La revue de la BNU

par Yves Desrichard
Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg, n° 1, 2010 à n° 4, 2011, nombre de pages variable, 27 cm
ISSN 2109-2761
9,50 € pour les n° 1 et n° 2
15 € pour les n° 3 et n° 4

Il n’est pas dans les habitudes du Bulletin des bibliothèques de France de rendre compte régulièrement des nombreuses revues éditées par les bibliothèques françaises, mais il est impossible de ne pas saluer la parution des premiers numéros de la somptueusement élégante Revue de la BNU. La BNU (et non la BNUS, il n’y en a qu’une) c’est, comme nul ne l’ignore, la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg, établissement forcément unique en son genre et qui, à l’aube du XXIe siècle, s’est engagé dans d’importants travaux de rénovation de ses équipements et de ses services pour projeter dans un futur qu’on espère radieux un passé qui, c’est le moins que l’on puisse écrire, ne l’a guère été, témoignage hélas plus qu’« exemplaire » de l’histoire française.

Même si le premier numéro de la revue propose un ensemble magnifiquement illustré sur « Bibliothèques et identité visuelle », le propos de la revue n’est pourtant pas de rendre compte de l’actualité de la BNU, ni même de parler plus qu’épisodiquement des bibliothèques françaises. Résolument discursifs, les sommaires des trois premiers numéros s’intéressent qui à la mort de Pouchkine (qu’on ne célèbre pas, en France, à l’égal de ce qu’il est célébré en Russie), aux tags et graffitis du Caire (contemporains), qui constitue le portfolio d’un numéro judicieusement consacré à « Égypte-Europe, allers-retours ». Le numéro 2, quant à lui, s’intéresse à « exposer », on veut écrire aux problématiques d’exposition en bibliothèque ou ailleurs. De ce dossier, on retiendra un article plus qu’éclairant sur « Hitler au musée ? Conception, réalisation et réception de l’exposition », consacré à la conception d’une manifestation au Musée d’histoire allemande de Berlin entre fin 2010 et début 2011.

Ce qui frappe tout particulièrement dans la Revue de la BNU, c’est le luxe apparent de la réalisation, même si, nous assurent ses concepteurs, les coûts de fabrication sont tout sauf prohibitifs : raffinement du lourd papier glacé, rigueur discrète (alsacienne ?) de la typographie et de la mise en pages, et surtout, surtout, importance et qualité de l’illustration, dont on sait, même dans une revue aussi peu illustrée que le Bulletin des bibliothèques de France, quel travail sa collecte, son traitement, sa présentation et son adéquation au texte représente, sans parler même des imposants portfolios déjà signalés et qui sont présents dans chaque numéro. À ce travail et là encore, la qualité de l’impression rend plus que justice.

Certes, les articles font la part belle aux collections de la BNU mais, d’une part on ne saurait en faire reproche aux concepteurs de la revue, soucieux de la valorisation de leurs fonds par tous les moyens possibles, surtout quand ils sont soigneux et érudits (mais sans coquetterie), et d’autre part ces plongées souvent troublantes dans les riches collections de la bibliothèque ne sont pas des exercices secs et abstraits, mais au contraire des moments de modernité retrouvée des ouvrages et autres documents ainsi proposés à la passion (on allait écrire à la concupiscence) des lecteurs.

On sait que, depuis de longues années, les bibliothèques ont compris la nécessaire professionnalisation de toutes les composantes de leur communication et de la valorisation de leurs collections et activités. À cet aune, il ne faut avoir nulle crainte d’écrire que la Revue de la BNU constitue une réussite éclatante, que le volontarisme obligera à trouver stimulante (nous aussi, on peut faire mieux) et non décourageante (comment égaler ?).