C’est ouvert ! Hospitalité et inclusion en bibliothèque

Journée d’étude de Bibdoc 37 – 5 mai 2022 à Tours, 10 mai 2022 en ligne

Anne-Sophie Pascal

Face aux incertitudes dues à la crise sanitaire persistante en 2020 et 2021, le groupe Bibdoc 37 1

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Bibdoc 37 est un groupe ouvert de bibliothécaires et documentalistes d’Indre-et-Loire, porté par la Direction déléguée du livre et de la lecture publique (DDLLP – Conseil départemental d’Indre-et-Loire) et l’Atelier Canopé 37, avec la bibliothèque municipale de Tours, le service commun de la documentation de l’université de Tours, la bibliothèque municipale de Montlouis-sur-Loire et le CRFCB Média Centre-Ouest de l’université de Poitiers.

a opté, pour sa journée d’étude 2022, pour une formule hybride : une journée en présentiel en Indre-et-Loire, à Tours, le 5 mai 2022 présentant des initiatives 100 % locales en matinée et des ateliers participatifs l’après-midi ; et une demi-journée en visioconférence le 10 mai qui a permis, comme en 2021, d’attirer un public de professionnels des bibliothèques et de la documentation bien au-delà des limites du département. Même si l’affluence fut moindre que les années précédentes, la journée a accueilli 80 personnes en présentiel et 130 en distanciel.

Plutôt que se focaliser sur la crise sanitaire et ses conséquences, les interventions ont porté sur des initiatives d’ouverture et d’inclusion ayant démarré pour la plupart avant 2020. La bibliothèque départementale d’Indre-et-Loire a proposé deux retours d’expérience : les ateliers et permanences numériques menés par Alice Bernard, désormais conseillère numérique France Services ; et le prêt de documents et mobiliers « Facile à lire », coordonné par Alice Charon, responsable des collections à la bibliothèque départementale. Ces deux actions prennent place dans des bibliothèques rurales, en partenariat avec le département. Si les services rendus sont essentiels pour la population qui en est bénéficiaire, les deux intervenantes ont fait état de leur perplexité face à l’ampleur des besoins. Qu’adviendra-t-il, notamment, des ateliers numériques à la fin du dispositif des conseillers numériques France Services ? À l’issue de l’atelier « Facile à Lire », en tout cas, nombreux étaient les professionnels et bénévoles présents motivés pour s’engager dans une démarche commune et partager leurs expériences et initiatives dans un groupe de travail dédié.

Une salle de travail en BU cogérée avec une association étudiante

Katrina Kalda, responsable de la bibliothèque universitaire de Grandmont (SCD de Tours) a présenté la transformation collaborative d’une salle de travail, désormais cogérée avec une association étudiante, « La bouturothèque », donnant un exemple intéressant de coconstruction avec les usagers de la bibliothèque eux-mêmes. Côté centre de documentation et d’information, Hélène Duvialard, professeure documentaliste au collège Philippe de Commynes à Tours, et Hélène Koch, bibliothécaire à la bibliothèque municipale de Tours, ont présenté l’ensemble des actions visant à faire d’un CDI un lieu de rencontre et de vie, y compris pour les parents des collégiens.

L’après-midi a été consacré à des ateliers collaboratifs, préparés et animés par Caroline Chapuis, de l’Atelier Canopé d’Orléans, assistée par les membres du groupe Bibdoc 37. Objectif pour les petits groupes de 4 à 8 personnes, savamment mélangés entre établissements : inventer un projet pour accueillir plus et mieux les publics. Création d’un œuf urbain d’accès généralisé à la documentation, intégration du jeu dans tous les espaces de la bibliothèque, renouvellement de l’accueil en bibliothèque universitaire, libération du mythique 5e étage de la bibliothèque municipale de Tours : du plus sérieux au plus fou, les projets ont fait l’objet d’une restitution en 150 secondes chrono ! Les fiches projets sont toutes disponibles sur le site bibdoc.fr.

Les 65 ans et plus, un vivier d’usagers potentiels

Les visioconférences proposées le mardi suivant ont permis de prendre du recul par rapport aux usagers peu ou mal accueillis. Quentin Auffret et Élisa Capelle, de l’Observatoire de la lecture publique, ont commenté de manière très instructive l’enquête de 2018 sur les non-usagers des bibliothèques, et celle toute récente concernant les conséquences de la crise sanitaire sur les bibliothèques. Rebutés par les difficultés d’accès, les procédures d’inscription et d’emprunt qu’ils jugent trop lourdes, ou tout simplement pas intéressés par les bibliothèques, les non-usagers ont, paradoxalement, dans leur grande majorité, une opinion positive des bibliothèques qu’ils estiment importantes. Des pistes pour les professionnels qui voudraient conquérir ces publics : s’intéresser de près aux plus de 65 ans, catégorie dans laquelle on trouve un vivier d’usagers potentiels.

Plus théorique mais tout aussi passionnante, comme en témoignent les échanges ayant eu lieu dans la conversation instantanée de la visioconférence, Raphaëlle Bats, coresponsable de l’Unité régionale de formation à l'information scientifique et technique (Urfist) de Bordeaux, a fait un état des lieux de la recherche en sciences de l’information sur le thème de l’hospitalité documentaire. Comment considérer nos usagers comme nos « hôtes » ? Que retirer des réflexions actuelles sur le « care » dans la relation à nos publics ? Quelle place faire à ce(ux) qui nous dérangent ? Prendre soin, être en empathie, autant de compétences absentes de nos formations professionnelles et pourtant au cœur de la notion d’accueil.