Handicap en bibliothèques : les outils de l’accessibilité
Journée d’étude CNFPT Rhône-Alpes Lyon/enssib – 6/10/2015
Intervenante : Caroline Jules, consultante en médiation culturelle et accessibilité
A l’aide d’outils ludiques utilisés tout au long de la journée, Caroline Jules, consultante en médiation culturelle et accessibilité, nous a proposé une approche globale du handicap : le but n’est pas d’évoquer uniquement l’accessibilité des locaux, mais bien aussi l’accès aux fonds, aux animations, l’accueil d’un public handicapé. En introduction, elle nous invite à ne pas nous laisser empêcher de mener des actions par le poids de l’institution et à nous tenir prêts à changer nos habitudes, et surtout ne pas juger la pertinence de l’accueil d’un public handicapé au nombre de personnes touchées et au temps d’investissement requis. Suit une définition du handicap : le handicap est une déficience (lésion, maladie) qui entraîne des incapacités (difficultés d’élocution, de déplacement, de socialisation). Concernant l’accueil de personnes avec handicap, plusieurs notions simples sont à retenir : ne pas en avoir peur, ne pas tomber dans la pitié, rester naturel, proposer son aide mais ne pas l’imposer, faciliter leur accès à la médiathèque à l’aide de comportements ou d’outils (parler face à face, utiliser un boîtier d’accueil à boucle magnétique, utiliser les pictogrammes appropriés). Les différents handicaps (moteur, mental, cognitif, psychique, visuel, auditif) induisent des comportements et des outils différents :
- Le handicap moteur : trouble de la mobilité, de la préhension, parfois de la communication sans altération des capacités intellectuelles. Afin de permettre la circulation dans la médiathèque, l’écartement entre les rayonnages doit être de 90 cm minimum (1,20 mètre est préférable). La hauteur des rayonnages devrait se situer entre 90 cm et 1m30 : cela étant compliqué en médiathèque, l’aide humaine viendra pallier la difficulté de préhension des documents. Disposer d’une table à hauteur réglable est idéal, et bien entendu, une rampe d’accès, un ascenseur, des toilettes adaptées. Des prêts de tablettes pour faciliter l’accès aux documents semblent nécessaires, et suffisants : il existe énormément de matériel pour faciliter la consultation des ordinateurs ou documents pour les personnes avec un handicap moteur, qu’il ne semble pas forcément pertinent de les proposer en médiathèque. Concernant le comportement : se présenter, donner les grandes étapes de la visite du bâtiment, indiquer les difficultés, accepter les chiens d’assistance, s’adresser à la personne handicapée et non à son accompagnateur.
- Le handicap mental : déficience intellectuelle, réduction des facultés de compréhension et de décision, difficulté d’évaluation du temps, peur de l’inconnu. Pour accueillir au mieux ce public, la signalétique doit être claire en associant le mot et le pictogramme correspondant, et il peut être pertinent de disposer d’espaces isolés. Il faut veiller à ne pas tomber dans la discrimination positive : l’accueil en dehors des plages d’ouverture au public n’est pas forcément un but recherché par les éducateurs et les personnes avec un handicap mental. Au niveau des collections, des ouvrages en FALC (Facile A Lire et à Comprendre), des livres illustrés, documents audio. Pour les animations, la diversification des supports est souhaitable. Concernant le comportement : être très chaleureux, avertir des dangers potentiels et des règles de bienséance, utiliser des termes simples, concrets et imagés, et en cas de difficultés importantes demander le contact d’une tierce personne.
- Le handicap visuel : gestion différente de la vie quotidienne (emploi, loisirs, déplacements) avec jouissance totale des facultés mentales. De nombreux outils existent pour les personnes avec un handicap visuel : synthèse vocale, claviers en gros caractères, écrans loupes, zoom texte, bandes de guidages au sol, machines à lire. Ces outils peuvent être plus ou moins onéreux, il faut réfléchir à leur utilité dans la médiathèque avant de les acquérir. Concernant les collections, acquérir des livres en braille semble peu pertinent, des livres audio seront plus empruntés. Il existe aussi des livres tactiles, des DVD en audiodescription même si l’offre est peu développée. Des associations, bénéficiant d’un agrément spécifique (l’AVH notamment) proposent à leurs usagers des livres audio ou DVD (la loi DAVDSI contraint les éditeurs à fournir une version numérique de leurs parutions). Le comportement : se présenter, décrire à l’usager l’endroit où il se trouve, ne pas moduler son langage (pour éviter les verbes voir, montrer, …), être très précis dans ses descriptions.
- Le handicap auditif : différence dans les moyens de communication, possibles troubles de l’équilibre, difficultés d’élocution, possibles difficultés de lecture et d’écriture. De nombreuses personnes sont malentendantes, que ce soit une surdité de naissance ou progressive liée à un accident ou à l’âge. Il y a sans doute plus de personnes malentendantes que de personnes en fauteuil roulant : une boucle à induction magnétique est plus indispensable qu’un ascenseur (et moins onéreuse). Ce boîtier permet, si la personne dispose d’un appareil auditif avec la position T, de lui parler distinctement. Concernant les collections, des livres en FALC, illustrés, des DVD en langues des signes. Le comportement : sans pratique de la LSF, parler très lentement avec les signes corporels, écrire (prévoir une ardoise), se placer dans un endroit calme face à la personne, faire des phrases courtes avec une idée par phrase.
L’accessibilité nécessite une grande vigilance. Chaque bibliothèque doit désigner un référent handicap en son sein, tout en favorisant le travail d’équipe. Accueillir un public handicapé demande du temps et de l’investissement, mais l’apprentissage sur soi et la richesse des échanges compensent largement le travail effectué 1.