Congrès ABF 2022 : « Les bibliothèques universitaires : l’ouverture académique au bénéfice de la société »

67e Congrès de l’Association des bibliothécaires de France – 2 au 4 juin 2022, Metz

Catherine Soulé-Sandic

Lors du congrès annuel de l’Association des bibliothécaires de France (ABF), qui s’est tenu du 2 au 4 juin 2022 à Metz sur le thème « Les bibliothèques sont-elles indispensables ? », la table ronde intitulée « Les bibliothèques universitaires : l’ouverture académique au bénéfice de la société » proposait d’aborder le point de vue des bibliothèques universitaires (BU) sous l’angle des relations entre le monde académique et la société 1

X

Les intervenants étaient Cécile Swiatek, directrice du SCD de l’université Paris Nanterre, Élodie Cuissard, responsable du pôle Médiation au Learning Center de l’université de Haute-Alsace et, par la voix de Cécile Swiatek, Julien Roche, directeur des bibliothèques et du LILLIAD Learning Center Innovation de l’université de Lille.

. En introduction ont été présentés les principaux textes réglementaires régissant les universités rappelant que l’Université a pour mission et responsabilité de diffuser les savoirs académiques et de transmettre les valeurs humanistes au bénéfice de la société. Les exemples des services communs de la documentation (SCD) de Lille, Mulhouse et Nanterre présentés pendant la rencontre ont illustré la manière dont les BU participent à cette mission, comment, plus spécifiquement, elles incarnent les missions fixées par le Code de l’éducation à l’article D714-29, et comment elles s’engagent dans la médiation des savoirs et de la connaissance mais aussi dans la démocratie culturelle.

Les ressources, vecteur de la diffusion du savoir

Au cœur du métier, les collections sont un vecteur essentiel de la diffusion des savoirs au bénéfice de la société. Au Learning Center de l’université de Haute-Alsace, à Mulhouse, une collaboration récente avec des enseignants du secondaire dans le cadre du dispositif des « laboratoires de mathématiques  » a ainsi permis de répondre aux besoins de ressources étrangères introuvables dans un centre de documentation et d’information (CDI).

Le SCD de l’université de Lille s’attache, quant à lui, à favoriser l’accès à la documentation et au patrimoine physique mais aussi numérisé, en s’appuyant sur le dispositif Collex-Persée pour la valorisation des gisements documentaires d’excellence ou le développement d’une bibliothèque numérique patrimoniale reposant sur la solution Gallica marque blanche de la Bibliothèque nationale de France (BnF). L’Atelier national de reproduction des thèses (ANRT), hébergée à l’université et intégrée aux services documentaires, participe à la diffusion de la recherche scientifique, véritable enjeu pour les citoyens.

À la BU de Nanterre, l’ouverture des connaissances et des ressources documentaires au bénéfice de la société inclut des formats de médiation adaptés aux différents publics (Wikiwars avec les lycéens, valorisation documentaire avec les associations d’artistes), tandis que le Pixel, lieu de travail collaboratif et d’exploration des savoirs de 800 m² ouvert au sein de la BU en 2021, fait la part belle à la culture numérique.

L’université s’ouvre aux entreprises et les BU, par leurs espaces et leurs ressources, font partie des équipements au service de cette ouverture. À Lille, l’Xperium, un des trois pôles du LILLIAD Learning Center Innovation est une vitrine de la recherche réalisée dans les laboratoires de l’université. Son objectif est d’y montrer à un large public la science en train de se faire et d’y développer des partenariats entre industrie, entreprise et université.

Si les publics extérieurs ne peuvent pas bénéficier de l’accès libre et gratuit aux ressources numériques des BU en raison des modèles économiques imposés par les fournisseurs, le développement de la science ouverte représente une réelle opportunité pour l’ouverture des publications des chercheurs au plus grand nombre. Les bibliothèques sont des actrices privilégiées de ce mouvement en rendant visibles les données de la recherche sur leur portail documentaire et en développant les archives ouvertes. Le développement de partenariats entre BU et lecture publique permettrait de diffuser plus largement ces ressources ouvertes et gratuites. C’est aussi dans ce type de dispositif que les ressources documentaires proposées par les BU se rendront indispensables pour assurer une ouverture académique au bénéfice de la société.

Des espaces au service de la médiation

La deuxième partie de la table ronde a abordé la question des espaces : en quoi traduisent-ils une ouverture académique au bénéfice de la société ?

À Mulhouse, le Learning Center propose un accompagnement, des ressources et des services pour l’acquisition des compétences transversales dans les domaines de l’information et de la documentation, du numérique, des langues et de la pédagogie. Ce projet de service s’est articulé autour d’un programme architectural emblématique de type Learning Center, espace innovant conçu comme un tiers-lieu. Son financement dans le cadre d’un contrat de plan État-Région (CPER) a permis d’établir un lien fort avec le territoire. Mais plus encore, l’accès facilité, l’attractivité des espaces et les larges horaires d’ouverture ont conquis un public de lycéens familiarisés à l’université dans le cadre du dispositif des « cordées de la réussite ».

Lieu dédié à la vulgarisation et à la médiation scientifique, le Pixel de la BU de Nanterre offre un espace de dialogue entre l’academia et la société, qui n’existait pas jusque-là à l’université. Des présentations illustrées des sujets et de la démarche scientifique valorisent la recherche doctorale auprès des publics. L’action culturelle y trouve aussi toute sa place à travers des rencontres d’auteurs, des performances en partenariat avec les services universitaires dans le cadre de manifestations nationales. Le SCD a pour volonté de participer au mouvement de la science citoyenne et participative. Il a obtenu le label « Science avec et pour la société » dont l’objectif est le développement de nouvelles interfaces de dialogue entre sciences, recherche et société dans un cadre territorial. Les bibliothèques n’offrent pas seulement des espaces mais également des compétences, a rappelé Cécile Swatiek, directrice du SCD de l’université Paris Nanterre, lors de sa présentation.

Cette table ronde aura permis d’affirmer avec enthousiasme que les BU favorisent activement les accès aux ressources, aux espaces et aux services dédiés à la diffusion des savoirs académiques et à la culture. À travers les exemples du LILLIAD Learning Center Innovation de Lille, du Learning Center de Mulhouse ou encore de la BU de Nanterre, les intervenants ont démontré que la profession s’est emparée de cette vaste et fondamentale mission. Encore faut-il le faire savoir et s’imposer comme un partenaire incontournable.