101e Congrès des bibliothèques allemandes à Hambourg

Jean-Philippe Accart

Intitulé « Les bibliothèques, portes d’accès au savoir », le 101e Congrès des bibliothèques allemandes, manifestation d’envergure, a réuni à Hambourg, du 22 au 25 mai 2012, quelque 4 700 bibliothécaires et invités internationaux (plus d’une trentaine, hôtes du ministère allemand des Affaires étrangères). Ce congrès est l’une des plus importantes manifestations professionnelles en Europe, relativement méconnue en France ou dans les pays francophones, mais très suivie dans les pays germanophones. Parmi les très nombreuses présentations, conférences et tables rondes tenues cette année, voici une sélection de quelques thèmes : l’économie du numérique, les supports de lecture numérique, l’Open Access.

L’économie du numérique en ligne de mire

Le thème de l’économie du numérique prédomine, avec des interventions axées sur les aspects budgétaires, les abonnements électroniques, les droits et les DRM (Digital Rights Management). Plusieurs modèles allemands de calcul de budgets à l’ère numérique ont été présentés lors de la session sur les acquisitions, notamment le modèle bavarois et le modèle de Constance, ainsi que ceux de l’université Humboldt et de la Bibliothèque d’État de Berlin. Mettant en parallèle le besoin croissant de médias électroniques et la stagnation des budgets, il est noté par les intervenants que les modèles existants d’acquisitions n’incluent pas les paramètres adéquats pour les médias numériques. C’est le cas, notamment, des statistiques officielles des bibliothèques en Allemagne. Le financement des publications en libre accès devrait aussi faire partie des modèles d’acquisitions de la bibliothèque. Une enquête sur ce thème sera envoyée aux bibliothèques universitaires l’année prochaine.

Les nouveaux supports et modèles de lecture numérique

Hormis les aspects budgétaires, l’aspect « supports et modèles » est également largement débattu avec les tablettes, téléphones mobiles et autres e-books. Une table ronde sur les livres électroniques discute des meilleures pratiques du modèle PDA (Patron Driven Acquisitions). Dans ce modèle, l’usager oriente directement les choix d’acquisitions et, après un certain nombre de prêts, le livre électronique est acheté par la bibliothèque. Annette Klein (université de Mannheim) analyse le degré d’utilisation des livres achetés via abonnement et ceux du modèle PDA. Au final, le modèle d’abonnement par l’intermédiaire de consortiums est en fin de compte plus rentable que le modèle PDA.

P. Mayr et A. Lopez, des universités de Cologne et de Duisburg-Essen, présentent EVA (Erwerbungs Vorschlags-Assistant), une méthode comparative du modèle PDA par rapport à l’imprimé et au prêt entre bibliothèques. Les demandes des usagers sont automatiquement comparées aux critères définis puis, s’il y a correspondance, envoyées à l’acquéreur compétent. Ce modèle est utilisé dans plusieurs universités allemandes depuis octobre 2011. J. Lazarus (bibliothèque de l’université de Leipzig) présente un projet similaire avec l’utilisation cette fois-ci d’un agrégateur et d’une banque de données de livres, Nielsen Books Data. En ajoutant 100 000 livres dans le catalogue de la bibliothèque, et selon la demande de l’usager, l’ouvrage peut être acheté ou non. L’utilisateur est informé du déclenchement de l’achat de l’ouvrage, avec un délai d’attente de deux semaines : 48 000 € sont consacrés au projet.

Publications électroniques et Open Access

Frank Scholze, de l’université de Bade-Wurtemberg, et K. Pappenberger, de l’université de Constance, discutent de la « voie verte » et de la « voie dorée » dans le cadre de l’Open Access. Pour eux, les bibliothèques s’avèrent être de plus en plus des services de consultation de publications électroniques. Une nouvelle encourageante est le support de la Fondation allemande pour la recherche (DFG) pour l’intégration des publications en libre accès dans les bases de données traditionnelles type EconBiz. •