L’État recomposé

par Anne-Marie Bertrand

Émilie Biland

Jean-Paul Domin

Patrick Le Galès (et al.)

Émilie Biland, Jean-Paul Domin, Patrick Le Galès (et al.)
Présenté par Patrick Le Galès
Coordonné par Nadège Vezinat
PUF, collection « La Vie des idées », 2014, 107 p.
ISBN 978-2-13-062964-1 : 8,50 €

Ce petit ouvrage (97 pages + la bibliographie) est composite : bien que la page de titre ne le mentionne pas, il est collectif (6 auteurs – exercice d’école pour ceux qui font encore du catalogage !) ; il se compose de textes déjà publiés ou inédits ; il comporte des articles d’analyse et une recension ; les textes datent de 2009, 2010 ou, pour les inédits, 2013 ou 2014 pour ce qu’on en imagine. C’est la norme pour la collection « La Vie des idées » (revendiquée aussi comme un numéro de revue), mais le lecteur n’y trouve pas forcément son compte.

Le périmètre de l’ouvrage est, lui aussi, hétérogène : derrière un titre clair, on trouve des articles sur la mondialisation, la gouvernance des établissements hospitaliers ou la fonction publique territoriale. On traite plutôt des périphéries que du cœur de la recomposition de l’État.

Les deux auteurs principaux (affichés comme auteurs uniques sur la page de titre) semblent ici promouvoir leurs grilles d’analyse respectives, Patrick Le Galès « le changement d’échelle », Nadège Vézinat les « écologies liées ». Le texte de Patrick Le Galès, le plus long du recueil, comporte quelques idées fortes (l’émergence d’acteurs transnationaux, la transformation du mode d’intervention de l’État, via les agences et les inspections), quelques idées banales (« l’État n’a plus le monopole de l’exercice de l’autorité politique » ; la structuration et la montée en compétence de l’administration territoriale) et quelques idées dont on pourrait débattre (« les actions de l’État sont évaluées » – à part PISA, cité ici, on ne voit pas trop à quoi il peut faire allusion ; le poids des entreprises mondialisées et des ONG – quid de la réglementation/législation européenne ? de la perte de légitimité de l’action publique ? de « la neutralisation du politique par l’économique », pour reprendre la formule de Kevin Matz ?).

Nadège Vézinat conclut l’ouvrage en soulignant « l’originalité de ce livre », à savoir « croiser les différentes échelles de l’action publique ». On peut préférer le texte de Jean-Fabien Spitz, notamment lorsqu’il parle de « la coexistence de l’individualisme et de la normativité collective » ou cette citation à laquelle je laisse le dernier mot : « La construction européenne aura été l’un des plus grands échecs de ce siècle qui commence car, au lieu de tenter de créer une zone de haute protection démontrant l’efficacité d’un mode de régulation social qui économise les tensions et forme les hommes, elle a organisé entre ses membres la course au moins-disant social. »

Vous avez dit « L’État recomposé » ? Ou, plutôt, « L’État défait » ?