Les collections électroniques, une nouvelle politique documentaire
Paris, Cercle de la librairie, 2009, 311 p., 24 cm
Coll. Bibliothèques
ISBN 978-2-7654-0975-5 : 39 €
Alors même que les ressources électroniques se développent depuis plus de quinze ans, elles ont fait l’objet d’une abondante littérature, tout en provoquant de multiples déclarations d’intention de la part des bibliothécaires, comme le rappelle Pierre Carbone en introduction à cet ouvrage collectif.
L’essor d’internet, au beau milieu des années 90, va brouiller les pistes, et les rapports entre les « producteurs de contenu » et les « récepteurs » – pour reprendre la terminologie utilisée par plusieurs des auteurs – s’en trouvent bouleversés. À rebours de la sensation euphorique d’une liberté retrouvée grâce à cette révolution numérique en marche, la loi du marché finit par s’imposer, instaurant des modèles économiques auxquels sont confrontés les consommateurs, particuliers ou institutions. Mais la stabilité n’est pas de mise, et les innovations technologiques incessantes engendrent une précarité du modèle, forçant à l’adaptation et l’expérimentation : tout se passe comme si ce maelström devait supplanter toute pérennité devenue d’un autre siècle.
Réinventer la notion de collection
Ce faisant, la multiplicité de l’offre, son évolution constante, sa diversité et sa fragmentation ont amené les professionnels des bibliothèques à s’interroger sur la volatilité de ces ensembles composites. La notion traditionnelle de constitution d’une collection a été de ce fait malmenée, se trouvant supplantée par la simple réception d’un corpus éditorial promu par les éditeurs.
Une synthèse méthodologique
Analysant les ressources disponibles, les collections, les services, les usages, les différents contributeurs font œuvre de synthèse, permettant à tout un chacun de comprendre les enjeux fondamentaux de ce marché de l’information devenu mondial.
Organisé en quatre parties, l’ouvrage aborde successivement l’offre (« Le paysage éditorial »), les regroupements (« Consortiums et éditeurs »), l’accessibilité (« Une politique documentaire en mouvement ») pour déboucher sur une dimension prospective à la fois nationale et internationale (« Les enjeux stratégiques et les partenariats »).
La problématique spécifique de la lecture publique n’est pas oubliée, même si une place prépondérante est accordée à la documentation universitaire, confirmant l’avance prise dans ce domaine par les bibliothèques de l’enseignement supérieur.
Précis sans être technique à l’excès, l’ouvrage est dense, tout en étant factuel et surtout pratique : de ce point de vue, les encadrés concentrent des informations particulièrement utiles. C’est sa force, sa qualité. Mais c’est aussi sa faiblesse, car déjà de nouvelles propositions se font jour, concernant tout aussi bien l’offre, les supports de lecture, les regroupements et les usages.
Gageons cependant que cet ouvrage riche en outils méthodologiques précieux permettra aux bibliothécaires de se réinterroger sur l’idée de collection, dans laquelle cohabitent dorénavant des ensembles matériels et numériques dont les usages ne cesseront d’évoluer.