Biblioteche : valore e valori
Roma, Associazione Italiana Biblioteche, 2013, 124 p.
Collana Sezioni regionali AIB.
Lazio, 1
ISBN 978-88-7812-219-2 : 15 €
Comment parvenir à évaluer la valeur d’une bibliothèque et les bénéfices que peuvent en attendre les habitants et les territoires desservis ? Tel était le thème de la journée d’étude organisée à Rome le 21 mai 2012 par l’AIB (Associazione Italiana Biblioteche). Comme le souligne Anna Galluzzi dans sa préface, les modalités et les finalités d’évaluation des bibliothèques ont connu plusieurs phases, après une première période visant à mesurer les résultats des actions réalisées et à déceler les points à améliorer dans une perspective d’efficacité et d’efficience managériale ; les bibliothèques, confrontées à la concurrence d’autres médias et à la révolution numérique, ont mis au cœur de leur projet de service l’usager. Ce déplacement de la finalité de la bibliothèque, non plus centrée sur l’utilisation de la collection, mais axée sur son utilisateur, a nécessité la mise en place d’outils pour mesurer le taux de satisfaction et comprendre les raisons de non-fréquentation. On est ainsi passé d’une évaluation essentiellement quantitative, s’appuyant sur des données purement statistiques, à une démarche qualitative nécessitant l’utilisation de méthodes empruntées aux sciences sociales comme les enquêtes, les questionnaires, les focus groups…
Mais dans un contexte de crise économique aiguë et de raréfaction des financements publics, la mesure de la performance des services exige d’intégrer une troisième dimension. Confrontée à une situation de pénurie et de mise en concurrence avec d’autres structures – éducatives, sociales ou culturelles – dont le maintien dépend aussi des subventions allouées par les opérateurs publics (État, collectivités territoriales…), la bibliothèque doit absolument justifier le bien fondé des crédits alloués. À cet effet, il est nécessaire qu’elle soit capable, non seulement de mesurer la qualité et l’utilisation de son offre, mais qu’elle parvienne à calculer, à l’attention de ses bailleurs de fonds, le retour sur investissement. Pour cela, elle doit disposer d’outils lui permettant d’analyser la plus-value sociale et économique qu’elle représente pour un territoire donné.
Les interventions rassemblées dans cet ouvrage fournissent plusieurs pistes méthodologiques pour repérer, vérifier et quantifier la valeur ajoutée générée par la bibliothèque. Roswitha Poll décrit comment mesurer l’apport sociétal et économique et annonce la publication des résultats des premières enquêtes d’impact réalisées par l’université de Salamanque et quatre bibliothèques publiques italiennes. Le questionnaire utilisé a été élaboré à partir du prototype développé dans le cadre du projet Global statistics de l’IFLA/ISO/Unesco. Il interroge les usagers sur les bénéfices qu’ils estiment avoir acquis grâce aux services de la bibliothèque : augmentation des connaissances, acquisition de compétences, gain de temps, etc. ; mais comporte également des questions permettant d’évaluer les préjudices que subirait le lecteur en cas de fermeture de l’établissement.
S’appuyant sur les travaux d’Anne Morris, Pieraldo Lietti propose une estimation du coût maximum à ne pas dépasser afin que le service de prêt de livres soit plus avantageux que l’achat du document. Il essaie d’étendre ce mode opératoire au livre numérique mais la plasticité des modèles économiques en vigueur rend l’exercice bien plus complexe.
En résumé, la journée d’étude organisée par l’AIB fournit un apport théorique et pratique qui bouscule fortement notre conception de la valeur intrinsèque de la bibliothèque et place celle-ci résolument dans la sphère économique et marchande. Nos collègues italiens, confrontés à des coupes drastiques dans leurs budgets, ont pris acte de cette situation nouvelle et commencent à adapter leur approche évaluative pour intégrer ces nouvelles données dans leurs tableaux de bord, et nous ?