Métiers, formations, cadre statutaire : quelles évolutions ?
Armelle de Boisse
La journée d’étude du 18 novembre 2011 organisée par Médiadix a insufflé une réflexion collective sur les évolutions des métiers, des formations et du cadre statutaire en cours dans notre profession. Rassemblant un public nombreux, les débats visaient à donner de nouvelles orientations aux formations initiales et continues, présenter les évolutions en cours dans des structures de formation comme l’École nationale des sciences de l’information et des bibliothèques (Enssib) ou le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT).
Des compétences en évolution dans un monde qui change
Pour entamer le débat, madame Margage, de la direction générale de l’administration et de la fonction publique, a présenté le Répertoire interministériel des métiers de l’État 1. Cet outil de langage partagé des connaissances et savoir-faire constitue une aide pour l’information, pour le recrutement, la conception des actions de formation, la construction des parcours professionnels, la gestion prévisionnelle des emplois et des carrières et le dialogue interne. 261 métiers sont décrits 2. Les agents ont donc à leur disposition un outil pouvant les accompagner dans l’analyse de leur poste et surtout dans leur évolution professionnelle.
Les évolutions en cours dans les structures de formation
Le constat partagé de l’évolution des compétences nécessaires dans les métiers des bibliothèques conduit l’Enssib 3 à faire évoluer la formation des bibliothécaires d’État et des conservateurs. En effet, le monde change, le contexte évolue et nos métiers bougent.
Concernant le cursus des bibliothécaires d’État 4, Anne-Marie Bertrand proposa deux états de fait mis en regard : des employeurs très contents mais des élèves assez critiques. Ce point de vue parfois négatif pouvait s’expliquer par une formation assez lourde, en alternance avec une prise de poste en amont de la formation. Dorénavant, les bibliothécaires seront formés six mois à l’Enssib et ne seront affectés qu’à l’issue de cette période, dont le contenu a été revu, restructuré, avec un accent mis sur la contextualisation de leurs métiers et un autre sur le numérique. L’Enssib insiste aussi sur la modularité de ce cursus renouvelé.
Depuis 2011, la formation des conservateurs a également évolué, permettant ainsi une individualisation forte des parcours 5. Trois spécialisations sont proposées : numérique, patrimoine et service aux publics, avec une place laissée à un enseignement commun des piliers du métier comme le management, la politique documentaire, la gestion… L’Institut national d’études territoriales 6 complète, de façon spécifique, la formation des conservateurs territoriaux. Cette formation est désormais adossée à un master délivré par l’Enssib, ce qui permet aux conservateurs qui le souhaitent d’accéder à un niveau master.
Le nouvel espace statutaire de la catégorie B et son application à la filière bibliothèque a été décrit par le directeur de Médiadix. Christophe Pavlidès a présenté les dispositions du décret du 22 septembre 2011 7 portant sur la fusion du corps des assistants de bibliothèque et du corps des bibliothécaires adjoints spécialisés (BAS) au sein d’un nouveau corps de bibliothécaires assistants spécialisés. Les BAS de classe normale sont recrutés à niveau bac alors que le concours pour la classe supérieure n’est accessible qu’aux candidats de niveau 3.
Plusieurs points restent en suspens : comment vont être organisées les formations post-recrutement ? Quelles vont être les épreuves des concours et des examens professionnels ou encore quelles seront les dispositions pour les « futurs ex » assistants de conservation, ou les assistants qualifiés de conservation ? Ce statut engendre certes quelques frustrations, mais plusieurs avancées sont aussi à noter : il facilite la progression des catégories C, offre une carrière revalorisée et autorise les passerelles entre les différentes filières.
La fonction publique territoriale a aussi expérimenté en 2011 une réforme de ses formations. Celle-ci se traduit notamment par des dispositifs d’intégration, de professionnalisation et de perfectionnement, ainsi que par des outils, mis en place ou confortés par la loi de 2007 : le droit individuel à la formation, la validation des acquis de l’expérience, les bilans de compétence… En 2011 et pour la première fois, l’offre du CNFPT va être harmonisée sur tout le territoire pour garantir un maillage national de l’offre de formation. Les fondamentaux sont enseignés dans les délégations régionales, des approfondissements ont lieu en interrégion, et des cycles métier, comme celui de bibliothécaire territorial ou de directeur de bibliothèque territoriale, sont mis en place par les instituts nationaux d’études territoriales (Inset).
La journée s’est terminée par une table ronde réunissant correspondants formation, responsables formation d’université et directeurs de SCD afin de faire un état des lieux de l’intégration des plans de formation des SCD aux plans de formation des universités. D’une intégration quasi totale du plan de formation du SCD dans celui de l’université aux crispations des différents acteurs, il s’avère que les situations sont aujourd’hui très différentes suivant les universités et restent assez compliquées. La question du financement de la formation tout au long de la vie est un aspect non négligeable. Si le plan de formation est intégré, le budget du SCD va donc diminuer et ceux-ci vont devoir défendre fermement leurs besoins de formation.
Un groupe de travail réunissant notamment la Mission de l’information scientifique et technique et du réseau documentaire, l’association Parfaire 8 et plusieurs acteurs de la formation continue dans les universités travaillent sur ces questions afin d’envisager ensemble, SCD et universités, la façon de répondre au mieux aux besoins de formation, d’évolution et de développement personnel de tous. •