Les bibliothèques françaises face aux précarités

Ana Hours

Muy Cheng Peich

Jérémy Lachal

Les fractures sociales et territoriales que connaît la société française se sont intensifiées ces dernières années, notamment avec la crise sanitaire mondiale due au Covid-19 qui a encore accru la vulnérabilité de pans entiers de la population. Les formes de vulnérabilité sont multiples (précarité, chômage, illettrisme, mauvaise maîtrise du français, intégration, maladie, isolement, éloignement des services publics, risques de déclassement, etc.) et créent des ruptures profondes dans le pacte démocratique, le vivre-ensemble et la participation citoyenne. Le repli identitaire, la radicalisation idéologique ou religieuse, la difficulté à débattre et s’entendre, le rejet des canaux traditionnels d’information, la perte de confiance dans le projet collectif sont autant d’incarnations de ces maux qui traversent notre société.

Alors que 2,5 millions d’adultes sont en situation d’illettrisme en France, Emmanuel Macron a fait de la lecture la « grande cause nationale » en 2021-2022. Ce combat majeur est bien sûr celui de la lecture pour toutes et tous, mais c’est aussi un combat en faveur de l’émancipation et de la dignité des plus fragiles, pour la cohésion sociale, la rencontre de l’autre et l’acceptation de l’altérité.

Dans ce combat, les bibliothèques, lieux d’apprentissage individuel et de rencontre du collectif et de l’altérité, mais aussi de formation de l’esprit critique, jouent naturellement un rôle essentiel. Elles sont le lieu d’accueil inconditionnel, gratuit, ouvert à toutes et à tous, le seul « intermédiaire de connaissance » à résister face à la défiance grandissante de la population ce qui leur confère une bien plus forte confiance que celle placée dans les médias traditionnels ou Internet.

Les bibliothèques, refuges de longue date pour les publics précaires

Dès 1920, le sociologue américain Nels Anderson est l’un des premiers chercheurs à étudier la fréquentation des bibliothèques par les publics en situation de précarité. Dans son enquête, The Hobo 1

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Nels ANDERSON. The Hobo : The Sociology of the Homeless Man. 1920.

, il raconte que, poussés par les vagues de froid intenses que connaît Chicago à l’époque, certains vagabonds trouvent refuge à la bibliothèque municipale pendant l’hiver. Puis, ayant surmonté leurs réticences à entrer dans la bibliothèque, et se sentant moins gênés par leurs tenues, ils continuent à en fréquenter les rayonnages l’été. La salle de lecture de la bibliothèque de Chicago devenant alors un repaire pour les sans-abris de la ville.

Le sociologue Richard Hoggart 2

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Richard HOGGART. La culture du pauvre : étude sur le style de vie des classes populaires en Angleterre. Traduit de l’anglais par Françoise et Jean-Claude Garcias et par Jean-Claude Passeron. Paris. Éditions de Minuit. 1970.

fait le même constat dans les années 1950 au Royaume-Uni : des vieillards fréquentent les bibliothèques de Belfast en quête de compagnie mais aussi parce qu’ils y trouvent des sièges et de la chaleur. Il note d’ailleurs que dans l’une des bibliothèques, des lecteurs âgés essaient de faire subrepticement sécher leurs chaussettes sur les tuyaux du chauffage central, au risque d’être mis à la rue si le bibliothécaire les surprend ! Alors que dans l’Angleterre des années 1950, les bibliothèques publiques restent austères et soumises à des règlements très stricts, Hoggart souligne dans son ouvrage les effets positifs de l’accès à la connaissance et aux œuvres culturelles des populations les moins aisées. 

Plus récemment, on peut mettre en parallèle le formidable levier que constitue la bibliothèque dans la lutte contre l’exclusion avec le modèle théorisé par Alastair Ager et Alison Strang pour décrire les domaines clefs de l’intégration des personnes immigrantes (figure 1). Selon eux, l’emploi, le logement, l’éducation et la santé constituent les marqueurs de l’intégration socio-économique par lesquels un individu peut participer activement à la société. Au cœur du processus d’intégration, les connexions sociales sont les éléments qui font le lien entre d’une part le socle fondamental du droit et de la citoyenneté et, d’autre part, un parcours d’intégration réussie. Ce sont elles qui inscrivent l’individu dans une démarche collective et l’ancrent dans la société. Enfin, ce qu’ils décrivent comme les facilitateurs sont les mécanismes qui permettent de surmonter les principales barrières à l’intégration ; parmi eux, la maîtrise de la langue et la compréhension du contexte culturel sont systématiquement citées dans les études sur l’intégration comme des facteurs centraux.

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Figure 1. Les domaines clés pour l’intégration

Source : Alaistair Ager et Alison Strang

Il est particulièrement intéressant de voir à quel point toutes ces étapes du processus peuvent être couvertes par l’action des bibliothèques, depuis la transmission des piliers fondamentaux du droit et de la citoyenneté jusqu’à l’accompagnement des publics dans l’accès à l’emploi, aux aides sociales, à l’orientation et l’éducation ou encore la prévention en matière de santé. 

La définition de la culture par l’Unesco rejoint cette vision sociale de la bibliothèque qui joue un rôle fondamental dans la construction des sociétés humaines : « La culture doit être considérée comme l’ensemble des traits distinctifs spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social et qu’elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les façons de vivre ensemble, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances. » 3

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Déclaration de Mexico sur les politiques culturelles. Conférence mondiale sur les politiques culturelles, Mexico City, 26 juillet–6 août 1982.

Le rôle des bibliothèques en tant que service public, gratuit et de proximité ne fait donc pas débat aujourd’hui. Cependant, elles ne sont que trop peu fréquemment intégrées pleinement dans les politiques locales et nationales de lutte contre la précarité et contre les inégalités sociales. Il est encore trop rare de les voir considérées comme des actrices majeures de la réduction des inégalités au sein d’un territoire ou comme des partenaires clés des politiques de l’emploi et de l’insertion ou de la santé publique. Pourtant, les exemples montrant que les bibliothèques – lorsqu’elles sont intégrées dans des politiques publiques bien pensées, coordonnées et dotées des moyens suffisants – peuvent être de formidables catalyseurs de lutte contre toutes les formes de précarité et de vulnérabilités sont nombreux.

Depuis plus de quinze ans, c’est la mission que s’est confiée l’ONG internationale Bibliothèques Sans Frontières en France : expérimenter des formes nouvelles d’action, en particulier pour, d’une part, aller vers les populations et briser les barrières physiques et symboliques d’accès aux bibliothèques et, d’autre part, formaliser des approches et des méthodologies afin de leur permettre de passer à l’échelle, d’être intégrées aux politiques publiques et d’impulser de véritables changements systémiques. Nous proposons ici quelques exemples de cette démarche. 

Lutter contre la grande précarité

Depuis 2017, le service d’action sociale de la Ville de Paris (CASVP) et Bibliothèques Sans Frontières (BSF) déploient dans le cadre du plan d’urgence hivernale (PUH) une Ideas Box, dans les gymnases réquisitionnés pour la mise à l’abri des personnes sans domicile. Outil phare de BSF créé en 2014 avec le designer Philippe Starck, l’Ideas Box est une médiathèque en kit qui se déploie en vingt minutes pour créer un espace coloré et convivial de 50 à 100 m2 avec des tablettes, des ordinateurs, un cinéma, de nombreux équipements créatifs (caméras, instruments de musique, imprimante 3D, etc.) et, bien sûr, une bibliothèque. Initialement pensées pour les camps de réfugiés, les Ideas Box sont aujourd’hui déployées dans une grande diversité de contextes à travers le monde, des rues de Bujumbura au Burundi dans le cadre de programmes avec les enfants, aux actions en direction des populations aborigènes d’Australie ou encore en renforcement du processus de paix en Colombie. Une quarantaine d’Ideas Box sont aujourd’hui déployées en France, la plupart directement par les bibliothèques publiques.

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Figure 2. Une Ideas Box déployée au Kremlin-Bicêtre en région parisienne

Photo BSF

Le programme mis en place à Paris dans le cadre du PUH est particulièrement représentatif de l’adaptabilité de cet outil et de sa capacité à créer un espace sécurisé, attractif et collectif dans les situations les plus difficiles – en l’occurrence ici un gymnase où dorment côte à côte chaque soir des centaines de personnes en grande précarité. Dans ce contexte, en effet, l’Ideas Box est déployée quotidiennement avec l’idée de placer l’offre culturelle au même niveau que les actions dites essentielles de distribution de repas, d’accès au kit d’hygiène et au couchage. Les contenus et activités sont renouvelés chaque année et construits sur la base d’un recueil des besoins auprès des personnes hébergées. L’animation est assurée par BSF, des associations spécialisées dans l’intervention auprès de ces publics (La Cloche, Entourage…), et des équipes de bénévoles. L’objectif est double : d’une part, proposer un accompagnement individualisé sur des besoins spécifiques (accès au droit, coffre-fort numérique, conseils en matière de santé, cours de langue, etc.) et, d’autre part, créer des temps de convivialité, de partage et de rencontre entre des personnes d’horizons différents.

Il est intéressant de noter combien le dispositif joue un rôle fédérateur dans l’écosystème du gymnase : il permet de créer du lien entre les bénéficiaires, d’apaiser les tensions et de former un espace sanctuaire, une bulle où l’on peut s’évader l’espace d’une heure ou deux. Les référents de ces lieux, les travailleurs sociaux ou encore les agents de sécurité ont également pris l’habitude de passer régulièrement pour discuter ou pour jouer. Autour de l’Ideas Box se reforme ainsi une petite société où des histoires se racontent, une humanité se renoue pour des populations dont, justement, l’humanité est bien trop souvent niée.

Des dynamiques semblables sont à l’œuvre dans de nombreux projets conduits par les bibliothèques à travers le territoire ; il est toujours passionnant de constater combien la culture est un formidable levier dans les parcours d’accompagnement des publics en grande précarité.

On peut citer à ce titre l’exceptionnel programme conduit par la médiathèque départementale de la Haute-Garonne avec la direction des solidarités afin d’apporter une dimension culturelle au parcours des bénéficiaires du RSA. Les « kiosques insertion », qui regroupent à l’occasion de rencontres collectives l’ensemble de l’offre d’accompagnement proposée par le conseil départemental et ses partenaires, sont régulièrement organisés dans des lieux culturels, notamment en bibliothèque. Cette initiative simple mais innovante permet de répondre aux besoins d’information en termes d’accompagnement social, bien sûr, mais aussi de présenter les ressources et services offerts par la médiathèque. À l’issue de la première expérimentation de ce dispositif, un grand nombre de personnes a ainsi continué de fréquenter la bibliothèque. L’enjeu de sortir d’une logique de guichet administratif pour prendre en compte les personnes dans toutes leurs dimensions et avec dignité est ici un succès à saluer. Les premières analyses d’impact de ce rapprochement des aspects culturels et sociaux montrent de façon sensible combien des personnes accompagnées osent davantage s’ouvrir et amène des dynamiques différentes dans leur rapport avec les travailleurs sociaux.

Accueillir et intégrer les populations exilées

Dans l’accueil et l’intégration des populations exilées, les bibliothèques françaises jouent aussi un rôle décisif et souvent trop peu connu et mis en lumière. Dans une étude datant de 2014 4

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Lola MIRABAIL. « L’accueil des publics étrangers, migrants et immigrés en bibliothèque : état des lieux », in Isabelle ANTONUTTI (dir.), Migrations et bibliothèques. Paris. Éditions du Cercle de la Librairie. 2017 (coll. Bibliothèques).

, Lola Mirabail estimait que 91 % des bibliothèques municipales accueillent – au moins ponctuellement – des publics primo-arrivants et que les trois quarts mettent en place des actions spécifiques à leur endroit.

Forte de son expérience de médiation aux côtés de populations réfugiées à travers le monde et de sa mission de diffusion de la connaissance, BSF a développé en 2019 un parcours d’e-learning sur l’accueil des personnes en situation de migration en bibliothèque, accompagné d’un livret d’activités clés en main 5

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Les vidéos de formation : https://bit.ly/45XQFPh et le livret d’activités : https://bit.ly/3qDKwYF

regroupant de nombreuses activités en fonction des niveaux de langues. 

En 2022, le Centre d’action sociale protestant et BSF ont également publié une tribune dans le journal Le Monde afin d’interpeller les pouvoirs publics pour que la lecture devienne aussi une « grande cause » de la politique d’accueil des personnes réfugiées en France, et ce, dès le plus jeune âge. En effet, on sait l’importance de l’exposition aux livres dans le développement cognitif des enfants et son corollaire direct : les inégalités d’accès aux livres aux âges les plus précoces sont le creuset d’inégalités qui s’accroissent ensuite tout au long de la vie, durant le parcours scolaire, les études et la vie professionnelle. Or, les livres sont quasiment absents des centres d’hébergement d’urgence alors qu’ils pourraient y être salutaires. Mais faute de sensibilisation des pouvoirs publics et donc de moyens, l’offre de livres adaptés est pour ainsi dire inexistante malgré les efforts des bibliothèques de proximité. Pourtant, les livres sont pour les enfants exilés de formidables compagnons de route dans leurs premiers pas vers l’inclusion au sein de leur société d’accueil. Ils favorisent leur apprentissage du français tout en recréant du lien avec leur langue maternelle et contribuent à surmonter leurs traumatismes grâce aux personnages, aux histoires et à l’imaginaire qu’ils convoquent.

C’est en tout cas la conviction de BSF, issue de ses actions quotidiennes auprès des exilés en Afrique, en Asie ou encore en Europe avec par exemple le programme « Mon sac de livres ». Dans le cadre d’un projet pédagogique dans les classes des académies volontaires, les enfants récemment arrivés en France reçoivent un sac contenant une dizaine de livres et magazines sélectionnés par leurs camarades et donnant lieu à des activités de lecture et d’écriture collectives.

Notre tribune de 2022 concluait sur un appel à mobilisation autour de quatre propositions, avec en priorité la création d’un espace de lecture dans chaque centre d’hébergement sur le territoire et, on y revient, le nécessaire renforcement du rôle des bibliothèques publiques qui sont en première ligne dans l’accueil des populations exilées.

Les bibliothèques face à la crise sociale et démocratique

Les bibliothèques comptent aujourd’hui parmi l’un des rares lieux où la véritable mixité sociale peut prendre corps. Elles sont surtout des lieux dans lequel la population a confiance. Dans un contexte d’infobésité, les bibliothécaires sont vus comme des médiateurs pour naviguer dans les flux d’information, distinguer le vrai du faux, et poser les bases d’un débat démocratique apaisé. Une grande étude de 2016 du Pew Research Center 6

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John B. HORRIGAN. Libraries 2016. Pew Research Center. Septembre 2016. En ligne : http://www.pewinternet.org/2016/09/09/2016/Libraries-2016/

montrait que 78 % des Américains déclarent avoir confiance dans la bibliothèque publique pour trouver une information fiable (bien plus que dans les médias ou les réseaux sociaux). Au quotidien, elles sont donc en première ligne dans le combat pour la démocratie, la pensée critique et la lutte contre le délitement des liens sociaux.

Mais il faut aujourd’hui aller plus loin : l’urgence de la situation sociale et démocratique exige de faire grandir ce formidable potentiel et de le diffuser dans tous les interstices de la société. Il faut faire tomber les murs des bibliothèques et en faire de véritables outils de médiation créateurs de liens au cœur de notre quotidien, afin de bâtir une véritable société apprenante où l’on peut, à tous les âges de la vie, quelle que soit son origine ou son niveau social, acquérir de nouvelles compétences et de nouveaux savoirs.

Pour répondre à ce défi, BSF a fait preuve d’inventivité en testant des modèles d’infrastructures culturelles de proximité telles que l’Ideas Box, afin d’aller au-devant des populations dans les lieux qui leur sont familiers. Néanmoins, pour atteindre pleinement leurs objectifs, les Ideas Box doivent s’insérer dans une politique publique ou les actions d’association d’une surface suffisamment importante. Et bien que l’Ideas Box constitue un maillon au plus proche du terrain, nous sommes convaincus qu’il est possible d’affiner encore l’implantation locale et la décentralisation des bibliothèques afin de réellement les mettre dans les mains de toutes et tous, partout sur le territoire. 

L’envie de faire, d’inventer de nouvelles formes d’engagement et de tisser de nouveaux liens des Françaises et des Français est, à ce titre, une formidable opportunité. Il faut d’ailleurs noter que si les sentiments d’isolement, de déclassement et de repli augmentent, de nouvelles formes de solidarité se développent en parallèle. Cela se traduit, on le constate, par un engagement traditionnel au sein d’une association mais aussi dans des mouvements beaucoup plus informels à l’échelle d’un village, d’un quartier, d’une école, ou même désormais d’un rond-point.

C’est de ce constat et des convictions de BSF qu’est né le programme Microbibli qui vise à faire émerger (à travers des appels à projets au printemps et à l’automne) des initiatives citoyennes en faveur de la lecture et du vivre-ensemble dans les territoires. Que ce soit une famille qui souhaite ouvrir sa grange pour y partager une bibliothèque, un commerçant dans un centre-bourg qui ouvre un rayon livres dans sa boutique, une association de proximité qui souhaite développer l’accès aux livres pour ses publics, ou un Ehpad qui veut monter un club lecture entre ses résidents et l’école du quartier : tout le monde peut proposer et porter un projet de microbibliothèque.

Les motivations pour vouloir créer une Microbibli sont multiples et diverses mais toutes partent de ce constat que les livres, la lecture et les rencontres qu’ils provoquent sont de formidables leviers pour retisser un lien social parfois distendu, redynamiser des territoires de plus en plus éloignés des nœuds d’activités et accueillir la solidarité qui ne demande souvent qu’un espace et une occasion pour s’exprimer.

Ce programme, démarré en 2021, a déjà donné naissance à une communauté d’une cinquantaine de nouveaux « activistes culturels » grâce auxquels on observe avec bonheur à quel point ces espaces, cocréés par les populations locales avec les bibliothèques départementales et les acteurs du territoire, deviennent des catalyseurs d’un vivre-ensemble retrouvé qui contribuent activement à la diminution des inégalités sociales. Ce réseau de Microbiblis s’agrandit chaque année d’une trentaine de membres et maille ainsi le territoire de personnes engagées et qui s’entraident en partageant leurs idées et leurs expériences afin de grandir ensemble. Nous souhaitons que demain le programme s’étende encore et donne les moyens à chaque citoyenne et chaque citoyen qui le souhaite de participer à ce formidable mouvement pour remettre la lecture et la culture au cœur de nos sociétés. 

Dans ce siècle qui est le siècle de la connaissance, il y a urgence. Urgence à accéder à l’information, l’éducation et la culture, mais aussi à pouvoir comprendre, analyser, transmettre l'information pour en faire une richesse, peut-être la plus précieuse car elle permet à l’Homme de vivre et non pas seulement de survivre, partagée par toutes et tous partout.

Les bibliothèques, redisons-le, jouent aujourd’hui et doivent jouer davantage encore demain un rôle central dans nos sociétés comme les lieux de l’accueil et du partage de la connaissance au cœur de la vie de la Cité et de la lutte contre les inégalités.

C’est ce qu’écrivait en 2016 Chris Bourg, directrice des bibliothèques du Massachusetts Institute of Technology (MIT) dans son rapport sur le futur des bibliothèques 7

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Voir l’article « MIT task force releases preliminary “Future of Libraries” report », 24 octobre 2016 : https://news.mit.edu/2016/mit-task-force-releases-preliminary-future-libraries-report-1024 et la rubrique « Press Mentions » : Inside Higher Ed.

qu’elle décrivait comme une « une plateforme mondiale ouverte qui permet aux gens d’accéder à des informations susceptibles de les aider à relever des défis mondiaux tels que l’amélioration de l’accès à l’eau potable ou la découverte de nouvelles sources d’énergie propre ». Devant les enjeux immenses du monde d’aujourd’hui, elle insistait : « Les bibliothèques, les bibliothécaires et les archivistes ont toujours eu pour mission de donner accès à des informations crédibles et aux outils permettant de les évaluer, de les utiliser, de les comprendre et de les exploiter. Aujourd’hui, c’est plus important que jamais », avant d’ajouter : « Je ne pense pas qu’il faille sauver les bibliothèques, mais je pense que nous pourrions avoir besoin que les bibliothèques nous sauvent. »