La grande collecte d’Harvard

Constitution d’un fonds Charlie

Lola Mirabail

Affiches, articles, photos, vidéos, blogs, tweets, pages Facebook, tracts, dessins… Protéiformes, les réactions à l’attaque de Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015, fleurirent partout : dans la rue et sur internet, en France et à l’étranger. Et si tous ces témoignages pouvaient intéresser les chercheurs dans un futur proche ou lointain ? L’université Harvard en est persuadée. Sa bibliothèque 1

X

Et plus particulièrement la Widener Library, la bibliothèque de lettres et de sciences humaines d’Harvard.

lance ainsi un grand appel à contributeurs pour collecter ces matériaux, quels que soient leurs formes, leurs supports et les opinions de leurs auteurs.

La genèse du projet

Ce projet est né d’un travail collaboratif entre le Département de langues et littératures romanes de l’université et la bibliothèque, sous l’impulsion de Virginie Greene. La directrice du département, également professeur de littérature française, avait déjà commencé à collecter des pancartes et des témoignages sur un blog 2

. La bibliothèque d’Harvard s’est très rapidement associée à ce projet, portée par l’enthousiasme de Lidia Uziel, responsable de la Western Language Division (WLD, Division des langues occidentales) du Département des collections de la Widener Library. Le contexte s’y prêtait : parallèlement, la bibliothèque venait de lancer un ambitieux projet d’archivage du web, et le WLD refondait sa politique documentaire en réduisant le cloisonnement des acquisitions par support. Tout collecter était ainsi facilité. La bibliothèque d’Harvard pouvait désormais lancer ses filets.

La démarche

Un site internet a été créé pour expliquer la démarche et faciliter la collecte. Il contient notamment un formulaire de contribution 3

. Il est relayé sur internet dans l’espoir de pouvoir susciter l’intérêt du grand public. Pour le moment, l’accueil sur les réseaux sociaux est plutôt positif. Les contributeurs potentiels peuvent également contacter directement l’équipe responsable de ce projet 4. Il faut faire vite pour éviter que certains documents ne disparaissent.

Mais il ne s’agit pas de faire cavalier seul. La bibliothèque d’Harvard cherche également à nouer des partenariats. Des archives et des bibliothèques en France ont, en effet, peut-être déjà collecté de tels matériaux et pourraient être intéressées par une association avec la bibliothèque d’Harvard.

Faire circuler l’information et prendre contact avec ces organismes constituent la première étape de ce projet. Ensuite, lorsque la collecte sera terminée, il s’agira de trier, d’organiser et bien entendu de cataloguer. Puis viendra la période de la valorisation avec notamment l’organisation d’expositions virtuelles. Ce fonds sera accessible à la communauté scientifique internationale et permettra, si la collecte atteint ses objectifs, de documenter les événements de janvier 2015.

À vous de jouer ! Aujourd’hui la grande collecte d’Harvard n’est encore qu’à ses balbutiements. Son succès repose sur les bonnes volontés, toute contribution et aide pour faire circuler l’information sont ainsi les bienvenues !