Comment adapter la chaîne du livre numérique aux besoins des personnes empêchées de lire ?

Journée d’étude Afnor-BnF – 25 juin 2021

Jérémy Durand

Vendredi 25 juin a eu lieu la rencontre en visioconférence organisée par la Bibliothèque nationale de France (BnF) et l’Afnor/CN 46 intitulée « Comment adapter la chaîne du livre numérique aux besoins des personnes empêchées de lire ? Mettre en œuvre l’Acte européen d’accessibilité ».

Dans un premier temps, il a été question de la norme ISO qui est mise en place par l’Afnor, composé de plusieurs comités et groupes de travail visant à harmoniser l’accès aux livres numériques au niveau international. Cet organisme est rattaché au ministère de la Culture qui milite pour l’accès au numérique pour tous.

Après cette présentation, le représentant de Daisy France, Fernando Pinto da Silva, nous a fait part des progrès constatés en termes d’accès au numérique pour tous grâce au lecteur Daisy qui permet aujourd’hui d’accéder au livre en format CD mais également par l’intermédiaire d’une carte SD ou une clé USB. Cela facilite grandement l’accès à la technologie pour les déficients visuels et notamment en ce qui concerne le livre.

Grâce aux chiffres qui ont été communiqués, nous avons pu voir que seulement 3,7 % des sites web répondent aux exigences d’accessibilité et que 97,4 % des pages d’accueil des sites web présentent des défauts d’accessibilité (défaut de police, grosseur des caractères, etc.).

Le président de Daisy France a également fait un rappel des grandes lois sur le handicap : première loi handicap de 1975, deuxième loi de février 2005, naissance de l’exception handicap en 2006 (il n’est plus question de droits d’auteur en matière de téléchargement de livres pour les personnes handicapées) et Traité de Marrakech en 2013 visant à mettre en place un meilleur échange des documents accessibles entre les différents pays.

Pour terminer, il a listé les objectifs à atteindre à l’horizon 2025 : respecter les normes d’accès au numérique et plus particulièrement aux livres, faire en sorte que toutes les données soient accessibles à tous, mettre en place une certification de normalisation des données et de leur accessibilité pour tous (une sorte de label).

Laetitia Branciard, présidente de la Fédération française des Dys, a expliqué ce qu’est exactement la dyslexie, à savoir un déficit de la conscience phonologique ne permettant pas de lire correctement et amenant quelquefois des troubles du langage et de l’élocution mais également un encombrement perceptif (difficulté à supporter le bruit ambiant qui débouche sur des problèmes de concentration).

Elle a souligné que pour ce type de pathologie, le support audio était plus que recommandé et permettait aux utilisateurs une meilleure restitution des informations, ce qui, par exemple, pouvait permettre aux étudiants dyslexiques la poursuite d’études dans des conditions normales car les difficultés qu’ils connaissent sont atténuées grâce au support audio.

Pour terminer la matinée, Romain Deltour, développeur, expert en standards et accessibilité dans le consortium Daisy, a présenté les outils de contrôle de conformité d’accessibilité au numérique, notamment pour les personnes porteuses de handicap, tel qu’Epub Check, une application informant sur la conformité d’accessibilité d’un site web. Luc Audrain, expert en accessibilité du livre numérique, a fait part d’un projet de mise en place d’une norme européenne pour l’accessibilité numérique pour tous.

L’après-midi, Stéphane Michalon est intervenu pour nous parler de son travail en tant que fabricant de sites web accessibles à tous. Il a expliqué que le retour d’expérience était positif de manière générale mais que des progrès restaient à faire. Il a souligné que le travail collectif, et à plus forte raison, celui en collaboration avec les usagers porteurs de handicap, étaient primordiaux.

Ce point soulevé par Stéphane Michalon a été confirmé par François Le Berre, lui-même déficient visuel, et qui milite pour un travail collectif entre concepteurs de sites et bénéficiaires porteurs d’un handicap car, pour lui, seule la personne directement concernée connaît ses besoins. Pour ce qui concerne les sites web, il demande un référencement des ouvrages scientifiques et un accès plus simple à ce type d’ouvrage. Il recommande la mise en place d’un sommaire visant à faciliter la recherche et il préconise l’affichage d’un maximum d’informations visant à améliorer l’accessibilité des sites. Enfin, il demande de ne pas oublier que nous ne sommes pas tous connaisseurs du langage web et du langage utilisé dans certains ouvrages, et qu’il faut donc « vulgariser » certains ouvrages afin que le plus grand nombre y ait accès.

Dans son intervention, Laurent le Meur, directeur technique d’EDRLab, a expliqué l’importance du Digital Rights Management (DRM), protection pour le téléchargement et le partage de données numériques et de livres, et la nécessité de juguler le téléchargement de données à tout-va.

Laurette Uzan, responsable de la médiathèque Valentin Haüy, a ensuite expliqué que plus de 55 000 livres audio au format Daisy étaient disponibles dans sa structure et que 84 % des usagers utilisaient le format audio dont une grande partie pour le téléchargement. Cela confirme l’utilité de la plate-forme Eyrolles qui permet un téléchargement facile de plusieurs livres audio au format Daisy, l’un des moteurs de l’accessibilité pour tous.

Pour terminer la journée, Dominique Roux, directeur de l’Infrastructure de recherche (IR) Métopes et directeur technique des Presses universitaires de Caen, a expliqué que le site Métopes permettait la mise à disposition d’outils pour la compréhension et la mise en accessibilité d’ouvrages techniques. Il a également mis en évidence le volet formation des éditeurs à ce type d’outils afin que ceux-ci aient toujours en tête l’accessibilité aux livres et au numérique pour tous.

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