State of America’s Libraries Report

par Cécile Touitou
American Library Association, 2013
En ligne : http://www.ala.org/news/sites/ala.org.news/files/content/2013-State-of-Americas-Libraries-Report.pdf

Comme chaque année, l’American Library Association (ALA) livre dès le mois d’avril son State of America’s Libraries Report qui présente l’activité des 16 000 réseaux de lecture publique que compte le pays. Ainsi que l’a écrit Maureen Sullivan, présidente de l’ALA, dans une lettre ouverte publiée en juillet 2012 : « More than ever, libraries are community hubs, and it is the librarian who works to maintain a safe harbor for teens, a point of contact for the elderly, and a place to nurture lifelong learning for all 1. »

C’est bien ce leitmotiv qui rythme ce conséquent rapport de 83 pages : la crise touche de plein fouet les bibliothèques publiques américaines, profitons-en ! Concrètement, cela s’est traduit par des fermetures dans 11 États. Les financements publics qui s’élevaient en moyenne à 46,68 $ par habitant à desservir ont chuté de 5,5 %. Mais cette crise est une occasion unique de montrer à la nation le rôle indispensable des bibliothèques pour ceux qui en ont le plus besoin. Maureen Sullivan cite les jeunes, les plus âgés, tous ceux qui veulent continuer à apprendre tout au long de leur vie et trouvent dans ce lieu, à la fois « refuge » et « plaque tournante », un lieu de réconfort, d’accompagnement, de mixité sociale et générationnelle, bref, un endroit où poser ses bagages et trouver de l’aide en toutes circonstances, particulièrement pour les 12 millions d’Américains ayant perdu leur emploi. Ce qui rend ces établissements si indispensables est sans doute spécifique à ce pays de 315 millions d’habitants où les taux d’équipement des ménages à internet et au haut débit pâtissent de l’immensité du territoire. Ainsi 62 % des bibliothèques publiques déclarent être le seul lieu public du quartier à offrir un accès gratuit à des ordinateurs et à internet  2 ; 91 % offrent une connexion wifi gratuite et 74 % notent une augmentation récente de son usage.

Mais, s’il n’y avait que trois chiffres à retenir, soulignons que les bibliothèques desservent 96,4 % de la population américaine ; 53 % des Américains ont déclaré avoir visité une bibliothèque dans les 12 derniers mois pour – d’abord – y emprunter un livre pour 73 % d’entre eux.

Le rapport présente un panorama détaillé des performances des établissements. Il reprend  3 un indicateur particulièrement intéressant qui rapporte les performances des bibliothèques à une base de dépense comparable (voir tableau ci-dessous). On se rend compte que le « retour sur investissement » est plus élevé pour 1 000 $ dépensés dans des petites agglomérations que dans des grosses ! Globalement en 2011, pour 1 000 $ dépensés, les bibliothèques ont reçu une moyenne de 179 visites et ont prêté 260 documents. Et chez nous, que donnerait cette analyse ?

Illustration
Performances moyennes des bibliothèques en 2012 par tranche de 1 000 $ dépensés et par taille d’agglomération

L’édition 2013 du rapport fait la part belle au livre électronique et à sa diffusion progressive dans les bibliothèques (76,3 % proposent des livres électroniques). Il est rappelé que la part des Américains de plus de 16 ans ayant lu un livre électronique est passée de 16 à 23 % en un an, tandis que la part de ceux qui ont lu un livre imprimé a chuté de 72 à 67 % ! Les actions de l’ALA auprès des éditeurs afin de faciliter le « e-prêt » en bibliothèque sont rappelées.

Puis sont abordées les questions de la présence des bibliothèques sur les réseaux sociaux, des constructions (toujours plus vertes, le nouveau label à décrocher étant le LEED – Leadership in Energy and Environmental Design), de la composition démographique de la profession et de la représentation des minorités (les femmes sont présentes à 82,8 %, les « blancs » 87,9 %, 34,8 % des professionnels ont entre 55 et 64 ans) et celle, toujours cruciale, des livres censurés, cette année fêtant la trentième édition de la « Banned Books Week ».

Un rapport qui se lit donc comme un plaidoyer pour des professionnels investis dans la lutte pour l’accès à la culture pour tous, contre les discriminations et la censure, pour la diversité culturelle et sociale, et à qui la crise a donné encore plus de raisons de se battre.