Éditorial
Anne-Marie Bertrand
Si ce dossier porte ce titre guerrier, c’est parce qu’il nous a semblé qu’il fallait, de nouveau, affronter la question des bibliothèques jeunesse, question qui n’avait plus été évoquée dans le BBF depuis des lustres (dossier « Les adolescents », 2003, n° 3 ; dossier « Enfants, lectures et bibliothèques », 1999, n° 3), même si le sujet des publics jeunes n’était pas absent d’un certain nombre d’articles, comme ceux de Viviane Ezratty 1, Christine Détrez 2, Céline Ménéghin 3, Anne Baudot 4, Soizik Jouin 5ou Christophe Evans 6 (pour n’en citer que quelques-uns), alors que les interrogations se sont multipliées depuis dix ans, de l’opportunité/légitimité/utilité/nécessité des sections adolescents à la façon de gérer/ralentir/contrarier la désaffection des pré-adolescents vis-à-vis de la bibliothèque, sans oublier, évidemment, la réflexion sur les aménagements intérieurs, les services ou les collections propres à les séduire/retenir/satisfaire 7 ni les analyses sur les usages, ceux que les bibliothèques leur proposent, ou ceux qu’ils privilégient, en tentant de se démarquer d’une certaine époque où l’on prônait (et, donc, postulait) un usage autonome, individuel, silencieux, livresque, alors même que les enfants, et surtout les adolescents, n’avaient/n’ont de cesse que de venir en groupe pour le plaisir d’être ensemble, de papoter, ricaner ou même travailler, comme si les bibliothèques n’étaient faites que pour les adultes raisonnables ou les adolescents qui ne vont pas sur internet ou les enfants sages (qui n’en pensent d’ailleurs pas moins, voir l’article, dans ce dossier, de Bérénice Waty ou celui, plus ancien et déjà cité, de Christophe Evans) et comme si cette question compliquée, celle des publics jeunes, était une espèce de trou noir 8 dans la littérature professionnelle généraliste (j’entends bien qu’elle est traitée dans la presse spécialisée !) en même temps qu’une préoccupation constante, voire grandissante.
Bref.
Que faire ? Que faire pour qu’ils viennent, reviennent, nous aiment, aiment lire, aiment les bibliothèques, aiment ce qu’ils y trouvent et ce qu’ils y cherchent, aiment ceux qu’ils y trouvent et ceux qu’ils y cherchent ? Vaste programme, comme disait l’autre. Espérons que les articles réunis dans ce dossier alimenteront la réflexion et éclaireront quelques pistes.