3e Rencontre internationale d'utilisateurs Unimarc (2)
Patrice Le Galeze
Marie-Line Guillaumée
La Rencontre Unimarc s’est poursuivie le 1er avril, toujours à l’Enssib, devant un amphithéâtre complet. Le débat essentiel de cette journée a été de resituer l’avenir d’Unimarc dans le contexte normatif international, à l’heure du web sémantique. Les interventions, par les membres du CfU, étaient d’un intérêt égal, même si les nouveautés annoncées ont pu inquiéter les professionnels du catalogage.
La journée a débuté par une présentation de l’activité du CfU par Agnès Manneheut (service commun de la documentation de Nantes), animatrice du CfU et représentante française du PUC (Permanent Unimarc Committee), et par un rappel sur le peu de moyens dont disposent les membres de ce comité qui, depuis sa création en 2000, représente les intérêts français au PUC.
Thierry Clavel (Enssib) a ensuite présenté le site du CfU 1, hébergé par l’Enssib. C’est un outil de travail collaboratif qui permet à ses membres de travailler à distance et, également, un outil de réponse aux questions des utilisateurs français, même si l’on peut regretter que le site soit surtout consulté par les membres du comité lui-même. T. Clavel a également détaillé les résultats de l’enquête sur les fournisseurs de notices en Unimarc, tout juste mise à jour au terme d’un long travail.
Les évolutions d’Unimarc
Quelle est la place d’Unimarc à l’heure du web sémantique, à l’heure de RDA (Resource Description and Access), nouveau code de catalogage destiné à remplacer les règles de catalogage anglo-américaines (AACR, Anglo-American Cataloguing Rules) et peut-être appelé à devenir le futur code de catalogage recommandé par l’Ifla (Fédération internationale des associations de bibliothécaires et d’institutions), et à l’heure des modèles FRBR et FRAD (Functional Requirements for Bibliographic Records and Authority Data ; Spécifications fonctionnelles des notices bibliographiques et des données d’autorité) ?
C’est ce qu’ont montré Caroline Demessence, Françoise Leresche, Anila Angjeli, toutes les trois de la Bibliothèque nationale de France, en nous faisant part des prochaines et nécessaires évolutions des formats Unimarc – bibliographique (B) et autorité (A) – avec la création de nouvelles zones et sous-zones pour tenir compte des besoins des utilisateurs et accroître l’intéropérabilité d’Unimarc avec les autres standards de données internationaux.
Unimarc est appelé à évoluer pour accompagner les mutations en cours, notamment par rapport à la structure du format et à l’organisation des informations. Unimarc (A) est déjà engagé dans cette direction en prenant en compte le modèle conceptuel FRAD dans sa troisième édition.
Les orientations futures de l’Unimarc bibliographique devront prendre en compte plusieurs facteurs d’évolution, telles que les normes internationales de catalogage avec l’ISBD 2 consolidé (fusion des différents ISBD), dont l’évolution majeure est l’indication du type de document dans une nouvelle zone 0 (Content Form and Media Type Area), qui remplacera le $b de la zone 200. Elles devront aussi prendre en compte l’évolution des codes de catalogage, notamment les FRBR qui proposent une nouvelle organisation de l’information, ainsi que RDA qui se caractérise par une référence étroite aux FRBR et aux FRAD, ces derniers étant plus adaptés à l’environnement numérique. La portabilité vers le web sémantique de l’information bibliographique est la dernière étape, la migration pouvant se faire en utilisant la modélisation orientée objet FRBRoo. Il s’agit d’exprimer les données bibliographiques et autorités dans un formalisme riche et indépendant des formats, et d’être exploitable sur le web. Un des atouts de cette nouvelle structure appuyée sur les entités du modèle FRBR sera de permettre le regroupement des informations relatives à une même œuvre (traductions, éditions, présentations matérielles…). Pour faciliter la gestion des relations « œuvre » – « expression », il est prévu de faire évoluer le format en faisant figurer des identifiants associés à une œuvre et à ses ayants droit dans les notices bibliographiques.
Une des nouveautés à venir du format consistera aussi en la création d’un nouveau point d’accès (en 7X0), qui permettrait d’associer l’auteur et le titre de l’œuvre dans le cas de titres uniformes d’œuvres ayant un créateur. Cela faciliterait la gestion des index auteurs/titres.
Unimarc et le catalogage du livre ancien
Les interventions d’Olivier Morand (médiathèque d’Orléans) et d’Agnès Manneheut portaient sur le livre ancien. Une part importante des nouveautés en Unimarc (14 sur 69 pour les notices bibliographiques dont 9 publiées en 2008 et 4 pour les notices d’autorité, toutes publiées en 2009) concerne en effet le catalogage du livre ancien, voire les ressources non publiées (manuscrits). L’origine de ces évolutions vient de la révision de la norme Z 44-074, largement utilisée mais incomplète et inadaptée aux outils actuels.
Les plus importantes évolutions publiées vont permettre de donner des informations plus précises sur l’adresse (zone 210, nouvel indicateur permettant le codage de l’adresse concernant un document non publié) et les caractéristiques d’exemplaires (zone 141 : nouvelle sous-zone pour donner des informations sur l’état de conservation d’une reliure ou d’un corps de texte), ainsi que la création de zones pour favoriser de nouveaux accès titres (zone 511 : accès au faux titre, zone 560 : accès au titre artificiel, de reliure). Au niveau des notices d’autorité, les nouveautés vont permettre l’identification des marques des imprimeurs-libraires (nouvelle entité : zones 217, 417, 517 et 717) et l’activité des imprimeurs-libraires (nouvelle note en 341).
L’ensemble des zones du format bibliographique de cette 3e édition anglaise de 2008 est actuellement en cours de traduction par le CfU, correspondant à la 6e édition française actualisée du Manuel Unimarc. Elle devrait être achevée pour la fin de l’année 2010 et rendue disponible en ligne et en accès libre sur le site de la BnF. Une cinquantaine de zones a été publiée récemment et d’autres suivront.
Les besoins accrus d’interopérabilité et d’ouverture sur le web, les modèles et les règles de catalogage évoluant dans ce sens, les formats, doivent donc suivre ces évolutions. Dans le cas contraire, il est à craindre une marginalisation d’Unimarc.
Une autre question en suspens reste le choix de prendre ou non RDA comme futur code de catalogage pour les bibliothèques françaises. Cette décision ne sera pas sans conséquence sur nos habitudes de travail, mais permettrait à nos catalogues une meilleure visibilité sur le web sémantique.