Maryvonne de Saint Pulgent

Culture et communication : les missions d’un grand ministère

par Adèle Sini
Paris, Gallimard, 2009, 127 p., 18 cm
Coll. Découvertes Gallimard
ISBN 978-2-0703-6202-8 : 12,90 €

À l’occasion du cinquantième anniversaire du ministère de la Culture et de la Communication, Maryvonne de Saint Pulgent présente dans son ouvrage Culture et Communication. Les missions d’un grand ministère, les défis passés et à venir d’un ministère à l’existence parfois contestée et à l’avenir souvent incertain. La conseillère d’État, journaliste et musicienne, présidente du comité d’histoire du ministère de la Culture depuis 2007, remonte aux origines de l’institution, créée par le général De Gaulle en 1959, pour mieux appréhender les enjeux actuels.

Les grandes étapes de la création du Ministère

À travers un rappel historique riche et documenté, l’auteur met en lumière les étapes de la construction de son identité et les batailles menées pour parvenir à s’imposer de manière autonome et stable dans le paysage institutionnel français. Au fil des cinq chapitres du livre, synthétiques mais suffisamment exhaustifs, le lecteur découvre ses évolutions successives et ses indispensables adaptations aux mutations de la société française.

Les chapitres, organisés de manière thématique autour de cinq axes de réflexion (la création du Ministère, la promotion de l’art, la mission patrimoniale, l’idéal de démocratisation et les effets des évolutions technologiques), résument les difficultés rencontrées par les locataires de la rue de Valois, et les contradictions auxquelles ils ont dû faire face et celles qu’il leur reste à résoudre. L’auteur relève ainsi les ambiguïtés et les paradoxes d’une institution qui voit se creuser l’écart entre les réalisations d’une élite culturelle avant-gardiste, trop souvent inaccessibles, et la volonté de démocratisation de l’art désirée par « l’État providence culturel ». Entre soutien à la création et missions patrimoniales, l’enjeu est de se réapproprier le projet philanthropique de démocratisation de la culture et de la formation artistique du citoyen. Confronté à la puissance du ministère de l’Éducation nationale, à la concurrence de ceux de l’Intérieur ou des Affaires étrangères et à la faiblesse des budgets impartis, la Culture a parfois du mal à donner des orientations cohérentes, claires et lisibles à ses politiques successives. Les impératifs de résultats, rendus inévitables par l’ouverture à l’international et par la pression de la Communauté européenne, questionnent les politiques d’attribution des subventions et l’utilisation de l’argent public. Ces éléments allogènes contraignent les orientations prises par le Ministère et contribuent à fragiliser son action. Modèle admiré à l’étranger, mais aussi très souvent critiqué, le Ministère, ou plutôt les dix-neuf ministères successifs, mutent, se transforment, s’adaptent mais peinent toujours à justifier de leur légitimité.

De nouvelles missions pour le Ministère ?

Au-delà du simple rappel historique, Maryvonne de Saint Pulgent attire également l’attention de ses lecteurs sur les évolutions actuelles et sur les mutations en cours. Au moment où la télévision s’est déjà imposée comme principal médium dans tous les foyers et à l’heure de la révolution internet, la conseillère s’interroge sur les nouveaux défis. Nourrissant son propos d’une réflexion sociologique sur l’incidence des progrès technologiques sur l’industrie culturelle, elle propose les pistes d’une redéfinition des missions du Ministère. Les grandes batailles, celle de la défense de l’impératif culturel par exemple, se déroulent désormais à un niveau supranational, international et plus particulièrement européen. Selon l’auteur, la pertinence de l’existence du Ministère dépendra essentiellement de sa capacité à protéger le pluralisme et à résoudre la contradiction entre impératifs culturels et impératifs économiques.

 

Accessible et pédagogique, la démonstration de Maryvonne de Saint Pulgent est soutenue et enrichie par une iconographie riche et de nombreuses annexes qui contribuent à en faire un réel ouvrage de vulgarisation. La collection « Découvertes Gallimard », dans laquelle l’ouvrage est publié, se prête particulièrement bien à ce type d’exercice. On peut cependant regretter une approche plus historique que prospective, certains enjeux majeurs n’étant que superficiellement abordés au bénéfice de détails historiques intéressants, mais finalement accessoires. La discontinuité chronologique, due à l’organisation thématique de l’ouvrage, peut également parfois nuire à sa clarté et à sa maniabilité, le lecteur pouvant trouver inconfortables les sauts dans le temps imposés par l’organisation du propos. L’ensemble reste néanmoins un ouvrage de qualité qui permet de faire le point sur l’action d’un des ministères les plus emblématiques de la République.