Bibliothèques éphémères : plage, jardin, et, parc

Journée d’étude de l’ABF – jeudi 21 avril 2016 – Notre Dame de Monts

Elise Terrien

Le jeudi 21 avril 2016, l’ABF proposait une journée d’étude dédiée aux dispositifs éphémères de lecture publique proposés au cours de l’été.

Les exemples de Notre-Dame-de-Monts, de Pornichet, et de la Barre-de-Monts concernaient les bibliothèques de plages, avec parfois des approches et des moyens différents.

Héritière du dispositif de bibliothèque de plage initié en 2010 par la Bibliothèque départementale de Vendée, Notre-Dame-de-Monts a développé par la suite sa propre proposition, émanant du service Tourisme de la ville, en complément mais indépendamment de la bibliothèque municipale. Cette bibliothèque de plage représente une proposition touristique supplémentaire pour la ville qui porte une attention particulière à la dimension d’accueil et d’information des publics.

Il s’agit aujourd’hui d’un dispositif pérenne, identifié et attendu par le public qui fréquente la commune entre juillet et septembre, disposant de moyens et de budgets propres (16 000€ pour 2016, l’achat du modulaire ayant représenté un investissement initial de 100 000€ pour la ville), mais pour lequel les collections sont toujours prêtées par la Bibliothèque départementale de Vendée le temps de l’opération.

L’exemple de Pornichet relève quant à lui d’un stade plus expérimental, proposé à partir de moyens existant sur la base de livres retirés des collections, et animé à tour de rôle par les bibliothécaires de la commune.

Proposition plus modeste, l’année test a permis de toucher 0.05% de la population estivale de la commune (311 personnes accueillies pour une population de 55 000 personnes l’été).

L’objectif de ce type de projet est d’expérimenter avant d’engager des moyens supplémentaires, comme l’on expliqué les intervenants présentant le projet de bibliothèque de jardin de la Barre de Monts-Fromentine, installée dans des locaux existants mais inutilisés, à proximité d’équipements sportifs et de loisirs, à fort potentiel d’attractivité de touristes estivaux.

Proposé comme un complément de la médiathèque municipale, les horaires proposés sont différents et essaient de se calquer sur les usages des touristes.

Initiée sur la base d’investissements minimes en mobilier pour La Barre de Monts (3000 € la première année), la bibliothèque de jardin proposait des collections alimentées par du don de particuliers et du troc de livres.

Les efforts de la ville se sont donc centrés sur le cadre et les moyens humains et techniques, davantage que sur les collections proposées.

Sur ces trois exemples, les attentes ne reposent pas nécessairement sur un bénéfice direct du dispositif sur la fréquentation de leur structure municipale, mais bien sur l'attractivité touristique grâce à une offre supplémentaire proposée aux estivants pour leurs vacances.

Il peut en revanche être supposé que le bénéfice de ces actions se reporte sur les communes de résidence de ces touristes qui, de retour chez eux après avoir expérimenté la lecture sur leur lieu de vacances, peuvent avoir envie de prolonger cela en se rendant auprès de la bibliothèque de leur commune.

Le dispositif estival déployé par la ville d’Angers présente une dimension différente puisque ces propositions vont potentiellement s’adresser à un public local, ne partant pas nécessairement en vacances.

Ainsi, la bibliothèque met en œuvre une action de proximité, conviviale, décontractée, complémentaire à ses propositions annuelles et à ses horaires d’ouverture, en tenant compte des points névralgiques de la ville sur la période estivale (le centre-ville, ses jardins et le lac), et de ses points forts (patrimoine, musée, espaces verts et de loisirs) en travaillant en partenariat avec d’autres services municipaux.

Au pied de la médiathèque principale, un peu en retrait de la rue passante, transats, tables de jardin, paniers de livres à disposition, permettent de profiter des extérieurs et d’attirer le public vers la structure.

Des animations permettant de faire le lien avec le patrimoine local et le musée attirent un public souvent déjà habitué à la bibliothèque.

Une proposition familiale offre aux familles accompagnées par les services d’action sociale de se balader de la médiathèque vers d’autres points de la ville, pour tenter d’estomper les freins qui les tiennent à l’écart de ces sites le reste de l’année, en bénéficiant du calme estival de ces espaces.

La bibliothèque éphémère présentée par Angers s’installe sur la base de loisirs du lac de la ville. Les bibliothécaires investissent un espace en plein air, dédié à la lecture plaisir, pensé initialement plutôt à la destination des enfants, mobilisant six agents sur douze dates.

En s’installant sur la base de loisirs du lac de la ville, très fréquentée l’été, et en s’associant avec les services des sports, l’équipe de la bibliothèque s’inscrit dans une démarche de proximité et de convivialité, avec un dispositif léger et adaptable aux publics, tant au niveau de l’emplacement choisi qu’au niveau des animations proposées.

Les bilans tirés de ces différentes expérimentations soulignent l’importance de la motivation et du volontariat de quelques éléments des équipes, davantage moteur sur ce type de propositions, afin de démarrer l’expérimentation ; notons aussi la nécessité d’inclure l’ensemble des équipes pour un portage pérenne, afin de donner du sens et du poids à ces actions au sein du projet d’établissement.

Les bibliothèques de plage peuvent par ailleurs être une offre supplémentaire pour les touristes habitués à fréquenter les bibliothèques le reste de l’année, mais permettant également à des personnes de lire alors qu’elles ne le font pas ordinairement. De plus, ces dispositifs servent le volet touristique de ces communes et peuvent tout de même amener des locaux ou résidents secondaires vers la bibliothèque municipale.

Par ailleurs, chaque expérience a fait valoir les notions d’expérimentation, de dispositif léger n’engageant que de faibles moyens, d’objectifs modestes, d’adaptabilité, de simplicité, de propositions de loisirs et de plaisir, mettant en avant la médiation, le sens humain de ces actions, parfois même au détriment des collections issues du désherbage pour trois des quatre présentations.

Les bibliothèques éphémères d’été peuvent sans doute s’apparenter à un moyen de « faire sortir les bibliothécaires », leur proposer une manière de travailler un peu différente sur le temps de l’été, un moyen de tester le travail en dehors des conditions habituelles et de fédérer davantage des équipes sur des actions de proximité. Néanmoins, si le dispositif de bibliothèque éphémère estivale peut s’avérer être une composante des propositions hors les murs, il ne semble pas pouvoir constituer une dimension unique et suffisante du hors les murs tel qu’il peut être construit, proposé et travaillé le reste de l’année, sur la base de partenariats solides, porteurs de projets sociaux et culturels pour les populations parfois éloignées des équipements de lecture publique.