Un « Dico-Sprint » pour élaborer collaborativement un glossaire de la science ouverte

Entretien avec Sandrine Sabatié

Véronique Heurtematte

Le 8 juillet dernier, le Centre automatisé de traitement de l’information (CATI) PROSODIe (pour partage, reproductibilité et ouverture scientifique des objets digitaux) de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE) a organisé en ligne un « Dico-Sprint » dont l’objectif était de rédiger sur le mode collaboratif les définitions et leur traduction en anglais de 80 termes en lien avec la science ouverte. Retour sur cette initiative originale avec Sandrine Sabatié, ingénieure en ingénierie logicielle, l’une des organisatrices de l’événement.

BBF : Comment est né le projet de « Dico-Sprint » ?

Sandrine Sabatié : Je fais partie du CATI PROSODIe, l’un des dix-huit CATI de l’INRAE, dont la vocation est de promouvoir et accompagner toutes les actions visant le partage des données et des codes, ainsi que la réutilisation et la reproductibilité de la science. Ce CATI coordonne, entre autres, une mission dont l’objectif est de proposer un glossaire avec des définitions claires et consensuelles, en français et en anglais, des termes dédiés à la science ouverte. Le but est d’élaborer un référentiel commun au sein de l’INRAE pour la communauté scientifique et les informaticiens. Avec mes collègues Daniel Jacob et Sylvie Cocaud, nous sommes en charge de cette mission qui a démarré en 2019. Afin de donner un nouvel élan dans sa progression, j’ai proposé d’organiser un Dico-Sprint sur le modèle du Book-Sprint consacré à la science ouverte auquel j’avais participé mi-2020.

BBF : Quel est l’intérêt de ce type de format ?

Sandrine Sabatié : Le Sprint est un format de production condensé dont les informaticiens ont l’habitude, à l’image du Hackathon à une échelle plus grande et concurrentielle, et qui permet de mobiliser sur un temps court des personnes aux profils variés, pour notre projet des informaticiens mais aussi des professionnels de l’information scientifique et technique (IST). Cela a l’avantage de livrer une production concrète en un temps très court, ici une journée entière. On ne travaille pas de la même manière lorsqu’on dispose d’une durée déterminée et cadrée.

BBF : Comment s’est déroulée la journée ?

Sandrine Sabatié : La journée a réuni une quinzaine de participants, entre les organisateurs et les personnes qui s’étaient inscrites suite à l’appel à participation lancé en interne auprès de tous les CATI de l’INRAE. Lise Frappier, une collègue animatrice en intelligence collective, a assuré le rôle de facilitatrice. Nous avons constitué 7 binômes de travail mixtes (homme/femme) en associant un informaticien avec un scientifique ou un professionnel de l’IST. Le glossaire a été découpé en lots de quatorze termes, en mélangeant pour chacun d’eux des termes avec ou sans définition existante, avec ou sans traduction anglaise, afin que chaque équipe accède à toute la diversité du travail attendu, c’est-à-dire relire, reformuler, éditer et traduire les définitions des termes. Nous nous sommes appuyés, lorsque cela était possible, sur le thésaurus trilingue de la science ouverte que l’INIST a mis en ligne quelques jours avant le « Dico-Sprint ».

BBF : Quel bilan tirez-vous de cette expérience ?

Sandrine Sabatié : Les participants ont apprécié de collaborer à une action cadrée et très préparée en amont. Ils ont aimé pouvoir échanger avec des personnes ayant un profil professionnel et une vision différents des leurs. La journée fut ainsi riche en débats. En revanche, certaines personnes peu adeptes de ce type d’événements ont trouvé le format Sprint sur une journée un peu trop intensif. Pour notre action sur la terminologie de l’open science, cette journée a constitué une avancée majeure pour le projet de glossaire, difficile à mener en parallèle des autres missions qu’assure au quotidien le petit groupe initiateur. Nous ressortons grandis de ce « Dico-Sprint », même si le travail produit n’est pas complètement finalisé.

BBF : Quelle suite, justement, va être donnée à ce travail ?

Sandrine Sabatié : La prochaine étape est de consolider le travail en harmonisant et validant toutes les propositions faites par l’ensemble des équipes. La finalité est d’intégrer le glossaire au futur site web open science de l’INRAE, idéalement d’ici la fin de l’année. Nous n’avons pour l’instant pas de calendrier précis. En attendant, nous envisageons de créer un site web dédié qui proposerait les termes du glossaire à la consultation et à la modification en attendant d’intégrer le thésaurus en cours de construction à l’INRAE.