Éditorial
Nos métiers évoluent. Les lignes bougent.
L’évolution est tout d’abord circonstancielle, elle pousse de tous côtés les contours d’une profession solidement ancrée dans des savoir-faire historiques, tout en étant volontiers tournée vers l’avenir : le numérique, les nouveaux usages, le repositionnement des bibliothèques dans la société… Mais l’évolution est aussi interne, elle prend forme à l’intérieur même du métier et le façonne : maîtriser les enjeux d’un environnement en mouvement continu, remplir des missions au plus près des besoins et des usages des publics, être en capacité de démontrer la nécessité et la valeur des bibliothèques, arpenter des terrains tout autant stratégiques que techniques comme l’open access et le big data.
Métiers en (r)évolution ? Si « révolution » il y a, elle n’est pas tant à chercher dans l’acquisition de savoir-faire opérationnels, ou dans la revendication de nouveaux périmètres d’expertise, que dans les compétences émergentes que recouvrent les soft skills. Car ce sont bien l’ouverture d’esprit, la flexibilité, les capacités à s’adapter et à médiatiser qui renouvellent aujourd’hui nos métiers. Des compétences qui s’avèrent complémentaires à l’expertise technique, et que les référentiels métier peinent à traduire, en décalage croissant avec des profils de poste de plus en plus dynamiques et intégrant des aptitudes telles que l’anticipation, le sens du dialogue ou la capacité à accompagner le changement. Une évolution qui invite également à adapter les formations initiales et continues, en adéquation avec les besoins exprimés sur le terrain.
Profils hybrides, équipes diversifiées, organisations apprenantes et recomposition d’organigrammes à l’épreuve de la transversalité… L’évolution des métiers passe aussi par le terrain managérial : assouplir les dispositifs, accompagner des modes de travail collaboratifs et des compétences relationnelles devenues incontournables. Il ne s’agit alors pas tant de « révolution » que de lâcher-prise, l’organisation doit s’autoriser la réflexivité, se repenser jusque dans ses structures pour faire évoluer avec elle toute une profession en phase avec son environnement.
Sketchnotes et dessins crayonnés ponctuent ce numéro du BBF, preuve s’il en est de la créativité qui souffle sur la profession. Des portraits de professionnels acteurs des bibliothèques s’invitent également au fil des pages, témoignant d’un secteur où les intitulés métier et les fonctions se diversifient. Et clin d’œil à la thématique, une cartographie concoctée avec la complicité des auteurs du dossier esquisse le portrait du futur professionnel : le bibliothécaire de demain s’annonce agile, curieux et décloisonné…