Développement des bibliothèques et de la lecture publique en Colombie
Une politique ambitieuse concertée
La Colombie a mis en place ces dernières années une politique active et déterminée en faveur des bibliothèques et de la lecture, organisée autour d’un plan national associant partenaires publics et privés : ouverture de grands établissements, renforcement des bibliothèques régionales, formation des personnels, coordination en réseaux. Le but avoué est de faire de la Colombie un pays de lecteurs en agissant pour le développement socioculturel : des livres pour sortir du cycle effréné de la violence et de l’exclusion.
In recent years, Colombia has begun to implement an ambitious policy promoting libraries and reading. The policy is based on a national project of public and private partnerships, and involves opening major libraries, strengthening regional libraries, improving training for librarians, and creating library networks. The stated aim of the initiative is to turn Colombia into a nation of readers as a means of furthering the country’s social and cultural development. Books are thus seen as a means of loosening the grip of violence and exclusion.
Kolumbien hat in den letzten Jahren eine aktive und zielstrebige Politik zu Gunsten der Bibliotheken und des Lesens eingeführt, die sich um ein nationales Konzept, das öffentliche und private Partner teilhaben lässt, gestaltet: Eröffnung großer Einrichtungen, Ausbau der Regionalbibliotheken, Ausbildung von Personal, Koordination in Verbünden. Das erklärte Ziel ist es, aus Kolumbien ein Land von Lesern zu machen, indem zu Gunsten der soziokulturellen Entwicklung gehandelt wird: Bücher, um aus dem rastlosen Kreislauf der Gewalt und der sozialen Ausgrenzung herauszukommen.
Colombia ha instalado los últimos años una política activa y determinada en favor de las bibliotecas y de la lectura, organizada alrededor de un plan nacional que asocia socios públicos y privados: apertura de grandes establecimientos, reforzamiento de las bibliotecas regionales, formación de los personales, coordinación en red. La meta confesada es hacer de Colombia un país de lectores actuando por el desarrollo sociocultural: libros para salir del ciclo desenfrenado de la violencia y de la exclusión.
« Que savons-nous aujourd’hui de la Colombie ? » s’interrogeaient Jean Ristat et Gérard-Georges Lemaire, dans l’éditorial du numéro spécial que Les Lettres françaises consacrèrent à ce pays en 2006 1: « Au fond, bien peu de choses. Et surtout ce que l’actualité veut bien nous en dire de plus sensationnel […], une réalité terrible dont on a extrapolé un grand roman d’horreur et de mort. »
Le but des rédacteurs de ce dossier n’était évidemment pas de rayer d’un trait de plume coups de force, narcotrafic, criminalité et autres dérives autoritaires. Il s’agissait plutôt de « saluer toute une nouvelle génération de créateurs » trop souvent oubliés, « des hommes et des femmes qui, en dépit de tout, ont eu le courage d’aller de l’avant et d’inventer un langage novateur pour fournir des clés de lecture à ce monde en crise 2.» Non, écrit Gilles Éboli, « ces images ne doivent pas occuper tout le champ de nos regards au risque de ne rien laisser voir d’un pays qu’on ne peut résumer à cette triste litanie »
Lina Espitaleta, ex-directrice de la Bibliothèque nationale de Colombie 3, rappelait à bon escient, lors du premier colloque franco-colombien des bibliothèques, la devise formulée par l’Unesco : « Comme c’est dans l’esprit des hommes que naît la guerre, c’est dans l’esprit des hommes que nous devons ériger les remparts de la paix. Le livre constitue une des principales défenses de la paix en raison de son énorme influence dans la création d’un climat intellectuel d’amitié et de compréhension mutuelle 4. » Et les bibliothèques possèdent assurément, comme l’écrit Camille Rohou, « ce merveilleux pouvoir de révéler l’identité d’un peuple et d’un pays, de conserver sa mémoire et de donner accès à son patrimoine 5 »
Pour sortir du cycle infernal de la violence et de l’exclusion, la Colombie a choisi la musique, le livre et les bibliothèques.
Ces vingt dernières années en particulier, les actions menées dans ce dernier domaine, au niveau national, départemental et municipal, sont remarquables : création de méga-bibliothèques regroupées en réseau dans les grandes villes, de bibliothèques plus modestes dans les petites municipalités, et incitation à la lecture par la distribution de livres jusque dans les coins les plus reculés et défavorisés du pays, quitte à construire des « biblio-charrettes » ou à créer des « valises-voyageurs » pour en assurer la distribution !
Pour « faire de la Colombie un pays de lecteurs 6 », les professionnels du livre ont su réunir les acteurs publics et les acteurs privés, les associations et les fondations, et s’assurer l’appui de la coopération internationale.
Si les acquis, comme nous le verrons, sont importants, ils sont certainement dus à une volonté politique forte, mais aussi et surtout à des acteurs convaincus, d’une grande qualité professionnelle et humaine, et qui ont travaillé en concertation, ainsi qu’à des bibliothécaires de terrain passionnés, d’autant plus qu’ils œuvrent souvent dans des conditions difficiles.
Cet article nous permettra de présenter les principaux organismes qui ont participé à ce travail de longue haleine, de faire le point sur les grandes actions menées, et de voir les projets en chantier.
La Bibliothèque nationale, tête de pont des bibliothèques publiques
La responsabilité du développement des bibliothèques publiques sur le territoire colombien a toujours été dévolue à la Bibliothèque nationale – première Bibliothèque nationale créée en Amérique en 1777 ; il faudra cependant attendre de nombreuses années avant que l’État lui permette de jouer vraiment son rôle, et qu’une véritable politique en faveur de l’éducation, de la culture et de la lecture soit mise en place. Ce sera le cas en 1934 avec la création du projet « bibliothèques de villages ». Ce projet a permis, note Orlanda Jaramillo, dans sa passionnante étude sur les politiques documentaires publiques en Colombie, de créer 1 250 fonds de bibliothèques de village dans tout le pays, de servir de base à la création de quelques bibliothèques publiques à caractère municipal, mais aussi de faire une première tentative pour l’établissement d’un système national de bibliothèques publiques 7.
À Medellín : une bibliothèque pilote pour l’Amérique latine
Une convention passée entre l’Unesco et le gouvernement colombien en 1952 permet à la ville de Medellín et sa région de se doter de la première grande bibliothèque moderne du pays : la Biblioteca Pública Piloto (BPP) 8 pour l’Amérique latine. Aujourd’hui, la bibliothèque gère le réseau municipal des bibliothèques comprenant sa propre structure et ses quatre filiales, les huit bibliothèques dépendant du secrétariat à la Culture ainsi que les cinq parcs-bibliothèques de la ville.
Une création de la banque de la République : la BLAA de Bogotá
En 1958, la banque de la République crée à Bogotá la bibliothèque Luis Ángel Arango (BLAA) 9. Pour Jorge Orlando Melo, qui en fut son directeur de 1994 à 2005, il s’agit là d’un vrai tournant. L’institution poursuivra son œuvre en créant, entre 1978 et 2002, de nouvelles bibliothèques publiques de grande qualité dans 18 villes colombiennes, introduisant des systèmes modernes de catalogage et en créant en 1996 le premier projet de numérisation, « la bibliothèque digitale 10 ».
L’apport des bibliothèques des caisses de compensation familiales
Les caisses de compensation familiales sont une composante de la sécurité sociale en Colombie. La première d’entre elles à offrir un service de bibliothèques fut Comfama à Medellín en 1974. En 1983, le premier réseau de bibliothèques de caisse de compensation est créé. Comfenalco voit le jour en 1995, Comfamilia en 1998. Comme le précise Jorge Orlando Melo, des bibliothèques du type de celles de Comfenalco ont réalisé un excellent travail dans l’établissement de centres d’information citadins ou civiques dans lesquels les lecteurs peuvent consulter les normes légales, vérifier les procédures mises en place par les autorités ou suivre les processus de développement des politiques publiques.
Il existe aujourd’hui en Colombie 55 caisses de compensation avec des services de bibliothèques, dont 41 participant au réseau.
Colsubsidio, la première caisse de compensation du pays, se veut à ce titre exemplaire. Elle propose à son public de véritables centres de ressources éducatifs et culturels et met en œuvre des actions de promotion de la lecture développées soit dans ses propres espaces soit dans ceux des bibliothèques du district, voire des bibliothèques scolaires.
Un plan national pour la lecture et les bibliothèques
Pour le gouvernement colombien, le Plan national de lecture et bibliothèque (PNLB) est : « Une politique publique, mais surtout un mouvement social. Les bibliothécaires sont les chefs d’orchestre communautaires capables de promouvoir des processus culturels à long terme, engagés dans le partage et le pluralisme, et les bibliothèques le cadre de participation citadine où se gèrent les grandes transformations sociales 11 » ; « Un pari pour que dans chaque recoin de notre territoire les yeux d’un Colombien puissent trouver la page dont il a besoin et qu’il mérite, celle qui alors pourra suffire à ses rêves. 12 »
Coordonné par la Bibliothèque nationale, tête de pont du réseau des bibliothèques publiques, le plan, développé sur tout le territoire national, est, depuis sa mise en place en 2003, destiné à améliorer les infrastructures, équipements et collections, la formation des personnels, la promotion et le développement de la lecture.
Projet phare du ministère colombien de la culture, le plan bénéficie en outre de l’appui du ministère des Relations extérieures, du ministère de l’Éducation, ainsi que de grands organismes tels la Banque de la République 13 ou Fundalectura par exemple. De 2003 à 2008, l’intervention est d’environ 70 millions de dollars américains, plus 5 millions de dollars américains apportés par les gouvernements locaux entre 2008 et 2009.
Le plan incite les autorités locales à mettre à disposition des usagers des installations et du personnel dédiés, en soutenant leur action par le biais de comités de sélection de documents, d’expertise et d’évaluation, par la dotation de livres, l’appui à la formation et la contribution à l’organisation de réseaux départementaux, et enfin par la mise en place de campagnes de communication pour la valorisation de la lecture.
Le ministère de la Culture fait aujourd’hui état des avancées suivantes du plan :
- couverture à 100 % des municipalités ;
- 853 bibliothèques publiques dotées par le PNLB ;
- 809 conventions avec les municipalités ;
- 101 constructions de bibliothèques municipales ;
- 22 départements ayant un réseau de bibliothèques en fonctionnement ;
- plus de 12 000 professionnels formés ;
- 500 bibliothèques connectées à internet ;
- 450 bibliothèques suivies par le PNBL dans ses premières phases ayant vu leurs collections actualisées ;
- près de 90 programmes de promotion de la lecture réalisés.
Malgré ces avancées importantes, le PNBL se heurte à certains problèmes qu’il a identifiés tels que la forte rotation des bibliothécaires, l’implication irrégulière des municipalités, le nombre relativement faible de connexions à internet (38 %), mais aussi la faible récupération du patrimoine bibliographique local et régional.
Selon Jorge Orlando Melo, l’actualisation opportune et continue des collections n’est pas encore totalement résolue, et il est de première importance d’offrir une connexion internet à toutes les bibliothèques comme de proposer leurs catalogues sur le réseau.
Bibliored : un réseau de grandes bibliothèques publiques pour la ville de Bogotá
En 2007, Bogotá est désignée capitale mondiale du livre par l’Unesco. Cette distinction, attribuée pour la première fois à un pays d’Amérique latine, récompense son projet Bibliored 14 mis en place dans les quartiers défavorisés de la capitale colombienne.
Il s’agit là d’un des grands projets appartenant au plan de développement économique et social de la municipalité de Bogotá et du secrétariat à l’Éducation, qui consiste à doter la capitale d’un réseau de bibliothèques publiques destiné au plus grand nombre, faisant la promotion de la lecture et favorisant l’intégration sociale.
Créé en 2001, grâce à un partenariat public et privé, le projet reçoit l’appui de la fondation internationale Bill et Melinda Gates, qui lui a attribué le prix Accès à la connaissance 15, ainsi que celui de riches familles colombiennes. Il comporte aujourd’hui quatre grands établissements et sept bibliothèques satellites, ouvertes 7 jours sur 7, qui accueillent près de 5 millions de lecteurs par an.
Confiées à de grands architectes colombiens comme Daniel Bermúdez pour El Tintal, ou Rogelio Salmona pour la Virgilio Barco, ces bibliothèques-centres culturels se caractérisent par l’élégance des bâtiments, une distribution intérieure des espaces judicieuse et fonctionnelle, un aménagement soigné et des services tournés vers les besoins du public. Leur situation au cœur de larges espaces de parcs et de quartiers réhabilités ajoute à l’attrait des lieux.
Située au sud-ouest de la ville, la bibliothèque El Tintal, rebaptisée récemment du nom de l’homme de lettres colombien Manuel Olivella Zapata, a vu le jour en 2000. La bibliothèque El Tunal, située dans la partie sud de la ville, a, quant à elle, ouvert ses portes en mai 2001. La bibliothèque Virgilio Barco avec sa structure circulaire entourée d’eau (à notre avis la plus spectaculaire d’entre elles), a été inaugurée en décembre de la même année. La dernière en date, située dans le quartier nord, ouverte au public le 26 mai 2010, porte le nom de son donateur Julio Mario Santo Domingo, patron de la fondation éponyme. L’équipement de la bibliothèque comprend un grand théâtre de 1 300 places ainsi qu’un « théâtre expérimental » de 300 places.
Ces bibliothèques se veulent de véritables centres de développement social et culturel. Elles ont une capacité allant de 110 000 à 150 000 volumes, bénéficient de tous les équipements ad hoc, et sont très fréquentées.
Une fondation pour la lecture : Fundalectura
Organisme privé sans but lucratif, Fundalectura appuie le gouvernement dans l’organisation de programmes de développement de la lecture et de l’écriture dans tout le pays, spécialement en direction des publics jeunes.
Cette fondation met en place des formations destinées aux personnes qui travaillent directement avec des enfants – bibliothécaires, enseignants, promoteurs de la lecture – et également aux parents.
Elle organise chaque année un Congrès national de lecture (dont elle publie les actes), dans le cadre de la Foire internationale du livre de Bogotá, des campagnes de lecture – « C’est en lisant que La Colombie grandit » – ainsi que différents concours tels que « Rencontres littéraires », « L’Album illustré », etc. Elle publie des ouvrages de qualité.
Ainsi, en 2006, le 7e Congrès national de lecture réalisé conjointement avec le 4e Colloque franco-colombien des bibliothèques sur le thème « Lecteurs et lecture » a réuni près de 1 000 participants venant de toutes les régions du pays. Pour sa dixième édition, le congrès abordera en 2011 les thèmes des droits culturels de la petite enfance et bénéficiera de la présence d’experts d’Allemagne, du Royaume-Uni, des États-Unis, de Colombie, d’Argentine et d’Uruguay.
Toujours en 2006, a été organisé, avec l’appui du service culturel de l’Ambassade de France, un concours de « Rencontres littéraires à la française », doté de cinquante bibliothèques portatives réunissant une trentaine d’ouvrages d’auteurs français en langue espagnole.
La Fondation est membre du comité permanent de l’Ifla 16 et représente la Colombie auprès de l’Ibby 17.
Deux lignes de travail ont été spécialement explorées ces dernières années :
- La lecture dans les espaces dits non-conventionnels, c’est-à-dire hors des bibliothèques publiques et des espaces scolaires. « En ce moment,dit sa directrice Carmen Barvo,nous travaillons à Bogotá et dans quatre autres villes du pays à offrir des espaces de lecture sur les places de marché – ce qui contribue en particulier à éloigner les enfants du travail infantile ; dans les parcs (lecture sur place et prêts à domicile) ; dans les stations de bus du Transmilenio (1 000 ouvrages proposés au prêt pour une période de 15 jours dans six stations) 18. »
- Des programmes de lecture en famille destinés à la petite enfance. Des programmes inspirés de ceux mis en place par des institutions comme Bookstart en Angleterre et Accès en France, et bénéficiant de leur expertise, se sont développés depuis 2004 au niveau national. Carmen Barvo signale que ce sont quelque 825 jardins d’enfants qui ont été dotés de collections de livres grâce à un travail réalisé avec le confort familial (Bienestar familial), dont 200 à Bogotá ; et que des centres de lecture en famille ont été mis en place dans les quartiers les plus défavorisés de Bogotá. Elle précise également que des pochettes de lecture contenant un livre pour que la mère ou l’adulte référent puisse lire une histoire au bébé, un disque de comptines ainsi qu’une brochure contenant des conseils pour la lecture, ont été répartis dans 40 000 familles.
C’est en insérant ces programmes par le biais d’organismes d’État que ces actions peuvent perdurer sur le long terme. Ce souci constant de l’articulation de ces programmes avec ceux des structures nationales, départementales et municipales publiques et privées permet une efficacité maximum : « Il s’agit, souligne encore Carmen Barvo, de le faire en reconnaissant les forces propres des autres institutions et la spécificité des actions. »
La coopération internationale : un organisme dédié à la coopération ibéro-américaine, le Cerlalc
Créé à Bogotá en 1971 sous les auspices de l’Unesco, le Centre régional pour le développement du livre en Amérique latine et aux Caraïbes (Cerlalc) 19 s’est attribué quatre missions fondamentales :
- la promotion de la lecture et de l’écriture ;
- la protection et le développement de la création intellectuelle ;
- l’appui à la production et à la circulation du livre ;
- l’intégration culturelle par le biais de la construction de sociétés de lecteurs.
Les pays membres sont : Argentine, Bolivie, Brésil, Chili, Colombie, Costa Rica, Cuba, Équateur, Salvador, Espagne, Guatemala, Honduras, Mexique, Nicaragua, Panama, Paraguay, Pérou, Portugal (depuis 2005), République dominicaine, Uruguay et Venezuela.
Différents comités œuvrent à la mise en place d’alliances stratégiques et de travaux communs aux différentes institutions de la région, matérialisés par des conventions et des accords de coopération.
Il s’agit aujourd’hui, dit le directeur du Cerlalc, Fernando Zapata López, de mettre en place un instrument de développement de la diversité culturelle et de développement culturel et social.
Le Cerlalc a célébré en novembre 2010 ses 40 années d’existence et d’activité en faveur du livre, de la lecture et de l’édition, occasion de faire le point sur les années écoulées, mais surtout de se fixer de nouveaux objectifs autour de quatre programmes stratégiques :
- une loi type de développement de la lecture, du livre et des bibliothèques : un comité intergouvernemental s’est réuni en décembre 2010 à Bogotá pour analyser la proposition d’une loi-type pour la promotion de la lecture, du livre et des bibliothèques. Assistaient à cette réunion 19 des 21 pays membres de l’organisation, des organismes intergouvernementaux – Unesco, OMPI, OEA, BID et Segib – ainsi que des organisations non gouvernementales ;
- un catalogue de l’offre éditoriale latino-américaine ;
- des programmes de traduction d’œuvres du portugais et de l’espagnol vers d’autres langues ;
- la promotion de bibliothèques scolaires.
La coopération avec d’autres pays étrangers
Différents pays ont collaboré à des titres divers avec la Colombie dans le domaine des bibliothèques et de la lecture, en particulier dans le cadre du nouveau Plan lecture et bibliothèques : l’Allemagne, la Suède, l’Espagne, la France et le Japon.
Le gouvernement japonais a construit, depuis 2003, une centaine de petites bibliothèques municipales dans les régions les plus pauvres et les plus vulnérables du pays. D’une capacité d’accueil d’environ 240 personnes, ces bibliothèques comportent une salle de lecture adulte et une salle de lecture enfant, une ludothèque et une salle internet.
La coopération mise en place entre la France et la Colombie a été particulièrement active de 2003 à 2006 : réalisation de quatre colloques franco- colombiens de bibliothèques, de séminaires, de voyages d’étude, de stages, de conférences, d’expositions, de publications et d’opération de promotion de « réunions littéraires à la française ». Une vingtaine d’experts français ont été invités dans ce cadre 20.
Cette coopération a conduit à ce que la Colombie soit l’invitée d’honneur du Congrès du centenaire de l’Association des bibliothécaires français en 2006. L’ouvrage Émotion, rire, conviction 21, publié pour l’occasion par le ministère de la Culture colombien et l’ambassade de France en Colombie, a été présenté dans ce cadre.
La France a fait don en 2010 d’une collection de livres à la bibliothèque de Guapi dans la région du Cauca.
En 2010, l’Association suisso-colombienne Alpandes appuie une campagne visant à recueillir des fonds destinés à l’acquisition de 10 000 livres d’enfants pour la nouvelle bibliothèque Santo Domingo 22
Politiques du livre et de la lecture articulées mises en place en Colombie depuis sept ans et engagement de professionnels motivés ont porté leurs fruits et permis de remplir l’essentiel des objectifs fixés au plan national pour les bibliothèques et la lecture. Les forces vives du pays ont participé à la conception et à la mise en œuvre de ce programme, dont Gilles Éboli avait bien mesuré, lors de sa venue en Colombie, l’ambition, le souffle, la diversité.
Les bibliothèques sont de magnifiques lieux de questionnement des cultures et des sociétés. Elles peuvent être aussi de merveilleux outils de construction de la paix et du développement par le dialogue et le débat d’idées.
Gageons que les efforts entrepris ne se relâcheront pas et que la Colombie saura construire dans le futur la société qu’elle mérite, un monde plus juste et plus serein, apaisé et fraternel.
* Nous remercions Carmen Barvo, Mary Giraldo, Angela Nieto, Alicia Santana, Fanny Cuesta, Leonardo Parra et Josefina Castro pour les documents communiqués.
Janvier 2011