Histoire et civilisation du livre : revue internationale, n° 5, 2009

Genève, Librairie Droz, 416 p., 25 cm
ISSN 1661-4577, ISBN 978-2-600-01172-3
Abonnement (1 numéro par an) : 60 € pour les institutions, 40 € pour les particuliers

La parution de ce volume 5 de la revue annuelle Histoire et civilisation du livre est à saluer. Comme ses sœurs, dont la rédaction en chef est assurée par Frédéric Barbier, elle est d’une excellente facture : belle présentation, belle typographie, bon poids (810 grammes) ; c’est un ouvrage qu’on peut dire de référence. La revue comporte habituellement trois parties : un dossier, une série consacrée aux « études d’histoire du livre », et des comptes rendus. Cette livraison n’échappe pas, et c’est heureux, à cette partition ; c’est ainsi que le pauvre lecteur que nous sommes s’y retrouve.

Le dossier représente environ la moitié de ce fort volume. Il est, cette fois, dirigé par Jean-Yves Mollier, et traite de Paris, capitale internationale du livre, XVIIe-XXe siècle. Si Paris s’est constituée capitale internationale des lettres, et ce jusqu’au XXe siècle finissant, jusqu’à la mort de Sartre, comme le rappelle fort judicieusement Jean-Yves Mollier dans son introduction, c’est à force de construction capitaliste (voir par exemple Georges Charpentier, développé par Virginie Meyer), de hasards parfois malheureux (le décès accidentel de Michel Lévy), et de concentrations parisiennes parfois réglementaires (avec l’obligation faite aux imprimeurs de s’implanter près des universités sous l’Ancien Régime). Gaël Mesnage montre bien que, malgré quelques tentatives de grands éditeurs, la structuration éditoriale restera bien clivée avec Rive droite, la presse, et Rive gauche, l’édition de livres. Ces lignes de partage perdureront, et perdurent encore si, à l’heure du Grand Paris, qui nous mènerait bien le boulevard Saint-Michel jusqu’au Havre, on inclut la proche banlieue et donc, depuis peu, les éditions du Seuil.

Paris, capitale internationale, nous précise Diana Cooper-Richet, ce fut celle de la librairie, et de la presse, à l’image de cette Vienne dont témoignait Stefan Zweig. On trouvait donc de tout à Paris entre le milieu du xixe et le début du XXe siècle : des journaux italiens, allemands, polonais, russes, portugais, au gré des émigrations successives ; Valery Larbaud n’avait qu’à bien se tenir.

L’ensemble est conclu par une contribution déambulatoire dans le Paris des livres aux XIXe et XXe siècles, par Christophe Charle, sorte de pendant, de parallèle, de viatique à la contribution qu’il a publiée dans Le temps des capitales culturelles (Champ Vallon, 2009).

Il va de soi que cette publication est accompagnée de bibliographies indispensables pour tout bibliothécaire et amateur de livres ; les comptes rendus, dont l’essentiel est fourni par Frédéric Barbier, nous ouvrant des voies vers des publications qui, sans cela, resteraient confidentielles : voilà donc une revue qui s’avère, année après année, indispensable.

 

Thierry Ermakoff