Chronique des bibliothèques

Bibliothèques municipales

Ajaccio (Corse).

Exposition « L'histoire du livre à la bibliothèque d'Ajaccio ». - L'exposition « l'histoire du livre à la bibliothèque d'Ajaccio, création des Bonaparte » a été inaugurée le 15 août 1969 par M. Georges Pompidou, Président de la République, en présence de huit ministres, dont le ministre de l'Éducation nationale, de nombreux parlementaires, du maire d'Ajaccio et de diverses personnalités.

Le sentiment général fut l'étonnement devant la richesse du fonds et la beauté du cadre. Dans les vitrines, étaient exposées les pièces maîtresses de l'histoire du livre, depuis les incunables jusqu'au siècle dernier, des livres ayant appartenu à Napoléon Ier et aux membres de sa famille, ainsi que les grands ouvrages édités ou entrepris sous le premier empire, tels la Description de l'Égypte, le Sacre de Napoléon, avec les gravures d'après Isabey, ainsi que les ouvrages les plus rares et les plus précieux concernant la Corse.

Le Cannet (Alpes-Maritimes)

Ouverture de deux nouvelles salles. - Deux nouvelles salles de la Bibliothèque municipale du Cannet ont été ouvertes récemment au public. L'une comprend les ouvrages concernant la philosophie, la religion, les sciences; l'autre est exclusivement réservée aux enfants. Les aménagements ont été effectués en rénovant ingénieusement d'anciens appartements du 3e étage de l'Hôtel de ville. L'ensemble des salles est ainsi porté de quatre à six et un ascenseur vient d'être installé pour faciliter l'accès du public. Le style échappe au type classique et assure un caractère ntime à la bibliothèque qui a reçu le meilleur accueil des nombreux abonnés.

Saint-Dié (Vosges).

Activités culturelles de juillet 1968 à août 1969. - Attentive à jouer un rôle d'éducation permanente la Bibliothèque municipale de Saint-Dié a proposé au public, de juillet 1968 à août 1969 1, neuf expositions temporaires et une exposition semi-permanente :
- En juillet et août 1968, les Déodatiens amoureux de leur bibliothèque et de très nombreux touristes purent voir ou revoir l'exposition Visages du livre, du XIIe au XVIIIe siècle, qui, l'année précédente, avait remporté un vif succès.
- En octobre, c'était l'exposition Villon et son temps, la vie au XVe siècle 2, accompagnée d'un montage audio-visuel.
- Archéologie gauloise et gallo-romaine de la montagne vosgienne. - Du 8 au 24 novembre 1968, les salles d'exposition ont accueilli, présentées en commun par les membres de la Société savante et ceux de la bibliothèque, les plus belles pièces découvertes sur la montagne de la Bure (commune de Saint-Dié) depuis quatre ans, ainsi que les objets sortis des fouilles d'Etival, Raon-l'Etape, Bruyères. Des cartes, des tableaux chronologiques, des photographies de site dégagés aidaient à la compréhension de l'histoire antique de la région évoquée par des statues de pierre, des stèles funéraires, des poteries, des monnaies trouvées dans les fouilles ou tirées de la collection de numismatique de la bibliothèque. Le prêt de quelques pièces d'armement gaulois en état de conservation exceptionnel, consenti par le musée archéologique de Nancy augmentait l'intérêt de cette exposition qui a reçu plus de 3000 visiteurs guidés par un commentaire enregistré sur bande magnétique.
- L'archéologie cédait la place, du 3 au 21 décembre, à une très attachante exposition de Dessins d'enfants réalisée par le club des jeunes de la bibliothèque municipale.
- Le même club, aidé par un spécialiste déodatien, retraçait « l'histoire de la bande dessinée à partir de collections particulières et des documents conservés à la bibliothèque municipale. La présentation, d'un caractère spectaculaire grâce à des agrandissements géants, posait le problème de la vogue que connaît actuellement ce type de littérature imagée en un montage audio-visuel réalisé par les adolescents eux-mêmes, suivi d'une discussion. Cette exposition demeura en place du 27 décembre au 9 janvier 1969.
- Du 22 mars au 29 mars 1969, la bibliothèque accueillait une exposition des Ateliers culturels de Nancy, groupement corporatif de jeunes peintres et sculpteurs de l'Est de la France; puis en mai, du 19 au 24, un artiste peintre de l'arrondissement, Jacques Pierre. L'Atelier Jeune Peinture du lycée de Saint-Dié accrochait à son tour à la cimaise ses toiles et ses dessins, du 26 au 3 1 mai 1969.
- Panorama du livre du XIIe au XVIIIe siècle. La salle du Trésor, contiguë à la salle d'exposition offrait, de février à juin 1969, en présentation semi-permanente 54 pièces choisies parmi les plus rares et les plus significatives, constituant un panorama du livre du XIIe au XVIIIe siècle, considéré essentiellement sous l'angle de la technique, du support, de la typographie, de la reliure et des procédés d'illustration. Chaque visiteur avait en main les notices descriptives des documents exposés discrètement numérotés en vitrine.
- Napoléon et les Français de son temps. La ville de Saint-Dié qui célèbre en 1969 le treizième centenaire de sa fondation, ne pouvait manquer de se pencher en cette année du bicentenaire de la naissance de Napoléon Bonaparte, sur cette période de son histoire. Il aurait été vain de vouloir présenter un panorama complet civil et militaire de la France ou même simplement de Saint-Dié durant cette période. Cependant, la réunion des documents conservés chez des collectionneurs particuliers et dans les réserves de la bibliothèque et du musée de la ville a permis, avec le concours des archives départementales des Vosges, de retracer quelques aspects de la vie sous l'Empire, vie marquée fortement par des préoccupations militaires. Ce fait n'est pas surprenant si l'on songe qu'un homme sur deux a porté l'uniforme au cours de ces vingt années, et qu'un sur trois n'est pas revenu des longues guerres.

Les organisateurs de cette exposition n'ont voulu retenir que des documents de premier ordre : une lettre autographe et trois lettres signées de l'Empereur; une lettre signée de Joséphine et d'Eugène Bonaparte; des autographes de tous les maréchaux de l'Empire, de nombreux maréchaux de camp et de généraux; des brevets militaires, des documents manuscrits de toute nature; des tableaux, des coiffures militaires, des pièces d'uniforme, armes, décorations, médailles et monnaies; des livres, des affiches des marques postales, des objets de la vie quotidienne..., l'ensemble sélectionné au terme d'un choix rigoureux. Le catalogue 3 de cette exposition, bien que réalisé par les seuls moyens de la bibliothèque municipale, a été élaboré avec application afin d'être à la fois un guide commode, mais aussi un instrument de travail pour les amateurs de documents de cette période.

Afin de prolonger cette exposition qui donne essentiellement à voir des documents écrits et de petites pièces (monnaies, cuivreries militaires etc...) il a paru indispensable de compléter l'information des visiteurs par la présentation commentée de 85 diapositives en couleurs permettant d'entrer en contact avec les grandes œuvres de l'Empire : portraits officiels de la famille impériale et des principaux personnages du régime, tableaux représentant les grandes batailles ou les grands faits politiques, vue des châteaux impériaux et de leur mobilier, évocation des arts et lettres, et enfin Sainte-Hélène et la mort du génie qui, durant vingt années, éut l'ambition de faire de la France une nouvelle Rome maîtresse du monde.

Simiane-la-Rotonde (Basses-Alpes)

Inauguration de la Bibliothèque municipale. - L'inauguration de la Bibliothèque municipale de Simiane-la-Rotonde a eu lieu le 17 août 1969 en présence de M. le Sous-Préfet de Forcalquier, représentant le préfet des Basses-Alpes, et en présence d'un certain nombre de personnalités parmi lesquelles le recteur Jean Roche, le professeur Derrien et M. Henri Logier, ancien secrétaire général adjoint des Nations-Unies, donateur de la bibliothèque.

La Bibliothèque de Simiane-la-Rotonde, seule bibliothèque du canton de Banon; est installée dans une ancienne salle de classe rénovée ornée d'œuvres d'artistes locaux.

Troyes (Aube)

Création de la « Discothèque » à la Bibliothèque municipale de Troyes. - Dès le début de l'année 1968, il était question de créer une « Discothèque » de la Bibliothèque municipale. Durant l'année une enquête approfondie a été menée pour permettre « d'asseoir » solidement sur le plan technique, ce nouveau service municipal : en effet ce qui est bien emmagasiné est diffusé avec plus d'efficacité. Ainsi des visites à différentes discothèques furent effectuées : (Bibliothèque-Discothèque du XVIIIe arrondissement de Paris, discothèque de la Maison de la culture de Bourges, discothèque de France, discothèque de l'O.R.T.F., discothèque de la Bibliothèque municipale de Saint-Dié et discothèque de la Bibliothèque municipale de Tours).

Présentés à la mairie de Troyes, le projet et sa conception d'ensemble ont été immédiatement envisagés avec faveur; cependant le sénateur-maire de Troyes, s'il donnait l'autorisation d'ouverture d'une discothèque, conditionnait son extension en salle d'auditorium aux résultats du service de prêt exclusif des disques. Par ailleurs, il n'était pas possible de créer d'emblée l'auditorium car aucune salle n'existait à cet effet.

I° Local de la discothèque à l'intérieur de la bibliothèque.

L'emplacement du service de prêt de disques est actuellement situé dans un coin de la salle des revues (dont les dimensions totales sont de II m X 5); cette place trop exiguë, n'est que temporaire, elle a cependant l'avantage d'être au rez-de-chaussée et à proximité du bureau d'inscription et de la section de prêt du fonds des livres de lecture publique.

Une salle du premier étage ayant les dimensions de la salle des revues peut être débarrassée d'anciens rayonnages et équipée en auditorium.

2° La conception de prêt des disques : mardi, jeudi, samedi.

Tout pour l'usager pour favoriser la commodité du choix intellectuel et matériel des disques. Le style présentoirs ou vitrines placés « derrière une banque de prêt » a donc été écarté : cela surtout pour faciliter, au-delà de l'esthétique, le choix direct et surtout « la manipulation des pochettes de disques », comme à l'intérieur d'un grand magasin. Il fallait tout particulièrement « organiser en diffusion » par une « consultation de face » l'ensemble de nos documents sonores.

Aussi pour assurer pleinement ce « contact physique » du document le système du bac à disques placé sur une simple table a été retenu. Les disques sont disposés à hauteur de la taille environ et on peut aisément les sortir pour les examiner et lire les pochettes, comme dans un grand fichier.

Les dimensions de ce bac sont les suivantes : I,50 m X 80 cm avec une contenance de 450 disques environ.

Les disques y sont disposés verticaux ou inclinés à 100 ou 120° et peuvent donc être « consultés de face ». Il est en effet tout aussi important pour les usagers de lire la pochette d'un disque que les jaquettes d'un livre.

3° La technique du prêt des disques. Catalogue. Fichier. Information.

Dans un but évident de simplification, une classification en quatre grandes divisions a été adoptée : I° Classique-Lyrique; 2° Texte-Théâtre; 3° Chansons-Variétés; 4° Jazz.

Un discothécaire a établi cette classification très large se réservant d'ajouter des « sous-rubriques » supplémentaires au cours des acquisitions ultérieures et de l'accroissement du fonds. Il est chargé de l'ensemble des opérations du service; à lui sont dévolues les tâches diverses « d'information » et de renseignement, des « opérations de prêt » et du « contrôle des disques » à leur rentrée.

Le fichier contient aussi des fiches sur lesquelles sont indiquées la signalisation de chaque disque et cela à l'aide d'une rédaction simple, aérée, où l'essentiel est très apparent pour l'usager peu averti et qui désire rapidement trouver un disque. Il est évidemment très souhaitable de créer une discothèque avec à sa tête une personne compétente sur le plan musical, car les jeunes et les moins jeunes ont besoin d'être guidés et ce service engendre un « dialogue permanent » : Usagers-discothécaire.

4° L'opération du prêt et le contrôle matériel des disques.

La technique du prêt est le « système de Newark » adapté. La fiche de prêt est retirée de la pochette du disque au moment de la sortie et rangée à la date du retour après mention du nom de l'emprunteur et de la date.

Les cartes d'emprunteurs, conservées par le responsable du service dans un boitier à fiches portent la date et le numéro du disque emprunté.

La carte d'abonné, 5 francs par an (autant que celle du prêt des livres), donne droit d'emprunter des disques au même titre que les livres (ceci dans l'actuelle phase de lancement); ultérieurement (vers septembre-octobre 1969) la même carte donnera en plus le droit d'écouter sur place ou de participer aux programmations d'écoute.

Comme l'on commençait avec 450 disques, ce qui constitue un minimum de fonds au départ, le nombre de disques prêtés a été limité : deux disques à la fois pour quinze jours (avec cependant la possibilité de dépasser ce chiffre avec un coffret contenant quatre ou cinq disques).

Une redevance de 1 franc par disque est demandée aux usagers afin de pourvoir au budget d'équipement (pochettes de disques) et surtout au réassortiment des disques usés. Un prix forfaitaire de deux francs par coffret est perçu (quelle que soit la grosseur de ce coffret) : cela évite de multiplier 1 franc par disque quand un coffret contient plus de trois ou quatre disques (Ex. opéra).

La perception de 1 franc par disque ou de ces deux francs par coffret constitue une sorte de participation temporaire pour créer ce fonds public de documentation sonore qui devrait plafonner aux alentours de 2 500 à 3 ooo disques.

Chaque pochette de disque est en matière plastique, transparente et peut se fermer; elle comporte au verso une poche dans laquelle est glissée à la fois une fiche-disque qui sera retirée au moment de la sortie du disque et placée derrière la carte au nom de l'emprunteur, et une fiche de contrôle avec le dessin des faces du disque : cette fiche suit le disque, elle n'est retirée que si une détérioration est détectée au contrôle de l'ampliviseur (loupe permettant de vérifier le bon état des sillons) on peut marquer sur cette fiche l'endroit de la détérioration. Le prix du disque peut être demandé intégralement au cas où il aurait été perdu ou rendu inutilisable. Ce sont là des « cas limites » et jusqu'ici tous les usagers ont été très respectueux vis-à-vis des divers documents sonores empruntés.

5° Création d'un auditorium.

Les efforts sont récompensés car après quatre mois de fonctionnement, les résultats obtenus sont extrêmement encourageants (voir tableau)

L'écoute sur place des œuvres enregistrées et surtout « l'initiation musicale » doivent parachever le service grâce à l'installation et l'équipement de la salle située au premier étage de la bibliothèque transformée en « salle d'auditorium » avec l'installation d'une chaîne Haute Fidélité qui doit obtenir un succès plus complet encore. A partir de cette deuxième phase, notre « mission éducative » pourra s'exercer pleinement surtout auprès des jeunes et des personnes qui désirent acquérir ou parfaire leur culture musicale.

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Tableau

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Annexe

  1. (retour)↑  Pour les activités du premier semestre 1968, voir B. Bibl. France, 13e année, n° 8, août 1968, pp. 370-371.
  2. (retour)↑  Voir B. Bibl. France. 14e année, n° 1, janvier 1969, p. 44.
  3. (retour)↑  [Exposition. Saint-Dié. Bibliothèque municipale. 1969]. - Napoléon et les Français de son temps. Introd. et notices par Albert Ronsin. - Saint-Dié, Bibliothèque municipale, 1969. - [IV] - 49 p., 4 fac.-sim., couv. ill.