Guy Parguez, l’érudition alliée à la modestie
Guy Parguez, qui fut de longues années durant le conservateur du fonds ancien de la Bibliothèque municipale de Lyon, est décédé en cette ville le 21 octobre 2021. Ses obsèques ont été célébrées le 28 octobre. Né le 8 juillet 1936 à Paris, il avait obtenu le diplôme d’archiviste paléographe en 1959. Sa thèse d’École des chartes portait sur « le temporel de l’abbaye de Saint-Germain d’Auxerre des origines au milieu du XIIIe siècle ». À sa sortie d’école, il avait été chargé de mission à la Bibliothèque de médecine de Rouen, puis avait été nommé bibliothécaire à la Bibliothèque municipale de Montpellier en 1962. Il était arrivé à la Bibliothèque municipale de Lyon en 1965, et y avait accompli le reste de sa carrière jusqu’à son départ en retraite en 2001. Il avait été nommé conservateur général des bibliothèques en 1997. À son arrivée à Lyon, il avait eu pour directeur Henri-Jean Martin qui pilotait alors le projet de bibliothèque de la Part-Dieu. Guy Parguez avait été l’artisan de la salle de lecture du fonds ancien qui, fait très rare pour l’époque et encore aujourd’hui, offrait au chercheur, en accès libre, une multitude d’instruments de travail et d’outils bibliographiques. Il avait été associé aux recherches d’Henri-Jean Martin dans le cadre du Centre lyonnais d’histoire et de civilisation du livre, et contribué aux travaux préparatoires au recensement des livres anciens des bibliothèques françaises. Dans ce cadre, il avait également participé au volume Nouvelles études lyonnaises (Genève, Droz, 1969) avec un « Essai sur l’origine lyonnaise d’éditions clandestines de la fin du XVIIe siècle ». De par sa longue pratique des collections confiées à sa garde, Guy Parguez était devenu un expert de la détection et de l’identification des contrefaçons lyonnaises, tout spécialement celles du Grand Siècle. Mais il avait aussi mené bien d’autres chantiers, parmi lesquels on retiendra sa collaboration avec Marie-Anne Merland aux huit volumes consacrés à Lyon du Répertoire bibliographique des livres imprimés en France au XVIIe siècle (Bouxwiller, Valentin Koerner, 1989-2010), mais aussi son Catalogue des incunables des bibliothèques de la région Rhône-Alpes : volume I : Ain, Ardèche, Loire, Rhône (Paris, Aux Amateurs de livres, 1991). Enfin, avec la collaboration d’Élisabeth Coulouma de la Bibliothèque municipale de Toulouse, il avait revu la Table du « Manuel du libraire et de l’amateur de livres de Jean-Charles Brunet codée en vue de son utilisation sur ordinateur » (Paris, CNRS, non daté), aujourd’hui connue des initiés sous le nom de « Table Brunet-Parguez ». Avec cet homme discret, et d’une trop grande modestie, disparaît non seulement un grand bibliothécaire érudit, mais aussi tout un savoir sur le monde de la contrefaçon lyonnaise.