Nicolas Galaud

Une carrière constructive au service de la lecture publique

Christophe Catanese

Nicolas Galaud est conservateur général des bibliothèques. Ce « bourreau de travail », selon ses ex-collègues de la bibliothèque de Reims, a pris la direction de la Bibliothèque municipale de Lyon (BmL) le 1er octobre 2020, mis à la disposition de la ville de Lyon par le ministère de la Culture dans le cadre des conventions passées entre le ministère et les bibliothèques municipales classées.

Né à Montpellier en 1965, Nicolas Galaud détient une maîtrise d’histoire et un certificat d’aptitude aux fonctions de bibliothécaire (CAFB) option patrimoine, obtenu en 1991. Il a débuté en 1990 comme bibliothécaire adjoint à la Bibliothèque centrale de prêt (BCP) du Cantal. Lauréat du concours externe en 1991, il est « DCB 1 », c’est-à-dire qu’il fait partie de la première promotion de conservateurs des bibliothèques issue de l’Enssib (École nationale supérieure des sciences de l’information et des bibliothèques) qui a pris la suite de l’ENSB.

Directeur de la bibliothèque municipale de Reims de 1995 à 2003, il a porté le projet de Bibliothèque municipale à vocation régionale (BMVR), notamment avec la construction de la médiathèque Jean-Falala (6 500 m2) ouverte en 2003, parallélépipède de verre qui fait face à la célèbre cathédrale, mais aussi avec l’importante annexe de la Croix-Rouge. Durant cette période, Nicolas Galaud a largement contribué au plan de remise à niveau de la lecture publique de la ville de Reims.

De 2004 à 2016, il a dirigé le réseau des médiathèques de Brest, constitué de huit équipements dans lesquels exercent 139 professionnels. Il est l’artisan de la nouvelle médiathèque centrale des Capucins, projet finalement réalisé après une première tentative conjointe avec l’Université de Bretagne occidentale, dont une seule aile sera réalisée.

Directeur de la bibliothèque municipale de Bordeaux depuis septembre 2016. Nicolas Galaud a géré un réseau de 10 bibliothèques et de 230 agents à la tête duquel se trouve le « navire amiral », la bibliothèque Mériadeck (8 000 m2 ouverts au public), désormais accessible du mardi au dimanche, et cultivé le patrimoine des « 3 M » aquitains, ainsi François Mauriac dont il parle dans un podcast de la librairie Mollat lors la publication du Livre de raison de Malagar (Le Festin, 2020).

Grand collectionneur de livres, amateur de littérature du XXe siècle, il s’intéresse particulièrement à la mouvance du Grand jeu, proche du surréalisme.

À l’occasion de sa prise de fonctions à la Bibliothèque municipale de Lyon, le BBF lui a posé quelques questions.

BBF : Quels sont les grands axes de votre projet lyonnais ?

Nicolas Galaud : Mon intention est d’élaborer collectivement un nouveau projet d’établissement, pour prendre la suite du précédent aujourd’hui achevé, en s’appuyant sur les agents de la bibliothèque, sur nos partenaires, et en intégrant naturellement la feuille de route de la nouvelle équipe municipale. Il s’agira de conserver un même niveau d’ambition qu’actuellement et de continuer à adapter nos services à l’évolution de la demande sociale et des pratiques culturelles.

Il serait bon que l’on puisse avancer également sur quelques projets structurants, identifiés de longue date, comme l’indispensable réhabilitation de la bibliothèque de La Part-Dieu. Une attention particulière devra aussi être portée à la question métropolitaine. Après une première phase de construction, il faudra sans doute durant le mandat actuel, approfondir et clarifier certains dispositifs et redéfinir avec la métropole les objectifs des prochaines années.

BBF : Lyon, pôle national de prospective, comment comptez-vous y contribuer ?

Nicolas Galaud : Je ne sais pas ce que recouvre cette appellation, mais je vais me renseigner sans tarder. La prospective est un art difficile, surtout quand elle concerne l’avenir. Il convient donc d’y réfléchir ensemble, d’autant plus qu’il vaut mieux avoir tort avec les autres que raison tout seul.

BBF : Quel est le projet qui vous a le plus marqué au cours de votre carrière ?

Nicolas Galaud : Ce qui m’a le plus marqué, c’est surtout d’avoir pu, dans chacune des villes où j’ai exercé mes fonctions, Reims, Brest et Bordeaux, mettre en œuvre des programmes de modernisation ambitieux, avec notamment des constructions de nouvelles bibliothèques, grâce à des élus impliqués et avec le concours d’équipes motivées et compétentes. Dans chacune de ces villes, l’impact sur la population a été important, signe de la réelle utilité sociale des bibliothèques, pour peu qu’on leur en donne les moyens.

BBF : Que pensez-vous de la bibliothèque comme actrice du renouvellement de la société et du développement durable ?

Nicolas Galaud : Il faudrait s’entendre sur ce que l’on désigne par renouvellement de la société. Pour faire court, les bibliothèques sont des lieux de découverte et d’apprentissage, des espaces d’échanges et de débats. Elles contribuent à la formation du citoyen, pour qu’il devienne un acteur éclairé du débat démocratique et contribue activement aux évolutions de la société. On peut du moins l’espérer.

Pour ce qui est du développement durable, il constitue, du fait de l’urgence climatique actuelle, une composante essentielle de toute politique publique.

BBF : Erik Orsenna a fait un Voyage au pays des bibliothèques ; votre tour de France est bien plus long. Va-t-il s’arrêter à Lyon ?

Nicolas Galaud : Erik Orsenna est un grand voyageur, qui navigue entre différents archipels au gré du vent et de ses envies. Il ne faut pas sous-estimer cependant l’intérêt de son rapport sur les bibliothèques. Il a eu le mérite de mettre, au moins pour un temps, la question des bibliothèques à l’agenda politique national et de consolider le concours particulier de la DGD, irremplaçable instrument financier du partenariat entre l’État et les collectivités territoriales dans le domaine de la lecture publique.

En ce qui me concerne, avant de songer à quitter Lyon, je pense surtout à m’y installer. Pour la suite, nul ne sait de quoi la vie sera faite.

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Nicolas Galaud possède un goût prononcé pour l’innovation et le partage. Pragmatique et doté d’un sens de l’humour à froid, il sera entièrement au service de la lecture publique lyonnaise et de ses nouveaux projets.