Enjeux informationnels : la bibliothèque sans filtres ?
Éditorial
Une bibliothèque sans filtres ? Depuis plusieurs décennies, il s’avère difficile d’échapper à la notion de transparence, qu’on s’en réjouisse ou qu’on le regrette. Objectif politique devenu injonction communicationnelle, la notion de transparence façonne non seulement les rapports avec les décideurs comme avec les usagers, mais aussi les dynamiques au sein même des services. La crise sanitaire a par ailleurs joué un rôle de catalyseur en renforçant cette demande sociale : la transparence ne se réduit pas à rendre compte, il s’agit de rendre des comptes.
Mais quels seraient les contours de cette maison de verre dans une société « dataïfiée » ? Si le chapitre de la transparence n’est pas clos, de quelles manières les professionnels de l’information s’en emparent-ils ? Loin de prôner une approche « technosolutionniste », le numéro appréhende les enjeux informationnels de la transparence à travers différents prismes : enjeux citoyens ; évaluation et questions de pilotage ; services aux chercheurs ; aspects déontologiques du signalement.
Les textes de ce numéro ont pour point commun d’inviter le lecteur à aller au-delà des évidences, en mettant en lumière ce qui est d’ordinaire caché, trop peu visible, voire rendu invisible. Ainsi, l’enjeu des calculateurs conçus par les bibliothécaires n’est pas de produire des données pour les données, mais de chercher à exprimer la valeur la plus juste, voire de souligner les enjeux les plus politiques.
Enfin, traiter du thème de la transparence comporte nécessairement une dimension introspective, invitant à questionner certaines pratiques professionnelles. Bien plus qu’une figure de style ou qu’un écran de fumée, la pratique de la transparence en bibliothèque ne cesse de se réinventer.
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