Bibliothèques municipales
données 1992
L’objectif de cette publication 1, qui doit permettre d’apprécier l’évolution globale de la situation des bibliothèques municipales en France afin de dégager de grandes tendances, est parfaitement atteint, d’autant plus qu’il s’agit désormais d’une publication annuelle, très largement homogène dans sa présentation, même si quelques variantes et améliorations diverses interviennent d’une année sur l’autre. C’est un document maniable, où des données statistiques complexes sont présentées de façon parfaitement lisible. Constatons qu’un nombre croissant de bibliothèques répond à l’enquête de la Direction du livre et de la lecture, ce qui permet ainsi de présenter les résultats globaux de 1 968 bibliothèques municipales. Notre propos ici consistera surtout, sur la forme, à signaler quelques évolutions dans les présentations de ces données chiffrées d’une année sur l’autre, et, sur le fond, à attirer l’attention sur les variations observées de certains indicateurs. En effet, si certaines grandes tendances se dégagent des tableaux récapitulatifs publiés dans le dernier chapitre intitulé « Evolution 1980-1992 », d’autres éléments, observés d’une année sur l’autre, ne relèvent pour l’instant que de variations annuelles ; il conviendra de les observer sur plusieurs années avant de pouvoir en tirer des conclusions. Cela dit, l’analyse statistique n’est pas destinée à faire l’objet d’une observation passive, mais doit nous donner des éléments pour agir de façon dynamique sur la réalité des bibliothèques municipales.
Les personnels
Concernant les personnels, on sera intrigué de constater, de 1991 à 1992, la mystérieuse disparition d’un certain nombre de conservateurs et de bibliothécaires : 8 conservateurs d’État (postes vacants ?), 57 conservateurs territoriaux, 96 bibliothécaires, soit au total 161 postes de catégorie A en moins ! La comparaison pour les postes de catégorie B n’est pas possible, car si les Données 1992 précisent bien le nombre d’assistants et d’assistants qualifiés en fonction, ce n’était pas le cas pour les données 1991. Espérons que la mise en place des concours de recrutement de la filière culturelle permettra d’observer un renversement de tendance sur 1993, 1994 et 1995. On observe en contrepartie une augmentation sensible du nombre de contractuels (+ 155) et de CES (contrats emploi-solidarité + 144), ce qui permet peut-être une très légère augmentation du nombre d’heures d’ouverture au public. Les contractuels et les CES représentent ainsi 1 835 personnes sur 14 143 emplois, soit près de 13 % des personnes employées en bibliothèque (et un peu moins d’équivalents plein temps sans doute).
Les acquisitions
Pour ce qui est des acquisitions à titre onéreux, le nombre de documents sonores connaît en 1992 une baisse significative par rapport à 1991 : près de 17 % en moins alors que le nombre de cassettes vidéo suit une progression importante : 23 % en plus... Cela tient sans doute à des variations dans l’échantillon de bibliothèques représentées, ainsi qu’au fait que l’expansion de la vidéo, plus récente, est plus sensible. Par ailleurs, la moindre progression des acquisitions concernant les documents sonores aurait-elle son origine dans l’inaltérabilité théorique du disque compact ? On peut en douter, car la demande du public est immense et le seuil de saturation loin d’être atteint comme l’attestent les statistiques de prêt.
Emprunts et consultation sur place
Enfin, on constate entre 1991 et 1992 une baisse assez significative du nombre de lecteurs inscrits. La consultation sur place semble gagner sur l’emprunt, mais ces deux activités ne sont nullement incompatibles et devraient même se renforcer. C’est d’ailleurs ce qui se passe en réalité puisque le nombre de prêts, tous documents confondus, augmente sensiblement. La baisse du nombre de lecteurs inscrits est-elle liée à une augmentation des droits d’inscription ? Il n’y a pas ici d’éléments suffisants pour l’affirmer, d’autant plus que le montant moyen des droits d’inscription n’était pas fourni dans les données 1991. Récemment, dans une étude sur la tarification dans les bibliothèques, Gilles Gudin de Vallerin faisait état des nombreux aménagements apportés aux systèmes de tarification, assurant même la gratuité à certaines catégories défavorisées de la population 2. De fait, on constate sur le terrain que les cartes d’inscription, le plus souvent individuelles sur le plan réglementaire, font de plus en plus l’objet d’un usage collectif au sein des couples et des familles. La baisse du nombre de lecteurs inscrits est donc à considérer avec prudence, surtout si elle s’accompagne d’une augmentation du nombre de documents empruntés. Quant à tenir compte de la pratique de la consultation sur place dans des espaces de libre accès dans les statistiques, comme le souhaite Livres Hebdo, il est à craindre que cela ne relève de pratiques de surveillance que la déontologie réprouve 3.
Nouvelles données
Dans les données 1992, on constate l’adjonction de nouvelles informations concernant notamment les personnels (formations suivies), les collections de documents (éliminations), le prêt, tous documents confondus, et le prêt aux collectivités.
Un chapitre qui ne figurait pas en 1991 a été ajouté, concernant les budgets, avec la répartition des dépenses d’investissement pour les communes de différentes tailles, ainsi qu’une synthèse rapide sur les dépenses de fonctionnement et les recettes.
La rubrique concernant les droits d’inscription ne concerne plus en 1992 que les seules bibliothèques municipales percevant (et indiquant) leurs droits d’inscription alors qu’en 1991, les seules données fournies à ce sujet portaient sur les bibliothèques municipales « gratuites ». Il sera sans doute utile à l’avenir de produire les deux tableaux à moins que l’on ne veuille considérer la gratuité comme une anomalie en voie de disparition.
A été aussi ajouté un chapitre portant sur « les valeurs maximales », qui complète utilement celui de « quelques profils moyens ». En effet, une politique de lecture publique ne peut reposer sur une comparaison avec des valeurs moyennes où les données de bibliothèques peu dotées viennent peser sur les performances de celles pour lesquelles la collectivité consent davantage d’efforts. De plus, dès lors que ces valeurs moyennes sont dépassées, le risque est grand pour certains décideurs de considérer que l’on en fait bien assez pour la bibliothèque. La publication de ces valeurs maximales est extrêmement positive et jouera, espérons-le, un rôle incitatif.