Images documentaires

par Françoise Moreau

Ken Loach

n° 26/27, 1er et 2e trim. 1997. Paris : Association Images documentaires. - 128 p. ; 21 cm. ISSN 1146-1756. 90 F

La revue Images documentaires, publiée par l'association du même nom et la Direction du livre et de la lecture (DLL), avec le concours de la Société civile des auteurs multimédias (SCAM), a repris sa publication après une suspension de sept mois.

Début 1996, la DLL informait l'association qu'elle n'attribuerait plus de subvention pour l'édition d'une revue de fonds sur le cinéma documentaire. Le comité de rédaction de la revue et l'association « Images en bibliothèques » étant convaincus de l'utilité d'une telle revue, une nouvelle association, « Images documentaires », a été créée. En ce début d'année 1997, la revue a donc repris sa parution, la scam maintenant son soutien et la diffusion étant assurée par Dif'Pop 1.

A première vue, la revue n'a pas subi de changement : elle offre la même présentation et le comité de rédaction ainsi que sa directrice, Catherine Blangonnet, restent inchangés. Les objectifs demeurent : l'analyse du cinéma documentaire, ce qui en fait sa spécificité, sa singularité, la créativité de ses auteurs. Elle a ainsi travaillé sur des thèmes questionnant la spécificité du cinéma documentaire, tels le montage, le cinéma direct, la parole filmée. Elle a réalisé des dossiers sur deux réalisateurs importants : Chris. Marker et Marcel Ophuls.

Ken Loach documentariste

Dans ce numéro double, nous retrouvons un dossier composé d'un ensemble d'articles de fonds qui occupe une bonne moitié des pages disponibles. Le choix de Ken Loach pour cette livraison peut paraître paradoxal. Ce réalisateur britannique est en effet connu pour son oeuvre de fiction : Kes, Family Life, Raining Stones, Land and Freedom…

Ce que le public connaît moins, c'est son oeuvre documentaire réalisée pour la télévision (avec parfois quelques problèmes de censure), et qui constitue la première analyse documentaire de Loach sur l'impact du thatcherisme sur les syndicats, à partir des années 80.

Ce qui intéresse les rédacteurs de la revue dans l'analyse de l'oeuvre de Loach, c'est bien la question du rapport fiction/documentaire, question par ailleurs largement débattue, parfois galvaudée, dans les rencontres et festivals spécialisés, mais qui est ici mise à l'épreuve de l'étude concrète des films de Ken Loach à travers les approches successives des différents articles, tels ceux de Philippe Pilard ou de Laurent Roth : la parfaite connaissance qu'a le cinéaste des milieux ouvriers, des problèmes sociaux, forment un solide matériau crédible et une dimension profondément humaine à ses oeuvres de fiction, telles Ladybird ou Riff Raff.

Un outil critique et analytique

Ce dossier très complet sur Ken Loach remplit bien les missions que s'est données la revue : être un outil critique et analytique du cinéma documentaire à travers ses formes, ses auteurs, ses questions éthiques ou économiques. Cependant le public auquel elle s'adresse s'est modifié : devenue indépendante de la Direction du livre et de la lecture, elle a abandonné les rubriques pratiques destinées directement aux professionnels bibliothécaires chargés des fonds audiovisuels.

La rubrique Films, auparavant sélection de films destinées aux bibliothèques pour leurs acquisitions, devient une sélection de films choisis de façon subjective par l'équipe de rédaction parmi la production récente, en particulier les films documentaires sortis en salle ou faisant l'objet d'une édition vidéographique, des films donc visibles par tout un chacun.

La deuxième rubrique pratique destinée aux bibliothécaires, Les notes de lectures, critiques de livres et de revues spécifiques, disparaît elle aussi au profit de Parti pris, où sont publiés des textes inédits de réalisateurs, de critiques, sur des questions, des réflexions, autour de la réalisation d'un film, du rapport documentaire et télévision, etc.

Depuis le premier numéro de la revue en 1990, l'évolution est à présent bien sensible : publication au départ destinée au bibliothécaires, outil pratique pour les aider dans leurs acquisitions et la gestion de leurs services audiovisuels, Images documentaires a souhaité élargir son public en changeant radicalement la forme et le fonds : plus d'articles signés par les bibliothécaires, mais constitution d'un comité de rédaction permanent.

L'effort pour élargir sa diffusion place aujourd'hui la revue dans le domaine des publications de référence, spécialisée dans le cinéma documentaire, et destinée non plus au seul public des bibliothécaires, mais à tout esprit curieux et amateur, passionné de cinéma documentaire. Ce créneau est encore peu occupé par les revues de cinéma et l'on appréciera l'opiniâtreté de l'équipe de rédaction pour maintenir ce type de revue, en redisant bien sûr qu'elle reste indispensable à tout bibliothécaire chargé des fonds audiovisuels d'une bibliothèque publique ou spécialisée.

  1. (retour)↑  Dif'Pop, 21 ter rue Voltaire, 75011 Paris, tél. 01 40 24 21 31, fax 01 43 72 15 77, abonnement pour un an (quatre numéros) : 280 F.