Être chercheurs d’images à la Bibliothèque nationale de France : histoire d’une collaboration entre la bibliothèque et la recherche universitaire
L’appel à chercheurs associés de la Bibliothèque nationale de France (BnF) s’est toujours d’abord adressé aux doctorants de plusieurs disciplines et issus de diverses filières d’études. À travers les trois témoignages à l’origine de cet article, c’est cette ouverture pluridisciplinaire qui est démontrée. Trois témoignages pour trois moments de la formation d’un statut qui s’est structuré avec le temps et qui a évolué. Il s’adapte à chaque profil, chaque situation, chaque recherche. Notre point commun est d’avoir considéré l’environnement de travail de la BnF et, plus globalement, d’une bibliothèque comme le plus pertinent pour mener une recherche doctorale. Nous parlons de « bibliothèque » là où nous devrions parler de « médiathèque » ou de « vidéothèque ». Le fil conducteur de cette histoire est donc la rencontre entre la plus grande collection du média « vidéo » en France et la recherche universitaire. La coexistence des collections audiovisuelles de la BnF, de l’Inathèque et des collections numérisées des archives françaises du film du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) a fait de la salle P du site François-Mitterrand de la BnF notre principal espace de travail, autant dire de concentration, de découverte et de transmission le temps d’au moins deux années d’études doctorales. D’où venions-nous ? Qu’étions-nous venus chercher ? Qu’avons-nous appris à travers cette exploration ?

Figure. Salle P du site François-Mitterrand de la BnF, salle de l’audiovisuel
© BnF
Cheminements
De nos trois parcours, chronologiquement, le premier qui témoigne ici est celui de Laurent Garreau qui, avant de devenir chercheur associé de la BnF en 2006, s’est formé à la philosophie du baccalauréat au diplôme d’études approfondies (équivalent d’un Master 2 Recherche aujourd’hui) à l’Université de Rennes 1, puis d’un diplôme d'études supérieures spécialisées (qui sont devenus des masters professionnels à l’occasion de la directive européenne dite LMD) intitulé « Valorisation des patrimoines cinématographiques et des mémoires audiovisuelles », à l’Université de Paris 8. De ce parcours sont nés un goût de l’archive et une fréquentation assidue des lieux de savoir et de transmission. Quand, à l’occasion d’un stage à la cinémathèque québécoise, Laurent Garreau a rencontré Telesforo Tajuelo, auteur d’une thèse intitulée Censure et société : un siècle d'interdit cinématographique au Québec, les échanges d’alors ont fait germer en lui l’idée d’un sujet de thèse sur les archives de la censure cinématographique en France. C’est ainsi que le recensement des fonds concernés par ce sujet a fait de la BnF un terrain privilégié d’exploration et de comparaison entre différentes versions de films censurés. L’identification des bonus des « coupures » de la censure comme sources documentaires pour ce sujet a été évidente et a justifié cette candidature tout en devant l’ajuster à un sujet déjà publié dans l’appel à chercheurs 2006 sur « l’histoire de la vidéo en France ».
Anaïs Ducardonnet est devenue chercheuse associée à la BnF en 2018 durant son doctorat en histoire de l’art, mené à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Cette collaboration, tout comme son sujet de thèse, éclôt d’une licence et d’un Master recherche en histoire de l’art au sein de cette même université, avant une légère réorientation vers un Master 2 « Cinéma : histoire, théorie, archives ».
C’est lors de cette licence qu’Anaïs Ducardonnet suit un cours dispensé par Hélène Fleckinger (alors également chercheuse associée à la BnF entre 2008 et 2010) sur les archives audiovisuelles et leur conservation au sein des institutions françaises. Elle y découvre la vidéo à travers un travail de fin d’année sur l’utilisation de cette dernière au sein de l’École des beaux-arts de Paris dans les années 1970. De cette ébauche émerge ainsi son sujet de mémoire de deuxième année de Master sous la direction de Dimitri Vezyroglou (couvrant ainsi plus largement la vidéo à l’École des beaux-arts de Paris durant cette décennie). Cette passion pour la vidéo, elle décide de continuer à l’explorer lors de son doctorat toujours sous la direction de Dimitri Vezyroglou et co-dirigé par Hélène Fleckinger. D’un premier sujet très large sur l’utilisation de la vidéo légère au sein des institutions françaises émerge un focus sur l'Université de Vincennes et son usage de cette technologie.
Juliette Naviaux commence une thèse d’histoire contemporaine fin 2020, après un parcours en études cinématographiques effectué d’abord à l’Université Paris 7 puis à l’Université Lyon 2-Lumière. Sa spécialisation dans le cinéma documentaire lui fait découvrir le fonds audiovisuel de l’hôpital psychiatrique de Lorquin (Moselle), constitué en partie de films amateurs réalisés au cours des années 1970 et 1980 par des soignants en psychiatrie dans le cadre de leur travail. De la découverte de ce fonds inédit découle un projet de thèse interdisciplinaire, au croisement de l’histoire de la psychiatrie et du cinéma amateur.
Elle devient chercheuse associée au service Vidéo de la BnF en 2021, au cours de sa première année de doctorat, après que le Centre national audiovisuel en santé mentale (CNASM) de Lorquin ait fait don d’environ 2 700 cassettes VHS à la BnF. Elle participe alors au traitement documentaire du fonds, avec les équipes du service Vidéo, tout en construisant le corpus de sa thèse. L’obtention du statut de chercheuse associée et le travail mené lors de ce partenariat de trois ans ont été décisifs dans l’orientation de son travail de recherche, toujours en cours aujourd’hui.
À travers ces trois cheminements, la BnF se révèle être un lieu de rencontre des disciplines et des supports du savoir. Elle devient la scène d’une curiosité intellectuelle où les méthodologies se croisent en même temps que le livre côtoie l’audiovisuel et le multimédia.
L’analyse d’un besoin intellectuel
L’obtention du statut de chercheur associé a souvent été provoquée par une rencontre entre un chercheur et un interlocuteur de la BnF. Ces rencontres ont toujours été décisives et ont marqué le début d’une collaboration intellectuelle au long cours.
De la candidature à la sélection, les auteurs ont en effet rencontré plusieurs interlocuteurs qui, au sein du département en charge de l’audiovisuel de la BnF, ont contribué à orienter leurs recherches pour répondre aux besoins « communs » des deux mondes qui se télescopent.
Ainsi, après avoir manifesté son intérêt pour ce statut de chercheur associé, Laurent Garreau 1
a rencontré l’archiviste-paléographe Alain Carou, alors chef du service Images (aujourd’hui service Video) au département de l’Audiovisuel de la BnF. Tous deux étaient alors conscients de l’ampleur de ce sujet de recherche qui pouvait se révéler un véritable programme de recherche sur plusieurs années. Ainsi, le besoin de trouver un juste milieu entre un sujet dont le périmètre pouvait s’étendre à l’intégralité des collections audiovisuelles de la BnF et un sujet de thèse dont le corpus était cinématographique et réduit allait être discuté. C’est ainsi que la recherche menée par Laurent Garreau dans les collections audiovisuelles de la BnF prit trois directions :- la compréhension de l’histoire institutionnelle du dépôt légal des images animées, objet d’un autre article dans ce dossier ;
- l’établissement d’un corpus de films censurés à plusieurs versions dont la comparaison intéressait le sujet de thèse ;
- le développement de coopérations entre le département de l’audiovisuel de la BnF et le Centre national de documentation pédagogique (CNDP), employeur de Laurent Garreau.
Tout comme Laurent Garreau, une des rencontres déterminantes d’Anaïs Ducardonnet fut celle d’Alain Carou lors d’un cours dispensé par Hélène Fleckinger en licence. Durant celui-ci, elle prend conscience de l’immensité des fonds vidéo conservés à la BnF et du besoin de mieux les explorer. Poussée par Hélène Fleckinger, elle envoie par la suite sa candidature à l’institution. Au sein de la bibliothèque est ainsi conservé un fond de vidéos de 1969 à nos jours émanant de l’Université Paris 8 Vincennes – Saint-Denis. Celui-ci est composé de trois versements et représentait une large partie de son corpus de thèse. Une partie de ces bandes étaient numérisées suite à une convention de juillet 2014 entre la BnF et l’Université Paris 8. Elles étaient néanmoins encore inaccessibles au grand public. L’accès aux inventaires réalisés par Julia Mine (stagiaire au sein du programme « Cinéma/vidéo, art et politique en France depuis 1968 » dirigé par Hélène Fleckinger), puis à toutes les vidéos a ainsi été grandement facilité par ce statut de chercheuse associée. Un immense défrichage s’est ensuite opéré pour comprendre la provenance et le sujet de ces bandes. Parmi ces dernières s'étaient en effet glissés des enregistrements d’émissions utilisés comme support de cours. Pour la première fois, l'entièreté des bandes réalisées durant la période vincennoise était visionnée, permettant de mettre en lumière ces objets longtemps restés cachés dans les collections de la BnF.
Le cheminement de Juliette Naviaux est, lui, un peu différent. Elle prend contact avec Alexia Vanhée, alors chargée de la valorisation des collections du service Vidéo, quand elle apprend que l’hôpital psychiatrique de Lorquin a fait don de sa collection audiovisuelle à la BnF. Juliette Naviaux ne sait pas encore ce que ce fonds contient précisément mais souhaite le visionner pour démarrer son travail de thèse. Le fonds n’est pas encore traité par les équipes de la BnF et le chemin avant qu’il soit accessible au public est encore long. Les VHS du fonds de l’hôpital psychiatrique de Lorquin sont donc numérisées au compte-goutte à la demande de Juliette Naviaux, qui n’a un accès que très partiel à ces images pourtant nécessaires à la réalisation de son travail de doctorat. C’est à cette période que Juliette Naviaux a l’idée de demander le statut de chercheuse associée, afin d’obtenir un accès privilégié à la collection. C’est lors des premiers mois de collaboration qu’une méthode commune de traitement du fonds est mise en place avec l’équipe du service Vidéo : Juliette Naviaux récupère l’inventaire dressé par un magasinier du service, visionne les documents grâce à un magnétoscope mis à sa disposition et se forme brièvement à l’indexation pour participer à leur identification et à leur description.
La BnF répond à un besoin de Juliette Naviaux, à sa nécessité d’accéder à un fonds précis qui n’est visible nulle part ailleurs. Pour Laurent Garreau et Anaïs Ducardonnet, les collections du service Vidéo de la BnF sont davantage un terrain à explorer. De leur côté, les trois chercheurs font vivre les collections sur lesquelles ils travaillent, répondant ainsi au besoin de la BnF de valoriser les fonds audiovisuels qu’elle conserve.
Vers une nouvelle culture professionnelle
Temple de la culture livresque et institution des formes savantes et traditionnelles de la culture, la BnF, en s’ouvrant aux productions multimédias et audiovisuelles, a redéfini son projet en revisitant les missions de médiation au cœur des pratiques professionnelles de ses agents. Le témoignage de Florence Linden, conservatrice en chef en charge du dépôt légal du cinéma, est éclairant sur cette nécessité d’adaptation et de transition de l’institution à de nouveaux objets de patrimoine. Quand Laurent Garreau devient chercheur associé au département de l’Audiovisuel de la BnF, l’époque est aux programmes de numérisation des « mémoires audiovisuelles » et à l’accélération de la réflexion française et européenne sur le dépôt légal du Web face au géant Google. Les enjeux d’indexation de documents numériques en masse deviennent centraux et l’expertise des chercheurs « spécialisés » très recherchée dans les institutions patrimoniales. Les archives ne peuvent être documentées à leur juste échelle que de manière participative. C’est ainsi que se justifiait sans doute la contribution d’un chercheur associé « généraliste » au cours de cette première décennie du nouveau siècle, période de participation collaborative et de partage d’informations ouvertes et inclusives, typique du Web 2.0 et propice à l’avènement d’un Wikipédia amené à devenir le modèle d’une nouvelle génération d’encyclopédies.
La collaboration entre la BnF et les différentes générations de chercheurs associés évolue en même temps que les besoins de l’institution changent et que les collections conservées se diversifient. Les expériences respectives d’Anaïs Ducardonnet et de Juliette Naviaux montrent que ces collaborations sont protéiformes et propres à chaque situation.
Être chercheuse associée au sein de la BnF a eu un apport significatif durant et après la thèse d’Anaïs Ducardonnet. Outre la facilité d’accès aux bandes, permettant la construction de sa thèse, cette collaboration a permis à la doctorante de prendre conscience des richesses audiovisuelles de la BnF. L’importance de les conserver et de les valoriser est devenue l’un des points de toute la réflexion présente dans sa thèse. L’émulation provenant du département prouve encore une fois l’expansion de notre culture audiovisuelle et met en lumière les besoins toujours permanents de compréhension des travaux passés. Si les deux premiers versements de Paris 8 à la BnF ont été (en grande majorité) utilisés lors de sa thèse, il reste encore 1 310 bandes inexploitées. Le statut de chercheuse associée offre ainsi cette possibilité d’élargir l’étude d’objets oubliés à des étudiants friands de découvertes. En outre, l’accès à ce statut a également permis à l’étudiante de se confronter au monde des bibliothèques, lui ouvrant une voie jusqu’à présent non imaginée (envisager la conservation comme futur professionnel).
Le statut de chercheuse a apporté à Juliette Naviaux bien plus que l’assistance technique nécessaire à l’exploration du fonds audiovisuel de l’hôpital psychiatrique de Lorquin. Ce partenariat, proche de la résidence de recherche, lui a également donné l’opportunité de développer des compétences et des projets parallèles à la rédaction de sa thèse.
L’apprentissage des techniques des bibliothèques, véritable atout pour une doctorante à l’avenir professionnel encore à définir, a influencé sa manière de regarder les images et de classer les documents de son corpus. Les multiples projets de valorisation de la collection de l’hôpital de Lorquin menés durant ces trois ans ont également permis à Juliette Naviaux d’aborder son sujet de thèse différemment, avec des angles variés et dans des perspectives diverses (publication de billets de blog, réalisation d’entretiens enregistrés, programmation de films dans le cadre du cycle Cinéma de midi à la BnF, etc.). Le travail quotidien au sein du département Son, vidéo et multimédia, au contact de professionnels des bibliothèques et d’archivistes de la vidéo, a grandement enrichi son expérience, déjà conséquente, du doctorat.
Le statut de chercheur associé existe à la BnF depuis maintenant plus de vingt ans. Le fort développement des études portant sur l’audiovisuel et le multimédia ainsi que les enjeux actuels autour de la conservation des images du passé rendent ce statut plus précieux que jamais, aussi bien pour les chercheurs que pour les équipes de la BnF.
Poste-clé pour accompagner les chercheurs associés, le responsable du développement et de l’administration de la recherche est le garant d’un dynamisme de la recherche dans une institution au service de la démocratisation des savoirs. Les auteurs tiennent à saluer l’accueil et la disponibilité sans faille d’Odile Faliu et de Philippe Chevallier qui incarnaient cette mission. Si les rencontres entre chercheurs et équipes professionnelles ont été essentielles, elles sont aussi propices à créer un réseau de chercheurs dont l’article est une bonne illustration.
La Bibliothèque nationale de France (BnF) a créé en 2003 un dispositif d’accueil de jeunes chercheurs au sein de ses départements de collection. Un appel est publié chaque année par la BnF, accompagné par une liste de sujets de recherche proposés par l’établissement. Les candidats qui le souhaitent peuvent puiser parmi cet ensemble ou bien construire leur propre projet en fonction de leurs axes de recherche. Si la plupart des chercheurs associés sont inscrits en doctorat, le dispositif est ouvert plus largement : aux étudiants dès l’année de Master 2 et jusqu’à 3 ans après l’obtention de la thèse, aux enseignants-chercheurs ou encore à des professionnels et à des artistes qui conduisent une recherche hors du cadre académique. Tous les projets de recherche reçus par la BnF sont examinés et évalués par les départements de collection, avant d’être soumis à un jury composé de représentants de la BnF et de personnalités qualifiées, qui décide ou non d’attribuer le statut de chercheur associé pour un an. En 2024, 14 nouveaux chercheurs ont été sélectionnés. Comme le statut est renouvelable deux fois, des chercheurs associés prolongent leur collaboration jusqu’à trois ans. Ainsi, la BnF accueillait 31 chercheurs au total pour l’année universitaire 2024-2025.
Au sein du département Son, vidéo, multimédia, le service Vidéo assure la collecte, le traitement documentaire et la valorisation d’une collection de près de 400 000 documents vidéo qui s’enrichit depuis 1975 grâce au dépôt légal des vidéogrammes, mais aussi par des acquisitions et des dons. La BnF conserve ainsi toute l’histoire de l’édition vidéo sur support physique, de la VHS au Blu-ray UHD, mais aussi des films institutionnels et d’entreprise, des productions associatives et militantes, de l’art vidéo et des films d’artistes. Depuis les années 2000, nombre d’auteurs et de producteurs confient à la BnF les supports originaux de leurs œuvres pour qu’elle en assure la conservation pérenne : sociétés de production de films documentaires, cinéastes, artistes vidéo, collectifs. Certains accompagnent ces archives audiovisuelles d’archives papier ou numériques qui documentent leur travail.
Le premier chercheur accueilli par le service Vidéo est Laurent Garreau, qui prépare alors sa thèse sur la censure des films en France entre 1945 et 1975. Arrivé en octobre 2006, il est le seul qui se porte candidat avec un sujet de recherche éloigné de celui de son doctorat. Par la suite, tous les chercheurs associés au service travailleront dans la continuité de leur thèse en cours : Hélène Fleckinger sur la production vidéo militante féministe en France (associée en 2008-2011), Alice Leroy sur l’esthétique de l’enfermement et de la transe au cinéma (2011-2014). Pour beaucoup, c’est l’intérêt pour un fonds conservé par le département qui motive leur candidature : celui du cinéaste Lionel Soukaz pour Vivien Sica (2014-2016), le fonds vidéo de l’Université Paris 8 pour Anaïs Ducardonnet (2017-2020), les archives déposées par le duo Klonaris/Thomadaki pour Ana Bordenave (2018-2021). Au-delà des visites organisées pour les étudiants ou des stages, les premiers contacts entre ces jeunes chercheurs et le personnel scientifique de la BnF se font souvent en salle de lecture. Des besoins techniques, un intérêt marqué pour des fonds bien représentés dans les collections peuvent conduire la BnF à présenter les principes du dispositif à ces lecteurs, et ainsi trouver un moyen de faciliter l’accès au fonds du Festival Psy de Lorquin pour Juliette Naviaux (2021-2024) ou bien orienter Emma Canali (2024-) vers le fonds du Centre international de création vidéo (CICV) de Montbéliard pour sa thèse sur les festivals d’art vidéo en France dans les années 1980.
Les jeunes chercheurs disposent d’un poste de travail à la BnF et peuvent se mêler au quotidien à l’équipe du service de collection où ils sont accueillis. Ils sont suivis par un référent scientifique, chargé de collection ou chef de service, et disposent des mêmes outils que le personnel pour accéder aux documents. Ponctuellement, la BnF peut également financer des voyages d’étude. Grâce à différents mécénats, elle offre aussi chaque année des bourses, attribuées sur dossier en début d’année, selon des axes thématiques qui ont évolué dans le temps. Hélène Fleckinger a ainsi bénéficié d’une bourse en 2011. En contrepartie, les contributions des chercheurs associés à la valorisation des collections sont multiples. Certains suggèrent des pistes de collecte et établissent des premiers contacts avec des donateurs. Beaucoup enrichissent des inventaires. Juliette Naviaux a complété pendant plusieurs années une matrice validée par le département des Métadonnées de la BnF pour permettre d’intégrer directement au catalogue général ses descriptions documentaires pour les films les plus rares ou complexes de son corpus. Emma Canali prépare un instrument de recherche dans BnF – Archives et Manuscrits pour signaler le fonds du CICV. Tous écrivent dans le Carnet de recherche de la BnF, participent à la conception ou à l’animation de projections ou de journées d’étude, partagent naturellement leur expertise avec l’équipe. Juliette Naviaux a ainsi produit plusieurs entretiens sonores avec des témoins clefs pour sa recherche, grâce au matériel du département et avec l’aide de son personnel. Non seulement elle en a cédé les droits pour une publication sur la bibliothèque numérique Gallica, mais elle a aussi accepté quelques mois plus tard de préparer et de mener un entretien, dans le même format, avec un donateur du service Vidéo.
La plupart des chercheurs accueillis au sein du service Vidéo sont restés pendant trois ans avec l’équipe. Ce temps long permet de nouer des liens, laisse de l’espace pour penser et mettre en œuvre des collaborations, confronte le travail des agents aux besoins et aux attentes des chercheurs dans la durée, développe la connaissance des fonds. Ce compagnonnage est ainsi toujours à double sens, apportant au chercheur des moyens renforcés pour son travail, une appréhension plus fine de la constitution des collections, et rappelant au quotidien pour l’équipe d’accueil la vocation première d’une bibliothèque de recherche et d’un centre d’archives.
Julie Guillaumot
Cheffe du service Vidéo – département Son, vidéo, multimédia – Bibliothèque nationale de France