Net recherche 2009 : le guide pratique pour mieux trouver l'information utile et surveiller le web
Véronique Mesguich
Armelle Thomas
Coll. Sciences et techniques de l’information
ISBN 978-2-8436-5117-5 : 30 €
À l’heure où, en France, Google (qui vient de fêter ses dix années d’existence) monopolise plus de 90 % de l’activité de recherche sur internet, on peut se demander, sinon à quoi servent bibliothécaires et documentalistes, du moins à quoi peut servir un ouvrage consacré à la recherche et à la veille sur le web.
Un besoin professionnel
Il faut croire que Net recherche 2009 correspond bien à un besoin professionnel puisque, comme le souligne l’indispensable Olivier Andrieu dans sa préface, ce livre en est déjà à sa troisième édition. Peut-être, grâce à lui, les professionnels de la documentation peuvent-ils faire comprendre à leurs utilisateurs que, si l’alpha de la recherche consiste à introduire deux mots-clés dans la fameuse interface googlesque, l’oméga, c’est peut-être autre chose, de plus sophistiqué, de plus approprié, de plus pertinent – de plus méthodique aussi.
De fait, Véronique Mesguich et Armelle Thomas, qu’il n’est plus besoin de présenter, proposent dans leur ouvrage un panorama approfondi des outils de recherche sur le web qui, s’il ménage évidemment une part non négligeable de ses pages à Google, montre qu’il existe une alternative – et, pourquoi pas même, des futurs successeurs – à ce monstre.
Le Net, c’est d’abord énormément d’informations, mais hétérogènes et fragmentées. À cet éclatement répondent aussi des logiques de recherche différentes, qu’il faut prendre en compte avant même de commencer à chercher, puisqu’elles vont ordonner la démarche et amener à privilégier certains outils. Pour cela, Net recherche 2009 donne dix règles d’or, dont on retiendra avec saveur la dernière, « être “agile” » – qui, on s’en doute, ne vaut pas que dans cet aspect de notre vie professionnelle.
Rois des outils
« Rois des outils », les moteurs de recherche s’utilisent essentiellement par le biais des « mots-clés », terme qui a connu en une dizaine d’années un glissement sémantique fondamental. Rappelant une nouvelle fois les modes de fonctionnement absolument automatisés de ces dispositifs, les auteurs balaient quelques idées reçues sur les moteurs, notamment le fait qu’il en subsiste « des centaines » alors que trois, Google, Yahoo et Live Search, se partagent 90 % du marché mondial. Cependant, il existe un certain nombre de moteurs spécialisés, qui sont ici présentés. Les efforts des moteurs pour explorer le « web invisible » sont soulignés, tandis que les métamoteurs, qui semblent en grand recul, se déclinent eux aussi comme des outils spécialisés de recherche dans tel ou tel domaine ou type de documents.
Il existe d’autres modes de recherche sur le Net, les recherches thématiques, qui privilégient le recours aux annuaires généralistes et aux portails spécialisés. Dans ce type d’approche, on privilégie, non plus les mots-clés, mais les concepts – ce en quoi on pourra la considérer plus adaptée aux recherches des professionnels que du grand public. Les annuaires généralistes sont en déclin, largement supplantés par les répertoires spécialisés ou « portails » thématiques – le livre offrant des méthodologies de recherche dans quelques domaines.
Un ouvrage consacré à internet ne pouvait échapper au web 2.0 et à ses outils (blogs, réseaux sociaux), même si on reste perplexe sur le chapitre qui est consacré à ces technologies. Leur présentation reprend nombre d’éléments déjà lus ailleurs et, quant à la recherche dans les « réseaux sociaux » et autres « individus-pivots », disons que ce n’est pas la partie la plus convaincante du livre. En revanche, la partie consacrée à la mise en place d’une veille documentaire, qui utilise fils RSS, agrégateurs et autres agents de surveillance, est tout aussi solidement documentée que dans les précédentes éditions.
Des exemples commentés de recherches, une série fort utile de vingt questions-réponses (dont « Comment ne pas laisser de traces sur internet ? ») et un « Tout sur Google » venant rappeler la suprématie actuelle du moteur complètent utilement l’ensemble.
En conclusion, les auteurs s’interrogent d’ailleurs sur cette suprématie et son devenir, en présentant le « moteur idéal » et ses caractéristiques, qui ne recoupent pas forcément celles du dit Google… On regrettera juste que Véronique Mesguich et Armelle Thomas s’obligent à évoquer le web 3.0, « déjà en route », et on préférera rappeler leur juste mot de la fin : « L’intelligence et la capacité d’analyse, de raisonnement et de distanciation propres à la personne humaine continueront à jouer un rôle clé pour des recherches fructueuses. »