Les combats de Cécil Guitart

Une vie pour la culture, 1944-2010

par Christine Girard
Grenoble, Musée dauphinois, 2011, 164 p.
Ouvrage non diffusé en librairie, disponible en PDF : http://www.isere-culture.fr/include/viewFile.php?idtf=15937&path=21%2FWEB_CHEMIN_15937_1325582897.pdf

C’est un livre d’hommage dédié à Cécil Guitart, figure de la profession, « oiseau rare », disparu brusquement le 12 décembre 2010 ; un concert où se croisent et se répondent les voix de plus de soixante-dix contributeurs témoignant combien ce collègue, parfois controversé, a suscité d’estime et d’amitié.

Édité par le Musée dauphinois, l’ouvrage se compose de sept chapitres abordant les différentes facettes personnelles et professionnelles de Cécil Guitart, précédés d’une préface et complétés par des photographies, une bibliographie détaillée et quelques extraits de ses publications ou interventions.

Le premier chapitre, « L’homme de bibliothèque », retrace les étapes de son parcours, d’abord à la bibliothèque publique de Massy, établissement pilote où Cécil arrive en 1971 et installe la première discothèque, puis à Grenoble, où il crée la nouvelle médiathèque « Grand parc », puis dirige le réseau des bibliothèques. Il va s’investir en région Rhône-Alpes, y sera conseiller pour le livre à la Drac et créateur de l’Oral, puis d’Accord, premières structures de coopération du livre et des bibliothèques qui essaimeront rapidement dans la plupart des régions. En 1981, quand le nouveau gouvernement crée la commission Pingaud, chargée de définir une nouvelle politique du livre, c’est lui qui est appelé à y représenter les bibliothécaires.

Le chapitre suivant évoque les fonctions qu’il a exercées au ministère de la Culture et de la Communication, à la direction du livre et de la lecture publique auprès de Jean Gattégno, puis comme directeur régional des affaires culturelles du Limousin, et enfin comme chargé de mission pour la rénovation du Musée des arts d’Afrique et d’Océanie.

Cette partie rappelle également son rôle moteur dans la formation professionnelle, notamment pour la création des centres régionaux de formation, ainsi que sa mission au pôle universitaire européen de Grenoble.

Puis viennent les chapitres plus personnels : « Le militant de la culture et des droits humains », « L’homme de réflexion, l’essayiste », « L’homme politique », adjoint au maire de Grenoble de 2001 à 2008, « Le sportif », pour finir avec la part la plus profonde : « Le catalan, fils d’immigré », texte de Cécil Guitart lui-même relatant la fuite de l’Espagne franquiste par ses parents et les difficiles années de clandestinité.

À travers les différents témoignages se dessine l’image d’un professionnel hors normes : un homme pressé de donner corps à ses convictions, ardent défenseur de la décentralisation des établissements culturels, convaincu que les bibliothèques doivent changer pour vraiment servir tous les publics, et prêt à s’investir sans compter pour y parvenir. On mesure combien son action a marqué l’évolution de la profession, combien il a mobilisé les énergies et entraîné collègues et partenaires dans son sillage.

En contrepoint, les passages plus personnels nous font découvrir sa générosité, son dynamisme et la profonde unité de conviction qui nourrissait sa vie personnelle et professionnelle.

Pour tous ceux qui ont côtoyé Cécil Guitart ou participé à l’effervescence des bibliothèques dans cette période, l’ouvrage réveillera de bons souvenirs.

Pour les autres, les plus jeunes, il offre un bel exemple de ce que peut être la vie d’un homme engagé au service de la culture.