88e Congrès de l’IFLA, du 21 au 25 août 2023, Rotterdam

Qu’est-ce que le WLIC IFLA 2023 a réservé pour le jeune public ? Retour sur les idées destinées aux bibliothèques jeunesse et ados

Fatima Oury Sow Gueye

Les bibliothèques sont l’endroit idéal pour « investir en faveur des enfants et des jeunes pour parvenir à un monde plus équitable, plus juste et plus durable pour tous » (Fonds des Nations unies pour l’enfance, UNICEF). Les services d’information documentaire pour le jeune public sont prioritaires dans les projets de l’International Federation of Library Associations (IFLA, Fédération internationale des associations et institutions de bibliothèques) car ils font partie intégrante des objectifs pour le développement (ODD) des Nations unies, notamment le numéro 4 « éducation de qualité ».

Lors du World Library and Information Congress (WLIC) 2023 à Rotterdam, plusieurs sujets ont été développés dans différentes sessions pour promouvoir le livre jeunesse et les espaces jeunesse dans nos bibliothèques, leur donner plus de ressources, plus de documentation et de jeux, afin de leur permettre de s’intéresser davantage à la lecture.

Dans la session des leaders émergents de l’IFLA, Bryan Boy C. Cortez, venu des Philippines, a parlé de comment « Améliorer la maîtrise de l’information juridique pour les enfants afin de soutenir les ODD 10 et 16 : l’approche d’un programme de bibliothèque ». Il a soutenu que la promotion de la maîtrise de l’information juridique (ou civique) chez les enfants est cruciale non seulement pour leur développement personnel, mais aussi pour faire progresser la société, pour préparer positivement la vie future des enfants. Ces informations sont transmises à travers la lecture et les animations de la bibliothèque pour aider le jeune public à connaître, dès le bas âge, leurs droits et devoirs. Ces actions incluent nécessairement l’ODD 10 « Inégalités réduites » et l’ODD 16 « Paix, justice et institutions équitables ».

Des initiatives pour le jeune public se sont démultipliées lors du congrès, notamment au travers de la session « Les bibliothèques ouvrent leurs fenêtres au monde : le programme livres d’images pour l’inclusion des familles ». Pour inciter toutes les communautés à s’intéresser à la bibliothèque, proposer des livres d’images est une solution, car elle dépasse la barrière de la langue et permet à toute personne de se retrouver dans l’histoire. Nous retenons de cette session que les « Silent books » (ou livres silencieux), comme l’expliquait Antonella Lamberti, bibliothécaire jeunesse en Italie, sont les meilleurs moyens de communiquer avec les petits car ils suscitent la curiosité de l’enfant, éveillent son esprit et lui permettent de décrypter lui-même l’histoire selon ses pensées, sa vision du monde. Le parent qui est amené à lire les livres d’images avec les enfants est aussi un catalyseur puisqu’il réoriente l’enfant pour l’aider à dénicher le ou les messages véhiculés à travers ces livres sans mots.

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À la question, pensez-vous que développer la lecture chez le jeune public les aide à devenir les meilleurs citoyens de demain, Antonella Lamberti nous répond : « Bien sûr que oui, mais pas que ! Il faut avoir aussi des livres adaptés, réorienter ces livres selon les différences d’origines, les réalités de chaque zone géographique, permettre aux familles moins privilégiées d’avoir accès facilement à ces collections jeunesse, avoir de bons bibliothécaires qui défendent la cause des enfants, développer des politiques pour augmenter la fréquentation de nos bibliothèques par les plus jeunes, commencer par les bébés en élargissant des programmes comme Né pour lire destiné à la promotion de la lecture chez les tout-petits. »

Par ailleurs, dans cette même session, Émilie Bettega de la Bibliothèque nationale de France (BnF) et la revue de littérature jeunesse Takam Tikou, ont fait un exposé sur les pays africains, surtout francophones, qui accueilleront la 3ᵉ édition du programme « World through picture books » ou « Le monde à travers les livres d’images ».

Face à la même question posée plus haut, Émilie Bettega nous fait savoir que « Oui, le livre est le meilleur moyen pour former les jeunes. L’apprentissage à la lecture doit se faire très tôt, entre 0 et 3 ans, car le livre est une façon d’entrer dans l’histoire et il faudra que le livre soit un document papier, un objet pour captiver encore plus l’attention des tout-petits ».

Christiana Lkeogu, bibliothécaire nigériane venue d’Angleterre, nous répond aussi que « Oui, apprendre beaucoup des livres aide les enfants à s’autocorriger et à être bon et bien dans tout ce qu’ils entreprennent dès le bas âge ».

Dans notre recherche de sessions en rapport avec les jeunes, nous avons suivi la session « Virtual Library Exchange », un programme virtuel d’échange entre bibliothécaires des Pays-Bas et bibliothécaires des Caraïbes. Cette première édition de ce programme d’échange a essentiellement réuni des bibliothécaires gérant des espaces jeunesses. Lors de cette session, ils ont discuté des pratiques qu’ils ont adoptées grâce à ces échanges virtuels. Nous pouvons citer la redynamisation des bibliothèques jeunesses caribéennes grâce à l’implantation d’activités autour des jeux vidéo. Leurs bibliothèques souffraient d’une basse fréquentation par les adolescents, mais depuis qu’ils ont proposé des jeux vidéo en alternance avec la lecture, ces derniers reviennent progressivement à la bibliothèque.

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Pour finir, nous pouvons parler de la session « Jeunes adultes et citoyenneté » qui a permis aux collègues d’échanger sur la thématique « bibliothèque et démocratie ». Il s’agissait d’un lieu ouvert où toute personne pouvait apprendre, connaître ses droits et les exprimer librement. Ils ont donc présenté des activités comme le Festival de la liberté organisé chaque année aux Pays-Bas, où les adolescents de la bibliothèque organisent eux-mêmes le festival. Une manière de les responsabiliser, de les former à la gestion d’un événement, de leur permettre de s’exprimer et de s’intéresser librement à ce qui leur tient à cœur en programmant des activités à leurs goûts pour le festival.

La deuxième partie de cette session portait sur la communication « Gen Z in the city, stimulating personal growth through culture ». Ici, il a été question d’animation pour adolescents avec l’initiative Quardin 1

. Ils organisaient, en partenariat avec les médiathèques de Rotterdam, des ateliers de développement personnel, de socialisation et de gestion de calendriers où les jeunes peuvent participer librement et échanger avec leurs semblables.

Le WLIC 2023 à Rotterdam était riche dans tous les aspects de notre métier de bibliothécaire. Les professionnels de l’information documentaire spécialisés dans les projets jeunesse s’engagent ainsi à retourner dans leurs pays avec beaucoup d’idées à adapter et à reproduire auprès du jeune public.