Les bibliolympiades de la Ville de Paris

En qualité d’hôtesse des Jeux olympiques et paralympiques (JOP), la Ville de Paris s’est dotée d’une mission Olympiade culturelle, mission placée auprès de la directrice des affaires culturelles pour impulser et coordonner cette programmation culturelle faisant dialoguer art et sport de l’année 2021 à 2024, ce en lien avec la Direction de la culture de Paris 2024 1

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Dès 2021, dans le contexte de l’ère post-Covid, l’ensemble des services culturels, lieux en régie ou subventionnés ont, à moyens constants tant sous l’angle des ressources humaines que sous celui des budgets, adapté leurs programmations ou impulsé de nouveaux projets. Des crédits supplémentaires, portés par la Délégation générale aux Jeux olympiques et paralympiques (DGJOP) ont permis, à partir de 2023, de créer de nouveaux temps forts estivaux et de soutenir des projets d’envergure.

Pour le réseau des 68 bibliothèques de la Ville de Paris, c’est la mission action culturelle au sein du service des bibliothèques et du livre qui a été la cheville ouvrière de cette programmation déclinée au cours de quatre années. La stratégie adoptée s’est fondée à la fois sur la sélection, chaque année, d’un ou de plusieurs temps forts de la programmation déjà identifiés par le grand public (festivals, cycles…) au cours desquels ont été proposées des actions déclinant la thématique et sur la création de nouveaux rendez-vous, afin de favoriser la diversité des propositions artistiques et des thématiques et de toucher tous les publics y compris les plus éloignés. À ce jour, à l’aube de la cérémonie d’ouverture des JOP 2024, ce sont plus de 500 actions gratuites qui ont été labélisées « Olympiade culturelle », lesquelles ont touché plus de 25 000 participants.

Cet enjeu programmatique s’est avéré une contrainte singulièrement créatrice, permettant au réseau des bibliothèques municipales parisiennes de faire émerger de nouveaux formats, d’aller à la rencontre de nouveaux partenaires, notamment issus de l’univers sportif et, territorialement, de proximité. De la sorte, de nouveaux publics comme le public adolescent ont pu être aiguillés vers les bibliothèques. La notion d’héritage, enjeu fort de ces JOP, a également présidé à la sélection des projets (certains de ces projets sont présentés et illustrés ci-après).

En 2023, le festival numérique et maker Numok a pris les couleurs de l’e-sport le temps d’une édition. À l’heure où l’e-sport candidate pour devenir une discipline olympique, des compétitions de jeux vidéo intergénérationnels, des conférences favorisant la découverte des métiers de cette industrie créative et de ses acteurs, ainsi que l’immersion dans des contenus culturels et patrimoniaux au travers d’expériences de réalité virtuelle (VR), ont été proposés en bibliothèque. L’héritage de cette édition s’est incarné dans la pérennisation d’une offre de réalité virtuelle tout au long de l’année ainsi que des tournois de jeux vidéo interbibliothèques.

Le festival de musique Monte le son 2023 a, quant à lui, été l’occasion d’une invitation aux Parisiennes et aux Parisiens à valser lors de bals, à s’initier à de nouvelles danses, animées par des groupes de musique professionnels ou à découvrir la breakdance, cette nouvelle discipline olympique. Le public a particulièrement plébiscité et apprécié ces moments de danse favorisant le lien social au cœur des bibliothèques.

Les Bibliolympiades, regroupant des formats variés mêlant pratiques sportive et culturelle, ont été lancées en 2022 et s’achèveront cet été 2024, avec la présence des bibliothèques sur les sites des festivités de proximité. Ces sites au nombre de dix-sept dans la capitale, qui sont des lieux identifiés dans chaque arrondissement parisien, proposeront une programmation culturelle, ludique et sportive gratuite portée par les acteurs de proximité ainsi que la retransmission d’épreuves sur grand écran. Dans ce cadre, les traditionnelles BHLM (bibliothèques hors les murs) s’adapteront à un public cible plutôt familial, au travers de multiples ateliers, notamment de découverte de langues étrangères, des ateliers d’écriture et créatifs, ou en incitant le public à jouer sous des formes très variées. Comme chaque été, cette présence hors les murs s’inscrira au titre de la politique de développement de nouveaux publics et valorisera la programmation régulière et les collections de chaque bibliothèque participante.

Sous l’angle de l’innovation, l’Olympiade culturelle a également favorisé la création de nouveaux formats comme une carte blanche à Aya Cissoko, autrice et ex-sportive de haut niveau, ainsi que suscité des formats nouveaux de médiation autour des collections patrimoniales. En 2022, au sein de la bibliothèque Assit-Djebar, bibliothèque située dans un quartier politique de la ville du 20^e arrondissement, l’écrivaine Aya Cissoko a coconstruit avec le public adolescent une programmation riche dans son élaboration comme dans sa structure et variée dans le choix des invités. Pendant neuf mois, cinq tables rondes ont été montées sur les thématiques de l’égalité des droits et des chances et des ateliers photographiques et d’écriture ont été menés, notamment avec tous les acteurs associatifs du quartier. L’ensemble de cette carte blanche a fait l’objet d’une restitution inédite au travers d’un site internet dédié 2

et d’une exposition photographique dans l’espace public. La complexité du montage budgétaire et partenarial de ce projet constitue désormais une force de l’établissement, en ce qu’elle a suscité des savoir-faire qui sont employés au quotidien. Les liens avec les acteurs associatifs et le public adolescent de la bibliothèque Assia-Djebar ont été également renforcés et la méthode de coprogrammation poursuivie. La bibliothèque est à présent l’un des établissements du réseau parisien qui compte le plus d’animations pour le public relevant de cette tranche d’âge.

Depuis le 28 mai 2024, l’exposition « Paris 1924 – La publicité dans la ville », dernière-née des expositions présentées à la bibliothèque Forney, a ouvert ses portes. Proposée en co-commissariat avec la Bibliothèque historique de la Ville de Paris 3

(BHVP), rendant hommage au Paris de 1924, c’est-à-dire à l’heure de la précédente édition des Jeux olympiques dans la capitale, un Paris vu au travers du prisme de la publicité dans la ville, cette exposition valorise la diversité des fonds patrimoniaux parisiens (photographiques, objets publicitaires, affiches, musiques, catalogues commerciaux, plans…). Outre le choix d’un sujet témoignant de l’inventivité et du chatoiement d’une époque prolifique, l’innovation du projet se distingue dans la création de dispositifs de médiation inclusifs et bilingues pour cette exposition qui se veut aussi commémorative du précédent accueil des jeux. À l’heure où Paris s’apprête à recevoir les nombreux touristes de cette nouvelle édition olympique, l’exposition propose des contenus bilingues français-anglais (pour les cartels, brochures, etc.) et des capsules vidéo sous-titrées et traduites en langue des signes française valorisant le propos et les documents présentés. La question est désormais ouverte : ces outils produits spécifiquement pour cet événement, ouvert jusqu’au 28 septembre, contribueront-ils à battre les records de fréquentation établis jusqu’à présent et à conforter leur intérêt dans le dispositif muséographique en bibliothèque ?

Au cours des quatre années écoulées, cette programmation d’action culturelle mêlant art et sport a significativement participé à la promotion des bibliothèques parisiennes, de leur diversité et de leur capacité à œuvrer en faveur de l’inclusion et de la médiation pour toutes et tous. Ces Bibliolympiades ont joué un rôle réel de promotion de la diversité culturelle, de la créativité et de l’inclusion sociale.

En leur qualité de premier acteur de la culture de proximité, les bibliothèques retirent donc de ce programme d’action culturelle exceptionnel de nouveaux partenaires, des compétences étendues et confortées et un lien social renforcé avec les acteurs des territoires !