The library of the future
ISBN 978-0-7287-1534-9
En ligne : http://www.artscouncil.org.uk/advice-and-guidance/browse-advice-and-guidance/library-future
C’est paradoxalement en Grande-Bretagne que l’on doit chercher des publications prospectives sur l’avenir des bibliothèques. Alors que la presse relaie régulièrement depuis quelques années les coupes budgétaires sévères dont sont victimes les bibliothèques britanniques (un article récent du Guardian 1 faisait état de mille fermetures à prévoir entre 2009 et 2016 sur un total de 4 064 bibliothèques existantes), on entend parler de constructions prestigieuses (inauguration en septembre dernier de la plus grande bibliothèque européenne à Birmingham sur 31 000 m² pour un coût de plus de 200 millions d’euros 2) et d’autres, qui sont désormais entrées dans le paysage quotidien de la modernité londonienne (les Idea Stores).
Ainsi au printemps dernier, le Arts Council England 3 a publié une brochure de douze pages intitulée The library of the future. En introduction, Alan Davey, son directeur général, n’hésite pas à affirmer que les débats d’aujourd’hui sur le financement des bibliothèques britanniques ont interrompu la réflexion sur leur avenir. Il remet donc le débat dans une réflexion d’avenir en fixant comme objectif « de réaffirmer la valeur, le rôle et les objectifs des bibliothèques publiques et d’identifier la façon dont elles peuvent répondre au changement tout en restant au cœur de la communauté qu’elles desservent ». L’objectif est louable…
Cette publication reprend les conclusions d’une recherche ambitieuse menée par le Arts Council intitulée Envisioning the library of the future 4 qui visait à identifier les changements structurels qui se faisaient jour dans la société contemporaine et qui, à long terme, allaient impacter les missions et le rôle des bibliothèques, voire même leur légitimité 5 : « How is society, the economy and technology likely to change over the next 10 years and which of those trends are likely to have the biggest impact on libraries ? »
Cette recherche a permis de confronter les points de vue du grand public, des partenaires et des professionnels des bibliothèques.
Quelques affirmations fortes ont été soulignées en introduction :
- Le besoin évident, constant et impérieux d’un service public des bibliothèques est réaffirmé.
- Qu’ils soient ou non utilisateurs des bibliothèques, les gens expriment avec passion l’importance des bibliothèques.
- Les bibliothèques sont des espaces publics où l’on se sent en confiance, où l’on peut entrer librement, où les gens peuvent explorer et partager la lecture, l’information, la connaissance et la culture.
À la suite de ces fondamentaux, quatre priorités sont affirmées pour les bibliothèques du vingt et unième siècle qui nous semblent suffisamment importantes pour être reproduites intégralement ici. Chacune de ces priorités est explicitée et un plan d’action sommaire est proposé.
- Place the library as the hub of a community / La bibliothèque doit être un « hub » au cœur de la communauté qu’elle dessert.
- Make the most of digital technology and creative media / Il convient de tirer le meilleur de la technologie numérique et des médias créatifs.
- Ensure that libraries are resilient and sustainable / Les bibliothèques doivent savoir s’adapter aux changements et aux crises et s’inscrire dans la durée.
- Deliver the right skills for those who work for libraries / Il convient d’offrir les bonnes formations à ceux qui travaillent dans les bibliothèques.
Finalement, le rapport suggère que le centre de gravité de la bibliothèque doit se situer là où les usagers créent, apprennent, découvrent et partagent. Ainsi on peut anticiper un déplacement à venir entre ce qui était une offre de services fournie à une communauté, et ce qui sera une offre où les usagers du quartier seront plus actifs et impliqués, à la fois dans sa conception et sa réalisation.
Les bibliothèques sont au cœur de la vie des Britanniques : quand elles sont menacées, les usagers se mobilisent ; la presse relaie largement leur quotidien (il n’est pas une semaine où le Guardian, grand quotidien britannique qui tire à 400 000 exemplaires, ne traite pas de questions relatives à l’activité des bibliothèques 6) ; les écrivains s’impliquent pour ces établissements (lire le récent plaidoyer de Neil Gaiman pour les bibliothèques 7) ; ils ne peuvent envisager le futur sans elles (ou le proclament).
Bel exemple du concept d’advocacy qu’on aimerait importer en France, et dont la première étape relève de la méthode Coué : je dis que les bibliothèques sont importantes et indispensables à la vie des usagers, je l’écris, je le dis, je l’illustre et le défends…
À quand, donc, une grande étude sur la perception du rôle des bibliothèques dans la France du XXIe siècle ?