Dictionnaire terminologique des métiers du Livre
Éditions du Cercle de la librairie, 2016, 448 p.
ISBN 978-2-7654-1509-1 : 49 €
S’il peut sembler ambitieux d’envisager la recension d’un usuel, Le Dictionnaire terminologique des métiers du Livre mérite cependant qu’on s’y arrête.
Ainsi que l’annonce l’avant-propos de l’éditeur, « ce Dictionnaire terminologique des Métiers du Livre reprend l’ensemble des termes, simples ou composés, en usage non seulement aujourd’hui, mais aussi hier, dans différents métiers du livre, pour en définir le ou les sens ». Différents champs sont couverts par cette entreprise éditoriale, avec pour chacun l’expertise d’un coordinateur scientifique : « Histoire du livre et de l’édition » (Jean-Dominique Mellot), « Bibliothéconomie et lecture » (Martine Poulain), « Arts et industries graphiques » (Alain Nave), « Édition contemporaine » (Pascal Fouché et Philippe Schuwer). La nomenclature de l’ouvrage s’appuie sur le Dictionnaire encyclopédique du Livre (3 vol. aux Éditions du Cercle de la Librairie), avec un filtre sur les termes dédiés aux métiers du livre, recouvrant ses grands domaines : édition, bibliothèque, imprimerie, typographie, etc. On trouvera également, en introduction de l’ouvrage, une note expliquant la construction des entrées et détaillant la structure des notices. Les termes ainsi déclinés sont rattachés à leur spécialité « métier » telle que Reliure, Composition, Librairie, Bibliothéconomie…
Pris dans leur ensemble, ces mots ordonnés par la rigueur du classement alphabétique forment à leur façon une collection, se complétant et se renvoyant l’un à l’autre au gré des étymologies, des champs sémantiques, des affinités de la langue, ou de l’usage concret auquel ils se rapportent. On sera d’ailleurs frappé par la concrétude de nombreux termes traditionnellement usités par les artisans du livre, et dont les ateliers semblent receler toute une ménagerie : ours, singe, chien, chèvre, loup, papillon, bourdon… Et on ne manquera pas d’explorer à la lettre B le préfixe bibli- qui inspire un grand déploiement de termes liés au livre et aux bibliothèques. Du bibliopathe (« collectionneur que les livres rendent malades ») au bibliotaphe (« tombeau de livres »), il n’y a qu’un pas…
Mais la terminologie nous renvoie aussi à l’Histoire, chaque terme trouvant son ancrage dans le temps long d’un savoir-faire, d’une pratique, du métier qui l’a forgé. À tel point que s’est perdu, parfois, le fil ténu de l’origine d’un mot ou d’une expression, tels qu’ils ont été modelés par l’usage et le contexte matériel d’une époque où il était courant de parler de cavalier (« Origine inconnue ; peut-être d’une figure de cavalier présentée en filigrane par ces formats de papier ») ou de kas (« Origine inconnue ; la forme du mot et la fonction de ce qu’il désigne suggèrent une parenté avec le latin médiéval cattia : cuillère, creuset… »).
Ce dictionnaire est en lui-même un objet bien conçu, à la fois solide (dos relié habillé d’une jolie tranchefile) et aisé à prendre en main (couverture pelliculée souple, format compact), qualités précieuses et complémentaires pour un ouvrage amené à être manipulé à satiété. Un outil-utile s’il en est, mais pas seulement. Car, même s’il est également disponible en PDF et en EPub, on aura plaisir en ces temps de dématérialisation à déambuler d’une lettre à l’autre, livre en main, pour apprendre à bon escient ce qu’est une pétouille, une eschatocolle, une perruque… et même un papier amoureux (à la lettre A, comme Amour).
Comme bien des dictionnaires en cet usage, cet ouvrage est aux métiers du livre ce que serait une carte à l’explorateur : il nous prête à rêver tout autant qu’il nous guide.