

Par les analyses d’ouvrages, elles fournissent un complément au travail de lecture des documentalistes ou bibliothécaires pour la jeunesse, qui, traditionnellement et contrairement à leurs collègues des sections adultes, s’appuient sur les discussions des comités de lecture. Leur but est avant tout de fournir une aide directe aux acquisitions : les fameuses fiches de La Revue des livres pour enfants qui sélectionnaient les happy few allaient encore plus loin dans le service aux lecteurs, puisqu’elles pouvaient être immédiatement intégrées au fichier de la bibliothèque et économiser la rédaction de la fiche catalographique, celle du résumé pour le lecteur et de la critique argumentée au dos.

Dans certaines revues, les critiques sont systématiquement signées, dans d’autres non. Mais, dans tous les cas, les critiques de livres pour enfants sont obligé(e)s à cette gymnastique particulière qui est de tenir compte à la fois de l’adulte qui va lire la critique et de l’enfant susceptible de lire le livre critiqué. La critique de livres pour la jeunesse s’efforce dans ces revues de dégager rapidement pour le professionnel l’intérêt de l’ouvrage analysé (et donc de déterminer si l’achat en est justifié) en mettant en valeur son originalité par rapport à un corpus plus général et bien connu. Au cours des années, la critique de livres pour la jeunesse s’est globalement améliorée, évitant désormais par exemple de raconter l’histoire ou de développer des jugements de valeur plus moraux qu’esthétiques.

Dans l’ensemble des revues, les articles de fond se partagent entre une meilleure connaissance des créateurs, par le biais d’interviews d’auteurs ou d’illustrateurs notamment, et des dossiers thématiques, permettant de faire le point sur un sujet. Ils sont assez souvent accompagnés de bibliographies. Enfin, les revues restent aussi des lieux d’expression, d’échanges et de comptes rendus d’expériences.

Il y a bien sûr des différences entre les grandes options idéologiques qui animent les revues. Si La Revue des livres pour enfants peut revendiquer une certaine « laïcité » due à son appartenance institutionnelle, ce n’est pas le cas de Livres jeunes aujourd’hui, publié par Culture et bibliothèques pour tous, mouvement d’origine catholique dont l’influence peut parfois être perçue. La personnalité de certains fondateurs de revues (Yves Pinguilly pour Griffon, Denise Dupont-Escarpit pour Nous voulons lire) en a durablement marqué la teneur. D’autres revues semblent privilégier une expression beaucoup plus collective, comme par exemple Lecture jeune ou Lire pour comprendre.

Il faut ranger à part les revues qui s’adressent spécifiquement au monde enseignant, comme Lire au collège, Argos, Inter BCD ou Inter CDI : si les deux premières comportent des articles de fond (notamment Argos qui propose des dossiers très denses sur Internet à l’école ou sur la presse pour la jeunesse par exemple) qui peuvent intéresser d’autres lecteurs, Inter BCD et Inter CDI, malgré le grand nombre d’ouvrages analysés par numéro, ne retiendront que le public captif des documentalistes scolaires.

Enfin, contrairement aux pays anglo-saxons, il n’existe pas en France de revues de type universitaire, si l’on excepte Les Cahiers Robinson, créés en 1997, animés par Francis Marcoin et publiés au sein de l’université d’Artois. La littérature enfantine n’existe pas en tant que discipline d’enseignement universitaire ou de recherche, même si certains chercheurs, de plus en plus nombreux, se sont spécialisés dans ce champ particulier : Jean Perrot, Isabelle Nières-Chevrel, Francis Marcoin, Jean Glénisson, Ségolène Le Men, Catherine Velay-Vallantin, entre autres. Cette recherche ne peut être prise en compte que de façon transversale, au sein de disciplines comme la littérature comparée ou les sciences de l’éducation. Et les publications qui en découlent font l’objet d’actes de colloques, de publications séparées ou d’articles dans une presse plus généraliste.

Les centres de ressources

Les chercheurs de ce domaine se plaignent amèrement du manque de sources repérées et isolées : un colloque tenu il y a quelques années à l’initiative de l’Heure Joyeuse en témoigne 2. Il existe cependant des fonds anciens riches en matière de littérature enfantine : à Paris, les fonds de l’Heure Joyeuse et de la bibliothèque de l’INRP (Institut national de la recherche pédagogique), et, en province, ceux du fonds Bermond-Boquié à Nantes et ceux du relais littérature jeunesse de Metz.

Si l’on excepte ces fonds spécialisés et celui du Centre national de la bande dessinée et de l’image à Angoulême, les centres de ressources en matière de livres pour la jeunesse, même s’ils sont de statuts et de tailles tout à fait hétérogènes, présentent des caractéristiques communes.

Animés la plupart du temps par des gens passionnés qui ne ménagent ni leur temps ni leur énergie, ils assurent quasi systématiquement des actions de promotion et surtout de formation auprès des médiateurs. L’importance prise par ces activités pédagogiques a évidemment crû depuis la disparition en 1991 du CAFB et de son option jeunesse. Les diplômes d’université mis en place dans certains centres régionaux de formation (Médiadix, Médiat) ne suffisent pas à répondre à cette énorme demande de formation continue, prise en charge bon gré mal gré par les personnels de ces centres de ressources qui, soit à titre personnel, soit dans le cadre du centre même, organisent stages, journées d’étude, etc.

Beaucoup de ces organismes sont à l’origine issus de la documentation rassemblée autour de la naissance d’une revue (le plus riche de tous est le Centre national du livre pour enfants de La Joie par les livres). Qu’il s’agisse d’une véritable revue ou simplement de bibliographies thématiques ou de listes de nouveautés, rares sont les centres qui n’ont aucune activité de publication.

La plupart d’entre eux reçoivent du public, tantôt sur rendez-vous, tantôt avec de larges heures d’ouverture, en fonction de leurs moyens : chercheurs, curieux ou professionnels ont ainsi à leur disposition des fonds composés d’ouvrages sélectionnés pour leur qualité, ou présentant un panorama presque complet de l’édition.

Il est bien évident qu’établir une liste exhaustive des centres de ressources est impossible, et on a volontairement omis dans cet article de signaler toutes les richesses possédées ici ou là par les bibliothèques départementales de prêt, les instituts universitaires de formation des maîtres, les centres départementaux de documentation pédagogique ou d’autres organismes…

La liste qui suit actualise et complète celle qui a paru dans le Bulletin d’informations de l’Association des bibliothécaires français sous la plume de Claudine Belayche fin 1997 3. Suivent les revues qui ne dépendent d’aucun centre de ressources.

Février 1999

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Les centres de ressources sur le livre pour enfants 1/10

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Les centres de ressources sur le livre pour enfants 2/10

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Les centres de ressources sur le livre pour enfants 3/10

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Les centres de ressources sur le livre pour enfants 4/10

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Les centres de ressources sur le livre pour enfants 5/10

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Les centres de ressources sur le livre pour enfants 6/10

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Les centres de ressources sur le livre pour enfants 7/10

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Les centres de ressources sur le livre pour enfants 8/10

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Les centres de ressources sur le livre pour enfants 9/10

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Les centres de ressources sur le livre pour enfants 10/10

  1. (retour)↑  Cf. le remarquable article de Caroline Rives : « Les Revues critiques de littérature de jeunesse comme médiateurs », Pratiques, n° 88, décembre 1995.
  2. (retour)↑  Cf. Le livre pour la jeunesse, un patrimoine pour l’avenir / Actes des rencontres professionnelles organisées par la bibliothèque l’Heure Joyeuse, les 14 et 15 novembre 1994 ; suivi d’un Répertoire des fonds de conservation de livres pour la jeunesse en France et en Belgique, Paris, Agence culturelle de Paris, 1997, 125 p.
  3. (retour)↑  Cf. « Quelques organismes spécialisés dans la documentation et l’étude de la littérature de jeunesse en France », Bulletin d’informations de l’Association des bibliothécaires français, n° 177, 4e trimestre 1997.