Palmes de l’Enssib 2020
Rédaction du BBF
Chaque année, l’Enssib alimente sa bibliothèque numérique OPENssib des mémoires de ses étudiants ou élèves conservateurs. Ce focus du BBF sur les travaux universitaires en sciences de l’information et des bibliothèques vous propose un retour sur les conclusions des six mémoires d’élèves conservateurs de la promotion Louise Michel (DCB 28, dont la scolarité a fini en juin 2020) qui ont mérité les palmes de l’Enssib. Évolutions du métier de bibliothécaire et de la formation, pratiques des bibliothèques de lecture publique et de recherche en matière de valorisation des fonds, de médiation et de communication auprès des publics : autant de questionnements phares au cœur de l’actualité de la profession !
- Dienaba Dia a traité le Signalement et valorisation des textes (religieux) en arabe : la coopération au service d’une meilleure (re)connaissance de ces fonds.
La qualité du signalement des ressources, particulièrement des ressources en arabe, qu’elles soient physiques ou électroniques, est généralement jugée insuffisante au regard des besoins de la recherche. Ce constat s’inscrit dans le cadre d’une mobilisation scientifique qui vise, depuis plus de vingt ans, à revitaliser des domaines qualifiés de « disciplines rares », dont l’islamologie.
La vitalité des études sur le corpus coranique, au niveau national, européen et international, incite à encourager les bibliothèques concernées, fortes de la profondeur historique de leurs collections, de leur expertise, de leur ouverture à la science ouverte et aux humanités numériques, à développer des projets pour que les chercheurs aient, en France, le terrain de travail normé et outillé nécessaire au dialogue interculturel.
- Le mémoire de Caroline Lamotte, La réception des contenus éditoriaux et éditorialisés produits par les bibliothèques de lecture publique, porte sur l’inflation informationnelle à l’ère numérique et les moyens à mettre en œuvre pour en faciliter la réception par les publics.
Après des années de forte audience des dossiers documentaires puis des blogs lors du passage au numérique, et des années de production foisonnante, semble venu le temps de la maturité, de la rationalisation et du questionnement du milieu professionnel.
Cette réalité impose de réfléchir à une véritable stratégie éditoriale de mise en visibilité et d’accessibilité par une dissémination des contenus, un travail de référencement optimal, un processus d’atteinte de la masse critique, mais aussi par une communication multicanale.
- Après une histoire éditoriale du jeu de rôle, axée sur la question de sa réception en France, l’étude de Nolwenn Pamart, Valeur et place du jeu de rôle en bibliothèque et ludothèque : réussite ou « échec critique » ?, s’interroge sur la façon dont la bibliothèque et la ludothèque peuvent s’emparer d’un medium à mi-chemin entre livre et jeu.
En s’appuyant sur une série d’entretiens semi-dirigés, l’autrice interroge, à partir du jeu de rôle, la relation entre nouvelles pratiques culturelles et évolution du métier de bibliothécaire. La reconnaissance de la place du jeu de rôle reste le fait de passionnés, qui prennent de leur temps selon des modèles d’engagement difficilement reproductibles. L’enjeu premier reste d’acculturer les professionnels et de créer un climat favorable à l’expérimentation et à l’erreur pour faire évoluer les représentations de la profession auprès des auteurs de jeux, mais aussi des usagers et des professionnels eux-mêmes.
- Sous un titre inhabituel, Chloé Perrot a étudié les Rites d’institution et rituels de fréquentation. « Effet ha-ha » en bibliothèque de recherche en SHS, pour décrypter quels rites et rituels pouvaient se cacher derrière les formalités administratives et les habitudes de fréquentation dans les bibliothèques de recherche en SHS.
Les bibliothèques de recherche constituent une catégorie aussi spécifique sur le plan professionnel que les bibliothèques universitaires ou de lecture publique. Elles présentent néanmoins la singularité d’une « relation pénétrée d’émotions et de subjectivité » entre l’institution et son public. La simplification des procédures est une réalité dans de nombreux établissements, un « mode d’emploi » clair et simple garantit la satisfaction de l’attente de l’aspirant lecteur ou évite sa mise en déroute… Elle ne peut que contribuer à améliorer l’attractivité des lieux réputés les plus inaccessibles.
- La « FTLV » est aujourd’hui omniprésente dans le quotidien des bibliothèques de l’Enseignement supérieur. Élisabeth Sosson a étudié La formation tout au long de la vie des agents des bibliothèques universitaires. Enjeux et perspectives. Elle observe une dichotomie réelle entre les politiques volontaristes définies et la manière dont ce discours est traduit dans la pratique.
La coopération avec les organismes de formation spécifiques au monde des bibliothèques (CRFCB, Urfist, Abes, Enssib) est en réelle progression : les BU ont accès à une offre variée, concertée et de qualité, qui englobe des thématiques généralistes comme celles, plus spécifiques, de l’IST et du signalement. Pourtant, les agents ayant recours à la FTLV pour construire une trajectoire individuelle demeurent peu nombreux. Comme le souligne un récent rapport de l’IGB, il paraît urgent de « favoriser une vision de la formation continue comme un levier d’action nationale pour le développement des compétences individuelles et collectives et l’évolution des métiers dans les bibliothèques ».
- Antoine Tarrago, en s’intéressant aux Politiques de reconnaissance au travail en bibliothèque : pratiques, enjeux et préconisations, revient sur le problème récurrent de la reconnaissance du métier de bibliothécaire.
Pour les bibliothécaires, la reconnaissance au travail est primordiale et son manque, criant ; ils demandent l’attention de leur tutelle, la considération de leur hiérarchie, le soutien des collègues et la gratitude du public, toutes choses pourtant que les sciences de gestion, les discours managériaux et les politiques de GRH de l’État s’efforcent de prendre en compte pour améliorer l’efficacité des services.
La solution au manque de reconnaissance doit prendre la forme d’une politique prenant en compte les éléments interpersonnels et structurels. Trois manières de concevoir la reconnaissance au travail s’offrent aux encadrants et aux équipes de direction :
– elle est un risque, et ne doit pas être stimulée ;
– elle est un outil et peut être un instrument mis au service de la performance publique ;
– elle est une fin en soi et doit être encouragée parce qu’elle constitue un principe essentiel.
Trois choix qui se déclinent en objectifs et en mesures concrètes…