Les bibliothèques

par Thierry Ermakoff

Pierre Carbone

Paris, Presses universitaires de France, 2012, 128 p., 18 cm
Collection « Que sais-je ? »
ISBN 978-2-13-059455-0 : 9,20 €

Signe des temps sans doute : si la première édition des Bibliothèques, signée André Masson, datée de 1961, faisait la part belle aux bibliothèques du passé, si la réédition, sous la direction d’André Masson et Denis Pallier, en mars 1982, continue à traiter d’abord de « l’héritage du passé », si la dernière édition disponible, celle de Denis Pallier, seul, d’août 2010, gardait cette même structure : « héritage du passé » et « ressources actuelles », l’édition qui nous est présentée ici est établie sous un jour résolument moderne, pour ne pas aller jusqu’à dire marxiste, du passé faisons table rase, puisque Pierre Carbone, inspecteur général des bibliothèques, qui s’est attelé à cette tâche avec courage, constance et persévérance, organise de façon tout à fait différente cet ouvrage.

Outre l’introduction, historique et contextuelle, l’ensemble traite des « bibliothèques dans le monde actuel », « des bibliothèques dans le management des institutions », de « l’étude et la recherche », des « services en ligne »… Bref, une volonté d’ancrer ces institutions dans le maelström contemporain, ou, pour le dire, ou l’écrire, différemment, de prouver que les bibliothèques, par leurs services, l’écoute qu’elles accordent à leurs publics, qu’ils soient étudiants, chercheurs, ou usager normal, comme on dit, sont immergées dans un monde qui les englobe et parfois, pourrait les dépasser, peuplé d’auteurs, d’ayants droit, d’hadopistes, de libraires, d’éditeurs, et de Google.

Comment aborder en 128 pages, bibliographie et table des matières comprises, l’ensemble de ces questions brûlantes ? Comment saisir dans un même instant la fixité du passé et le mouvement permanent des avenirs ? La bibliothèque, voilà la conclusion, est aujourd’hui bien vivante, elle est partout, dans les écoles, les communes, les universités, les lycées, les prisons, et même sur le quai de Tolbiac ; on a même vu des bibliothèques sur les plages ; dans certains salons de coiffure ; en Grande-Bretagne, et même en Hongrie. Mais faire le point de la question en 128 pages, c’est bien court : on voit par là que l’auteur n’est pas responsable de cette contrainte, ni de son modèle clos, d’ailleurs : et c’est bien à la fois la qualité de cet ouvrage que de tenter de proposer une vision panoptique, nouvelle et intéressante, de la bibliothèque, et sans doute sa principale faiblesse : 128 (cent vingt-huit) pages c’est vraiment bien court, décidément, les lois et règlements changent, les mentalités précèdent ou suivent le droit et il faudra remettre à jour dans combien de mois, de semaines ? Si le modèle encyclopédique a pris du plomb dans l’aile, à cause du développement du numérique, l’avenir d’un « Que sais-je ? » sur un sujet aussi mouvant est sans doute à repenser, une version numérique, des approfondissements sont nécessaires, car enfin, pour lire un ouvrage sur les bibliothèques et leur devenir dans un tel format, il faut être sans doute bibliothécaire, ou s’apprêter à le devenir. Donc être forcément familier de toutes ces nouveautés numériques, que Pierre Carbone décrit si bien.